mercredi 9 novembre 2016

Quand l'art contemporain révolutionne Versailles


LA NOUVELLE TENDANCE DE L'ART CONTEMPORAIN AU CŒUR DU PATRIMOINE


Jean-Claude Lafarge ©
Depuis quelques années, les œuvres contemporaines sortent des musées et galeries pour côtoyer non seulement l’espace urbain, mais également les monuments historiques. Et ce, non sans controverses...
Le but de l’œuvre contemporaine n’est pas de minimiser la symbolique du lieu historique. Dans le mariage entre l’art d’hier et l’art d’aujourd’hui, chaque œuvre vient enrichir l’autre et la compléter : la symbiose se crée dans l’opposition et le contraste. Parmi les célèbres dialogues artistiques entre présent et passé, il faut citer Les Deux Plateaux, installation de Daniel Buren dans la cour du Palais Royal (1986), l’Emballage du Reichstag par Christo et Jeanne-Claude (1995), la Mise en Abyme de Romain Crelier dans l’abbatiale de Bellelay (2013), ou encore le fameux Tree de Paul McCarthy sur la place Vendôme (2014). Ces installations attirent car elles sont controversées, mais elles demeurent des invitations à l’Histoire : elles ont pour intérêt d’attirer un nouveau public vers les lieux qui forgent le patrimoine de notre pays, d’offrir un nouveau rayonnement à des monuments parfois oubliés.
Depuis 2008, l’art contemporain s’installe au cœur d’une ville chargée d’Histoire et de royauté, la ville du Roi Soleil, Versailles. Son château, au style baroque et raffiné, accueille les plus grands artistes contemporains : Jeff Koons, Xavier Veilhan, Takashi Murakami, Bernar Venet, Joana Vasconcelos, Giuseppe Penone, Lee Ufan, Anish Kapoor et cette année, Olafur Eliasson. L’artiste Danois réinvente huit espaces du château et mêle sa poésie à la frivole grâce baroque. Il gèle l’eau du Bosquet de la Colonnade (Glacial Rock Flour Garden), ajoute une cascade au Grand Canal (Waterfall), fixe des yeux aux fenêtres (The Gaze of Versailles), embrume le Bosquet de l’Étoile (Fog Assembly) et a l’honneur d’ajouter ses propres miroirs au royaume du reflet (Your Sense of Unity, Solar Compression, Deep Mirror, The Curious Museum)… Ses installations s’intègrent au Château de manière sensée, presque élémentaire.

Flavie SIMON-BARBOUX et Emilie-Marie GIOANNI


OLAFUR ELIASSON


OLAFUR ELIASSON : QUAND L'ORDINAIRE SE FAIT SENSATION

"Il faut perdre ses repères pour découvrir, avoir une expérience, comme lorsqu'on regarde un train traverser la montagne. Sentir avant de penser. Garder ses sens en éveil et son esprit critique. » - Olafur Eliasson

Tate Modern - Londres - The Project Weather (2003) Olafur Eliasson ©
Mondialement connu pour ses œuvres imposantes et sensorielles, Olafur Eliasson est un artiste à part entière. Travaillant la lumière, les atmosphères, et les espaces, il crée - de façon très simple et sans fioritures - de véritables perturbations de notre perception.
Ses œuvres mettent en scène, la plupart du temps, des phénomènes naturels créés de toute pièce, dans des milieux urbains (cf The Project Weather exposé à la Tate modern à Londres en 2003 qui recrée dans un bâtiment un coucher de soleil géant), jouant avec la relation que peuvent entretenir technologie et nature.

Your rainbow panorama :Olafur Eliasson ©
Le spectateur a l’impression de se promener à l’intérieur d’un gigantesque arc-en-ciel panoramique au sommet du musée ARoS, au Danemark. 

« Je ne fais pas de l'art pour l'art, je parle des gens et de leur vie […] Je me sens plutôt comme un entrepreneur culturel qui tisse des liens. Je veux rester une « machine à produire de la réalité ».
Olafur Eliasson est convaincu qu’il existe une contradiction entre la connaissance que l’on a du visible et son expérience, ce qui le pousse à essayer de troubler la perception humaine. Le spectateur est donc physiologiquement plongé dans l’œuvre, et regarde d’un autre œil ce qui, jusqu’alors, lui semblait banal et familier. Suite à de nombreuses expositions à travers le monde (Angleterre, Danemark, Espagne, États-Unis, Allemagne…) et riche de quelques récompenses, l’artiste prend la relève du controversé Anish Kapoor au sein du Château de Versailles à Paris, investissant non seulement les jardins, mais aussi les salles du château.
Avant d’installer ses œuvres dans le château, Olafur Eliasson s’est imprégné du lieu, venant s’y promener de nombreuses fois, comme pour en respecter l’essence. Les œuvres sont donc en harmonie avec le décor grandiose, certaines tellement fondues dans leur environnement qu’il est difficile de les trouver.
"Métaphores de l'eau, diffraction de la lumière, miroirs piégés, émotions dilatées, silhouettes mouvantes, Olafur Eliasson veut que le visiteur s'empare de Versailles avec lui. Et c'est une réalité augmentée qui s'impose, une machinerie de l'imagination pas si éloignée au fond de celle qu'affectionnait le XVIIIe siècle", explique Catherine Pégard, présidente du domaine national de Versailles.
L’artiste nous invite à regarder ce monument autrement et nous « responsabilise » lors de la visite. Nos sens doivent rester ouverts et attentifs, et notre expérience est directement liée à notre sensibilité ; afin de cesser d’être passivement éblouis par des décors inertes, et se laisser éblouir par nos propres émotions.

Ebony LERANDY

2016 - OLAFUR ELIASSON ILLUMINE VERSAILLES

LES FLOTS DE L'HISTOIRE REMIS AU GOUT DU JOUR

WATERFALL (2016)

Olafur Eliasson ©
Entre mimétisme de la nature et technique, ce projet créé pour les jardins de Versailles par Olafur Eliasson et son studio est une réalisation qui aurait pu exaucer les rêves du célèbre architecte paysagiste de Versailles André Le Nôtre. À travers leurs recherches, l'artiste et son équipe ont mis à jour un des projets inachevés de l’architecte qui visait à mettre en œuvre une cascade dans le grand canal, celle-ci était alors conçue pour être alignée exactement dans l'axe du soleil couchant lors du solstice d'été. Synonyme de puissance et de pureté, la cascade était également un moyen de montrer la maîtrise de l’élément eau, chose importante aux yeux de Le Nôtre et de son commanditaire Louis XIV.

Olafur Eliasson ©





La réalisation finale est belle, surprenante, irréaliste de par la quantité d’eau déversée et est d’autant plus incroyable qu’Olafur Eliasson a cherché à la rendre monumentale de par ses dimensions qu’il tient à garder secrètes « parce qu'on doit laisser le public se faire sa propre idée »…
Quant à la polémique autour de la légitimité de la présence de cette création au sein du Château de Versailles, elle est non fondée : son lien, sa relation et son sens avec l'espace semble évident.

François-Marie VAILLANT

 

 

PERCEPTION BRUMEUSE...

FOG ASSEMBLY (2016)

 

Anders Sune Berg ©
Installé dans le bosquet de l’Étoile à Versailles, The Fog assembly se positionne comme l'un des environnements immersifs et responsables créés par l'artiste. En effet, se rapprochant de près à l'écologie, les éléments naturels font partie intégrante du projet et nous rappellent la lutte contre le réchauffement climatique à laquelle participe l'auteur. Ainsi peut-on voir se dessiner une construction circulaire en acier qui propulse dans l'espace un voile de brouillard.

Cette installation peut changer l'apparence du paysage suivant la qualité de l'air, la puissance des rayons solaires ou encore l'importance du souffle du vent... Chaque moment est donc unique.
Encerclé par des diffuseurs de brouillard, le spectateur se sent immergé dans un monde où les règles de la perspective sont bouleversées. Comme le dit l'auteur: "On réorganise ses sens. Quand on ne peut pas voir, on utilise ses oreilles, on crée un autre système pour s'orienter." Il souhaite donc, par le biais de l'art et de la physique produire une autre perception de Versailles.
D'une brume épaisse naît une légère et fine pluie qui entre en résonance avec la perturbation continuelle du spectateur...

Marie BAL-FONTAINE

UN ASTRE CHEZ LE ROI SOLEIL

SOLAR COMPRESSION (2016)

Maxence De Cock ©
Après avoir traversé la salle Louis XIV, la galerie des glaces, les grands appartements et les trois autres œuvres d’Olafur Eliasson qu’ils abritent, j’arrive dans la Salle des Gardes du Roi où trône Solar Compression. Au milieu de la salle flotte une aberration spatiale produite par une lampe monochromatique prise entre deux miroirs ronds légèrement convexes. Les deux miroirs forment un disque miroitant déformant la perception de l’espace. De l’interstice de ceux-ci s’échappe une puissante lumière solaire jaune qui scanne le salon au rythme de ces rotations hasardeuses.
Maxence De Cock ©
Cet ovni suspendu contraste avec le contexte baroque de Versailles et semble rempli de mystère. Iconographie et perception que je peux retrouver dans le monolithe de Kubrick dans 2001, l'Odyssée de l'espace, lorsqu’il se trouve dans la suite d'hôtel de style Louis XVI. Je suis en quelque sorte charmé par ce fascinant miroir qui reflète des déformations spatiales et ainsi modifie la perception du salon baigné dans sa lumière orange. Olafur Eliasson, homme des lumières qui s’illustre ici avec ce Soleil Compressé chez le Roi Soleil.

Je regrette cependant l’agencement du lieu et je m’interroge sur la pertinence de la Salle des Gardes du Roi à accueillir cette œuvre solaire qui était ironiquement étouffée par la lumière du jour.

Maxence DE COCK





RAYONNER OU OCCULTER


DEEP MIRROR (2016)

Jean-Claude Lafarge ©
 Afin de répondre à cette invitation que lui fait le château de Versailles, Olafur Eliasson choisit d’adopter une stratégie d’effacement et d’union avec ce lieu touristique et emblématique du patrimoine français. Ses œuvres ont donc naturellement repris les codes de ce qui fit la renommée de la bâtisse du Roi Soleil, voir et être vu, rayonner ou occulter, les ascensions et les disgrâces, avec toujours une bivalence pour le rôle du spectateur, qui observe ou agit.


Croquis de Victor Salinier
 Dans le Salon de l’Œil de Bœuf, les connaisseurs remarqueront que deux renfoncements donnant sur des portes fenêtres normalement inaccessibles ont été comblés par des miroirs venant s’encastrer parfaitement. Il s’agit du duo d’œuvres Deep Mirror, Yellow et DarkEn entrant dans ce salon, le spectateur est immédiatement attiré par un cercle ultra lumineux encastré dans un gigantesque miroir. 

Il n’a alors d’autres intentions que de s’approcher afin d’en découvrir un peu plus sur ce qui pourrait s’apparenter à un soleil. En s’approchant, ce soleil se transforme en quart de lune, laissant apparaître un autre miroir circulaire renvoyant notre image. Ce jeu de lumière varie et se dérobe en fonction de l’angle de vue. Si dans la version Yellow la lumière semble être omniprésente et s’évaporer par moment, la version Dark joue quant à elle sur son opposé, en brouillant elle aussi les perceptions. Un cercle noir et vide de sens laisse par moment apparaître ce miroir circulaire, nous apportant cette fois ci cette touche de luminosité.

Ce brouillage de perception est conçu par Eliasson grâce à une boîte géante venant s’encastrer dans des renfoncement du château afin de l’intégrer au maximum dans le décor de dorures et boiseries. La face visible est un miroir avec un trou en son centre, donnant sur l’intérieur, intérieur ultra éclairé ou totalement noir selon la version. Enfin un petit miroir circulaire est placé au fond de cette boîte. Cette lumière ardente ou ce noir ténébreux nous plongent dans ce jeu de perception et d’émerveillement, en référence à la période historique de Versailles.

Victor SALINIER



PIÉGÉ DANS UN CERCLE INFINI  D'ANNEAUX...

YOUR SENSE OF UNITY (2016)



Anders Sune Berg ©
Au fond de la galerie des glaces, les visiteurs peuvent apercevoir un imposant cercle d'anneaux de lumière qui semblent flotter au dessus du sol.
L’œuvre d'Olafur Eliasson, intitulée Your Sense of Unity est composée de deux énormes miroirs qui sont placés en diagonale dans le couloir, et se rencontrent en un angle réduit. L'espace qui les sépare est occupé par un demi cercle, qui par les réflexions répétées génère l'illusion d'un cercle d'anneaux.

Anders Sune Berg ©

Les visiteurs se voient, ainsi que leurs voisins, multipliés autour du cercle d'anneaux de lumière. Your Sense of Unity crée l'illusion d'une abside ( volume qui élargit le fond d'un monument ). Eliasson s'intéresse ici au potentiel de l'espace dans lequel il vient construire cette installation, à le rendre explicite, à l'illusion d'optique, à la lumière, à l'infini, au fait de se perdre, ou encore au fait qu'il n'y ait pas de sortie.


Jean SENECAL






LE REGARD DE VERSAILLES

THE GAZE OF VERSAILLES (2016)

Anders Sune Berg ©
The Gaze of Versailles, littéralement le "Regard de Versailles" en français, est une œuvre réalisée par Olafur Eliasson en 2016. Cette œuvre comprend deux petits globes de 3,5 cm de diamètre chacun. Ces « yeux » sont situés au niveau du centre de symétrie du château et donc des jardins qui l’entourent. À travers ces globes, le spectateur peut voir son propre reflet, mais inversé. En s’approchant de l’œuvre, il semble voir une sorte de galaxie créée par de petites particules scintillantes situées à l’intérieur.

Au contraire, lorsqu’il s’éloigne, il aperçoit en arrière plan une autre œuvre d’Eliasson au centre du bassin principal des jardins qui se nomme Waterfall.
Ces yeux ont été réalisés dans une série de 366, nombre qui correspond au nombre de jours dans l’année 2016 qui est celle de la création de l’œuvre.
Il s’agit d’une œuvre qui peut paraître difficile à aborder et à comprendre en comparaison à d’autres qui sont exposées à Versailles, cependant c’est ce qui la rend si intéressante.


Raphaëlle CAROFF


DÉRÈGLEMENT GLACIAL

GLACIAL ROCK (2016)

Anders Sune Berg ©

En 2017, c’est au tour de l’artiste danois Olafur Eliasson de prendre place dans les jardins du château de Versailles. Cadre aux valeurs historiques et esthétiques déjà très fortes avec les jardins de Le Nôtre, l’artiste nous offre une vision différente de ce magnifique cadre. 

L’œuvre: Glacial Rock est à première vue une fontaine asséchée, le sol est gris-bleuté et craquelé ce qui crée un fort contraste avec la fontaine en pierre sculptée délicatement et la végétation qui l’entoure. L'ambiance glacée et post-apocalyptique interroge les visiteurs. Au fil des jours le nombre de craquelures augmentera et la moraine commencera à partir doucement en poussière. Le bassin du Bosquet de la Colonnade est recouvert de moraine glacière, amas de boue et de débris rocheux venant de l’érosion d’un glacier. Cette œuvre est le prolongement d’une autre : en effet Eliasson avait réalisé une œuvre, Ice Watch en 2015 à Paris pour la COP 21. Ice Watch était composée de blocs de glace disposés en cercle et Glacial Rock est la suite de cette œuvre pour l’artiste : «C’est ce qui reste de cette œuvre. Une petit morceau de Groenland ». Il précise: après cette fonte, il reste cette moraine; c’est un engrais très puissant. » L’artiste nous fait réfléchir au réchauffement climatique et annonce ce qu’il pourrait se passer si les choses ne changent pas. Il ajoute: "comme nous avons été aveuglés dans le brouillard, ces deux œuvres nous amènent à nous interroger sur ce que l’on a fait, et comment on a fait pour aboutir à ce que l'aveuglement de nos sociétés aboutisse au dérèglement climatique.»

Myriam BURGAUD

DEPUIS 2008, L'ART CONTEMPORAIN VISITE VERSAILLES

QUAND JEFF KOONS GONFLE VERSAILLES

EXPOSITION JEFF KOONS (2008)

Jeff Koons, Rabbit
 Laurent Lecat ©
 En totale opposition avec le style classique du palais Versailles, le style néo-pop de Jeff Koons (1955-) crée un fort contraste. Beaucoup critiquée, cette exposition présenta une quinzaine d’œuvres, donnant un aperçu assez complet du travail de l'artiste.
 Quelques-unes sont particulièrement connues et anciennes comme « Mickael Jackson and Bubbles » ou « Pink Panther » ; d’autres comme le « Ballon Dog », « Rabbit » et « Lobster », sont réalisées en métal et traduisent son admiration pour les objets gonflables qui sont pour lui une métaphore de la vie et de l’optimisme ; un buste de Louis XIV en acier inoxydable s’oppose au sien, en marbre ; ou enfin un ready-made, le "New Hoover convertible" s’installe devant le portrait de Marie Antoinette.
 A travers des allusions sexuelles et clownesques, la dérision est mise à l’honneur dans un lieu qui se voulait pompeux et sérieux. Selon Jeff Koons, en se reflétant sur ses œuvres, le décor du palais renforce l’aspect philosophique de son travail.


C’est d’ailleurs pour lui un honneur d’exposer ici puisque Louis XIV l’inspira grandement. Peut-être que c’est donc dans l’excès que se réconcilient ces deux créateurs, malgré un classicisme quelque peu écorché par les inventions fantasques de Jeff Koons.
Et pour un coût total de 1.9 Millions d’euros, on peut s’interroger sur la présence de fabrications si kitsch et aux couleurs criardes, en opposition avec les ornements dorés et les riches couleurs de la décoration du palais. Jean Jacques Allaigon, président du domaine de Versailles et ancien ministre de la Culture a déploré les polémiques créées par cette exposition.
On notera tout de même que ce dernier fut directeur du Palazzo Grassi, à Venise, appartenant à François Pinault, qui est un grand collectionneur de Jeff Koons, et qui fut le fournisseur de cinq œuvres d’une valeur totale de 800 000 euros… Néanmoins, cette pratique est de plus en plus courante, et le musée d’Orsay ou le Louvre invitent aussi régulièrement de jeunes artistes à se confronter au lieu, pour attirer un public plus jeune à venir découvrir le patrimoine français sous un nouvel angle.

Clara JOUAULT


" A VERSAILLES, L'ART CONTEMPORAIN N'A PAS LA COTE " (Libération)

EXPOSITION MURAKAMI (2010)

Gilles Truyens © EPV

C’est en septembre 2010 que l’artiste plasticien japonais Takashi Murakami, nous ouvrait les portes du château de Versailles à l’occasion de son exposition dans les Grands appartement et la Galerie des glaces.
« Ce lieu emblématique de l’histoire française accueille l’Andy Warhol japonais après l’Américain Jeff Koons et le Français Xavier Veilhan ». (site Expo Tempo) 

« Considéré comme l'un des chefs de file du néo-pop japonais, dit Superflat, mouvement dont il est l'initiateur, Murakami revendique l'héritage de Warhol et du pop art américain, tout en analysant la manière dont l'art japonais peut trouver une autonomie face au modèle occidental ». (site Artsper) 




Gilles Truyens © EPV
 Sont exposées une vingtaine d’œuvres de l’artiste, dont certaines créées spécialement pour l’exposition. D’inspiration japonaise et plus particulièrement des mangas, on y découvre « des ballons gonflables géants aux sculptures minimalistes en passant par des tableaux monumentaux ». Très colorées et plutôt hors du commun, ces structures se distinguent totalement des décors plus classiques de Versailles. 
En effet, ces œuvres qui rencontrèrent un succès fou dans divers musées du monde font figure de polémique dans les beaux lieux de Versailles. Ces structures ne sembleraient pas s’accommoder à un lieu tel que ce dernier.

Mathilde CERES




LES ARCHES DU CHATEAU DE VERSAILLES SELON BERNARD VENET

EXPOSITION BERNAR VENET (2011) 

Effondrement (2010) Philippe Chancel ©

Bernar Venet est un artiste plasticien français né en 1941. Il s'est fait connaître pour ses sculptures minimalistes et ses dessins. En 2011, il est invité à installer ses sculptures au Château de Versailles. Après les avis partagés sur les œuvres de Murakami en 2010, le travail de Bernar Venet vient apaiser les tensions et interroger l'espace. Avec ses barres incurvées en fer oxydé, c'est une invitation à la contemplation et à la promenade que nous propose l'artiste.


 Le Château de Versailles est connu pour ses salles immenses, ses grands jardins et ses dorures éblouissantes. L’œuvre de Bernar Venet est à la hauteur du Château : gigantesque. La rigidité de l'architecture du Château est cassée par les lignes courbes des sculptures. Pour commencer, il y a l'Arche de Triomphe de 20 mètres de haut, à l'entrée du Château qui invite à découvrir cet univers démesuré. Puis dans les terrasses et les jardins, chaque sculpture est plus impressionnante que la précédente. L'art contemporain pourtant si éloigné du style classique du Château, des sculptures et des jardins, s'incruste ici parfaitement comme si l'un et l'autre n'avaient jamais été différenciés.


Eloïse BONNARD



FÉMINITÉ

EXPOSITION JOANA VASCONCELOS (2012)

Joana Vasconcelos ©
L’artiste portugaise Joana Vasconcelos a réalisé cette œuvre, intitulée Marilyn, en 2011. Elle se compose d’une paire de chaussures de 290 x 157 x 410 cm chacune et est construite à partir de casseroles et de couvercles en acier inoxydable.

Ce matériau brillant utilisé crée des jeux de lumières et de loin, la sculpture fait penser à un objet précieux. Marilyn s’intègre donc très bien dans son lieu d’exposition qu’est la galerie des glaces : la démesure du lieu va avec la démesure des chaussures et la lumière se reflète aussi bien dans les casseroles que dans les miroirs en verre et les lustres en cristal. Ici, l’objet banal de la casserole est magnifié par le lieu d’exposition de l’œuvre.
La chaussure est une métonymie pour Marilyn Monroe, qui représente la féminité sous sa forme la plus artificielle, et la séduction. Le nom de Marilyn résonne avec le château de Versailles où se passaient des fêtes démesurées et où les comportements et allures des nobles n’étaient qu’artifices.
Le matériau et la forme ont été choisis selon l’idée qui était de symboliser la femme contemporaine. Les escarpins représentent la femme qui travaille et qui a un rôle public, les casseroles représentent la femme dans son intimité, dans son rôle de mère qui s’occupe de sa famille. Ainsi, Joana Vasconcelos montre le paradoxe entre les envies de séduction et de liberté des femmes, et les stéréotypes dans lesquels elles évoluent.

Zoé OBERLE





PENONE ET SES ARBRES DE BRONZE S'INVITENT DANS LES JARDINS

EXPOSITION GUISEPPE PENONE (2013) 


Young-Ah Kim ©
Le Château de Versailles a accueilli du 11 juin au 31 octobre 2013 l’artiste Giuseppe Penone pour une exposition d’art contemporain. C’est en tout 17 œuvres qui ont été exposées (3 dans le château et 14 dans les jardins) et qui ont pour bases principales l’arbre et le marbre. L’artiste cherche à montrer et mettre en valeur la forme naturelle de ces éléments. En cela on peut y voir un contraste avec les jardins dont les arbres requièrent un entretien quotidien afin de conserver la forme que le jardinier lui a donné.
Les œuvres répondent à Versailles également en s'annonçant tantôt dans le prolongement de la perspective et de l’ordre des jardins avec les œuvres exposées dans l’axe de la Grande Perspective, tantôt dans l’opposition à cet ordre commun avec les 7 sculptures exposées dans le bosquet de l’Étoile qui représentent le désordre et l’instinct de vie qui selon l’artiste sont les caractéristiques des arbres. Par ailleurs, on retiendra particulièrement Entre écorce et écorce (Tra Scorza e scorza) qui illustre le type de poésie qui caractérise les œuvres de Penone. Une écorce moulée en bronze (à partir d’un cèdre du château abattu après la tempête de 1999) entoure un jeune arbre vivant. L’écorce est d’abord comme une protection mais elle représente également la place que remplira l’arbre vivant dans le futur, ainsi elle représente le temps qui passe, l’arbre passé et l’arbre futur. Toutes les œuvres n’ont pas le même impact, mais dans l’ensemble l’exposition s’intègre de façon poétique dans le château de Versailles.

Fanny FAUVARQUE




VOYAGE A VERSAILLES

EXPOSITION LEE UFAN (2014)


Lee Ufan ©
 Lee Ufan est un artiste sculpteur et peintre coréen. C’est du 17 juin au 2 novembre 2014 que cet artiste expose au Château de Versaille où il crée aux jardins des sculptures contemplatives d'une grande rigueur esthétique. 



On s’immerge avec douceur dans un univers délicat, lent et paisible. Ces mises en scènes nous dirigent vers une trajectoire, un vrai jeu de piste. D'une station à l’autre, chaque installation est plus surprenante ; un jeu de plaques d’acier (Relatum - Four Side of Messengers), un cercle magique indiquant un carrefour mystérieux (Relatum - L’Ombre des Étoiles)... L’artiste s’amuse avec de nombreux matériaux (gravier blanc, roche, acier). Il utilise le terme « relatum » pour transmettre les connexions de ses installations avec le monde extérieur. On ne peut qu’être séduit.

Philippine MASUREL



A LA MANIÈRE DU BLANC-SEING, COMMENT DEFINIRIEZ-VOUS CETTE ŒUVRE ?

EXPOSITION ANISH KAPOOR (2015) 


  
Dirty Corner, également appelée Le Vagin de la Reine, est une sculpture monumentale de l'artiste britannique Anish Kapoor. Ce pavillon acoustique est tel un tunnel sensoriel.
Une œuvre forte, et comme toujours avec Anish Kapoor, terriblement belle et juste. Une expérience de l’extase.

Mais malheureusement, cette œuvre n’est pas seulement au cœur d'une expérience sensorielle… elle est également au milieu de nombreux sujets de discordes, menant même à des dégradations, quatre fois pour être précis…




En ce qui concerne la réaction de l’artiste, au bout de la troisième dégradation (précédemment remise en état) il décide de l’inclure dans son œuvre.
« Désormais, ces mots infamants font partie de mon œuvre, la dépassent, la stigmatisent au nom de nos principes universels. Et je préfère écouter cette petite voix qui me dit d'oublier l'artiste et de penser au citoyen. Dirty Corner restera donc telle qu'elle et se montrera ainsi aux visiteurs et aux touristes de Versailles. Je défie désormais les musées du monde de la montrer telle qu'elle, porteuse de la haine qu'elle a attirée. C'est le défi de l'art."


Franck GROSSEL





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