mercredi 9 mars 2016

Dites le avec des fleurs

Colorées, silencieuses, élégantes, raffinées, dangereuses, fragiles, les fleurs fascinent les artistes. La fleur est un élément de représentation courant des peintres et artistes dès l’antiquité. Qu’elle soit en guirlandes, en bouquets, en simples corbeilles, ou libres dans le paysage, elles sont délicates à représenter de par leurs couleurs vives, pastel, nervurées. Symbole de jeunesse, d’amour ou de décrépitude (quand elles sont fanées), les fleurs ont un langage complexe, multiple, raffiné changeant suivant les contextes historiques, culturels, poétiques… 
Gaëtan Guillaumain et Nicolas Bluteau 

Peindre les fleurs

Une beauté éphémère 

Philippe de Champaigne est un artiste qui a vécu entre 1602 et 1674. Il est connu principalement pour ses scènes religieuses mais a aussi fait de nombreuses gravures. Son tableau « Vanité » (première moitié du XVIIème), une huile sur bois de 28x37cm est la seule nature morte connue de l'artiste. On y voit une tulipe à moitié fanée dans un vase, un crâne et un sablier posé sur une table en pierre et éclairés par la gauche. Cette composition sobre et sombre est en fait une allégorie de la vie humaine avec 3 symboles du temps qui passe.
Philippe de Champaigne Vanité (première moitié du XVIIe), huile sur bois  (28 cm x 37 cm)
Philippe de Champaigne n'est pas le seul artiste de l'époque à avoir fait des compositions de ce type. En effet, la vanité est un genre particulier de nature morte assez sombre qui évoque la fragilité et le coté éphémère de la vie humaine. Les objets qui y sont représentés symbolisent les activités humaines ou le temps qui passe et sont toujours situés dans un environnement sombre. La fleur est  un symbole du temps qui passe, de la jeunesse qui disparait, de la beauté qui se ternit, puisqu'elle est éphémère et fragile.

Pierre-Yves Lascols


Le chaos de la beauté.

Ophélie au milieu des fleurs d'Odilon REDON est l'un des nombreux pastels reprenant comme sujet la tragédie « Hamlet » de Shakespeare. Redon y donne un éclairage étrange de la mort d'Ophélie.
Ophélie au milieu des fleurs.

L'avalanche de fleurs face à Ophelie prend une dimension enivrante dans le décor.
Le tableau illustre un moment particulier dans la pièce de Shakespeare. Ophelie trouve son chemin vers le ruisseau où elle se noie parmi les fleurs qu'elle a cueillies. Ce moment, si souvent décrit comme une descente dans la folie, peut également être interprété comme une évasion de son enveloppe charnelle. Dans les derniers moments de vie d'Ophélie, tels qu'ils sont représentés dans la peinture, on peut penser qu'elle est enfin en harmonie avec non seulement la nature, mais également avec elle-même. Magnifiquement composée, l'œuvre  peut être considérée comme un portail vers la disparition de cette héroïne tragique et la façon dont elle surmonte finalement le conflit qui a entravé son existence en trouvant la solution dans la mort.

Anne-Sophie Flores


Les Iris, une œuvre éblouissante.

Au début de son séjour à l'asile de Saint Denis, Van Gogh a peint Les Iris, tableau qui fut exposé au Salon des Indépendants avec La nuit étoilée.
C'était en mai 1889, en pleine période de floraison. Les iris ont inspiré Van Gogh par leurs couleurs éclatantes. Ayant l'habitude de contempler la nature et ne pouvant sortir de l'établissement, il décida de peindre le jardin où se mêlaient iris et coquelicot. Les iris, très répandus en Provence et utilisés dans les peintures, désignaient la pureté et la vierge Marie. Si l' on peut reconnaître aisément les iris violets appelés Iris Germanica, l'iris blanc est plus difficile à identifier. Celui-ci peut-être une représentation fidèle ou le symbole d'une chose pure. C'est d'ailleurs à travers sa peinture que Van Gogh tentait d'apaiser son âme, d'y trouver paix et réconfort.

Les Iris, Vincent Van Gogh, 1889.
Les couleurs complémentaires bleues et oranges des fleurs apportent ainsi davantage de contrastes, de lumière au tableau. La terre orange  ajoute d'autant plus de luminosité qu'elle semble refléter le soleil qui rayonne. Van Gogh joue avec la texture épaisse et crémeuse, avec des coups de pinceau francs, longs, rythmiques qui amènent beaucoup d'émotions à sa peinture. On perçoit une relation intime avec les fleurs qu'il considère comme la métaphore des émotions et expériences de la vie. Elles s'entrelacent, poussent de manière irrégulière, se mélangent aux mauvaises herbes et bougent au gré du vent ... Il veut montrer, par ce tableau, le pouvoir de la nature mais aussi celui de la peinture à retranscrire une vision du monde de manière singulière.
Les Iris, Vincent Van Gogh, 1889.
Les Iris, Vincent Van Gogh, 1889.
 Adélie Payet. 

A fleur de peau

L'américaine Georgia O'Keeffe (1887-1986) a abordé de nombreux sujets durant sa carrière d'artiste, mais se sont sur ses fleurs que nous nous attarderons. Le travail de cette peintre féministe fut influencé par son entourage, notamment par le photographe Paul Strand qui photographiait des objets de façon si rapprochée que toute identification était difficile, tant les formes devenaient abstraites. Georgia s'inspira de son travail puisqu'elle fera un travail similaire avec ses fleurs, travail qu'elle expliqua ainsi : "Je sais que je ne peux pas peindre une fleur. Je ne peux pas peindre le soleil sur le désert, un matin clair d'été, mais je peux peut-être, grâce à la couleur, vous faire part de mon expérience de la fleur". C'est pourquoi, elle peint une suite de tableaux de fleurs où elle ne représente pas ce qu'elle voit mais ce qu'elle ressent.
Music, Pink and Blue No. 2, Oil on canvas, 90 × 76 cm, Georgia O'Keeffe, 1918
Le cadrage étroit des corolles permet à l'artiste d'extraire la fleur de tout contexte. Elle oublie le végétal afin de ne se concentrer que sur sa texture, ses lignes, ses couleurs, ses dégradés... Le résultat est chargé d'une grande douceur et d'une forte sensualité. Cette proximité avec l'érotisme amène souvent le spectateur à voir dans ces formes florales des représentations de sexe féminin et masculin. Par cette ambiguité, ces fleurs semblent pleines de mystères, cachant probablement sous leurs pétales quelques doux ou tumultueux secrets.
White & Blue Flower Shapes, Oil on canvas, Georgia O'Keffe, 1919
Jérome Boissière 

Peindre l’amour.

Louise Bourgeois est une artiste née en France en 1911 puis naturalisée américaine. Les thèmes principaux qui inspirent les œuvres de l’artiste sont les rapports humains et surtout familiaux, l’amour, la passion et la sexualité. Surtout célèbre pour ses sculptures, Louise Bourgeois est tout de même très attachée au trait, à la qualité du dessin et elle présente en 2009 une série intitulée ‘Les Fleurs’.
Les Fleurs, Louise Bourgeois, 2009.
Elle réalise ainsi une série de gouaches sur papier où elle représente toujours cinq fleurs en rouge, dessins qui sont ensuite disposés côte à côte et forment alors un ensemble impressionnant. Les fleurs ont un coté abstrait, elles n’adoptent pas de formes précises et sont toutes simples et différentes. La couleur rouge que l’artiste emploie, symbole de l’amour, de la joie en Inde ou de la passion révèle les intentions de l’artiste. Elle représente sans doute ici l’amour éphémère comme une fleur, sous toutes ses formes alors qu’il paraît différent dans chaque relation, plus ou moins compliqué, plus ou moins intense ou fusionnel.
Louise Roussiere

Serial printer

Andy Warhol, artiste phare du pop-art américain, réalise en 1964 la série Flowers. Ce motif répété provient d'une photographie que l’artiste a découvert dans un magazine.
Warhol commence à expérimenter la technique de la sérigraphie un an plus tôt. Cette technique devient sa marque de fabrique et un symbole du pop-art, il s'en sert aussi bien pour ses portraits de célébrités comme Marilyn Monroe mais également pour ses fameuses Fleurs.

Andy Warhol, Flowers, 1964.
 Marine Corré

La fleur / médium artistique

Les jardins suspendus de Rebecca Louise Law

Rebecca Louise Law transforme des intérieurs en univers poétiques et colorés, en utilisant des fleurs. Elle expose ses jardins fleuris dans de nombreux musées, galeries, salle de spectacle et boutiques de créateurs.
Hermès, Maecenas Dinner, Rebecca Louise Law
Ces installations éphémères de milliers de fleurs suspendues tel un champ de fleurs cosmique, évoquent la relation entre la nature et l'homme, une nature qui se réapproprie des lieux intérieurs. Tendues à des fils, ces fleurs sont organisées en suspension. Son installation, The Hated Flowers, est composée de plus de 10 000 Chrysanthèmes et Oeillets.
The hated flower, 2014, Rebecca Louise Law
The hated flower, 2014, Rebecca Louise Law
Le travail de la fleur se fait en plusieurs étapes : les fleurs fraiches, soigneusement choisies sont enfilées sur du fil de fer, une fois installées, en se fanant elle se dessèchent afin de révéler la sensibilité et la beauté de ce matériau sous un autre jour.
Céline Vépa

Optimisme. Mosaï-sculpture

Puppy prend forme sur une structure en acier inoxydable dessinée à l'aide d'un logiciel de modelage, il s'agit d'un gigantesque terrier West Highland sculpté et couvert de fleurs fraîches de différentes couleurs, vert, jaune, rose, violet, rouge irriguées par un système interne. Les fleurs étant éphémères, les couleurs du chien le sont aussi. Cette œuvre est devenu la mascotte de Bilbao. Avec ce chien, Jeff Koons qui faisait un clin d'œil aux jardins bien organisés et ordonnés du XVIIIème siècle, dompte la nature mais également le public. Car malgré les nombreuses critiques que suscitent ses œuvres, elles n'en exercent pas moins une certaine fascination.
Puppy, Jeff Koons, 1992, Musée Guggenheim Bilbao
Koons a irrévocablement cherché, avec cette sculpture publique, à attirer, à inspirer l'optimisme et à transmettre, selon ses propres mots, « confiance et sécurité ». Puppy, gardien majestueux et robuste des portes du Musée Guggenheim de Bilbao, remplit les spectateurs d'admiration et de joie. «Puppy, je le crois en rapport avec la fertilité, la vie. Et avec le pouvoir. Vous pouvez avoir un chien, lui témoigner beaucoup d'amour, en prendre soin, mais vous pouvez aussi avoir un chien pour lui faire porter le journal. Dans l'exercice du pouvoir, il existe des domaines où on s'abandonne. C'est le cas avec Puppy où la tension relative à l'exercice du pouvoir diminue."
Puppy, Jeff Koons, 1992, Musée Guggenheim Bilbao                                   
Marine Guy

À la frontière de la Nature

Andy Goldworthy
Andy Goldsworthy, né le 26 Juillet 1956 dans le Cheshire en Angleterre, est l'un des principaux artistes du Land Art. Il travaille généralement en plein air et utilise quasi-exclusivement des matériaux trouvés sur place, matériaux ou objets naturels (neige, glace, feuilles d'arbres, tiges, galets, fleurs, etc.) pour réaliser ses œuvres. Celles-ci dialoguent avec le paysage et la nature qu'il a choisi d'investir. Elles sont respectueuses de l'environnement, proposent un nouveau regard sur le paysage et sont en relation étroite avec lui. il n'utilise généralement pas d'autres outils que ses propres mains, sinon éventuellement un opinel pour produire les œuvres qu’il considère comme de l' art "éphémère", le temps de dégradation pouvant varier de quelques secondes à plusieurs années.
Son intention n'est pas « d'apposer sa marque » sur le paysage mais de travailler instinctivement avec lui, afin que ses créations manifestent, même brièvement, un contact en harmonie avec le monde naturel. L'artiste a choisi de jouer avec les couleurs, créant un effet de contraste entre les fleurs violettes et jaunes. Il met en avant des éléments naturels issus de ce même milieu.

Vincent La Gadoue

Fleurs artificielles

Terreurs enfantines
Yayoi Kusama est une artiste aux multiples facettes. Représentante vivante des sixties et de l’époque psychédélique, elle vit aujourd’hui à l’âge de 83 ans dans un hôpital psychiatrique. Elle est notamment connue par sa marque de fabrique : les pois qui recouvrent ses œuvres et ses installations époustouflantes.
Flowers that bloom at midnight de Yayoi Kusama, 2009,
fibre de verre, plastique, peinture polyuréthane
L’artiste réinterprète le thème des fleurs, qui ont une grande importance dans la culture japonaise, en un thème d’effroi et d’inquiétude.
Géantes et colorées, les fleurs de Yayoi Kusama "Flowers that bloom at midnight" interpellent les passants. Ses sculptures florales monstrueuses par leurs formes et gaies par leurs couleurs, spécimens surréalistes, naissent de ses hallucinations.          
Flowers that bloom at midnight et Yayoi Kusama

L’artiste a un style qui lui est propre. On peut le qualifier d’univers de terreurs enfantines obsessionnelles qui peut s’apparenter au monde d’Alice au pays des merveilles.
Delphine Maziol

Symbole asiatique et modernité

L'artiste coréen Choi Jeong Hwa est connu pour ses grandes fleurs de lotus comme le Breathing Flower. Des sculptures gonflables dynamiques, avec l'ouverture et la fermeture de feuilles de tissu motorisées qui simulent les mouvements des pétales d'une vraie fleur de lotus. Ses sculptures, souvent installées dans l'espace public, créent un lien entre le monde moderne et un symbole cosmologique des plus importants d’Asie. Dans la culture asiatique, le lotus représente la pureté et la grâce et l’artiste combine son image avec la couleur rouge, une nuance souvent associée à la chance et la vitalité. Ses pétales qui se balancent dans le vent sont ce qui attire vraiment l'attention et donne vie à l’œuvre.
Breathing Flower, Choi Jeong Hwa.
 Elise Bunouf

Murakami, des fleurs en folie ! 

Tadashi Murakami est un artiste japonais. Il s'est fait connaître en France grâce à sa remarquable exposition à Versailles, en 2010. On y découvrait une explosion de culture pop et nippone. En effet, à la manière d'Andy Warhol, qui recycle la culture populaire américaine, Murakami s'inspire de ses racines et de son pays : le Japon. Ses fleurs sont une manière amusante de détourner les mangas et jeux vidéo nippons. Murakami est littéralement obsédé par les fleurs, il nous transmet ainsi un univers complètement bariolé, et coloré. Ses œuvres contrastent dans un espace comme le château de Versailles. En effet, celui-ci est dédié au pouvoir et aux dorures par milliers, alors que les fleurs de Murakami respirent la culture populaire japonaise. Il va même jusqu’à les humaniser, en leur greffant un large sourire, sourire qui nous donne la bonne humeur et nous replonge dans un univers enfantin.
Œuvres de Murakami, exposées à Versailles en 2010 
Des fleurs pas si naïves que ça puisqu’à travers elles, Murakami nous pose la question : à quel point la société de consommation et ses produits pop influent-ils sur nos approches et nos goûts esthétiques ?
Solène Gloux

Fleurs dangereuses.

De la rose à l’épine

Offrir un bouquet de roses rouges est représentatif d’un amour passionnel, et permet de montrer la puissance et la profondeur de nos sentiments. Le bouquet de roses blanches, quant à lui, porte sur la sincérité des sentiments, et témoigne d’un amour chaste et pur.
Alors comment interpréter l’action sentimentale de Gina Pane, cette performance où l’artiste se plante des épines de rose le long du bras puis s’incise la paume de main à l’aide d’un rasoir pour y évoquer des pétales ?
Gina Pane reproduit deux fois cette séquence, réfléchie au préalable, mais utilise une fois un bouquet de roses rouges, puis un bouquet de roses blanches.
Ce contraste entre la douceur des roses, et l’agressivité de leurs épines et du geste de Gina Pane n’est pas sans évoquer la passion amoureuse, partagée entre bonheur intense et souffrance profonde.

Clichés de la performance Action sentimentale, 
Milan, 1973, Gina Pane

Ainsi, par cet acte, et par la symbolique de la rose, peut-être que Gina Pane désire souligner la boucle du schéma amoureux. Cette boucle qui va du plaisir à la souffrance, et dont on a conscience avant même de s’engager dans le bonheur. Peut-être le fait de reproduire deux fois la même séquence avec des types de roses différentes sous-entend que quelque soit l’amour, derrière sa douceur se cache la douleur.
Une rose pour un sentiment, de son éclosion à son fanage. Et puis une autre rose éclot…
On remarque aussi les seules présences de blanc (ses vêtements et les roses blanches) et de rouge (son sang et les roses rouges) qui viennent renforcer la danse entre pureté-douceur et passion-souffrance.
Marie Motte

Entre fleurs et sensualité les fleurs/sexes de Robert Mapplethorpe

Connu pour ses photographies en noir et blancs alliant poésie, style épuré et érotisme , le photographe New Yorkais Robert Mapplethorpe réalisa une série de photos de corps nu d'hommes et de femmes. Passionné par la sculpture classique, il utilise son objectif et travaille la lumière pour créer des photographies épurées, esthétiques et troublantes.
Il créait une confusion qui vient parfois pousser le spectateur à se demander ce qu'il est en train de regarder, est-ce une silhouette, une fleur, ou une roche ?

Les fleurs de Mapplethorpe
Son travail crée un dialogue poétique et sensuel entre les fleurs et les clichés érotiques.
« Quand j’ai exposé mes photographies, […] j’ai essayé de juxtaposer une fleur, puis une photo de bite, puis un portrait, de façon à ce qu’on puisse voir qu’il s’agit de la même chose. »
Chez Mapplethorpe tout devient corps, tout devient organique, que se soit les nus et les portraits provoquant et poétiques, les sexes et autres détails de l'anatomie, ou les clichés floraux.
L'association entre la beauté du sexe masculin et les courbes d'une fleur permet de jouer sur le contraste entre la virilité masculine et le côté fragile et éphémère d'une fleur .
Au travers de ses clichés , Robert Mapplethorpe impose sa vision sur l'ambiguïté des jeux entre corps et nature, grâce à son travail des formes épurées avec une technique apaisée tirant vers la perfection.

Maxime Rousset


Fleurs virtuelles

Les fleurs ne se fanent jamais

Miguel Chevalier (né le 22 avril 1959 au Mexique) est un artiste français de l'art numérique et virtuel. Depuis 1978, Miguel Chevalier utilise l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques. Il s’est imposé internationalement comme l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique.
Miguel Chevalier développe différentes thématiques, telles que la relation entre nature et artifice, l’observation des flux et des réseaux qui organisent nos sociétés contemporaines, l'imaginaire de l'architecture et des villes virtuelles. Les images qu'il nous livre interrogent perpétuellement notre relation au monde.
"Fractal Flowers" est une installation réalisée par l'artiste au Brésil en 2009. Elle présente une nouvelle génération de fleurs et de jardins virtuels. Elle a comme point de départ l’observation du monde végétal et sa transposition dans l’univers numérique.
Pendant la visite, les gens sont comme dans un univers végétal très intriguant, peuplé de fleurs cristalines à la structure filaire, rappelant les facettes d'un diamant, qui ont à la fois une réelle monumentalité par leurs formes géométriques et en même temps un aspect évanescent lorsque, en quelques secondes, elles s'évaporent dans l'air.

Fractal Flowers 2009
Installation de réalité virtuelle générative et interactive
Station de métro Galeria, Brasilia, Brésil
Le gigantisme de ces fleurs, leur capacité à suivre du regard le visiteur quand il se déplace, crée un étrange et mystérieux, voire troublant dialogue avec lui. Les fleurs se courbent comme pour faire une révérence et l’accueillir dans la virtualité de cet intriguant jardin. Elles déploient alors leurs plus belles couleurs, leurs plus incroyables formes, s'observent entre elles, se confondent sur les fonds colorés, se penchent vers lui comme pour regarder de plus près sa réalité, pour enfin disparaître sous son regard fasciné et ému de ce rapport si vivant avec un objet virtuel qu'il ne reverra jamais. Il s’agit de fleurs géantes fractales de différentes couleurs et formes, générées à l’infini grâce à un logiciel inédit. Cette œuvre s'appuie sur un principe génératif et interactif créant des graines virtuelles autonomes, qui naissent aléatoirement, grandissent, s’épanouissent et meurent, tout en réagissant au passage des visiteurs.
2 vidéo projecteurs, 1 PC, 1 caméra infrarouge. 14 m x 3,20 m

 Xiaoyu Tang

mercredi 2 mars 2016

Mettre le feu

Depuis longtemps, le feu est considéré comme un symbole de destruction et de danger. L'homme a tout de même appris à l'utiliser pour son bien-être. Les artistes eux aussi aiment le représenter et l'utiliser dans leurs créations ou performances, que ce soit pour sa symbolique très forte, pour transformer un matériau, pour sa lumière et sa chaleur pour son pouvoir de fascination. Le feu est polysémique : il peut bruler, détruire, transformer, créer, illuminer, aveugler…



LE FEU, UN SYMBOLE FORT DANS L'ART

Le feu et le fer
Exposition tout feu tout flamme, Jannis Kounellis
Jannis Kounellis est un artiste de l'arte povera. Son art est anti-conformiste à la société de consommation qui n'a pour but que de plaire aux plus grands nombres. Il crée avec des matériaux pauvres, en privilégiant l'acte de création à l'objet final. Dans ses œuvres, il met en avant le fond plutôt que l'aspect.
Une de ses œuvres datant de 1967 associe métal et feu. Bien que sans titre, on la décrit comme une étoile de fer avec flamme. On voit un jet de feu qui émerge d'une étoile aux nombreuses branches ou d'une fleur. Cette œuvre très simple, brute, ne vise pas à plaire à l'œil mais à l'interroger. Le feu peut nous réchauffer ainsi que nous brûler, le métal nous sert de bouclier ainsi que d'armes dangereuses. Les matériaux nous laissent donc premièrement douter de leur fonction protectrice ou bien destructive. On associe aussi directement l'étoile avec le feu qui brûle jusqu'à sa mort. Cependant, on peut aussi y voir une fleur, qui comme le feu, nous rappellent que notre vie est éphémère. Par la simplicité de son œuvre, Jannis Kounellis veut exprimer la force pure de la nature. et se joue de la poésie de la flamme.

Sans titre, Jannis Kounellis

Adélie PAYET


À feu et à sang / Le pouvoir du feu

Le Feu, Giuseppe Arcimboldo, 1566

« Le Feu » est un tableau emblématique de la série des Quatre Eléments du célèbre peintre Arcimboldo. Il s’agit du portrait d’un homme relativement jeune mais à la différence des autres tableaux du peintre, celui là n’est pas composé de fruits, légumes ou animaux, mais exclusivement d’armes à feu, de métal et de flammes.Le visage est un assemblage d’or et de feu. La chevelure est un immense brasier. Le pied d’une lampe à huile et trois bougies forment le cou orné d’un collier d’or qui représente le pouvoir impérial caractérisé par la chaîne de la Toison d'or, ordre créé par Philippe le Bon, duc de Bourgogne et ancêtre des Habsbourg. Le pistolet et les deux canons, illustrent des nouveaux moyens de défenses. On devine alors que le portrait est celui de l’Empereur Maximilien car c’est le pouvoir du feu qui a permis la construction de l’Empire des Hasbourg. L’aigle impérial du médaillon en témoigne et pour unifier cet empire quelques dizaines de régions différentes ont été détruites.

Marine CORRÉ

Ce feu qui brûle, purifie, détruit
L’enfer chez Hans Memling, artiste flamand du 15éme siècle, est souvent représenté. Le panneau droit du triptyque du Jugement dernier peint entre 1467 à 1471 en est un bon exemple. On peut y apercevoir une scène de punition où les damnés sont enchevêtrés après une marche forcée vers le précipice infernal. Des teintes foncées, des visages grimaçants, un feu rougeoyant, de la fumée, une résistance, une cruauté…
Alors que d'un côté, les corps s'ordonnent, de l'autre, ils demeurent tordus, destinés à une éternelle torture. Les damnés de Memling s’entremêlent et s’agitent, précipités dans les flammes de l’Enfer, en donnant l’impression de tomber sur nous grâce à l’illusion créée par la perspective. La mise en scène foisonnante de Memling provoque une sorte de condensation et un effet de foule qui crée un sentiment d'affolement. Cette multitude d'âmes amplifient l'aspect dramatique et violent du tableau.
La peinture de Memling joue sur une opposition radicale. Sur ce volet droit du Triptyque, le feu symbolise l'enfer, le cahot, la punition, l'infâme où sont jetés ceux que Jésus et Saint Michel (au centre du triptyque) jugent condamnables. A l'opposé, sur le panneau gauche, Saint Pierre accueillent les élus à la porte magnifique du paradis qui s'ouvre sur une toute autre lumière, celle dorée d'un espace "divin".

Hans Memling, "Triptyque du Jugement Dernier"

Marine GUY


LE FEU COMME OUTIL DE CRÉATION

Les ombres du brulis
Ombres de brûlis, Christian Jaccard, In situ, Meymac, 2012
Depuis les années soixante, le plasticien Christian Jaccard explore la notion de temporalité par l’expérimentation du processus de combustion et du tressage de nœuds. Le feu, source de vie et de lumière, et l'entrelacs, principe de création et de relation des règnes du vivant, sont les deux "outils" de l'artiste dont l'enjeu est la représentation du temps. La combustion à mèche lente altère la matière et la couleur originelles des matériaux et des divers supports, desquels émerge un réseau d'empreintes inédites. La méthode, toujours identique, est bien définie: chacun de ses gestes, de ses actes est exercé avec rigueur, sans étourderies, sans désinvoltures, conceptualisé et contrôlé. Le travail de Christian Jaccard repose sur la question de la définition du dessin. Son trait provient de la trace laissée par la mèche lente, c'est le suintement incandescent du goudron qui vient imprimer la toile blanche. Ou bien les flammes elle-mêmes, vives, illuminant les murs, comme des dessins-installations. 

Brulis, Christian Jaccard

Jérome BOISSIERE


Le feu : le dompter et se laisser dompter
 

Depuis 1984, Jean Paul Marcheschi travaille avec un outil particulier : un pinceau de feu. Cet art dangereux lui permet de s'approprier les nombreuses propriétés du feu : ses coulures, sa fumée, les craquèlements de la matière qu'il brûle... Le feu noircit et éclaire en même temps : il est représentatif de la lumière (la connaissance ?), et de l'obscurité (les ténèbres de chacun, le calme ou la peur, ?). 

On comprend alors aisément pourquoi l'artiste a établi son atelier dans une cave, et comment, par ses performances mêlant poésie, rituel et mysticisme, il fait de son art l'éloge de l'éphémère de la pensée, du corps, mais surtout de nous.

En effet, en plus d'utiliser le feu, Jean Paul Marcheschi, dans son œuvre Onze Mille Nuits, travaille avec des pages de vieux manuscrits, sur lesquelles il note des bouts de phrases, des mots l’obsédant, des dessins, des idées fugitives... pour ensuite les détruire. Ceci est une manière pour lui de s’en défaire, d’extérioriser ses pulsions tout en les emprisonnant immédiatement dans le feu. Ce serait comme une manière de torturer ce qui le torture.

Onze Mille Nuits, fragments, Jean Paul Marcheschi
Il montre, par ses œuvres, au spectateur, sa fragilité, sa singularité et à la fois la part impersonnelle qui le compose, nous rappelant que malgré notre unicité nous sommes tous soumis aux mêmes émotions, et à la même finalité.

Ce sont aussi des valeurs qu’il met en avant dans son œuvre 11 000 Portraits de l’humanité, où le peintre utilise son pinceau de feu sur des portraits pour les métamorphoser et tenter de faire apparaître leur singularité tout en les rapprochant de leur destruction.
Portraits, Onze Mille Portraits de l’humanité, Jean-Paul Marcheschi.
« Portraits d’inconnus, de proches, portraits de la mère, du père, de la fratrie, autoportraits : ce qu’ici le visage affirme, c’est qu’il est unique, qu’il n’est personne, qu’il est cent mille. » J-P. M

Marie MOTTE

L’empreinte de la combustion
Yves Klein est un artiste qui a voulu diversifier ses mediums et ses techniques de créations pour manifester leur force créatrice. Il a donc était attiré par le feu et les traces qu’il pouvait laisser sur la toile.Très vite, il y associe la mort, le sexe et l’élément naturel du corps, avec sa série de seize Peintures de feu. Il adjoint aux traces de la flamme celles des corps féminins de jeunes femmes préalablement mouillés et ruisselants. L’effet donne un double dynamisme avec le feu et la mouvance des corps. Grace au centre d’essais de Gaz de France, il apprend a manier le feu et réalise de nombreuses toiles avec une nouvelle sorte de pinceau vivant : des flammes de gaz très puissantes de trois à quatre mètres de hauteur. Lors de l’Exposition au Musée Haus Lange de Krefeld intitulé «Monochrome und Feuer» il réalise la Sculpture et le Mur de feu constitués de 50 doubles becs Bunsen et une fontaine de feu. L’artiste enregistre sur papier les traces des brûleurs du Mur et de la flamme de la fontaine. Yves Klein présente le papier verticalement contre la flamme, de façon à enregistrer, par la calcination plus ou moins prolongée du support, le moment précis où le feu dévore la matière. L’artiste parvient ainsi à matérialiser, dans sa fugacité, « l’état- moment » du feu.

Mur de feu

Yves Klein, Pientures de Feu, 1961

Delphine MAZIOL

Burri en feu
Les peintures de Burri sont vues plus clairement comme des objets manipulés pendant qu'il travaille sur eux. Il rejette la relation formelle qui existe d'habitude entre le peintre et la peinture, où la toile reste fixe et le peintre va de l'avant. Avec Burri, lui et la toile sont en mouvement. La toile est posée sur le sol, traînée à travers la pièce, calée dans un coin ou accrochée au mur. Elle est attaquée par l'avant ou par l'arrière. Burri a développé un nouveau réalisme du matériau, comme le travail du plastique cramé pour pouvoir donner des textures à ses œuvre.
Alberto Burri a commencé sa carrière en tant qu'artiste après son retour en Italie en 1946 au Texas, où il avait été détenu dans un camp de prisonniers de guerre. Attiré par des matériaux non conventionnels, tels que le goudron, le sable, et l’émaillage, il utilise des procesus tels que collage. Au milieu des années 1950, il se tourne vers les matériaux industriels fabriqués en série dans des couleurs préfabriqués et développe une nouvelle technique de peinture à la combustion incendiant, carbonisant, (Combustioni plastiche, combustions plastique)."Les premières « Combustioni » sont réalisées en 1953-1954 : ce sont des reliquats de papiers brûlés, eux-mêmes collés sur papier. Les brûlures ont alors une valeur ornementale. Le feu, en 1958-1961, remplace le pinceau pour réaliser les soudures de la série des « Ferri ». C’est à partir de 1961 qu’apparaissent à la fois les « Plastiche » et les « Combustioni plastiche ». L’œuvre du Mnam ci-dessous est composée d’un plastique troué par le feu et tendu sur un châssis métallique. Contrairement à d’autres œuvres de la série des « Combustioni », où le plastique est opaque, rouge ou noir, ...
Plastica (Plastica, Combustione Plastica)- 1964
Alberto Burri - Rosso plastica - 1964

Anne Sophie FLORES




QUE LA LUMIERE SOIT

La flamme nous consumera jusqu'à extinction




Les Bougies, Christian Boltanski, 1996
Les œuvres de Christian Boltanski s'articulent autour de plusieurs thèmes rappelant la vie et la mort, le temps, la mémoire, l'esprit, l'être humain, l'absence ou la présence. Cet artiste plasticien met en évidence dans la majorité de ses œuvres, la disparition de souvenirs liés à un désir moral de raconter quelque chose.
Celine VEPA

Envolée pyrotechnique
Echelle-pyrotechnique-Cai Guo-Qiang 2015
Le 15 juin 2015 s’est élevé dans le ciel une échelle de feu de plus de 500 mètres. Cette «Sky Ladder» dessinée dans le ciel de HUIYU Island Harbour en Chine par l’artiste Cai Guo-Quiang n’est en réalité pas sa première expérience avec la poudre. L’artiste, un des grands maitres de l’art pyrotechnique, s’était déjà fait connaître pour le grand feu d’artifice des jeux Olympiques de Chine ou le spectacle projeté dans le ciel en avait ébloui plus d’un. Ici il n’utilise pas un feu d’artifice ordinaire, cette « échelle pyrotechnique» est en réalité un ballon d’hélium auquel est attaché une échelle de corde recouverte de mèche rapide, de poudre et de feux d’artifices dorés. Lancée dans le ciel la nuit tombée, elle s’est enflammée et a offert un spectacle de 2 minutes 30. Déjà connu par son utilisation non conventionnelle de la poudre à canon sur des toiles de papier, il vient placer la barre plus haut en dessinant à même le ciel.
Gaetan GUILLAUMIN

La représentation du brasier.
William Turner est un peintre anglais du début du XIXème siècle. Influencé par des maitres comme Titien ou Rembrandt, il est l’un des précurseurs de l’Impressionnisme.Typographe et architecte de formation, il garde un goût de la précision et du détail très perceptible dans ses premières toiles. Mais à mesure des années, la peinture de Turner tend à s’éloigner de la figuration et devient plus expressive et éclatante, lui valant le surnom de Peintre de la lumière. Monet et Pissarro (entre autres) ont étudiés et se sont inspirés de sa touche expressive.L’Éruption du Vésuve a été peinte par Turner en 1817, période à laquelle il excelle dans la représentation de scènes, parfois mythologiques, montrant la nature en furie et dominant les hommes. Il se trouve alors à mi-chemin entre représentation figurative et abstraction poétique, puisqu’il montre le plus célèbre volcan Italien à ses instants les plus meurtriers, vomissant son brasier infernal et surplombant la (tout de même) reconnaissable Pompéi et ses habitants.
Eruption du Vésuve - W. Turner - 1817 - Huile sur toile 28,6 x 39,7 - Yale Center for British Art, New Haven, USA.
L’Incendie de la chambre des Lords I (1837) est une œuvre plus tardive de Turner représentative des travaux de la fin de sa carrière. On peut y voir que le feu n’a rien perdu de son ardeur, mais que le cadre du tableau est beaucoup plus proche de l’abstraction : plus flou, plus immatériel, plus sensible et empreint de rêverie.

Incendie de la chambre des Lords I - William Turner - 1837 Huile sur toile - 92,7 x 123 - Museum of Arts, Cleveland

Nicolas BLUTO

Bill Viola, "Fire Woman"
Bill Viola est un artiste américan. Il étudie les arts plastiques à l'université de Syracuse de New York.Il commence à mettre en place des installations vidéo en utilisant des moniteurs, puis des projections de ses vidéos sur de grandes surfaces dès 1973. Il est influencé par le performance-art. Viola crée des œuvres intimistes dans lesquelles il représente sa famille et lui-même. La vie, la mort, le sommeil, le rêve, l'eau, le feu, le désert... sont des thèmes qu'il aime traiter avec émotion et spiritualité.En 2005, il réalise Fire Woman, une projection vidéo de très haute définition en couleur. On y aperçoit une silhouette de femme qui se détache d'un immense mur de flammes en arrière-plan. Elle avance jusqu'à plonger soudainement dans une eau dont on ne soupçonnait pas la présence. Le regard du spectateur se retrouve alors face aux seules formes ondoyantes et abstraites du feu, puis à leurs reflets dans l'eau, aux qualités picturales indéniables.
Le regard évolue, déplace son attention, glisse comme souvent d'une esquisse narrative aux formes pures. Selon le catalogue, Fire Woman est une image qui apparaît dans « l'œil intérieur d'un homme sur le point de mourir ». Le regard devient un exercice spirituel.L'eau, le feu, les bruits de la nature, le paysage : chez Viola, les éléments et les environnements sensoriels participent à l'immersion dans les images.
Bill Viola, "Fire Woman"

Xiaoyu TANG



DÉTRUIRE POUR CRÉER


Tout feu, tout flamme !
Le maitre soudeur, l'architecte, l'artiste et résident de Telluride, Anton Viditz-Ward utilise plusieurs lieux abandonnés à l'extérieur de Telluride tant comme studio pourvu d'un fond minimaliste pour créer et présenter ses créations spectaculaires, ardentes. En utilisant de l'acier à grande échelle, Anton construit la vie, des formes qui respirent, qu'il charge de bois, des torches et le tout tourne via d'énormes axes. Ces créations impressionnantes sont de remarquables installations d'art pour des clients et des événements d'art depuis plus de 20 ans. Anton a reçu beaucoup de subventions de la part du festival américain "Burning Man" pour créer des installations d'art au fil des ans.Cette année, son projet phare est intitulé "les Réflexions d'un Elfe de Feu" et sera une marionnette à grande échelle faite d'acier et de bois que les spectateurs peuvent manipuler et elle s'effondrera quand la marionnette brulera.
Wheel of Thwarted Ambition Burnimg Man 2008

Maxime ROUSSET


Fondre à la chaleur du feu
Urs fisher est un artiste contemporain suisse qui vit et travaille actuellement à New- York. Cet artiste très inventif, mixe sculptures et installations. Son travail le plus impressionnant (de mon point de vue) est sa série de sculptures réalistes réalisées en cire. Il transforme ainsi notre vision de l’art « immobile » qu’est la sculpture en nous offrant un magnifique exemple de créations évolutives. En effet, il fait du feu le principal performeur de ses œuvres et leur donne ainsi une dimension théâtrale.
La sculpture n’est soudainement plus figée mais se transforme et se détruit au fil du temps, sous l’œil du spectateur.
Urs Fischer, Untitled, 2011, Photo by Stephan Wyckoff

Solene GLOUX


Le monde en feu
Claire Fontaine est un collectif créé en 2004 par deux artistes, James Thornill et Fulvia Carnevale. Ils s’approprient un nom homonyme d’une marque populaire de cahier d’école, probablement choisi pour montrer leur affiliation aux artistes ready-made en reprenant un symbole de ce courant contemporain avec l’œuvre de Marcel Duchamp, un urinoir donc le titre est « fontaine ». Ce collectif réalise des cartes de pays à l’aide de nombreuses allumettes, en les plantant par milliers dans le mur d’une galerie. Ils y mettent ensuite le feu, cette performance est impressionnante et laisse les murs et plafonds partiellement carbonisés avec une odeur de soufre planant dans l’espace environnant.
Claire Fontaine, Carte des Etats-Unis en allumettes
Le message que ces artistes semble renvoyer à la fragilité politique des états, un fait pour le moins d’actualité... Leur travaux souvent provocateurs tout en étant poétiques questionnent le monde. Engagés et variés, ce sont des sculptures, peintures, textes, vidéos ou installations.

La France en feu

Elise BUNOUF

Le corps en feu
Ana Mendieta s’exile au Mexique à l’âge de treize ans alors que ses parents sont opposés au gouvernement de Cuba d’où elle est originaire.Toute sa vie, elle sera en quête de son identité, de sa culture et de sa féminitié et ses œuvres en seront très autobiographiques. Ana Mendieta réalise essentiellement des performances éphémères, marquantes et engagées qui sont considérées comme un lien entre le Land Art et la Performance. L’artiste utilise des éléments naturels et entre 1973 et 1977, elle produit la série « Silhouettes » où elle construit sa propre silhouette en bambou avant d’y mettre le feu. Au travers de cette série elle s’attache à des rituels et la spiritualité et crée des impressions violentes pour faire passer ses messages sur la condition des femmes, le destin des émigrants ou les violences conjugales.
Untitled « from Silueta works in Mexico-1973-1977

Louise ROUSSIERE