jeudi 25 février 2016

Paroles, paroles, paroles, les mots dans l'art

L'art, l'écriture, la parole, la gestuelle sont des formes du langage… Souvent les mots accompagnent l'image, la titrent, la décrivent, l'analysent. Et parfois les artistes intègrent les mots dans l'image superposant ainsi deux niveaux de lecture qui s'ajoutent, se confrontent ou se contredisent. Les mots donnent la parole aux personnages des tableaux du Moyen Age, prenant place dans de fluides phylactères. Le mot se fait slogan dans les messages publicitaires des villes industrielles. La lettre peinte, découpée se faufile dans les collages cubistes de Braque et Picasso et dynamisent les tableaux futuristes. La lettre et le mot, sont des éléments de construction à la fois plastiques et chromatiques. La relation entre le mot et l'image est de plus en plus complexe quand les artistes s'autorisent à sortir les mots de leur contexte habituel, les détournant, les malmenant avec humour et poésie. Avec l'art conceptuel, à partir des années 1960, la pensée, le langage, les mots sont au cœur du processus artistique…
Xiaoyu TANG et Céline VÉPA

PEINDRE LA PAROLE

Phylactères

Parfois, dans l'espace du tableau de la peinture médiévale et même de la Renaissance, sont incrustées  des lignes d'écriture inscrites sur des banderoles qui entourent les personnages, comme s'il s'agissait de paroles sorties de leur bouche. On nomme ces étranges ruban d'écriture : les phylactères. Les peintre inventent ce dispositif pour donner voix à leur personnages.
De la parole-action (le "fiat mihi secundum verbum tuum" de l'incarnation dans les annonciations) à la simple voix-off (le "ne m'oublie pas" de la jeune fille à la guirlande), jusqu'à des formes ornementales presque autonomes, les phylactères déploient les mots comme des choses dotées d'une présence propre et pas forcément comme un texte à lire.
Hans von Kulmbach, Jeune fille tressant des couronnes, 
Metropolitan Museum, New York.
Israhel van Meckenem, 
Fidèles en procession, cabinet des estampes de Dresde
Maxime ROUSSET

L'ECRIT : MATÉRIAU PLASTIQUE


Des mots pour dessiner des formes

Dans La Bouteille de vieux Marc, Pablo Picasso réalise à sa manière une nature morte présentant un verre à pied et une bouteille posés sur un guéridon. Ce tableau fait suite à presque une année d’expérimentations durant laquelle Picasso et Braque ont découvert et ont exploité la technique du collage. C’est durant cette période que Picasso emploie papiers peints, partitions, paquets de cigarettes et feuilles de journaux découpés, recadrés et superposés pour composer ses œuvres (il travaille alors essentiellement sur de grandes feuilles de papier). Il se sert de papiers imprimés de textes, exploitant la densité des colonnes d’articles des feuilles de journaux pour créer des effets graphiques marquants.
Ici, la présence des gros titres découpés et placés de biais sert autant à mimer la présence d’un quotidien déposé au bord du guéridon qu’à enrichir l’opposition de teinte entre le brun du meuble et le crème du reste de l’œuvre.
Picasso - La Bouteille De Vieux Marc
Picasso, Têtes d'homme au chapeau
Autre exemple : dans Tête d’homme au chapeau, il dresse un portrait aux frontières de l’abstraction et y intègre la masse grisée d’un fragment de papier journal afin de renforcer sa composition.
Nicolas BLUTEAU

JOUER AVEC LES MOTS

Une œuvre travestie

LHOOQ ou plus littéralement « Elle a chaud au cul » de Marcel Duchamp s’attaque directement à ce qui peut être considéré comme la peinture la plus connue au monde. La reproduction de l’œuvre originelle, La Joconde de Leonard de Vinci, se voit tout à coup dotée d’une immonde barbichette et d'une annotation "scabreuse". Duchamp travestit, "désacralise" la star de la peinture,  se moquant de l’histoire de l’art, des canons et des règles artistiques passés. 
L’artiste bouscule le mythe, questionnant l’identité du modèle, et ajoute cet « allographe » créé à partir de cinq lettres. Ce mot audacieux écrit à même une reproduction de l’œuvre se joue avec humour du sérieux de l'art…
LHOOQ, Marcel Duchamp

Gaëtan GUILLAUMIN


Un tableau à plusieurs

Francis Picabia est un artiste Dada (mouvement qui consiste à rejeter toutes les conventions, les contraintes de l'art et de la société). Les artistes Dada s'en émancipent grâce à un esprit d'enfance, un humour, un gout de la provocation, une créativité sans limite. Francis Picabia crée L'oeil cacodylate en 1921, un tableau étonnant dans sa réalisation. Il s'apparente au plâtre d'un ami à la jambe cassée où chacun laisse son mot. L'idée lui vient suite à un zona ophtalmique très douloureux qu'il a supporté durant un an. Son œuvre a ainsi débuté en peignant un œil surdimensionné sur une toile vierge. Il décida ensuite de la faire signer par ses proches, notamment des artistes dadaïstes, en l'accrochant dans son salon. Elle orna ensuite les murs du célèbre cabaret Le Boeuf-sur-le-toithaut lieu de l’avant-garde artistique du moment. Elle est le reflet d'une période de liberté, celle des « années folles » ; elle concentre sur sa surface un cercle d'amis. On peut y voir la signature de Man Ray, Marcel Duchamp, Tristan Tzara… Le tableau se recouvre d'un ensemble de collages, de photographies, de papiers découpés, de cartes postales et surtout de nombreuses signatures d'artistes. La valeur de la signature pose question : est-ce une valeur ajoutée, susceptible de transmuter l'objet le plus anodin en une œuvre d'art. Cette œuvre participe aussi à la manifestation de la révolution esthétique amorcée par les ready-made de  Marcel Duchamp. Même si certaines personnes ne considéraient pas L'oeil cacodylate comme un tableau, Francis Picabia répliquait qu'un objet qui peut-être exposé, accroché à un mur et observé ne peut-être qu'un tableau.

L'oeil cacodylate, Picabia - 1921
L'oeil cacodylate, Picabia - détail
Adélie PAYET

Les mystères de René Magritte

Avec la trahison des images, Magritte joue avec les mots. L'intention la plus évidente de Magritte est de montrer que même peint de la manière la plus réaliste qui soit, un tableau qui représente une pipe n’est pas une pipe, c’est une idée de forme. Magritte joue avec le spectateur. Le titre écrit de manière manuscrite, ajouté au réalisme de l’image nous fait nous poser de nombreuses questions.
“Ceci n’est pas une pipe” nous dit cette légende qui devient aussitôt une question puisque nous voyons une pipe. La pipe est l’unique objet de cette œuvre et envahit les deux tiers de la surface. Le peintre nous dit peut-être “je vous fais une pipe” c’est à dire “je vous donne du plaisir”. Chacun est libre de son interprétation. 
Ceci n'est pas une pipe, René Magritte, 1948
Delphine MAZIOL

L'ÉCRITURE COMME SIGNE POÉTIQUE, VISUEL, MAGIQUE…


Mikhail Larionov et le Neoprimitisme 


Mikhail Larionov (1881-1964) est un artiste d'origine russe qui a vécu en France une grande partie de sa vie et qui a été naturalisé français. Larionov est un des chefs de fil de l'avant-garde russe : des artistes qui entreprennent des actions nouvelles ou expérimentales au tout début du XXème siècle. Il est aussi considéré comme un des fondateurs (avec Natalia Gontcharova) du Rayonnisme. 
Mikhail F Larionov, « L'Automne » (1912), 
Huile sur toile (136 x 115 cm)
Son œuvre « L'automne », conservée au Centre Pompidou, fait partie d'un quadriptyque intitulé « Les Saisons » et qui représente les quatre saisons de l'année. Ces quatre tableaux sont à chaque fois composés d'un fond monochrome (un bleu, un brun, un jaune et un vert) et sont divisés par un quadrillage selon différentes échelles. Dans la partie supérieure, on peut voir des arbres stylisés, des oiseaux grotesques, un grand personnage et plusieurs attributs de l'automne comme le vin ou le raisin. Dans la partie inférieure, on trouve une scène qui représente les vendanges et une inscription en russe qui signifie : « L’heureux automne, étincelant comme l’or avec son raisin mûr et son vin enivrant ». Cette inscription est écrite de façon enfantine et avec des fautes d'orthographe ce qui apporte un côté naïf et poétique à l'œuvre. L'artiste s'est inspiré des loubki : des images populaires du XVIIème gravées sur du bois et vivement colorées souvent accompagnés d'une légende. Cette œuvre est considérée comme un des manifestes du mouvement néoprimitif où le côté naïf et primaire de l'art est mis en avant.
Pierre-Yves LASCOLS

Du graffiti à la toile

Jean Michel Basquiat est un peintre majeur des années 80. C’est à New York qu’il exerce sa passion. Grand ami de Andy Warhol et Keith Haring, il débutera sa carrière par des graffitis  dans la rue. Ces interventions sont des phrases pour dénoncer des faits de société, la consommation en masse.… Pour Basquiat « le mot dans l’art » et déjà acquis depuis le début.
Il continuera alors de s’exprimer à travers la peinture et fera irruption dans le monde du marché de l’art. Ses œuvres témoignent d’une force interne avec une écriture violente, des signes sauvages et élémentaires. Poète du fragment, il réalise de vastes collages où les images, les signes et les mots s’entrechoquent. Il peint l’histoire du peuple noir, le jazz et les jazzmen qu’il vénère, les réalités urbaines et le corps humain, les traces encore vives du traumatisme de l’accident de voiture dont il fut victime à l’âge de 7 ans. La mort est omniprésente dans son oeuvre, comme un présage.  Ces peintures sont pour la plupart réalisées avec des couleurs chaudes, encore un moyen d’exprimer cette violence aussi bien visuelle qu'écrite. Parfois les mots mis en scène étaient barrés ou entourés pour les mettre en avant. La violence et l’agressivité de ses toiles témoignent d’une volonté d'exister, d'exprimer, de vivre. Ces œuvres sont destinées à être lus. Jean-Michel Basquiat marquera de son style le renouveau de la scène artistique new-yorkaise des années 80. Malheureusement il décédera à l’âge de 27 ans suite à une overdose.
graffiti (1977) , Jean-Michel Basquiat 
Untitled, 1983, Jean-Michel Basquiat
Jean-Michel Basquiat in his studio, 1985, Lizzie Himmel
Marine GUY

La mécanique de l'écriture

Richard Baquié est né à Marseille en 1952. Après avoir eu plusieurs professions comme ferrailleur, chauffeur de bus et bien d’autres, il se tourne vers la sculpture. Mais Richard Baquié réinvente celle-ci en associant des matériaux recyclés tels que des morceaux de tôles ou d’appareils qui ne marchent plus qu’il assemble avec une extrême finesse. De plus, il fait directement parler ses œuvres alors que celles-ci présentent toujours des mots ou des phrases exprimant des sentiments humbles à la portée de tous mais qui peuvent évoquer beaucoup d’émotions chez n’importe quel spectateur de part leur simplicité. Certaines de ses sculptures relèvent alors plus du domaine de l’installation puisqu’il crée de nouvelles machines comme avec son œuvre Passion oubliée réalisée en 1984. Il met alors en scène une machine hydraulique qui révèle le flux viscéral de la passion à travers une vraie métaphore du vivant. 
Richard Baquié, « Passion oubliée » 1984.
Louise ROUSSIÈRE

L'ÉPAISSEUR DES MOTS

Robert Indiana - Les mots qui font du bien !

LOVE, Kennedy Plaza, Philadelphie
New York, Philadelphie, Madrid, Singapour, Taipei, Shanghai, Montréal… Le "grand amour" de Robert Indiana a élu domicile dans les rues des quatre coins du globe.
Cet artiste du pop art, transmet par le biais de son œuvre sa fascination pour la culture américaine dans laquelle il a baigné tout au long de son enfance. Indiana pense que l’art réveille l’amour que les gens portent en eux, à condition qu’ils le côtoient tous les jours. Il se disait donc qu’avec une sculpture représentant l’amour, il ferait ressortir ce sentiment que chacun porte en lui et qu’ainsi, tout un chacun pourrait facilement être plus amoureux.
Une vision peut-être un peu utopique et rêveuse du monde dans lequel nous vivons mais une vision qui fait du bien ! En effet, nous sommes tellement étouffés par des millions de mots chaque jour, que quand on en trouve un qui sort du lot, un mot qui nous est familier, un mot là où on ne s’attendait pas à le voir, on s’accroche à lui ; et ça fait du bien de croiser le mot « amour » dans des rues qui grouillent de monde.

“HOPE” à New York city, en 2009
Et l’artiste va plus loin dans son combat pour « un monde meilleur ». En effet, grâce a sa récente œuvre « HOPE », il a contribué à financer la campagne présidentielle de Barack Obama. Il ne s’agit ici plus d’amour mais le message est tout aussi fort, celui de l’espoir en l’humanité possible par l’Art et la Politique.
Solène GLOUX

Ça nous parle

C’est en 2008, pour l’Exposition internationale de Saragosse, dont le thème était « Eau et développement durable » que Jaume Plensa assemble des lettres et symboles d’alphabets différents en fonte d’aluminium, représentant les cellules du corps humain. Soudées entres elles, ces pièces forment une silhouette humaine assise. « Le nomade » mesure 11 mètres de hauteur. Elle est creuse et ajourée, cela permet une interaction avec l’oeuvre, l’Homme (composé à 60% d’eau) montrant le lien avec l’objet de l’exposition.
Les spectateurs sont alors invités à regarder le paysage environnant depuis l’intérieur, à travers les signes reconnaissables par chacun, et prendre en compte l’importance de l’eau dans notre monde à travers note corps. D’après lui "les lettres ont une potentialité de construction, elles nous permettent de construire une pensée". Aujourd’hui le géant dresse son armature sur le bastion Saint-Jaume, protégeant l'entrée du port d'Antibes.
Le Nomade, Jaume Plensa
Le Nomade, Jaume Plensa

Vincent LAGADOU


ECRIRE PAR DESSUS TOUT

« Est-ce bien de l'art? » - Ben

Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier est un artiste français très influencé par le lettrisme. Il est surtout connu pour ses toiles où il écrit simplement une phrase en blanc sur fond noir avec un style qui rappelle l’écriture d’un enfant sur le tableau noir de l’école. Ses messages humoristiques ou ironiques sont des maximes auxquelles il croit, ou des pensées qui ont traversé son esprit. Ces phrases visent surtout à abolir des barrières entre vie quotidienne et art.
L’artiste illustre ses propos lorsqu’il le peut comme dans cette toile qui dit : ’'Je peut tout me permettre''. Il le montre véritablement grâce à sa faute d'orthographe.

Benjamin Vautier, « Je peut tout me permettre », 1971, 
Acrylique sur toile, 86 x 116 cm, collection particulière
Ses travaux illustrent de nombreux agendas, trousses et autres produits de papeterie, donnant une dimension commerciale, mais aussi populaire à son travail…

Benjamin Vautier, « Est-ce bien de l’art ? »
Élise BUNOUF


LE MOT - LE CONCEPT - LA DEFINITION


Qu’est-ce qu’une chaise ?
Cette multiplication de représentations d’un objet (ici, la chaise), c’est ce qu’à voulu mettre en avant Joseph Kosuth en 1965 avec son œuvre One and Three chairs. Kosuth présente une chaise via trois approches distinctes : il place une chaise réelle, quelconque, et l’entoure de représentations plus abstraites : à gauche, une photographie à échelle 1 de la chaise en question, et à droite, une définition de « chaise » tirée du dictionnaire. Il faut savoir que cette œuvre est fondatrice de l’Art conceptuel, ce mouvement pour lequel l’idée prévaut sur l’objet finalisé. Dans ce mouvement, l’idée de l’art et l’art sont la même chose. Kosuth donne beaucoup d’importance au rôle du langage et au sens des mots. Ainsi, cet ensemble de trois chaises dépasse l’objet pour l’approcher d’une quatrième chaise, invisible, et idéale, où le concept de cette chaise est le plus compréhensible.Sachant tout cela, on comprend aisément pourquoi l’œuvre de Kosuth est déclinable avec n’importe quel objet. Une fois de plus, ce n’est pas l’élément choisi qui fait l’œuvre, mais son concept.
Si je vous dis chaise, qu’est-ce que cela vous évoque ?
La chaise sur laquelle vous vous asseyez tous les jours, chez vous ou au travail ? Une chaise célèbre ? Une assise, quatre pieds, un dossier ?
One or three chairs, Joseph Kosuth, 1965
Hammer , Joseph Kosuth
Définition de « language », Blow up, Joseph Kosuth, 
impression blanche sur papier noir.
Marie MOTTE


Virtual art

Les installations de l'artiste conceptuelle Jenny Holzer empruntent et utilisent des mots, des textes  qui explorent et interrogent des problématiques contemporaines.
Holzer elle est une femme d'un million de mots avec des productions axées sur la technologie. Rapidement, elle se détourne de la peinture traditionnelle, pour pouvoir se concentrer sur la substance, beaucoup plus complexe de la langue, des mots, des phrases, des vers, et cotations. Elle projette des mots dans ses expositions ou sur les façades de bâtiments publics, faisant du langage le matériaux lumineux, plastique, sensible et conceptuel de ses oeuvres…
Jenny Holzer, All fall, 2012, 
5 LED signs with blue, green, red & yellow diodes
Jenny Holzer, San Diego 2007 Gallery
Anne-Sophie FLORES


Un énoncé + un mur = Une sculpture?


L'artiste américain Lawrence Weiner est devenu une figure majeure de l’art conceptuel. Il publie en 1968, Statements, un livre compilant une suite d’énoncés écrits sur des murs, engagant le spectateur dans une nouvelle relation à l'œuvre qu'il ne s'agit plus de réaliser mais de concevoir, sorte de sculptures mentales. 
To see and be seen #278, Lawrence Weiner, 1972 
Un an plus tard  il publiera une déclaration d'intention sur laquelle ses futures propositions se fonderont « 1. L'artiste peut concevoir l'œuvre. 2. L'œuvre peut être fabriquée. 3. L'œuvre n'a pas besoin d'être faite. Chaque partie étant de même valeur et en cohérence avec l'intention de l'artiste, la décision comme la situation repose pour le récepteur sur les modalités de la règle ». 
Dust + water put somewhere / Betwen the sky and the earth
 # 662, Lawrence Weiner, 1990
Ses énoncés sont formulés dans un langage neutre, avec une typographie caractéristique (lettrage bâton en capitales) disposée en blocs,  une coupure arbitraire des lignes et une exploration systématique de la couleur, de la traduction et des signes de ponctuation (parenthèse, tiret, barre oblique). Par la suite il les adaptera à travers des formats et des manifestations variés - livres, films, vidéos, performances ainsi que des œuvres sonores.
Jérôme BOISSIÈRE

Ecritures productives

Nicolas Floch est un artiste Rennais, diplômé de la Glasgow School of Art. Son travail explore les pratiques artistiques en fonction des contextes qu’il investit. 
Son travail sur l’écriture productive consiste à ce que chaque produit provient du mot qui le désigne. Par exemple, les salades poussent suivant un sillon traçant le mot salade. Une série de photos et vidéos montre alors ce développement. Après la récolte, le produit est transformé vendu en tant qu'œuvre d'art.
Ses œuvres sont comme des structures ouvertes, multifonctionnelles, modulables et surtout consommables, car les produits sont vendus sous le nom de Produit-Art aux mêmes prix que les produits du marché, accompagné d’un certificat d’authentification ainsi qu’un texte expliquant à l’acheteur qui, si il le veut, peut prendre une photographie lorsqu’il consomme le produit.
Nicolas Floch invente des processus de création qui ne peuvent pas exister sans la collaboration et l’appropriation des projets par d’autres personnes.

Tournesol et Salade, 1995, La Turballe Nicolas Floch 
Cosmos, 1995 - La Turballe Nicolas Floch
Marine CORRÉ

lundi 8 février 2016

Quand le street art sort des murs

Peindre sur les murs n'est pas nouveau. Les glyphes et les dessins sur parois rocheuses sont là pour en témoigner. A partir des années 60, les artistes reviennent à l'art d'origine et s'émancipent de la toile pour envahir les rues. Celles-ci deviennent alors le nouveau terrain de jeu des artistes amateurs et confirmés.
Le Street Art émerge de slogans, de tags personnels sur les murs, les arrêts de métro... Il se développe ensuite par le biais d' œuvres plus élaborées : graffiti, pochoir, affiches, stickers.
Il se veut aussi humoristique que dénonciateur, aussi anonyme que connu de tous. Il fait maintenant partie intégrante du décor urbain : il l'embellit, lui redonne vie comme le détériore.

Souvent, le Street Art se développe aussi hors des murs et exploite tous les éléments de la ville. De nouveaux procédés apparaissent tels que le Yarn bombing, des sculptures en tout genre jusqu'à la réalisation d' installations urbaines.
Marie Motte- Adélie Payet


LES GRAFFEURS S'ATTAQUENT AUX ÉLÉMENTS URBAINS ...



Humour, gloire et beauté


C'est en 2006 que les deux Brésiliens Léonardo Delafuente et Anderson Augusto décident de lancer un projet qu'ils nomment "6emaia". Ces artistes pleins d'humour et d'imagination ont décidé de transformer et réinventer le mobilier urbain dans les rues de São Paulo, afin d'améliorer la vie quotidienne des habitants, en modifiant l'environnement dans lequel ils vivent. C'est donc à travers des interventions colorées et pleines de vie qu'ils essayent de rendre les villes moins grises, plus attractives. Au-delà d'amener la couleur dans les rues, ils personnifient chacun des éléments de la rue (passage piéton, bouches d'égout... ) en y mettant une touche d'humour, apportant de la bonne humeur aux passants.
Une belle interaction entre la rue, l’art et les habitants !
Bouche d'égout, 6 emeia, São Paulo
    Léonardo Delafuente et Anderson Augusto embellissant un passage piéton, São Paulo
Jérôme Boissière 

CYCLOPE

Le Cyklop, surnom d’un artiste graphiste et plasticien qui décide de se consacrer au détournement de mobilier de rue.
Il réalise, sur les petits poteaux verts dans la ville de Paris, la tête de petits personnages ne portant qu’un seul œil. C'est de là d'où vient son nom d'artiste.
Techniquement, il travaille avec des pochoirs et des bombes de peintures de différentes couleurs. Dans la rue il faut être rapide… Il utilise donc des formes simples. Lorsqu’il travaille dans son atelier cela lui permet d’affiner certains détails et de prendre son temps
. Mais le Cyklop ne réalise pas que cela, il exerce aussi son art sur des vélos, des casques, des cubes, ou encore des bouteilles de vin.
Cet artiste a commencé à peindre sans autorisation, puis ses CyKlops ont été exposées dans des galeries et des expositions. Il a également participé à " De l'Art à l'Ourcq", où chaque artiste avait pour mission de mettre en avant son savoir faire en créant une œuvre originale sur un élément fort de l'espace urbain.
Il a également participé à des festivals, puis des installations permanentes.
C'est pour lui une façon d'interpeller les gens sur la manière dont ils vivent leur ville. Comment appréhendent-ils l'espace urbain ?
Chaque ville est polluée par des milliers de signes mais dénuée d'art visuel, l'artiste essaye alors de réintégrer de la fantaisie dans la ville.
Il apprécie aussi observer la réaction des gens et leur sourire et discuter avec eux du regard qu'ils y portent.

Montm'Art - Paris 18e - ©ADAGP Le CyKlop 2015
Le CyKlop 2014 / Photo © Guillaume Saintives

Marine Guy



Sens de l'humour et sens interdit


Dans les rues de Paris, mais aussi à Rome, Barcelone ou Berlin, de curieux panneaux de signalisation ont fait leur apparition. On les doit à Clet Abraham, un artiste français vivant à Florence. 

"Mais comment vous est venue cette idée ?" 
"Mon métier, c’est le dessin, et j’ai envie de communiquer. Le seul moyen de le faire, c’est la rue." C’est ce que répond Clet Abraham à la question que tout le monde lui pose. 
En effet, ce Street-artiste ne communique pas simplement sur les murs comme tous les autres; il utilise un autre support, plus original sur lequel il peut ajouter sa touche d’humour.
Il intervient sur les panneaux de signalisation en y collant un petit dessin, utilisant souvent les pictogrammes de bonhommes qu’on retrouve dans le code de la route. Son but est uniquement de faire rire et de surprendre les passants. En effet, il fait en sorte que le panneau soit toujours visible, il lui ajoute seulement une seconde lecture.
Une démarche étonnante et pleine d’humour qui nous fait voir les interdictions d’un autre œil !

Panneaux de signalisation, Paris, « Paris dans mon œil », 2010
Gloux Solène 

Concordance

L'extérieur est notre terrain de jeu, un échappatoire. Contrairement à un intérieur, clos, l'extérieur n'a de murs que par le sol sans compter les constructions. Sur le sol de celui ci des inscriptions, symboles et indications sont déjà présents. Colorés ou non, ils font partie de notre quotidien, nous les oublions, nous ne faisons plus attention à ces inscriptions sans reliefs. Ils sont utiles pour la circulation entre autres. Les réalisations de l'artiste Québécois Roadsworth, détournements urbains pleins d'humour, présentent une autre vision de notre extérieur.
C'est en 2001 que tout commence, dans les rues de Montréal. Roadsworth est motivé par un désir de remise en question de la "culture de l'automobile". Les passages piétons se transforment en poisson, la ligne continue au centre d'une route finit en hameçon, ou en une prise électrique... Autant d'exemples que d'éléments présents sur notre chemin. L'artiste s'amuse des formes déjà présentes et les renouvelle, les complète avec son imaginaire. Imaginer une suite à une ligne, c'est là que le talent du Québécois entre en jeu. Son art de rue est facilement associé à un travail In Situ, il joue et détourne ce qu'il a devant lui. La signalétique change de sens, disjoncte…. Amusantes, décalées et surprenantes, ces œuvres nous plongent dans un autre monde, comme si nous nous trouvions dans un univers de géants…
 street art - roadsworth
street art Roadsworth
Vincent Lagadou

Les escaliers dans les villes 

Les escaliers dans les villes sont, la plupart du temps, des espaces gris, tristes. Ils symbolisent aussi un lien, un trait d’union entre un lieu et un autre. Aussi, de nombreux artistes, çà et là, se sont emparés de ces espaces vierges et ont décidé de leur redonner vie, de les peindre, les marches devenant alors une toile XXL qui attire l’œil mais aussi les habitants et passants. 
C’est aussi le cas à Beyrouth au Liban où un groupe de jeunes artistes et designers appelé les « Dihzahyners » est parti, pinceaux et pots de peinture à la main, mettre un peu de couleurs et de joie de vivre à des surfaces bien tristounettes.
A l’assaut du paysage urbain de cette capitale qui compte de nombreux escaliers publics, ces artistes sont partis avec un seul objectif « Paint Up ». Le travail sur un spot mettait à contribution une douzaine de personnes qui en 7 heures ont peint plus de 70 marches. Quant au résultat, il est à la hauteur des attentes : les marches ressemblent à un clavier de piano XXL dont les touches auraient emprunté les couleurs de l’arc-en-ciel ou dessinent des motifs géométriques et des impressions multicolores, polychromes.
escaliers, Dihzahyners
Maxime Rousset

  Une chaîne d'amis


Os Gemeos, Silos, 2014


Le duo d'artistes brésilien, Os Gemeos, continue dans le monumental : après avoir recouvert un Boeing 737, il s'attaque, à l'occasion de la biennale de Vancouver, aux vieux silos vétustes qui longent les quais afin de leur redonner une nouvelle vie. Ces 6 silos industriels de 23 mètres de haut en béton offrent aux artistes une surface totale de plus de 2000 m2 à 360 degrés qu'ils vont recouvrir de leurs personnages étranges et colorés. Ces 6 personnages formant une chaîne d'amis viennent donc égayer le paysage lugubre de cette usine. Pour le plus grand plaisir de nos yeux, ils adaptent leur projet "Giants" à cette surface cylindrique pour créer ces individus immenses en 3D offrant un dialogue entre les mondes bi-dimensionnels et tridimensionnels. Les silos qui autrefois venaient faire tâche dans ce paysage urbain font maintenant partie intégrante de l'espace artistique et culturel de la ville.
                                                                            Gaetan Guillaumin      

Les déchets à contempler 


San Fransisco, California 2015
Francisco De Pajaro est un artiste peintre urbain espagnol né en 1970. Il a lancé un projet en 2009 qui se nomme « Art is trash ». Il peint, détourne, intervient sur les ordures et déchets qu’on laisse dans la rue pour les animer. Francisco De Pajaro a débuté son œuvre à Barcelone mais aujourd’hui il a déjà fait le tour de Berlin, Madrid , Ibiza, San Fransisco …Pour cela, il utilise de la peinture, des feutres et du ruban adhésif…
« Mes oeuvres se basent sur l’improvisation, la rapidité d’exécution et l’ignorance de l’art » explique-t-il. En effet lorsqu’on voit le travail de cet artiste, les mouvements laissés avec la peinture sont vifs. De plus il ne dispose pas toujours d’un long moment pour les créer car ses supports peuvent vite disparaître. Francisco souhaite mettre en avant tout ces déchets qu’on ne voit plus dans nos paysages urbains. Sa démarche critique aussi notre société de consommation.

Pétronille Maiche

... UTILISENT DE NOUVEAUX PROCÉDÉS POUR S'EXPRIMER...


« Bande de Brandales ! »


La COP 21 a été l'événement de sensibilisation aux problèmes environnementaux le plus médiatisé de 2015. A cette occasion, le collectif Brandalism s'est approprié l'espace public et s'en est servi pour diffuser environ 600 affiches subversives et parodiques à l'égard des acteurs de la conférence climat.

Plutôt que de choisir les murs parisiens comme espace d'expression, les dissidents ont détournés les panneaux de JC Decaux, entreprise spécialisée dans la publicité en extérieur et sponsor officiel de la COP 21. Ces panneaux, habituellement voués à promouvoir le commerce de masse en vantant les mérites de produits divers, devinrent donc les supports privilégiés de posters critiquant l'influence des entreprises les plus polluantes de la planète (comme Air France, Engie -ex GDF Suez- ou Dow Chemicals) sur la conférence censée proposer des solutions au réchauffement climatique.

Le travail de Brandalism doit son impact à l'élégance des posters, mais surtout au choix du lieu d'affichage. Ce piratage fait incontestablement partie des manifestations artistiques et politiques les plus remarquables de l'année passée.

Brandalism, 2015
Nicolas Bluteau

 

Le fil comme projection

Stephen Ball détourne un des outils essentiel au Street artiste pour réaliser des installations constituées de fils de coton et de clous.  A partir des buses de bombes de peinture, Stephen Ball crée une projection de fils, telle une projection de peinture sortant en spray. Les fils sont tendues de la buse à une planche en bois où sont plantés géométriquement des clous. Les fils dessinent un motif géométrique. Stephen Ball utilise les codes du street art, une bombe de peinture, et réinvente l'action de peindre, avec des fils représentant la projection des particules de peinture. Une installation fragile, tout en finesse…

Street art, Stephen Ball
Bat-signal, Stephen Ball
Céline Vépa

Tricot et art urbain

Le yarn bombing ou tricot-graffiti est une forme d'art urbain ou de graffiti qui utilise le tricot, le crochet ou d'autres techniques utilisant du fil.
Lancé par Magda Sayeg en 2005 aux Etats-Unis, ce mouvement d'art urbain s'est aujourd'hui bien développé. Dans son magasin de vêtements, Magda Sayeg a décidé de recouvrir la poignée de la porte d’entrée d'une gaine en laine pour la rendre plus agréable au toucher. Surprise par l’enthousiasme de ses clients, elle a commencé à recouvrir des panneaux stop, et d'autres éléments urbains : c’est le lancement du mouvement du yarn bombing.
Le célèbre bus de Magda Sayeg à Mexico en 2008 (City Bus Project)

Buenos-Aires, Sidney, San-Francisco ou Paris, toutes les grandes villes connaissent cet art qui recouvre le mobilier urbain en envahissant réverbères, panneaux de signalisation, transports, statues mais aussi des éléments de paysage comme les troncs d’arbre…
Troncs d’arbre du capitol par Magda Sayeg
L'un de ses objectifs est d'habiller les lieux publics en les rendant moins impersonnels, en les humanisant et en suscitant la réaction des passants. Un autre est d’utiliser un moyen habituellement associé aux femmes pour créer et changer le regard des gens sur le tricot.

Elise Bunouf

Nid de microbes à Seattle

Tout comme le pont des arts à Paris, le Gum Wall de Seattle est une street œuvre à part entière. Il s’agit d’une initiative d’un groupe de personne. L’histoire de ce mur de chewing-gum commence dans une file d’attente pour assister à une pièce de théâtre, les personnes ont commencé à poser leurs bonbons sur le mur pour faire passer le temps. Au début les passants formaient des formes puis chacun y pose son chewing-gum. Depuis plus de 20 ans cette tradition se perpétue.
Cette amas de friandise à mâcher, est un art odorant et dégoulinant. Il y aurait plus d’un million de chewing-gum collé début 2015. Le mur a été complètement nettoyé en novembre dernier pour recommencer. Ce lieu est un emblème de la ville, chaque jour il est nourri par de nouvelles gommes.
Cette histoire a fait des petits : nous pouvons retrouver une réplique beaucoup plus grande en Californie avec la Bubblegum Alley.

Distributeur de chewing-gum, Gum wall, Seattle
Gum wall, Seattle
Gum wall, Seattle
Delphine Maziol

 ... JUSQU'A INVESTIR PLEINEMENT UN LIEU.

Brad Downey : un artiste qui joue avec l'espace urbain

Brad Downey est un artiste d'origine américaine (né en 1980) qui est installé depuis plusieurs années à Berlin. Son terrain de création est la ville où il transforme des éléments de toute sorte pour créer des scènes amusantes, ridicules ou engagées. Il réalise la plupart de ses projets clandestinement, la nuit, ce qui lui permet à chaque fois d'étonner voire même de choquer les gens.
Ses œuvres souvent éphémères fleurissent dans de très nombreuses villes européennes : que ce soit en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni. Il a d'ailleurs co-écrit un livre dans lequel il raconte la mise en place de ces œuvres : "The adventure of Darius and Downey".

Brad Downey,"Beginning and the end", Hamburg (Allemagne), 2010

Pierre-Yves Lascols

 Is this art?’, Is this real?’

Mark Jenkins est un artiste américain connu pour ses installations dans la rue en tape art. Il crée ses sculptures à l'aide de ruban adhesif. Jenkins a mis au point une technique qui consiste à mouler l’enveloppe corporelle de ses modèles, créant des sculptures grandeur nature. Son travail a été présenté dans divers journaux et magazines, dont le Time Out : New York , The Washington Post , The Independent , le livre Hidden Track, entre autres. Il explique sa démarche comme une tentative de "générer un moment de pur théâtralité dans la rue, et de transformer un espace quotidien dans un lieu d'art et de théâtre". Jenkins crée des œuvres pour la rue , il ne donne pas de  titre à ses pièces , et il ne signe pas son travail, il reste anonyme. Les gens dans la rue sont appelés «Acteurs», seulement quand ils expérimentent sa pièce , et interagissent avec elle pendant un moment : pour lui, le circuit est créé, et la pièce se justifie alors.
Under the Rainbow

Horse in a stick
2008 Fuerteventura 2 Blond Girls
Anne-Sophie Flores


Les rues envahies par les livres

Luzinterruptus est un collectif d'artistes madrilènes à l'origine d'installations éphémères qui fleurissent dans le monde entier depuis 2008. Son terrain de jeu est la ville. Son moyen d'action est la lumière. Son but est de transmettre des messages idéologiques, de pousser un "coup de gueule" contre les gouvernements, ou tout simplement embellir la rue et souffler un vent de poésie sur ses habitants... 
"Les rues envahies par les livres". Luzinterruptus a réalisé deux installations dans deux différents pays. A New York, 800 livres ont été déposés sur le goudron de Water Street, juste devant le pont de Brooklyn. Le message symbolique est la littérature contre les voitures, le poids des mots contre celui de la technologie. Grâce à des petites lumières incrustées dans les pages, le collectif Luzinterruptus a réussi à transformer une rue sombre et froide en un tapis scintillant débordant d'imaginaire et de savoir. De nos jours où les livres sont tristement abandonnés pour des liseuses numériques, cela fait chaud au cœur de voir des milliers de feuilles de papier gagner une bataille contre la technocratisation... L'installation menée à Melbourne fut encore plus spectaculaire. C'est un total de 10 000 ouvrages, considérés comme obsolètes par les libraires et récupérés bénévolement par l'Armée du Salut, qui furent cette fois-ci dispersés à différents endroits de la ville, créant une véritable rivière de livres qui illumina la ville pendant un mois. Le dernier soir, les passants furent invités à emporter avec eux tous ceux de leur choix. De nombreux automobilistes passant par là furent également stupéfaits en ouvrant leur fenêtre de recevoir en cadeau un de ces livres mystérieux...



Luzinterruptus, Literature Versus Traffic, NYC
Xiaoyu Tang

Minuscules, mais pas le sens

Street artiste d’origine espagnole, Isaac Cordal travaille avec de minuscules personnages qu’il met en scène dans des paysages urbains.
Il porte un regard sur notre mode de vie et sur les différents problèmes liés à notre époque tel que le progrès et ses effets secondaires au sein de notre société.
Ces minuscules  sculptures sont faites de ciment, matière qui représente l’empreinte de l’homme sur la nature. La ville apparait logiquement comme leur habitat naturel, tel un immense un décors, une scénographie poétique et parfois inquiétante.
À travers ses œuvres, un dialogue se crée entre un lieu, ses habitants, ou entre la société et ses leaders.
Isaac considère le street art comme un combat, un miroir de la société.

Isaac Cordal, Politicians discussing global warming, 2009

A voir également:

 

Son site:
http://cementeclipses.com/works/

Marine Corré

JR, la voix des femmes

Engagé pour la liberté et les droits de l’Homme, JR est un artiste de rue et photographe français né en 1983. En 2009, il part aux quatre coins du monde photographier et interroger des femmes vivant dans les pays en développement. Celles-ci ont un quotidien douloureux alors qu’elles vivent au cœur de conflits religieux, politiques, ou dans des conditions très précaires. JR souligne à travers son travail photographique leur dignité et leur courage et démontre le rôle essentiel qu’elles occupent dans la société. Du Kenya au Cambodge ou encore aux favelas de Rio, JR investit des quartiers entiers avec des portraits de femmes remplis d’émotion. Il placarde ses œuvres sur les façades, les toits ou même les trains traversant des villages vivant dans une extrême pauvreté pour transformer ces endroits en gigantesques galeries d’art. En 2009, afin de donner encore plus de vie à son projet, il décide de réaliser un film documentaire intitulé « Women are heroes » où le spectateur voyage avec lui et découvre les interviews de ces femmes et les installations monumentales de l’artiste à travers le monde. 


JR, Women are heroes, favelas de Rio, Brésil, 2008.

JR, Women are heroes, toits des bidonvilles de Kibera, Kenya, 2008

JR, Women are heroes, photographies sur un train à Kibera, Kenya, 2008

Louise Roussière