lundi 17 février 2014

Art et nature

ART et NATURE

Le XXème siècle voit ce passage intéressant d'un art de représentation du paysage, à un art qui se crée directement dans le paysage. L'artiste change de point de vue, il n'est pas seulement face à la nature, face au paysage avec cette volonté de le saisir, de le reproduire sur sa toile, mais se veut acteur, faisant de la nature, du paysage, le matériau de son œuvre. Le Land Art est une tendance de l'art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature. Les motivations du Land Art sont avant tout de se débarrasser de l’art de chevalet, des grands principes du Modernisme mais aussi de lier l'art et la vie. Les œuvres, pouvant atteindre d'imposantes dimensions, sont souvent à l'extérieur ce qui les rends éphémères. Cette tendance est apparue à la fin des années 1960 aux Etats-Unis, avec les "Earthworks". Les "Earthworks" sont des grands travaux de terrassement issus d'une forte volonté de quitter le cadre contraignant des galeries d'art et des musées. Dès lors, les artistes travaillent dans la nature, "in situ" et veulent à tout prix "sortir des sentiers battus". Cette démarche d'intégration de l'œuvre à l'espace est une véritable expérience au cœur du monde "réel". L'œuvre n'est plus sous l'influence seule de l'artiste, mais des intempéries et du passage du temps. La démarche artistique prend en compte la construction mais aussi la dégradation de l'œuvre, cette dernière est en perpétuelle évolution. L'exposition aux éléments et à l'érosion naturelle donnent une autre dimension à l'œuvre qui devient alors mobile et vivante. Les artistes cherchent à rendre leurs créations plus harmonieuse et expressive à travers un jeu entre espace-temps et imagination. Les paysages deviennent alors des supports à la démarche sensible et expérimentale des artistes, qui façonnent et modifient l'ordre naturel à leur image.


Marquer le paysage - Terrasser - Construire - inscrire

-Robert Smithson-


Robert Smithson (1938-1973) est un artiste américain appartenant proche de l'art minimal puis du land art.
En 1970, il réalise Spiral Jetty, au nord-est du Grand Lac Salé près de Rozel Point à Salt Lake City aux États-Unis. L'artiste aurait été attiré par ce lac car son eau est salée et rougeâtre. Cette spirale de 457 m de long et de 4,6 m de large, s'enroule dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Bâtie à l'aide de boue, de cristaux de sel, de rochers de basalte, de bois et d'eau elle a été construite pendant une période ou le niveau de l'eau du lac était anormalement bas à cause de la sécheresse. Au bout de quelques années, le niveau est remonté à la normale et a submergé l'œuvre pendant une trentaine d'années. À la suite d'une autre sécheresse, la jetée a émergé à nouveau en 2003 et est restée complètement exposée à l'air libre pendant presque un an. Le niveau de l'eau est monté à nouveau au printemps 2005 et a partiellement submergé l'œuvre une nouvelle fois.
Originellement composée de roche basaltique noire sur une eau rougeâtre, Spiral Jetty apparait maintenant largement blanche sur fond rose à cause des incrustations de sel et du niveau inférieur du lac. Au fur est à mesure elle s’efface et dans une dizaine d’années elle ne sera plus visible. [Magali Braud]



-Michael Heizer-

Né à Berkeley, Californie en 1944, Michael Heizer est un artiste contemporain qui réalise des sculptures à grande échelle dans le paysage. Michael Heizer à débuté sa carrière en tant que peintre et sculpteur, ses œuvres étaient pour la plupart conventionnelles et de petite taille. C'est vers la fin des années 60 que Michael Heizer a commencé à produire des œuvres beaucoup plus volumineuses dans le désert de la Californie et du Nevada. C'est d’ailleurs à la fin des années 60 qu'il signe son œuvre majeure le Double Négative qui s'apparente à une longue tranchée dans le désert, large de 10 m, profonde de 15 m et longue de 457 m. Elle résulte du déplacement de 244 000 tonnes de roches. Elle est qualifiée de négative puisqu'elle représente une soustraction de matière, en effet une partie du sol semble avoir disparu pour laisser place à un vide structuré. Dans une autre œuvre, le Complex City, il installe deux bâtiment aux dimensions gigantesques dans le désert du Nevada aux Etats-Unis. En s'inspirant d'architectures de civilisations, notamment Égyptiennes et Maya, l'artiste arrive à déstabiliser le spectateur. En effet, on est rapidement perdu face à ce type d'œuvre tant les échelles sont altérées. Le spectateur a du mal à définir si Complex City fait figure de sculpture ou d’architecture. Heizer l’a définie comme une sculpture, pourtant sa grandeur fait plutôt penser à une œuvre architecturale. [Tristan Riaud]





-Richard Long-


Richard Long est un sculpteur, peintre et photographe anglais, il est né le 2 juin 1945 au Royaume-Uni. Il est reconnu comme l'un des principaux artistes du land artIl va réaliser ses premières œuvres en extérieur dans les années 1960. La nature est son support d'expression, son but étant de révéler "l'esprit du lieu". Il déplace les éléments naturels le plus souvent à la main, toujours en représentant l'environnement. Son travail est éphémère, il réalise des photos de ses installations et garde les notes et croquis. Ce sont ces éléments qui seront ensuite dévoilés au public.

Dans le cadre de ses expositions dans des musées ou des galeries, il présente des œuvres "minimalistes", composés d’éléments naturels ramassés sur les sites.

Line made by walking (une ligne faite en marchant), est une réalisation in situ, de 1967, où l'artiste a seulement utilisé ses pieds. C'est une ligne matérialisée dans l'herbe, réalisée par une multitude d'aller-retour.


Suite à cette œuvre il va réaliser de nombreuses marches et voyages un peu partout dans le monde. Son concept était basé sur le fait que "l'art se fait en arpentant le lieu". Il a également réalisé en 1975 A Circle in Ireland. [Bettina Rambaud]



La Lumière - Les éclairs - les forces de la natures

-James Turell- 

La lumière pour matière
James Turrell incarne un nouveau courant artistique, dit « Light and Space », qualifié de courant luministe ou de minimalisme californien, qui deviendra internationalement reconnu. 
L’appropriation et la transformation de la lumière naturelle, particulièrement intense, voire cristalline, dans cette région des États-Unis, fondent la démarche de l’artiste.
James Turrell réalise ses sculptures de lumière dans des pièces où il vide totalement l’espace, obstrue les ouvertures et procède à de fines découpes dans les murs, afin de contrôler l’entrée de la lumière. Ces espaces dénués d’objets sont ainsi essentiellement habités par la lumière. Il revendique pour sa double appartenance à la culture scientifique et technique. Ses monochromes lumineux ne sont pas des tableaux de l'ère technologique. Pour Turrell ce ne sont ni des images, ni des objets.
L'art de Turrell nous met en présence de la lumière, il s'agit d'une démarche initiatique et non pas un art de la représentation ou du discours. " La lumière m'intéresse en fait comme la révélation même ".
" Je ne suis pas un artiste de la lumière. Je suis plutôt quelqu'un qui utilise la lumière comme matériau afin de travailler le médium de la perception ".
Roden Crater est un volcan de cendre naturelle situé dans le nord de l'Arizona. Depuis 1972, le projet de James Turrell a été de transformer le cratère en œuvre à grande échelle. Jeu de lumière, entre terre et ciel. 
Il convint la Dia Art Foundation d'acheter le site en son nom. Turrell a transformé le cône intérieur du cratère en une gigantesque œuvre, créant un lieu spécifiquement conçu pour observer à l'œil nu la lumière du ciel, le soleil et plusieurs phénomènes astronomiques. [Paulin Giret]

-Nancy Holt-

Nancy Holt est une photographe, cinéaste et avant tout plasticienne américaine née en 1938 dans le Massachusetts. Son travail se base sur la vision que la nature et l'univers peuvent nous donner. C'est donc à la fois avec simplicité et technicité qu'elle pose 4 grands cylindres de béton de 6 mètres de long orientés en fonction des solstices d'été et d'hiver. Une fois le spectateur à l'intérieur d'une de ces buses, il ressent grâce à un jeu d'échelle et de vision son appartenance à la terre et plus largement au cosmos. Une œuvre saisissante dans laquelle on aimerait se glisser et admirer le paysage. [Theophile Collet]


-Peter Hutchinson-

L’Homme et la Nature reliés de la façon la plus cohérente possible, c’est l’objectif de Peter Hutchinson, un artiste considéré comme l’un des pionniers du Land Art.
A la fin des années 60, cet artiste recouvrait ses toiles de peintures minimalistes. Par la suite, il assemble, colle, constitue des tableaux à base de photographies. Hutchinson se fait surtout remarquer par son œuvre The Paricutín Project où il dépose 200 kilos de pain et moisissures autour du volcan du Mt. Paricutín au Mexique. Une œuvre totalement délirante, qui fut évidemment temporaire, détruite lors d’une éruption de ce volcan, toujours actif. La nature, en détruisant son œuvre, joue un rôle crucial dans le travail de Peter Hutchinson. [Hugo Chaffiotte]

-Walter de Maria-

Walter de Maria (1935-2013) est un artiste américain. Diplômé de peinture de Berkeley en Californie, il s’impose dès 1969 comme l’une des figures majeures du Land Art.Son œuvre Light Field est une commande de la Dia Art Foundation qui s’occupe aussi de maintenir le site en état. L’installation, qui date de 1977, se trouve au Nouveau Mexique. Dans ce désert, sont installés 4oo piliers de fer mesurant entre 4m57 et 8m15. Cette installation est ouverte au public 6 mois de l’année pendant la saison des orages. Au cœur de la tempête, elle permet aux visiteurs d’admirer, depuis le poste d’observation, des toiles d’éclairs captées par les piliers. Cette œuvre donne l’impression que les éclairs sont maitrisés. En dehors de la saison des orages, l’installation garde des qualités esthétiques. En effet les teintes du métal des piliers changent en fonction de la lumière. [Camille Evrard]


Capter la poésie du paysage et des éléments naturels

-Andy Goldsworthy-

Andy Goldsworthy, artiste d'origine anglaise a grandi dans le Yorkshire. Très tôt dans sa vie, il a eu l'occasion de travailler dans les champs. C'est ici qu'il développe cet amour pour les matériaux bruts et la simplicité brute de la nature. Après des études aux beaux-arts, il développe son style, faisant souvent émerger dans le milieu naturel des formes géométriques, des éléments rappelant les constructions humaines dans un environnement vierge de toute intervention. Il aime à utiliser des motifs géométriques, souvent en opposition avec ce que la nature elle-même produit. Il entretient une étroite relation avec la nature et travaille uniquement à partir d'éléments présents dans l'environnement. Chacune de ses oeuvres est vouée à disparaître à plus ou moins long terme, il les immortalise par la photographie juste après leur création, au moment où elles n'ont pas encore subi les outrages du temps. C'est sa façon de montrer la fragilité de la nature elle-même et son amour pour cet environnement en danger. [Sullivan Joly]


-Nils Udo


Nils Udo, né en Allemagne en 1937 est un artiste multiple. Il commence par étudier la peinture, les arts graphiques, puis la photographie, estimant qu'elle traite de la nature de façon plus directe. Il s’intéressera ensuite aux installations et sculptures faites d'éléments naturels. La nature est en effet pour l'artiste l'élément fondateur de son travail, du sujet au matériau. Dans ses œuvres, il essaie de rendre compte de la nature tout en la détournant quelque peu de sa forme originelle.Ce "plasticien de la nature" pourrait s’apparenter au mouvement artistique de l’art éphémère et du Land Art, mais il se met en recul par rapport à ce dernier. C'est à la nature qu'il emprunte son matériau de base pour l'arranger de manière totalement inédite : un nid fait de troncs de bouleaux, de terre et de pierres, une maison d'eau monumentale en mer du Nord, construite avec des troncs d'épicéa des brindilles de bouleaux… En créant des œuvres éphémères, destinées à disparaître progressivement, l’artiste entend établir un "dialogue d’ordre spirituel et esthétique" avec la nature. Il dit lui-même "La nature est le thème de ma vie, mon art sort de cette expérience". Il compose aussi des tableaux d'une rare beauté composés uniquement d'éléments naturels, puis préserve ses œuvres de l'oublie grâce à la photographie. [Constance Barbeau]



-Christo et Jeanne-Claude-

Running Fence est une installation de Christo et Jeanne-Claude qui fut réalisée le 10 septembre 1976 et démontée 14 jour plus tard sans laisser aucune trace de son passage. Cette œuvre de 5 mètres de haut s'étend sur 40 km, le long des Comtés de Sonoma et de Marin, au Nord de la Californie au Etat-Unis. Running Fence ondula d’est en ouest tout en épousant les courbes des collines et en contournant les maisons et villages environnant avant de se jeter dans l’océan. Cette ligne brisée souligna la démesure de la nature en reliant deux symboles : une autoroute d’un côté et la mer de l’autre. [Manon Rio]


-Patrick Dougherty-


Patrick Dougherty est né en 1945 aux Etats-Unis. Il a été d'abord formé pour travailler dans l'administration hospitalière. Il commença à prendre des cours de sculptures dans les années 80 et est maintenant un artiste accompli du Land Art parcourant le monde pour répondre aux projets qui lui sont proposés. En 30 ans il a produit 200 œuvres. Le travail de l'artiste est un travail du bois. On pourrait le résumer à un tresseur de branches, mais son travail va bien au delà de ça. Prisé par les jardins botaniques, les musées ou encore les universités, Patrick Dougherty est contraint de s'adapter à son environnement c'est d'ailleurs ce qu'il fait. A chaque nouveau projet entrepris, il étudie d'abord minutieusement son environnement avant de penser puis de créer sa sculpture. C'est en ça qu'il remplit relativement bien les préceptes du Land Art puisqu'il s'adapte à son environnement et ne vient pas poser au beau milieu d'un paysage une sculpture qu'il aurait au préalable produite dans son atelier. [Eugénie Lacombe]



Habiter le paysage

-Tadashi Kawamata-




Kawamata est un artiste plasticien japonais, né en 1953, qui vit et travaille entre Tokyo et Paris principalement. Cet artiste a participé à de nombreuses expositions internationales comme la Triennale de Yokohama en 2005 dont il était directeur. Ses œuvres, in-situ et éphémères pour la plupart d’entre-elles, portent une réflexion sur l’espace architectural. En effet, il ne choisit pas au hasard les lieux qu’il réinvestit. Ce sont des lieux ayant une valeur particulière, une mémoire, une histoire. A Kassel, par exemple, l’artiste a travaillé sur une église en ruine, détruite durant la Seconde Guerre mondiale et qui n’avait pas été restaurée par la ville. Pour chacun de ses projets, Il commence donc par étudier attentivement la sensibilité du lieu ainsi que les relations humaines qui l’ont défini et les modes de vie qui en découlent. Tadashi Kawamata est donc très attaché à la démarche, comme il le dit lui-même : « Je ne fais pas cela pour le résultat (…). La démarche est plus importante ». Cela lui permet de déterminer progressivement et précisément la nature de son futur projet. Pour la réalisation, le bois reste son matériau de prédilection mais il utilise également des matériaux de récupération parfois issus d’un environnement immédiat. Les espaces où Kawamata est intervenu sont alors métamorphosés et notre vision de ces espaces évolue également. [Louison Guilbaud]

Vers une approche plus conceptuelle, plus participative

-Dan Graham-

Dan Graham est l'une des figures importante de l'Art contemporain depuis les années 1960. Pendant plus de la moitié d'un siècle, l'artiste Américain a jonglé entre les rôles d'artiste, écrivain, cinéaste et conservateur. Malgré le fait qu'il soit le plus souvent reconnu pour ses pavillons de verre et de miroir qu'il expose aussi bien en intérieur qu'en extérieur depuis la fin des années 1970, l'art de Graham est très varié, passant de la photographie aux performances artistiques... Au cours de sa carrière, l'artiste s'est intéressé à plusieurs questions et plus particulièrement à celles de l'espace privé et public. C'est au travers de ses pavillons de verre et de miroir que Dan Graham est parvenu à tracer une symbiose entre l'environnement architectural et leurs habitants. C'est d'ailleurs au travers de ces créations que la critique de Graham sur la société est la plus flagrante. Ces instruments de réflexion - aussi bien visuels que cognitifs - mettent en lumière ce côté voyeuriste que peuvent avoir les bâtiments contemporains.Graham lui-même décrit son travail comme des "formes géométriques habitées et activées par la présence du visiteur, provoquant un malaise et une certaine aliénation psychologique au travers d'un jeu permanent entre le sentiment d'inclusion et d'exclusion". Les pavillons attirent l'attention sur les bâtiments ou l'environnement en tant qu'instruments d'expression, forteresses psychologiques, marqueurs d'un changement social mais aussi de prismes au travers desquels nous pouvons nous apercevoir ainsi qu'apercevoir les autres. [Ophelie Brunet]



-Mary Miss-

Mary Miss est un artiste qui travaille sur des nouveaux moyens de faire participer tous les gens qui nous entourent. Au cours de sa carrière, elle a réalisé des installations temporaires dans des sites où elle propose des transformations importantes et déstabilisantes. Par exemple, son œuvre Piece connect the dots, réalisée en 2007. Cette œuvre est puissante grace à sa simplicité, elle a noté sur son site "Because of its location, the nature of the steep slopes and long approach upstream the city is highly susceptible to flooding. The city is considered to be a high hazard zone where the question is not if there will be a flood but when will it happen." [Shuhan Wang]



La marche comme œuvre

-Hamish Fulton-


"Souvent on me considère comme un sculpteur ou comme un artiste du Land Art. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Je suis un artiste qui marche."

Né à Londres en 1946, Hamish Fulton est un "artiste marcheur", dont l'œuvre s'inscrit dans la lignée de l'art conceptuel et performatif. Il effectue des marches à pieds à travers le monde : les Artistic Walks, à la suite desquelles il expose des œuvres liées à chacune de ses expéditions (sculptures, affiches, photographies, dessins), qu'il qualifie de "mentales-sculptures", dans le sens où elles font références à des notions d’espace, de temps et de matière. Dans les années 90, Fulton commence à organiser des marches collectives, les public group walks ; orchestrées à la manière de chorégraphies. L'artiste invite les volontaires à faire partie intégrante de son œuvre, en déambulant à l'intérieur d'un périmètre pendant un temps donné.

Hamish Fulton considère que son travail n'est toujours pas compris par les historiens de l'art, incapables selon lui de théoriser l'expérience de la marche. [Thomas Laroche]




Une dimension écologique

-Alan Sonfist-


Time Landscape

Après l'obtention de sa maitrise en Art à Hunter College, Alan Sonfist décide d'étudier la psychologie à Ohio State University. Ses travaux de recherche ont concerné la langue de la culture visuelle et de sa relation avec la psychologie humaine et l'environnement. Dès lors, Sonfist compose son premier projet intitulé Time landscape. Il s'agit d'une parcelle rectangulaire (25' x 40') constituée d'une palette d'arbres, d'herbes sauvages, de fleurs et de plantes au nord-est coin de La Guardia place et West Houston Street en 1978. Cette oasis de la croissance dans le milieu de la métropole, amène à se poser des questions sur les anciennes espèces de plantes indigènes de New York dans le paysage moderne. Cette espace a des vertus d'écosystème plus équilibré et cherche à souligner un paysage intact existant avant l'intervention humaines voire même à un endroit de commémoration. Ainsi, ce paysage fut un temps parmi les premières œuvres majeures de l'art du Land Art et fonctionne aujourd'hui comme source d'inspiration pour créer des paysages urbains naturels. [Tanguy Prigent]


dimanche 2 février 2014

l'art au corps

L'art corporel ou body art, est un ensemble de pratiques artistiques effectuées sur et/ou avec le corps. Ce type d'art se développe au début du XXème siècle avec Franck Wedekind qui urine et se masturbe sur scène. Cependant le terme art corporel n'apparaît qu'au début des années 1960 avec les Happenings désignant un spectacle, une action, où l'improvisation, la spontanéité et la participation des spectateurs sont considérés comme nécessaires. Lors de ces représentations, le corps de l'artiste devient support pour son travail, ainsi une seule et unique représentation est parfois possible, seule la photographie ou la vidéo permettent de rendre compte de ces performances. Certaines actions de ces artistes repoussent les limites psychologiquement supportables, provoquant de fortes réactions (parfois négatives) de la part du public. En effet, l'art corporel n'est art que par la présence d'un public. Ainsi, la mutilation, sadomasochisme ou l’expérimentation de la résistance physique et psychologique deviennent art, alors qu'elles auraient été considérées comme simple folie sans la présence d'un public. Cette forme née dans les années 1960 est toujours expérimentée aujourd'hui par les jeunes artistes contemporains à travers le monde.


1- Les Actionnistes viennois

L'Actionnisme Viennois est un mouvement artistique très radical, très provocateur qui prend naissance à Vienne à la fin des années 1950. On peut le considérer comme une tentative de dépasser les règles et les tabous d'une société rigide et autoritaire (celle de l'Autriche d'après guerre) en développant un art de la performance, impliquant le corps comme support, souvent de manière outrageante, orgiaque, sexuelle ou violente…

-HERMANN NITSCH-
Hermann Nitsch est né le 29 Août 1938 à Vienne. C'est un artiste contemporain autrichien. Il est le cofondateur du mouvement Wiener Aktionismus (Actionnisme viennois). Günter Brus, Otto Mühl et Rudolf Schwarzkogler participent également à ce mouvement. Il étudie à la Graphische Lehr- und Versuchsanstalt (Institut des Arts Graphiques Appliqués) de Vienne où il apprend la peinture avant de créer le concept de Orgien-Mysterien Theater (Théâtre des Orgies et Mystères) dans les années 1960, un lieu où toutes les formes d'art se rencontrent : la peinture, l'architecture, la musique... Ces événements consistaient en des orgies sensorielles étranges où l’on pouvait voir des mises en scène d'immolations ou crucifixions d'animaux morts, des personnages nus jouant d'étrange scènes avec des entrailles, de l'hémoglobine… 
On pourrait penser que les œuvres de Hermann Nitsch sont d'une simplicité déconcertante, qu'elles reflètent une sorte de marginalisme provocateur. D’ailleurs, le travail de Nitsch indispose et dérange beaucoup de religieux et de conservateurs à cause de ses représentations qu'on pourrait presque qualifier de sataniques. Cependant chacune de ses "performances"  est méticuleusement travaillée notamment au niveau des couleurs utilisées, l'artiste a un véritable univers graphique certes sanglant mais très intéressant d'un point de vue chromatique. Avec ses Orgien-Mysterien-Spiele, Hermann Nitsch a réalisé plus de 100 représentations et performances artistiques. [Tristan Riaud]



-GUNTHER BRUS- 

Gunther Brusné le 27 Septembre 1938 à Ardning, est un peintre autrichien. Il est un des fondateurs de l'Actionnisme viennois, mouvement artistique célèbre pour ses "actions" radicales. Ses performances mettent en scène son propre corps, avec une force incroyable. Ces dernières sont marquées par la provocation et n'hésitent pas à bousculer les tabous. L'artiste, si engagé, alla jusqu'à boire son urine et se couvrir de ses excréments ce qui lui coûta plusieurs mois de prison. Günter Brus pousse très loin ses limites physiques et s'en sert pour faire réagir le spectateur.
Selbstverstümmelung (automutilation), montre Günter Brus se mutilant alors qu'il est enduit d'une sorte de seconde peau en plâtre. La vidéo est violente et peut choquer… [Theophile Collet]

-RUDOLPH SCHWARTZKOGLER-

Rudolph Schwartzkogler est né à Vienne le 13 novembre 1940. Il a travaillé principalement sur des séries de photographies, qu'il nomme ses Aktions, dans lesquelles sont suggérées des mutilations corporelles sur des individus. Mais le registre choisi pour ces opérations n'est ni grotesque, ni blasphématoire, et encore moins agressif, comparé aux propositions d'Otto Muehl, Hermann Nitsch et Gunter Brus. Schwarzkogler travaille sur l'idée d'un huis-clos. Les maltraitances n'apparaissent que sous forme de souvenirs immédiats : bandages, liens... ou d'interventions médicalisées tout aussi calculées et distantes. Certains associent son œuvre à un traumatisme issu du contexte politique dans lequel il est né (L'Autriche National socialiste de la seconde guerre mondiale). La postérité de Schwarzkogler, ou sa "gloire ironique", repose en partie sur un mythe selon lequel il se serait tranché le pénis. La rumeur est née autour de six photographies (présentées lors de la Documenta V de Kassel en 1972) représentant un homme aux parties génitales cachées par un poisson éventré, mais il s'agit en réalité de son modèle et ami Heinz Cibulka. Schwarzkogler s'est suicidé le 20 juin 1969. [Thomas Laroche]
 Aktion" (1965) 
Aktion", photographie argentique (série de 68 prises), noir et blanc, 1965.

2- Fluxus

Le début des année 1960 fut marqué pas les premiers "events" du mouvement Fluxus qui prennent souvent la forme de concerts, de festivals où ses mêlent aussi bien les arts visuels, la musique, la littérature, la performance, …

-YOKO ONO-

Chacun d'entre nous connait ce nom, couplé à celui de John Lennon. Il nous évoque la lutte pour la paix, les dissensions au sein des Beatles et la fin tragique de John Lennon. Mais
Yoko Ono est avant tout une artiste de talent, qui a fait partie notamment de Fluxus dans les années 60 et travaille encore aujourd'hui sous de très diverses formes. L'œuvre d'art est un jeu entre l'artiste et le spectateur. L'artiste donne un peu de lui-même au public lorsqu'il présente une œuvre. C'est partant de cette observation que Yoko Ono a imaginé la performance "Cut Piece". Au lieu de choisir ce qui est donné aux spectateurs, cette œuvre invite ce dernier à choisir ce qu'il souhaite en retirer. Littéralement. 
En effet, dans cette performance exécutée en 1964, l'artiste s’assoit sur une scène, une paire de ciseaux devant elle, et les spectateurs -masculins- sont invités à venir découper une partie du tissu qui la recouvre à l'endroit de leur choix. Cette œuvre d'art, très loin de parler de sexualité ou de chercher à choquer, répond à une volonté de l'artiste de s'offrir au public, de se sacrifier au service de l'art et surtout des spectateurs. Chaque performance était le sacrifice de son meilleur costume à une époque où elle était particulièrement pauvre, et sortant de scène elle ne possédait pour ainsi dire que son corps lui-même, offert à la vue de tous. Son corps offert est ainsi le support de son message de générosité envers chacun d'entre nous, un acte gratuit et désintéressé, des valeurs qui ont guidé son travail tout au long de sa carrière.  [Sullivan Jolly]


-GEORGES MACIUNAS-

Georges Maciunas (1931-1978) est un artiste et un galeriste d’origine lituanienne. Il est le principal fondateur du mouvement Fluxus. Maciunas arrive à New York en 1948 avec sa famille. En 1960 il intègre le milieu de l’avant-garde artistique. Il ouvre par la suite une galerie d’art, à New York où Il organise des performances. Ces dernières mêlent poésie, musique et art corporel. Le 26 juillet 1963, Georges Maciunas dirige son premier concert Fluxus à Nice. Le concert a d’ailleurs du changer de lieu au dernier moment car, selon la rumeur, Ben projetait de dynamiter un piano sur scène.
Georges Maciunas est très connu pour son rôle d’initiateur du mouvement Fluxus qui entraina la réalisation de nombreuses performances. [Camille Evrard]
George Maciunas, Dick Higgins, Wolf Vostell, Benjamin Patterson & Emmett Williams performing Philip Corner’s Piano Activities at Fluxus Internationale Festspiele Neuester Musik, Weisbaden 1962.


-NAM JANE PAIK ET CHARLOTTE MOORMAN- 

CHARLOTTE MOORMAN est une violoncelliste et artiste américaine, elle est née en 1933 et morte en 1991. Elle a commencé sa carrière dans des salles de concerts traditionnelles, puis dans les années 1960, elle est très vite devenue populaire grâce à la qualité de ses prestations. Cela lui permît de rencontrer l'artiste Nam Jane Paik, en 1964, et par la suite de s'associer avec lui.
NAM JANE PAIK est un artiste sud-coréen, né à Séoul en 1932 et mort en 2006 en Floride. Il a travaillé différents médias, principalement en lien avec l'art vidéo. Dans les années 50, il rejoint le groupe d'artistes Fluxus. Paik, avec la collaboration de Charlotte Moorman, cherche à combiner musique, vidéo et performance. Ils vont ensemble réaliser plusieurs œuvres, notamment TV Cello en 1963, Opéra Sextronique en 1967 et TV Bra en 1968. L'Opéra Sextronique a fait polémique. Dans cette œuvre Charlotte Moorman faisait du violoncelle, les seins nus, sur le dos dénudé de Paik devenu violoncelle. Ils seront arrêtés par la police en 1967. Dans leurs œuvres, ils s’intéressent à l'interprétation et l'écoute traditionnelle de la musique. De plus, Paik a déclaré "Je voulais agiter les eaux insipides de ces hommes et ces femmes qui interprètent de la musique en habits noirs". Il cherchait ainsi à faire accepter le sexe comme thématique. [Bettina Rambaud]
Opera sextronique



3- En France :

-ORLAN- 

Orlan est une artiste plasticienne française née en 1947 à Saint-Étienne. Elle vit et travaille entre Paris, New-York et Los Angeles. ORLAN est une des artistes françaises de l'Art corporel les plus connues sur le plan international. Ses œuvres se situent dans des contextes provocateurs. Cette artiste s'exprime à travers différents supports tels que peinture, sculpture, installations, performances, photographies, images numériques et biotechnologie. Dès les années 1960, ORLAN s'interroge sur la place du corps ainsi que ses significations symboliques politiques, religieuses et sociales. Elle inscrit son art dans la délation de la violence faite au corps, en particulier celui des femmes. Suite à des opérations de chirurgie esthétique, faisant partie d'une de ses performance artistique, l'artiste explique : «L’idée des "Opérations" était avant tout de mettre de la "figure" sur mon visage, donc de la "représentation", pour faire de nouvelles images. J’ai voulu transformer mon image, me sculpter moi-même, m’inventer moi-même pour produire de nouvelles images après les opérations.". Son visage est désormais marqué d'implants au niveau de l'arcade sourcilière, la détachant de la "normalité".
Ce travail de sculpture du visage est devenu sa source inspiratrice pour la série d'images numériques "Self-Hybridations" qu'elle a débutée en 1990. A travers cette série, ORLAN a utilisé trois différentes démarches artistiques, fusionnant photographie digitale et sculpture pour les cultures amérindienne, pré-colombienne et africaine. L'artiste s'est mise en scène, telle une icône, en se métamorphosant en hybride conforme aux beautés et déesses de ces civilisations. Modifiées numériquement par le biais du "morphing", les images de l'artiste, métamorphosée, interrogent la beauté en elle-même. Ces images restent étranges, abstraites et ironiques à l'image de la beauté en elle-même.
La beauté idéale devient absurde de par ses contradictions selon les cultures, époques et civilisations. Elle dénonce ainsi, dans la continuité de ses œuvres précédentes, les pressions sociales que la société inflige au corps et à l'apparence. [Florise Jacques]
ORLAN, Refiguration/ Self-Hybridation n°2, 1998, Coll. Centre Pompidou
Refiguration Self-hybridation, série indienne-américaine n°1. Portrait peint de No-No-Mun-Ya, Celui qui ne prête pas attention, avec un portrait photographique d'Orlan, 2005. 124.4 x 152.4 cm
Refiguration Self-hybridation, série indienne-américaine n°7. Portrait peint de Tis-Se-Woo-Na-Tis, celle qui lave ses genoux, Epouse du chef, avec un portrait photographique d'Orlan, 2005. 124.4 x 152.4 cm 

-GINA PANE- 

Gina Pane est une l'une des représentantes majeures de l'art corporel en France. Elle marche dans les flammes, elle fait l'acrobate au sommet d'un immeuble, elle se taillade la peau à coups de lames de rasoir. Gina Pane ne devait pas être facile à vivre. Son sang menstruel acquiert une valeur symbolique, les sécrétions sont ritualisées. Par la voie du souvenir, de ses actions et par les évidentes références à l'histoire de l'art d'Ucello à Memling, Gina Pane révèle une démarche profondément liée au sacré.« Vivre son propre corps veut dire également découvrir sa propre faiblesse, la tragique et impitoyable servitude de ses manques, de son usure et de sa précarité. En outre, cela signifie prendre conscience de ses fantasmes qui ne sont rien d’autre que le reflet des mythes créés par la société… le corps (sa gestualité) est une écriture à part entière, un système de signes qui représentent, qui traduisent la recherche infinie de l’Autre. » ----Gina Pane. [Shuhan Wang]



-MICHEL JOURNIAC-

Michel Journiac est un artiste français, né en 1935, qui a été l’une des figures emblématiques de l’art corporel en France. Après des études de théologie, il décide de devenir prêtre et entre au séminaire en 1956. Il abandonne cependant cette vocation en 1962. Ses premières œuvres sont des peintures sur toile abstraites : Dans Alphabet du corps (1965) ou encore Signe du sang (1966), Journiac représente de la chair écorchée à l’aide de formes rouges. En effet, la particularité de Michel Journiac est de mettre en scène le sang, le voyeurisme, le corps comme un espace de désir, de plaisir, de souffrance et de mort… Tout cela de façon assez brutale et avec un certain humour. En 1969, il délaisse la peinture et se lance dans différentes actions, installations et photographies. Michel Journiac utilise alors le corps comme un matériau à part entière, qu’il décrit comme étant "une viande consciente socialisée" faite de chair et de sang. Ses performances placent le spectateur au centre de l'échange. Dans Piège pour un voyeur (1969) par exemple, l'artiste propose au "regardant" de devenir "participant" en proposant aux spectateurs de se placer nus au milieu d'une cage, sous les regards voyeurs de leurs camarades. Dans Messe pour un corps, Michel Journiac se met en scène : il dit une messe en latin puis, à la fin de celle-ci, propose pour l'eucharistie des hosties très particulières. Il s’agit en fait de tranches de boudin cuisiné avec son propre sang. C’est pour Journiac, "l'archétype de la création" : l'Homme se nourrissant de lui-même et des hommes se nourrissant de l'artiste. Il meurt en 1995 mais laisse derrière lui une œuvre riche où il se joue des codes, des préjugés ainsi que du rapport entre spectateur et artiste. [Louison Guilbaud]


-CHRISTELLE FAMILIARI-

Christelle Familiari est une plasticienne contemporaine née à Niort en 1972 qui s'est fait connaitre en 1995 par des vidéos et des performances qui faisaient fi des carcans sociaux entourant la question du désir, du sexe et de l'ennui. Créatrice de nombreuses pièces en crochet servant à assouvir les désirs du corps, allant du contact physique jusqu'au rapport sexuel.
Elle s'est fait connaître aussi grâce à ses performances corporelles. Demande de suçons est d'abord une performance que Christelle Familiari a réalisé le soir du vernissage de l'exposition Ex-Change au centre d'art de La Criée en novembre 1999. Pendant trois heures, l'artiste est restée assise sur une chaise dans l'espace d'exposition. Elle portait un manteau et une cagoule rouge, réalisés au crochet par ses soins, qui recouvraient tout son corps, ne dévoilant que ses épaules. Le spectateur était alors invité à faire un suçon sur la partie dénudée du corps de Christelle Familiari. Elle aime surprendre le spectateur en allant dans ses œuvres souvent jusqu'à s'y intégrer comme dans Les limaces (2001), elle est allongée au fond d'une baignoire et recouverte de "limaces", petits objets zoomorphes en pâtes à modeler de différentes couleurs et vernis. L'idée était que les utilisateurs se servent et emportent  avec eux ces limaces, autant qu'ils le voulaient et que brusquement, ils se trouvent en présence du corps de l'artiste. Ainsi Christelle Familiari est une artiste qui aime se mettre en scène avec humour mais prône la discrétion au sujet de son identité puisqu'on a peu de photos d'elle, et qu'elle cache souvent son visage lors de ses performances. [Eugénie Lacombe]
Demande de sucons 

Les limaces


4- Aux USA

-CHRIS BURDEN- 

La réputation de Chris Burden comme artiste de performance a commencé à se développer au début des années 1970 après une série de performances controversées dans lesquelles l'idée du danger personnel en tant qu'expression artistique était centrale. Il a incarné la frange la plus extrême du body art et l'esprit californien, débridé et excessif. Sa toute première action, il la réalise à son école en s'enfermant dans son casier pendant cinq jours, simplement muni d'eau (Five Day Locker Piece, 26-30 avril 1971). Cette œuvre sur la privation, la contrainte, l'enfermement précède de quelques mois seulement, une de ses performances sans doute la plus connue.  Appelée "Shoot" on y voit l'artiste, se tenant droit devant un mur blanc. Cinq mètres devant lui, un homme, dont la description de la performance précise qu’il s’agit d’un ami tire à l’aide d’une carabine 22 Long riffle dans le bras de Chris Burden, à balle réelle. [Paulin Giret]

Chris Burden, "Shoot" - 1971

-PAUL MACCARTY-

Paul MacCarty est un artiste Américain, connu pour ses performances artistiques et son gout pour la provocation. Et il ne déroge pas de ses habitudes avec cette œuvre nommé « WS » (Snow White à l’envers), qui est plus qu’une simple performance mais réellement une immersion dans l’univers qu’a recréé l’artiste. Satire de la société américaine de nos jours, McCarthy prend un malin plaisir à pervertir les personnages de conte de fées qui ont bercé notre enfance. C'est ainsi qu'il détruit avec malice les messages de pureté et d’innocence que dégageait le conte de blanche neige.  [Manon Rio]
Paul McCarthy, WS, 2013 courtesy of the artist and Hauser and Wirth

Paul McCarthy, WS, 2013 courtesy of the artist and Hauser and Wirth

-MIKE KELLEY-

Mike Kelley est un artiste américain né en 1954 qui a marqué la côte Ouest des Etats-Unis à partir des années 80. À l’époque où il pratiquait l’art corporel, il rencontra McCarthy, qui eut une influence importante sur sa vision artistique et sa manière de la mettre en œuvre. Ainsi, à la manière de McCarthy, il choisit d’utiliser des masques et/ou des déguisements pour mettre en scène ses personnages dont il est l’acteur. Ces accessoires ajoutent de l’ironie à ses œuvres et permettent de dépasser ses propres limites. Mike Kelley s’inspire de l’existant : Histoire, philosophie, politique… C’est pourquoi son travail dégage des problématiques de classe, de sexe, de criminalité, de perversion… Tout en restant dans un monde qui lui est cher, il joue sur le dysfonctionnement du corps…[Hugo Chaffiotte]

-CAROLEE SCHNEEMANN- 

Personnalité très remarquée dans le monde de la revendication féministe d’hier et d’aujourd’hui, Carolee Schneemann est une artiste Américaine appartenant à la mouvance du Body Art. Elle n’hésite pas à donner de sa propre image pour mettre en avant la liberté d’expression physique et intellectuelle des femmes notamment au sein des artistes féministes. Elle cherche à briser les tabous par la provocation, en particulier, la question des corps individuels au sein du corps social, et de leurs capacités à s’imposer comme acteurs de changement. Dans son œuvre, «Interior scroll» dans laquelle l’artiste se met nue sur une table dans une attitude rituelle, peignant son corps avec de la boue puis extrayant lentement un papier de parchemin de son vagin. Carolee Schneemann voit le sexe féminin comme «une forme sculpturale, un référent architectural, la source de la connaissance sacrée, l’extase, le passage de la naissance et de la transformation». L’utilisation du parchemin montre bien cette source de perception Elle dira même que "La source de connaissance intérieure serait symbolisée par le principal indice de l'esprit unificateur et de la chair (...) la source de la conceptualisation, de l'interaction avec les matériaux". Découvrez ainsi, le monde de Coralee Schneemann où la chair est maitresse et la sexualité, pulsion vitale …[Tanguy PRIGENT]


-BARBARA T.SMITH-

A la fin des années 1960, Barbara T. Smith était l'une des premières artistes de performance de la côte Ouest des Etats-Unis. Dans le début des années 1970, Smith créa des performances basées sur des rituels, souvent connectées à la nourriture. Selon l'artiste, sa performance "Feed Me" ("Nourris-Moi" - 1973) qui, de nombreuses fois, a été critiquée et mal interprétée, n'était pas une performance visant à utiliser la femme comme pur objet pour l'homme. Au contraire, elle représentait des objets libres de leurs faits et gestes. Toujours en contrôlant son travail, l'artiste souhaitait bousculer l'idée selon laquelle une femme nue est à la simple disposition des hommes. 
Cette performance, organisée par le Musée d'Art Conceptuel de San Fransisco, figurait parmi d'autres performances d'hommes artistes aux propositions "machos" (buvant des bières ou encore urinant dans un tube de métal). Smith, quant à elle, était assise dans un espace intime, nue, invitant les spectateurs, un par un, à venir la "nourrir". L'artiste proposait qu'on lui offre du thé, du vin ou de la marijuana en échange "d'une conversation ou d'affection". L'artiste affirma que l'image qu'elle projetait d'elle-même reflétait à la fois le fantasme et la réalité de la féminité. En se présentant comme mère, courtisane et artiste, elle nous ouvre la possibilité de faire co-exister toutes ces identités les unes avec les autres. 
Smith positionne ses performances comme de réelles critiques sociale marquant ainsi l'histoire de l'Art. Toujours en lien avec les artistes contemporains de son époque, elle a su développer son travail en collaborant avec certains d'entre-eux tels que Nancy Buchanan et Suzanne Lacy. [Ophelie Brunet]


-MARINA ABRAMOVIC ET ULAY-

Marina Abramovic et Ulay étaient un couple d'artistes pionniers de l'art corporel. Ils ont travaillé ensemble de 1976 à 1989. Leurs performances simples et conceptuelles cherchaient les limites du corps par des actions brutales et répétitives.
Avec Rest Energy, imaginé en 1980, Ulay et Abramovic s'agrippent à un arc et à une flèche, chacun se tenant d'un côté. La flèche est dirigée vers le cœur de Marina et seul le poids de leurs corps maintenant la tension de l'arc. La performance est tout autant sensationnelle pour les auteurs que pour les spectateurs. Le moindre mouvement pourrait être fatal. Des microphones, sur leurs vêtements, prennent les rapides accélérations de leurs battements de cœur et leur respiration irrégulière. La performance durera quatre minutes. Pour Marina Abramović cette performance fût une des pièces la plus difficile à réaliser. Une seconde d’inattention, et la flèche aurait traversé Marina.
[Anais Bourcier]