vendredi 29 novembre 2013

art et espace public

L'ART CONTEMPORAIN DANS L'ESPACE PUBLIC




Cette semaine, les étudiants en deuxième année Design Produit à l’Ecole de Design Nantes-Atlantique se sont penchés sur des œuvres d’art contemporain installées dans l’espace public.
L’art a, depuis toujours, trouver place dans l'espace public, qu’il s’agisse de fresques murales, de statues et monuments historiques ou religieux. L'enjeu était souvent de glorifier le pouvoir en place (statuaire de personnages politiques ou héroïques, art de propagande dans les dictatures) de rendre visible l'histoire, la religion. Il semblerait que maintenant, l'enjeu se déplace vers un objectif plus culturel, plus démocratique, plus festif, voire carrément libre ou hors norme (le Street-art)
Les œuvres présentes dans l’espace public permettent à tout un chacun un moment d’évasion, elles attirent l’œil du passant qui se trouve invité à
 contempler ou même à y participer… Nous sommes intrigués, fascinés, impressionnés parfois ébahis, devant un message ou tout simplement face à une nouvelle perspective qu’offre l’artiste à travers son œuvre. 

Les œuvres proposées dans ce dossiers se situent majoritairement à Nantes ou proche de Nantes, elles sont pérennes et sont toutes des commandes publiques. [Margaux RIVIERRE & Maxime BIGONNET]


Lunar Tree de Mrzyk & Moriceau


Gravure selon Mrzyk & Moriceau

Lunar Tree est une œuvre réalisée en 2012 par le célèbre duo de graphistes Mrzyk & Moriceau pour la 3ème et dernière édition d’ESTUAIRE Nantes. Du haut de la falaise de la butte Sainte-Anne, Lunar Tree prend la forme d’un arbre mort de 12 mètres de haut. Forme et couleur font paraître l’arbre comme un dessin en volume dans l’espace, dénudé de toute feuille et graphiquement très simple : seul se distingue la silhouette de l’arbre d’un blanc immaculé.  De jour, depuis le square, il se détache du fleuve tandis que la nuit, depuis la pointe de l’île de Nantes, un halo lumineux émane de chacune de ses branches qui surgissent fantomatiques sur fond noir. En moins d’un an, l’œuvre de Mrzyk & Moriceau est devenue un point incontournable de la ville de Nantes. Elle est fréquentée par deux types de visiteurs bien distincts :  les touristes venus observer la sculpture, et les passants noctambules du Hangar à Banane de l’autre coté du fleuve. [Romain SILLON]
              Photo - Lunar tree

Les Triangles de Félice Varini

Felice Varini est un artiste contemporain Suisse. Ses œuvres sont des anamorphoses* disposées dans l’espace architectural : "En général, je parcours le lieu en relevant son architecture, ses matériaux, son histoire et sa fonction. A partir de ses différents point de vue autour duquel mon intervention prend forme." Il réalise en 2007 la Suite de triangles dans le port de Saint-Nazaire. L’œuvre représente une anamorphose de triangles rouges disposés alternativement au dessus et au dessous d’une ligne horizontale recouvrant 2 kilomètres de bâtiments (soit la plus grande œuvre entreprise par l’artiste à l’époque). Au départ, il s’agissait d’un travail éphémère, mais, à la suite d’une demande de la ville, l’œuvre s’est vue pérenniser. Le point sur lequel l’œuvre prend véritablement forme se situe sur une terrasse panoramique. [Pauline SPARFEL]
site officiel de Varini
*Anamorphose : œuvre ou partie d’œuvre graphique ou picturale dont les formes sont distordues de manière à ce qu’elle ne reprenne sa configuration véritable qu’en étant regardée soit directement sous un angle particulier soit indirectement dans un miroir.
                                                          Suite de Triangles - Felice Varini - Saint Nazaire

Le Pendule de Roman Signer

 Portrait - Roman Signer                                                                            
Roman Signer est né en 1938 à Appenzell en Suisse. Il a commencé sa carrière en tant qu'artiste et principalement artiste plasticien créateur de sculptures, installations, photographies et vidéos. Il est connu pour ses performances « explosives ». Fasciné par la puissance de la nature, il n’a de cesse de l’expérimenter. Éprouvant les limites du danger, ses actions se caractérisent par une force poétique inouïe.
A Trentemoult, l'artiste a découvert une centrale à béton inutilisée, construite vers la fin des années 1960 près du fleuve. Ce complexe mécanisme de couleur rouge se détache du paysage, il crée une transformation de la matière dans ce lieu. C’est cette richesse et ce pouvoir évocateur que Roman Signer souhaite mettre en lumière grâce à une intervention minimale. Un grand pendule de 7 m de long s’accroche au bâtiment. Il bat le temps, régulièrement et inexorablement. Cette horloge absurde, sans aiguille, marque la lente déchéance du bâtiment, la course inéluctable des êtres et des choses vers leur disparition. [Jean Baptiste DODIN]

Le Pendule - Roman Signer                                                                          

L'absence de Josep Van Lieshout

L'absence - Josep Van Lieshout
Une excroissance bleue a fait son apparition sur les bords de la Loire à Nantes en 2009. Est-ce une sculpture, une habitation, un bar ? En fait c'est tout à la fois. L'Absence a été créée par Josep Van Lieshout dans l'Atelier du port de Rotterdam, qui est composé de vingts personnes qui (autour de Van Lieshout) travaillent à la conception et à la réalisation de projets architecturaux et artistiques qui rendent possible la vie en autarcie.
C'est une sculpture qui est adaptée à son environnement. Du point de vue des passants, elle ressemble à une masse informe recouverte de bosses et d'excroissances bleues. Elle est dénuée de toute fonction et pourtant c'est un lieu où l'on peut boire, vivre et discuter.
L'artiste ne voulait imposer aucune limites à son œuvre de sorte qu'on peut y voir tout ce que l'on en espère. [Apolline HELLEZ]



Pour les informations complémentaires sur ses événements et ses heures d'ouvertures: cliquer ici 

L'Observatoire de Tadashi Kawamata

 © D. Dubois -  L'observatoire - Tadashi Kawamata                                         
Tadashi Kawamata est un artiste japonais (né en 1953) qui vit et travaille à Paris. Il intervient dans le monde entier en réalisant des installations In Situ monumentales pour métamorphoser la configuration et l’architecture des lieux. Il utilise principalement des matériaux de récupération (chaises, échafaudages, embarcations) ainsi que du bois car c’est un matériel peu couteux et facile à manipuler. Il réalise des passerelles, des passages, des ponts surélevés, ou des tours en créant des liens entre le passé et le présent, le visible et l’invisible, en révélant leur réalité matérielle. Cela lui permet d’amener le spectateur à réfléchir sur des notions simples telles que l’intérieur et l’extérieur ou le privé et le public. Grâce à ses installations, Tadashi Kawamata a participé à de grandes manifestations internationales telles que la biennale de Venise en 1982 ou le festival d’automne à Paris en 1997. Il a aussi exposé dans les grands musées comme le Centre Pompidou en 2010. L’œuvre, L’Observatoire est un projet Estuaire mené en 2009. C’est une œuvre pérenne, accessible quotidiennement au public, installée au milieu de marais et de prairies humides, éloignée des grands axes routiers, dans le village de Lavau-sur-Loire. Lavau-sur-Loire était un ancien port de Loire, mais le fleuve s’est retiré avec le temps pour laisser place à de vastes zones herbeuses et marécageuses. Kawamata a voulu rendre hommage à cette histoire en créant cet observatoire. A l’aide d’un long chemin de bois sur 750 mètres de prairies et de Roselières qui mène à L'observatoire, il propose de lier à nouveau le village à la Loire. Ce long chemin, constitué de garde-corps qui rythment le parcours, est aussi un moyen pour le promeneur d’être en immersion totale avec la nature. Une fois arrivé à la tour, l'observateur est confronté à la beauté sauvage qui l’entoure à perte de vue incitant à la contemplation. Cette installation permet au visiteur d'être en immersion dans le milieu naturel. [Manon LECOENT] 
© Pascal Collin - L'observatoire de nuit - Tadashi Kawamata                       
                                                                           

Le Jardin du Tiers-Paysage de Gilles Clément

Le travail de Gilles Clément vient de l'observation qu'un paysage naturel n'est pas figé dans le temps, il change, se meut. Son travail à la "base sous marine" de Saint-Nazaire utilise la terrasse à ciel ouvert du bâtiment, entre ville et bassin portuaire. Il utilise les chambres d'éclatement des bombes pour faire passer 107 trembles (arbre à feuillage gris métallique) à travers les cavités du béton. Utilisant les feuilles des arbres pour faire scintiller la base avec le vent, il nous montre un aspect poétique du lieux. 
En 2012, il recouvre un espace de la terrasse de fines couches de substrat pour permettre à la faune & à la Flore de construire un jardin. Des graines apportées par le vent ou les oiseaux s'installent et génèrent un nouveau paysage. Les plantes identifiées sont étiquetées deux fois par an. [Antoine HAMON]
Jardin des étiquettes
Gilles Clément- Jardin du Tiers Paysage

Misconceivable de Erwin Wurm 

Avec Misconceivable, Erwin Wurm nous propose une œuvre d’une qualité plastique remarquable. Outre la performance technique (un bateau qui semble se ramollir sur une écluse du canal de la Martinière),  le bateau n’est pas juste courbé, mais il donne l’illusion de plonger dans le canal tel un être vivant. Erwin Wurm trouve son inspiration dans les objets du quotidien en les regardant  d’une étrange manière,  au-delà de l’objet en lui-même et en percevant le mouvement qui le compose. L’artiste joue sur la perception du réel et nous amène à la réflexion en nous forçant à voir plus loin que le rationnel. [Virgile FRACCHETTI]
Misconceivable - Erwin Wurm
Lieu: écluse du canal de la Martinière , 44640 LE PELLERIN

Jardin étoilé de Kinya Maruyama

Kinya Maruyama est un artiste japonais de 70 ans soucieux de l'environnement et du bien être des gens. Le jardin étoilé qu'il a créé reflète bien cet engagement puisqu'il a été construit en partenariat, notamment avec la Mairie de Paimboeuf, les habitants de la région, des élèves de Paimboeuf, de Saint Saint-Nazaire etc.
Ces rencontres sont la preuve de l'humanisme qu'imprime Maruyama à chacun de ses projets, son but étant de transmettre le savoir de chacun pour aboutir à un projet commun.
Les bases du jardin ont été dessinées à partir de la constellation de la Grande Ourse et des quatre points cardinaux. Il a été bâti avec des matériaux principalement végétaux provenant de la région ; son jardin permet au spectateur de déambuler, de grimper ou encore de se reposer et contempler la nature en permanente évolution. [Lisa MONSIMIER]
Jardin étoilé - Kinya Maruyama

Le Serpent d'océan de Huang Yong Ping 

  Serpent d'océan - Huang Yong Ping

Serpent d’océan est une œuvre monumentale réalisée par Huang Yong Ping en 2012 dans le cadre de l'édition 2012 du festival Estuaire. L’artiste, d’origine chinoise, vit en France depuis les années 90. La réalisation de son oeuvre met en place la représentation d’un serpent imaginaire. Celui-ci mesure près de 130m de long et se situe sur la pointe du Nez de chien près du pont de Saint-Nazaire sur la plage de Saint Brévin. Entre vents et marées, ce serpent nous donne l’impression de suivre les courants avec élégance. En effet, cet énorme squelette de serpent surprend par sa grandeur et son aplomb : cette « bête » surgit de la mer avec sa gueule démesurée. Son mouvement la rend vivante. On imagine qu’elle a traversé les mers et s’est échouée sur cette plage.



On peut voir que les lignes de ses vertèbres jouent avec les courbes du pont de Saint-Nazaire. La manière dont la structure se pose sur le sable rappelle également étrangement l’architecture des carrelets, ces petites pêcheries typiques de la côte atlantique faites entièrement de bois. En faisant apparaître sur les rives de l’Europe une des figures majeures de la mythologie chinoise, le serpent, Huang Yong Ping aborde avec brio les notions d’identité et d’hybridité culturelle. En effet, le squelette apparaît au rythme de la marée, et accueille, peu à peu, la faune et la flore marines. L’artiste réalise donc un exploit, mettre en relation l’art et la nature pour que les deux ne fassent plus qu’un. [Elaura COUTON]

LES ANNEAUX DE BUREN

Anneaux de Buren - Nantes



La pièce intitulée Les Anneaux de Daniel Buren, situées sur le quai des Antilles à Nantes, est une œuvre qui se compose de dix-huit anneaux métalliques alignés à égale distance sur une ligne droite de huit cent mètres de long. Cette œuvre s’inscrit dans un environnement où se mêlent plusieurs histoires : urbaines, industrielles, navales, ouvrières, naturelles. Le lieu est porteur d'une histoire, d'une mémoire et résolument tourné vers l'avenir. En effet les anneaux contrastent avec le côté artificiel et urbain des hangars et le courant naturel de la Loire qui s'ouvre largement sur l'estuaire côté rive. De plus, c’est en ces lieux que l'histoire navale de la ville s’est déroulée, côté estuaire et c’est ici que se développe aujourd’hui l’un de grands projets architecturaux et urbains de la ville.

« En arrivant ici, j'ai vite perçu que cette promenade offrait un nouveau point de vue sur le paysage urbain et qu'en jouant avec la série, le fractionnement, on pouvait concevoir quelque chose autour du cadre, du cadrage qui découperait l'espace en différentes parcelles. Après, il a fallu déterminer la taille de chaque anneau métallique (quatre mètres de diamètre) et l'intervalle entre chaque structure." (Daniel Buren)

De jour, l'œuvre compose une série d'anneaux argentés qui rythme une balade. De nuit, les anneaux s'illuminent et alternent des couleurs rouges, vertes, et bleues en répétition. Ils rythment aussi d'une autre manière le parcours des personnes qui sortent le soir au Hangar, et marquent ce lieu de rendez-vous des plus habitués. De l'autre coté de la Loire, les lumières des anneaux se reflètent sur l'eau et dessinent une surface colorée. Cette installation est devenue un passage obligatoire pour les touristes qui souhaitent visiter Nantes. [Bérangère LEVY]

Anneaux de Buren - Nantes - Quai des Antilles

The setters, les colons de Sarah Sze

The setters - Les colons Sarah Sze 

Sarah Sze, née en 1969 à Boston, est une artiste et sculptrice américaine, vivant à New York. Sarah Sze est particulièrement connue pour ses sculptures In Situ éphémères, dans lesquelles des milliers de petits objets de la vie quotidienne sont assemblés dans des formes fragiles, légères et étirées, souvent avec beaucoup d'ironie. Les Colons, œuvre disposée le long du chemin, invite à parcourir et ressentir le site. La balade se déroule au contact de la végétation luxuriante, ainsi le rêve et l'espace se confondent. Trois arbres sont littéralement “colonisés” par un ensemble de sculptures, comme une contagion, créant une série de rencontres improbables sous nos latitudes : un ourson grimpant sur une souche, aidé par sa mère, un jaguar se prélassant et une colonie de singes occupant le troisième arbre. Les sculptures, parfaitement réalistes et visibles du fleuve et de la rive, sont de couleur noire et prennent ainsi l’apparence de silhouettes. Chaque animal est pris dans l’instantané d’un comportement précis : il chasse, se lave, joue, dort. Les sculptures transcrivent un sentiment de retour aux sources mis en scène par les animaux et les interactions qu'ils ont entre eux, et nous rappellent combien les liens naturels qui nous unissent sont importants, et qu'ils ont tendances à s'estomper dans nos sociétés modernes. Cependant la mise en scène est amusante et poétique. Pour l’artiste, “elles jouent avec l’idée d’un désir de retour à la nature et au sauvage” pour ainsi créer de très belles choses, d'un caractère vraiment spécial et indigène. [Pierre ARASSUS]
The setters - Les colons Sarah Sze 

Jenny Holzer - Le Palais de Justice

Le Palais de Justice, Nantes 

Jenny Holzer est une artiste conceptuelle américaine née en 1950 à Gallipolis en Ohio. C'est à l'université de Chicago qu'elle travaille le dessin, la peinture et l'imprimerie. En 1977 elle abandonne la peinture pour se consacrer à l'écriture car elle s'intéresse particulièrement au langage et au poids des mots. Elle est influencée par l'art minimal et l'art conceptuel. Dans ses réalisations, elle remet en cause l'espace des galeries et des musées ainsi que le rôle de l'artiste individualiste. 
Au Palais de Justice à Nantes qui présente une architecture imposante conçue par Jean Nouvel, dans la salle des pas perdus, Jenny Holzer fait lentement défiler le long des colonnes des textes fondateurs de la justice française ( Code civil, droits de l'homme). Ainsi, elle  joue sur les reflets offerts par le revêtement du Palais de Justice et les baies vitrées afin de donner une impression d'infini. [Romane TORQUEAU]

Orlan à l'UFR de médecine de nantes


Orlan est une artiste plasticienne française qui vit et travaille entre Paris, New York et Los Angeles.
Pour regarder l’intervention artistique d’ORLAN, il faudra vouloir la voir en prenant une position physique qui ne peut être maintenue qu’un temps car elle est peu confortable. Pour la voir vraiment, il faudra également s’arrêter un instant, interrompre un trajet ou prendre le temps d’une pause. Au plafond, l’image ne s’impose pas comme sur un mur. Le dispositif permet de respecter le parti-pris de l’architecte. Des images sont imprimées sur de la toile tendue sur la travée en plafond dans la double hauteur du hall de la Bibliothèque Universitaire. Radiographie des temps interroge le statut du corps dans la société ainsi que ses systèmes de représentation. Dans ce projet, Orlan construit son intervention en mettant les corps et les regards en jeux. Cette œuvre reprend des techniques d’imagerie médicale, induite par le contexte d’une Université de médecine et de pharmacie, tout en interrogeant l’histoire de la ville de Nantes  et son passé négrier. 
[Liz GAUTIER]

Orlan, à l'UFR de médecine de Nantes 

Morellet - De temps en temps - Bâtiment Harmonie Atlantique - Nantes

Batîment Harmonie Atlantique, De temps en temps

Le bâtiment de la Mutuelle Harmonie Atlantique a été construit dans les années 1960. Depuis il à été rénové par CANAL Atelier d’architecture (Daniel et Patrick RUBIN), qui à recouvert les 6 000 m2 de la façade d’un filtre de verre et d’acier. Une œuvre y a été insérée par François Morellet, celle d’un “indicateur météorologique” qui s’étend sur toute la façade. L’œuvre est en perpétuelle changement suivant les différentes humeurs du temps. Chaque jour, au travers de trois “habillages” lumineux, la façade laisse apparaître des nuages (arcs blancs), un soleil (cercle rouge) ou la pluie (tirets bleus) qui annoncent le temps qu’il fera quatre heures plus tard. François Morellet est un artiste né en 1926 à Cholet. C’est un artiste rigoureux qui aime les formes géométriques, il refuse d’imposer aux spectateurs les décisions arbitraires de toute création artistique. [Guillaume ALLEMON]
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Anish Kapoor, Cloud, Chicago

Cloud - Anish Kapoor, Chicago 

C'est au Millenium Park de Chicago qu'en 2004, Anish Kapoor, artiste sculpteur britannique, érige le Cloud Gate. Haut de 13 mètres, ce gros haricot géant surnommé "Bean", est devenu un spot photographique incontournable dans la ville où les gens se prennent en photo comme avec un miroir déformant aux reflets psychédélique. Composé de 168 plaques d'acier inoxydables soudées puis polies pour donner cet aspect chrome, ses formes courbes donnent des jeux de reflet qui attirent l'attention. La forme concave offre une arche de trois mètres de haut qui permet le passage des visiteurs.
Lorsqu'on s'éloigne, on s'aperçoit à quel point l'œuvre est présente et anime la ville, elle contraste avec la rigueur verticale des buildings et offre une vision abstraite, rêveuse du monde. [Thibault MERLET]

La Tour Kapoor

La Tour - Anish Kapoor
Les Jeux Olympiques 2012 ont permis de rapprocher deux domaines bien distincts, le sport et l’art contemporain. En effet, le plasticien et artiste Anish Kapoor a été mobilisé afin de dessiner et construire une sculpture monumentale située à l’Est de Londres, à côté du grand Stade Olympique où se sont déroulées les épreuves d’athlétisme ainsi que les cérémonies officielles. Cette Tour, constituée d’une structure centrale entourée de grandes hélices en acier rouge, domine du haut de ses 115 mètres les visiteurs qui la regardent du sol. Les spectateurs peuvent monter le long de la sculpture, en ascenseur ou à pieds à l’aide d’un gigantesque escalier en colimaçon, et arriver sur une plateforme circulaire permettant d’avoir une vue imprenable sur l’ensemble de la ville de Londres.
Cette sculpture contemporaine semble hors norme et peu commune pour la plupart des gens. Anish Kapoor lui-même a décrit son œuvre comme « étrange » en évoquant le mouvement de ces hélices rouge. Il finit par dire « C'est dérangeant, et je pense que cela fait partie de sa beauté ». [Eglantine CASSAND]


jeudi 7 novembre 2013

Films d'artistes

Films d'artistes

Comme la photographie, le film est devenu un médium que les artistes ont su s’approprier au fil des années. Les approches qu'ils proposent sont évidemment différentes de celles initiées par les cinéastes : 
- Le film peut devenir une œuvre à part entière détournant les codes narratifs du cinéma traditionnel (Un Chien Andalou de Dalí et Bunuel)
- La pellicule peut être un espace expérimental (Man Ray, Hans Richter, …), 
- L’artiste intégre la vidéo dans une installation (Pierrick Sorrin) 
- Le film garde la trace d'une action (Chris Burden) ou d'un projet conçu en extérieur (Spiral Jetty, Robert Smithson).
La classe des P2A vous propose cette semaine une sélection de 16 films d'artiste redessinant une image animée de l'histoire de l'art du XXème siècle. [Romain Sillon et Guillaume Allemon]

Hans Richter "Rhythmus 23"- 1923

Hans Richter est surtout connu comme un des inventeurs du film abstrait avec Rhythmus 21, en 1921, suivi d’un Rhythmus 23 (on vous laisse deviner en quelle année). Ce sont des films d’animation à base de carrés et rectangles découpés, tentative de fondre le noir et le blanc ensemble, le positif et le négatif, une recherche qu’il mène depuis ses débuts : voir les sublimes Têtes dada de 1918, lavis ou linogravures sur papier, tout en équilibre de masses et de formes, animaux d’encre suspendus dans la page. La même année, c’est le musicien italien Ferrucio Busoni qui lui a fourni une partie de la réponse sur l’unité du noir et du blanc, en lui suggérant d’explorer le contrepoint dans les préludes de Bach.
En marge de cette histoire officielle faite de bifurcations, il multiplie aussi les tangentes. On le trouve à l’origine de la Revue G (comme Gestaltung, «forme»), publiée à Berlin de 1923 à 1926, qui réunit de façon étonnante d’anciens dada «destructivistes» et les constructivistes soviétiques, autour de la métaphore de la pellicule filmique, puisque c’est la forme récurrente choisie pour la maquette de ce journal, où signent aussi des réalisateurs comme Marcel L’Herbier. Il y a aussi ce film mythique, Tempête sur La Sarraz (1929) tourné par Richter et Eisenstein avec leurs potes du Congrès international du cinéma indépendant, mais qui a disparu, ou jamais existé (on l’ignore), certains prétendant qu’il avait été tourné sans pellicule et que cela faisait partie du projet !  [Pierre Arrasus]
                                      

Le Retour à la raisonMan Ray 1923

Man Ray est né à Philadelphia en 1890. A son adolescence, il arrive à New York et est passionné de dessin. Il étudiera la mécanique et le dessin industriel. Il se consacrera ensuite à la peinture. Sa peinture sera en premier temps figurative puis dérivera peu à peu vers l’abstrait. Man Ray s'interessera à la photographie puis au cinéma et produira de courts films expérimentaux et poétiques. En 1923, il réalise son premier film, Le Retour à la raison qui sera diffusé lors de la soirée dada du "Coeur à Barbe". Pour se faire, Man Ray filme des textures animées telle qu’une spirale de papier en mouvement, et parsème la pellicule vierge de clous et de punaises ainsi que de sel et de poivre à la manière d’un photogramme. Ce dernier nommé aussi rayogramme sera présent tout au long du film car il représente la concrétisation de cette technique. Seuls deux éléments concrets apparaissent dans le film : les lumières d’une foire éclairée la nuit et le corps nu d’une femme (Kiki de Montparnasse). Les prises de vues s’enchainent dans un rythme qui pourrait être comparé à une sorte de fourmillement. La visée du film n’est pas de nous raconter une histoire mais bien de créer une œuvre plastique, jouant avec textures et effets de matières dans laquelle nous pouvons voir une invitation au rêve. [Romane Torqueau]
                                      


Fernand Léger : Le Ballet mécanique - 1923

En 1923, les artistes Dudley Murphy et Fernand Léger réalisent Le Ballet mécanique. L’histoire de ce film est tumultueuse. En effet, la bande sonore écrit par le compositeur américain George Antheil n’est pas en synchronisation avec les visuels conçus par Fernand Léger puisque ces deux artistes ne communiquaient pas ensemble lors de la création du film. Ainsi, pendant longtemps, le film et la bande son ont été considérés comme deux œuvres bien distinctes. Il faudra attendre les années 1990 pour que ces deux parties soient réunies.
Le Ballet mécanique synthétise les caractéristiques artistiques de son auteur, son influence cubiste. On retrouve des éléments vestimentaires, des ustensiles ménagers, des machines industrielles, ainsi que des personnages singuliers, des figures géométriques déformées par des variations de vitesse, des effets kaléidoscopiques, des zooms sur des éléments particuliers d’une image qui dénaturent les caractéristiques élémentaires du cinéma et lui donne un côté « amateur ». C’est ce que Fernand Léger recherche, l’erreur : "L'erreur picturale, c'est le sujet. L'erreur du cinéma, c'est le scénario. Dégagé de ce poids négatif, le cinéma peut devenir le gigantesque microscope des choses jamais vues et jamais ressenties." [Eglantine Cassand]
                                       


Anémic Cinéma (1926) - Marcel Duchamp

"L'enfant tète Qui Est ONU souffleur de chair chaude et N'aime Pas le chou- fleur de serre- chaude", ça sonne comme une partie de Kamoulox. En effet les phrases à rime de cette vidéo tourbillonnante ne semble pas avoir de sens profond. Anémic Cinéma est une œuvre expérimentale d'essais visuels. On voit dans cette vidéo des cercles de carton noirs et blancs tournés autour d'un centre tel un instrument d'hypnotisation. Alterné de textes tournants, disposés en spirale, la lecture devient mystérieuse.
Cette œuvre est remarquable parce qu'elle explore les potentialités graphiques du film qui était à l'époque une technique d'expression artistique encore inconnue. [Thibault Merlet]
                                    

Le « Grand » Cirque - Calder et Jean Painlevé. 1927

Calder fabrique un cirque miniature à Paris entre 1926 et 1931. Son ami Jean Painlevé filmera le sculpteur manipulant les différents élément de son cirque en 1927. Ce cirque compte alors vingt-huit attractions. Calder et Painlevé tentent dans ce film de montrer « la vision d’un spectateur moyennement placé », jouant avec des mouvements de caméras et de gros plans. Ce film de « copains » n’a pas été toujours compris à l’époque car le parti de tourner un document sur l'action d'un artiste n’était pas très commun. Calder apparait dans ce film comme maitre des cérémonies, omniprésent. [Antoine HAMONî


Un Chien andalouDalí/Bunuel 1929

Un Chien andalou est un court métrage de 16 mn, muet en noir et blanc réalisé par Luis Bunuel et écrit par Salvador Dali et Luis Bunuel. Ce film a marqué l'histoire du 7ème art, il est l'un des plus célèbres parmi les films avant-gardistes . C'est un essai surréaliste écrit en 6 jours sur le mode du cadavre exquis, en prenant pour point de départ les rêves récents des deux auteurs. Le film met en scène un homme et une femme dans une succession incohérente de petites scènes. Dans l'ensemble, il s'agit de relations violentes et difficiles entre l'homme et la femme. Durant le court métrage, des objets, des personnages inattendus disparaissent et apparaissent. Un Chien andalou est une bonne manière de découvrir le cinéma surréaliste, on est plongé dans ce délire onirique de Dali et Bunuel. Ce film est fascinant, gênant, étrange et visuellement très beau. [Liz Gautier]
                                       

Ein Lichtspiel Schwarz-Weiss-Grau de Laszlo Moholy-Nagy - 1930

Ein Lichtspiel Schwarz-Weiss-Grau (un jeu de lumière noir-blanc-gris) est un film expérimental de 8 minutes datant de 1930, réalisé par le peintre et photographe hongrois Laszlo Moholy-Nagy, qui enseigna également à l'école du Bauhaus. Il prônait l'intégration de l'industrie et de la technologie dans l'art, comme le montre ce film expérimental, dans lequel sont mêlés jeux de lumières et objets en mouvement, créant un trouble dans la perception, on ne sait plus différencier les ombres et lumières de l’objet matériel, les uns se fondants aux autres. C’est un ouvrage clé dans l'histoire de l'art (annonçant l'art cinétique), avec l'utilisation de nouveaux médias et, par conséquent, l'une des plus importantes œuvres d'art de son temps. Du point de vue de la composition de l’objet dans le film, il s’agit d’un ensemble d’éléments métalliques, de plastique et de verre, dont beaucoup sont actionnés par un moteur électrique. Le tout est ainsi mis en mouvement et enveloppé de lumières.
«Superpositions d'objets métalliques et d'ombres. Ombres réapparaissant ; soudain, l'ombre d'un ballon, auréolée de lumière crue, se jouant sur l'ombre antérieure. L'accessoire lumineux tourne sur lui-même ; on le voit d'en haut, d'en bas, de devant et de derrière; dans un mouvement lent, accéléré, ralenti, inversé. Une masse de détails. Une grosse boule rouge et brillante roule de gauche à droite. De droite à gauche sans s'arrêter. Image positive et négative, éblouissement, prismes qui se défont sans cesse. Mouvements, grilles étranges qui se déplacent. Filtres "ivres", barreaux. Regards jetés par de petites ouvertures ; diaphragmes automatiques. Éclair lumineux, mouvant, aveuglant. Spirales tournoyantes, qui toujours reviennent. Toutes les formes solides se dissolvent en lumière.» Laszlo Moholy-Nagy (scénario du film) [Maxime Bigonnet]
                                       

Dripping, éclaboussures, accumulations, abstraction... Jackson Pollock, le tout dans un film réalisé par Hans Namuth - 1950

Ce film, ou devrais-je dire documentaire, est réalisé en 1950 et présente pour la première fois les images d'un artiste au travail. Avant, seule l'œuvre finale était importante. Ce court-métrage transforme le geste de Pollock en Performance.
L'histoire du réalisateur n'est pas particulièrement extraordinaire, on se souviendra de lui pour ses films d'artistes. Au contraire, Jackson Pollock est mondialement connu pour ses œuvres abstraites. Il est né en 1912 et mort en 1956 aux Etats-Unis. Il a réalisé plus de 700 peintures achevées et est le précurseur de la technique du "dripping".
Maintenant parlons du film: c'est une sorte de documentaire montrant Pollock peindre. Il nous explique en même temps ses attentes mais aussi sa manière de voir sa peinture.
C'est amusant de voir comment sont créées ses œuvres, surtout que le film est tourné de manière objective qui nous permet de voir et de ressentir la peinture.
Avant, on aurait pu croire que l'artiste faisait ses œuvres au hasard mais chaque coups de pinceaux étaient réfléchis et attendu à certains endroits.
Le film est tourné de deux manières, une vue de l'extérieur, où on voit Pollock peindre et se préparer à peindre (l'image où il met ses chaussures maculées est une image assez forte). Et une vue d'en dessous où l'on voit la disposition des gouttes et traits de peintures comme si l'artiste peignait sur la caméra.
Peu importe le ressenti créé par ce film, le plus important c'est le témoignage qu'il apporte, mais aussi la reconnaissance qu'il a apportée à Jackson Pollock. [Apolline Hellez]
                                       


Le mystère Picassso, Henri-Georges Clouzot (1955)

Sur l'écran qui fait office de toile dans ce reportage, le crayon de Picasso dessine avec fermeté et souplesse, c'est alors qu'un dessin s'élabore. L'œuvre prend ainsi vie sous les yeux du spectateur : elle s'anime, se dessine, apparait, réapparait, se fige et suit l'inspiration du peintre. Le silence total est présent durant la performance, seul s'entend le frottement du crayon. Picasso travaille et tout le monde le regarde, il en a presque oublié la caméra. Il est uniquement concentré sur son dessin. Clouzot l'observe mais ne dit rien.
Parallèlement, la bande sonore suit la même évolution : on n’entend d’abord que le crissement du crayon, puis ce sont au fur et à mesure des accords de guitares ou des solos de batterie. Pour finir, c’est la totalité de l’orchestre symphonique qui accompagne l'œuvre en action.
Sous la direction de Henri-Georges Clouzot et grâce à un procédé ingénieux de verre transparent et d'encre spéciale, Picasso compose plusieurs œuvres en direct, au gré de son inspiration. Clouzot a, pour la première fois, l'idée de filmer Picasso au travail et plonge le spectateur au cœur de la naissance de son œuvre.
Ce film a reçu le Prix spécial du jury au festival de Cannes en 1956. C'est un film unique qui reste pour cette époque une des rares tentatives de rendre compte cinématographiquement du processus de création en direct. [Bérangère Lévy]
                                          


"Anthropométrie de l'époque bleue" Yves Klein - 1962

Yves Klein est l'un des plus importants protagonistes de l'après guerre avant-gardiste. Sa marque de fabrique est le IKB appelé aussi "bleu Klein" utilisé pour de nombreuses œuvres. A partir de 1958, il se lance dans les Anthropométries de l'époque bleue, environ 180 œuvres où il développe sa technique de pinceaux vivants : il enduit de IKB le corps nu des femmes qui vont venir s'appliquer ou bouger sur la toile.
Les différentes anthropométries se distinguent par leur taille, la technique utilisée et leur forme. Ainsi, il existe des anthropométries grandes, petites, statiques, dynamiques, positives ou négatives (peinture vaporisée autour des modèles pour que sa forme physique reste vierge).
Pour Yves Klein, ces empreintes constituent la forme d'expression la plus concentrée de l'énergie vitale. Il disait qu'elles "signifiaient cette santé qui nous mène à l'être".
C'est en 1960 qu'a lieu la première présentation public d'anthropométries de l'époque bleue. Klein voulait que cela soit au delà d'une performance artistique : le public devait impérativement être en tenue de soirée et un orchestre jouait la symphonie Monoton (un son continu et ininterrompu de 20mn suivi d'un silence de 20mn). [Pauline Sparfel]
En voici un extrait avec "Blue Women Art" une vidéo datant de 1962 : 

Cut PieceYoko Ono - 1965

Cette performance a été créée par Yoko Ono en 1965 en avant première au Canargie Hall de New York. Yoko Ono est née à Tokyo au Japon, elle est une véritable artiste. En effet, elle a évolué dans de multiples domaines comme la musique, le chant, la composition, l'écriture, la comédie et le cinéma. Elle fut connue du grand public notamment pour son union avec le fondateur des Beatles, John Lennon, qu'elle vu mourir sous ses yeux lors de son assassinat à New York par un fan en 1980.
Lors de Cut Piece,  Yoko Ono, est assise sur le sol de la scène dans la posture traditionnelle de la femme japonaise, elle invite les spectateurs à prendre une paire de ciseaux placés devant elle pour découper un par un une petite portion de ses habits où ils le souhaitent jusqu'à ce qu'elle soit complètement nue. Elle a par la suite recréé cette performance au Japon, à Kyoto, à Tokyo ainsi qu'en Angleterre, à Londres. Au Japon, le public est très réservé, tandis qu'en Angleterre, les spectateurs se montrent désireux d'obtenir ne serait-ce qu'un petit morceau de son habit, il en deviendront même violents.
Cette performance est une allégorie à l'histoire de Buddha qui a laissé son château avec sa femme et ses enfants pendant qu'il marchait autour des montagnes afin de trouver la méditation. Quand il marchait, il rencontra un homme qui lui dit qu'il désirait que Buddha lui offre ses enfants. Donc buddha lui donna ses enfants. Puis, quelqu'un a dit qu'il voulait la femme de Bouddha, alors Bouddha lui donna sa femme. Ensuite, quelqu'un l'appelait et lui dit qu'il avait froid, donc Bouddha lui donna ses vêtements . Enfin un tigre arriva et il lui dit qu'il voulait le manger et il laissa le tigre le manger.
Cette histoire est une forme de don total, au lieu de donner raisonnablement comme logiquement "vous méritez ceci" ou "Je pense que c'est bon, donc je donne cela", la personne ne réfléchit pas et rentre alors dans la déraison.
Pour l'anecdote, lors de ses performances, Yoko Ono sacrifie à chaque fois ses plus belles tenues. Le fait de donner ses plus beaux vêtements est pour elle une offrande faite au public.
Yoko Ono : “Cut Piece is about freeing yourself from yourself…”
Traduction : "Cut piece est une manière de vous libérer vous-même par vous-même..."
[Elaura Couton]
                                         

Kusama’s Self-Obliteration de Yayoi Kusama - 1968

Yayoi Kusama, née en 1929 dans la province de Nagano au Japon dit elle-même devoir son parcours artistique à une simple expérience vécue dans son enfance "tout commence alors par une vision hallucinatoire à l’âge de dix ans" le motif de pois d’une nappe est vu comme se répétant de manière infinie dans la pièce. Son univers sera dorénavant, et jusqu’à aujourd’hui, peuplé de ce motif de manière obsessionnelle.
L’artiste s’installe à New York en 1958, où elle fréquente des artistes tels que Donald Judd ou Franck Stella. Rapidement assimilée à l’avant-garde new-yorkaise, elle produit une œuvre précurseur du pop art et de l’art environnemental. Son travail permet au spectateur de vivre des expériences formelles le plongeant dans des délires visuels kaléidoscopiques. Il s’agit presque d’une expérience psychédélique.
Le féminisme est présent dans toute son œuvre, de façon critique ou symbolique. Ses happenings de la fin des années 1960 placent la femme au centre de l’attention, comme symbole de paix et d’amour. Les revendications étant sociales, libertaires, ou pacifistes et les lieux étant publics et stratégiques. Les participants étaient souvent nus, recouverts de pois. C'était aussi l’occasion de distribuer des tracts et de transmettre des idées avant l’arrivée de la police.
Son film, Kusama’s Self-Obliteration (réalisé par Jud Yalkut et récompensé de divers prix) retrace ces évènements. « La nudité est la seule chose qui ne coûte rien » selon Kusama. Ce sujet est récurrent, tant pour parler de liberté sexuelle que pour dénoncer une société de sur-consommation.
[Rivierre Margaux]
                                       

Spiral jetty [Jetée en spirale] de Robert Smithson - 1970

Robert Smithson (1938-1973) est un artiste sculpteur américain lié à l'art minimal et au Land art. Son œuvre in situ, Spiral Jetty, est située à Salt Lake City dans l'Utah, aux États-Unis. Attiré par la coloration rouge de l'eau, l'artiste y "terrasse" une spirale, qui symboliserait le culte solaire ainsi que l'infini. L’œuvre est constituée de boue, de cristaux de sel, de rochers de basalte et de bois. Elle mesure 457 m de long et 4,6 m de large et s'enroule dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
Le film Spiral Jetty est une œuvre poétique jouant sur les images et le son. L’œuvre est filmée à partir d'un hélicoptère permettant d'avoir une vue globale et en plongée de la réalisation. On perçoit alors un jeux de miroir entre les rayons du soleil et l'eau rougeâtre du lac, ce qui renforce l'idée d'infini. Toutefois, cette notion est en opposition avec l’œuvre elle-même puisqu'elle est éphémère. De fait, elle a été submergée pendant presque 30 ans et est réapparut suite à la sécheresse. [Monsimier Lisa]
                                       

Chris Burden un artiste aux performances détonnantes. "Shoot" - 1971

Chris Burden est né le 11 avril 1946 à Boston dans le Massachusetts. Il s’est rendu célèbre dans les années 1970 pour ses performances qui mettaient notamment en jeu la notion de danger. Lorsque l'on voit les photographies de ses "actions", on a le sentiment  d’en comprendre les tenants et les aboutissants, et de ressentir beaucoup des tensions mises en œuvre.
Shoot datant de 1971 est un film où on le voit, jeune, se tenant droit devant le mur blanc d'une galerie. A cinq mètres devant lui, un homme, dont la description de la performance précise qu’il s’agit d’un ami, tire à l’aide d’une carabine 22 Long riffle dans le bras de Chris Burden, à balle réelle.
Cette "action" a été réalisée afin de dénoncer la guerre du Vietnam et les ravages provoqués par les armes à feu.
D’autres photographies de cette même performance montrent, entre autres choses, le bras gauche de Chris Burden blessé, du sang en coule de deux trous de part et d’autre du bras, la photographie en quelque sorte atteste que oui, le coup de carabine a bien été tiré et oui, Chris Burden, l’auteur de cette performance, a bien été touché par le tir de son ami qui lui avait précisément demandé de tirer dans la bras. Une chance pour Chris Burden : cet ami était bon tireur apparemment. [Jean-Baptiste Dodin]
                        

Joseph Beuys - "I like America and America likes me" - 1974

Joseph Beuys (1921-1986) est un artiste allemand international considéré comme un artiste majeur de l'art contemporain. Très engagé politiquement, son travail est un questionnement permanent sur les thèmes de l'humanisme, de l'écologie et de théories. Au cours de sa carrière d'artiste, il a produit des œuvres très diversifiées telles que des dessins, des sculptures, des installations et notamment des performances pour lesquelles il est controversé et admiré.
L'une de ses performances les plus célèbres reste I like America and America likes me réalisée en 1974 dans la galerie René Block à New York. La performance commence en Allemagne, lorsque Beuys est pris en charge sur une civière par une ambulance qui se présente à son domicile. Il est alors emmitouflé dans une couverture de feutre et va être transporté jusqu'aux Etats-Unis part avion et déposé par une nouvelle ambulance à la galerie d'art sans toucher de pied le sol américain. Une fois arrivé au lieu d'exposition, il doit cohabiter avec un coyote sauvage, récemment capturé dans le désert du Texas. Beuys, durant ces jours de cohabitation, possède avec lui sa canne, son chapeau, son triangle, une lampe torche, de la paille et un de ses matériaux de prédilection des étoffes en feutre que le coyote s'amuse à déchirer. De plus, chaque jour, des exemplaires du Wall Street Journal, sur lequel le coyote urine, sont déposés dans la cage. L'artiste positionné au même niveau que l'animal doit alors survivre et partager avec celui-ci l'espace qu'il leur est attribué.
On retrouve différentes interprétations à cette performance. Pour certains, cette performance souligne le fossé existant entre la nature et les villes modernes où le coyote représente les Amérindiens décimés lors de la conquête du pays. Il est alors un messager qui témoigne du massacre qui a eu lieu. Pour d'autres, cette œuvre est une action chamanique. Le coyote jadis vénéré par les indiens d'Amérique et persécuté par les blancs représente l'indien tandis que l'artiste symbolise l'esprit de l'homme blanc. Ainsi la confrontation représente la réconciliation entre l'esprit des Indiens et l'esprit des blancs. Il parle même de réconciliation karmique du continent nord-américain. 
[Manon LECOENT]

                                       

Pierrick Sorin - Auto-filmages -  1988 …

Pierrick Sorin est un artiste vidéaste né en 1960 à Nantes. Il retransmet son imagination à travers ses vidéos en restant assez simple dans sa façon de filmer. Il a réalisé de nombreux court-métrages et des dispositifs visuels afin de provoquer l'interrogation, le rire des spectateurs. Pour se faire, l’artiste se met la plupart du temps en scène dans des situations peu orthodoxes (on pense notamment à son auto-filmage C’est mignon tout ça) lui permettant de maitriser complètement les sentiments qu’il veut transmettre.
Ainsi, à travers ses vidéos que l’on peut qualifier d’étranges (si l’on ne les considèrent pas comme des œuvres d’art), Pierrick Sorin nous raconte, nous explique des ressentis, des sensations, des sentiments que lui-même a vécu. Sa façon de les évoquer est assez crue et on ne peut pas dire qu’il ménage le spectateur.
Je vous recommande toute fois ses vidéos pour mieux comprendre ce dont il retourne. 
[Fracchetti VIRGILE]