Films d'artistes
Comme la photographie, le film est devenu un médium que les artistes ont su s’approprier au fil des années. Les approches qu'ils proposent sont évidemment différentes de celles initiées par les cinéastes :
- Le film peut devenir une œuvre à part entière détournant les codes narratifs du cinéma traditionnel (Un Chien Andalou de Dalí et Bunuel)
- La pellicule peut être un espace expérimental (Man Ray, Hans Richter, …),
- L’artiste intégre la vidéo dans une installation (Pierrick Sorrin)
- Le film garde la trace d'une action (Chris Burden) ou d'un projet conçu en extérieur (Spiral Jetty, Robert Smithson).
La classe des P2A vous propose cette semaine une sélection de 16 films d'artiste redessinant une image animée de l'histoire de l'art du XXème siècle. [Romain Sillon et Guillaume Allemon]
- Le film peut devenir une œuvre à part entière détournant les codes narratifs du cinéma traditionnel (Un Chien Andalou de Dalí et Bunuel)
- La pellicule peut être un espace expérimental (Man Ray, Hans Richter, …),
- L’artiste intégre la vidéo dans une installation (Pierrick Sorrin)
- Le film garde la trace d'une action (Chris Burden) ou d'un projet conçu en extérieur (Spiral Jetty, Robert Smithson).
Hans Richter "Rhythmus 23"- 1923
Hans Richter est surtout connu comme un des inventeurs du film abstrait avec Rhythmus 21, en 1921, suivi d’un Rhythmus 23 (on vous laisse deviner en quelle année). Ce sont des films d’animation à base de carrés et rectangles découpés, tentative de fondre le noir et le blanc ensemble, le positif et le négatif, une recherche qu’il mène depuis ses débuts : voir les sublimes Têtes dada de 1918, lavis ou linogravures sur papier, tout en équilibre de masses et de formes, animaux d’encre suspendus dans la page. La même année, c’est le musicien italien Ferrucio Busoni qui lui a fourni une partie de la réponse sur l’unité du noir et du blanc, en lui suggérant d’explorer le contrepoint dans les préludes de Bach.
En marge de cette histoire officielle faite de bifurcations, il multiplie aussi les tangentes. On le trouve à l’origine de la Revue G (comme Gestaltung, «forme»), publiée à Berlin de 1923 à 1926, qui réunit de façon étonnante d’anciens dada «destructivistes» et les constructivistes soviétiques, autour de la métaphore de la pellicule filmique, puisque c’est la forme récurrente choisie pour la maquette de ce journal, où signent aussi des réalisateurs comme Marcel L’Herbier. Il y a aussi ce film mythique, Tempête sur La Sarraz (1929) tourné par Richter et Eisenstein avec leurs potes du Congrès international du cinéma indépendant, mais qui a disparu, ou jamais existé (on l’ignore), certains prétendant qu’il avait été tourné sans pellicule et que cela faisait partie du projet ! [Pierre Arrasus]
Hans Richter est surtout connu comme un des inventeurs du film abstrait avec Rhythmus 21, en 1921, suivi d’un Rhythmus 23 (on vous laisse deviner en quelle année). Ce sont des films d’animation à base de carrés et rectangles découpés, tentative de fondre le noir et le blanc ensemble, le positif et le négatif, une recherche qu’il mène depuis ses débuts : voir les sublimes Têtes dada de 1918, lavis ou linogravures sur papier, tout en équilibre de masses et de formes, animaux d’encre suspendus dans la page. La même année, c’est le musicien italien Ferrucio Busoni qui lui a fourni une partie de la réponse sur l’unité du noir et du blanc, en lui suggérant d’explorer le contrepoint dans les préludes de Bach.
En marge de cette histoire officielle faite de bifurcations, il multiplie aussi les tangentes. On le trouve à l’origine de la Revue G (comme Gestaltung, «forme»), publiée à Berlin de 1923 à 1926, qui réunit de façon étonnante d’anciens dada «destructivistes» et les constructivistes soviétiques, autour de la métaphore de la pellicule filmique, puisque c’est la forme récurrente choisie pour la maquette de ce journal, où signent aussi des réalisateurs comme Marcel L’Herbier. Il y a aussi ce film mythique, Tempête sur La Sarraz (1929) tourné par Richter et Eisenstein avec leurs potes du Congrès international du cinéma indépendant, mais qui a disparu, ou jamais existé (on l’ignore), certains prétendant qu’il avait été tourné sans pellicule et que cela faisait partie du projet ! [Pierre Arrasus]
Le Retour à la raison, Man Ray 1923
Man Ray est né à Philadelphia en 1890. A son adolescence, il arrive à New York et est passionné de dessin. Il étudiera la mécanique et le dessin industriel. Il se consacrera ensuite à la peinture. Sa peinture sera en premier temps figurative puis dérivera peu à peu vers l’abstrait. Man Ray s'interessera à la photographie puis au cinéma et produira de courts films expérimentaux et poétiques. En 1923, il réalise son premier film, Le Retour à la raison qui sera diffusé lors de la soirée dada du "Coeur à Barbe". Pour se faire, Man Ray filme des textures animées telle qu’une spirale de papier en mouvement, et parsème la pellicule vierge de clous et de punaises ainsi que de sel et de poivre à la manière d’un photogramme. Ce dernier nommé aussi rayogramme sera présent tout au long du film car il représente la concrétisation de cette technique. Seuls deux éléments concrets apparaissent dans le film : les lumières d’une foire éclairée la nuit et le corps nu d’une femme (Kiki de Montparnasse). Les prises de vues s’enchainent dans un rythme qui pourrait être comparé à une sorte de fourmillement. La visée du film n’est pas de nous raconter une histoire mais bien de créer une œuvre plastique, jouant avec textures et effets de matières dans laquelle nous pouvons voir une invitation au rêve. [Romane Torqueau]
Man Ray est né à Philadelphia en 1890. A son adolescence, il arrive à New York et est passionné de dessin. Il étudiera la mécanique et le dessin industriel. Il se consacrera ensuite à la peinture. Sa peinture sera en premier temps figurative puis dérivera peu à peu vers l’abstrait. Man Ray s'interessera à la photographie puis au cinéma et produira de courts films expérimentaux et poétiques. En 1923, il réalise son premier film, Le Retour à la raison qui sera diffusé lors de la soirée dada du "Coeur à Barbe". Pour se faire, Man Ray filme des textures animées telle qu’une spirale de papier en mouvement, et parsème la pellicule vierge de clous et de punaises ainsi que de sel et de poivre à la manière d’un photogramme. Ce dernier nommé aussi rayogramme sera présent tout au long du film car il représente la concrétisation de cette technique. Seuls deux éléments concrets apparaissent dans le film : les lumières d’une foire éclairée la nuit et le corps nu d’une femme (Kiki de Montparnasse). Les prises de vues s’enchainent dans un rythme qui pourrait être comparé à une sorte de fourmillement. La visée du film n’est pas de nous raconter une histoire mais bien de créer une œuvre plastique, jouant avec textures et effets de matières dans laquelle nous pouvons voir une invitation au rêve. [Romane Torqueau]
Fernand Léger : Le Ballet mécanique - 1923
En 1923, les artistes Dudley Murphy et Fernand Léger réalisent Le Ballet mécanique. L’histoire de ce film est tumultueuse. En effet, la bande sonore écrit par le compositeur américain George Antheil n’est pas en synchronisation avec les visuels conçus par Fernand Léger puisque ces deux artistes ne communiquaient pas ensemble lors de la création du film. Ainsi, pendant longtemps, le film et la bande son ont été considérés comme deux œuvres bien distinctes. Il faudra attendre les années 1990 pour que ces deux parties soient réunies.
Le Ballet mécanique synthétise les caractéristiques artistiques de son auteur, son influence cubiste. On retrouve des éléments vestimentaires, des ustensiles ménagers, des machines industrielles, ainsi que des personnages singuliers, des figures géométriques déformées par des variations de vitesse, des effets kaléidoscopiques, des zooms sur des éléments particuliers d’une image qui dénaturent les caractéristiques élémentaires du cinéma et lui donne un côté « amateur ». C’est ce que Fernand Léger recherche, l’erreur : "L'erreur picturale, c'est le sujet. L'erreur du cinéma, c'est le scénario. Dégagé de ce poids négatif, le cinéma peut devenir le gigantesque microscope des choses jamais vues et jamais ressenties." [Eglantine Cassand]
En 1923, les artistes Dudley Murphy et Fernand Léger réalisent Le Ballet mécanique. L’histoire de ce film est tumultueuse. En effet, la bande sonore écrit par le compositeur américain George Antheil n’est pas en synchronisation avec les visuels conçus par Fernand Léger puisque ces deux artistes ne communiquaient pas ensemble lors de la création du film. Ainsi, pendant longtemps, le film et la bande son ont été considérés comme deux œuvres bien distinctes. Il faudra attendre les années 1990 pour que ces deux parties soient réunies.
Le Ballet mécanique synthétise les caractéristiques artistiques de son auteur, son influence cubiste. On retrouve des éléments vestimentaires, des ustensiles ménagers, des machines industrielles, ainsi que des personnages singuliers, des figures géométriques déformées par des variations de vitesse, des effets kaléidoscopiques, des zooms sur des éléments particuliers d’une image qui dénaturent les caractéristiques élémentaires du cinéma et lui donne un côté « amateur ». C’est ce que Fernand Léger recherche, l’erreur : "L'erreur picturale, c'est le sujet. L'erreur du cinéma, c'est le scénario. Dégagé de ce poids négatif, le cinéma peut devenir le gigantesque microscope des choses jamais vues et jamais ressenties." [Eglantine Cassand]
Anémic Cinéma (1926) - Marcel Duchamp
"L'enfant tète Qui Est ONU souffleur de chair chaude et N'aime Pas le chou- fleur de serre- chaude", ça sonne comme une partie de Kamoulox. En effet les phrases à rime de cette vidéo tourbillonnante ne semble pas avoir de sens profond. Anémic Cinéma est une œuvre expérimentale d'essais visuels. On voit dans cette vidéo des cercles de carton noirs et blancs tournés autour d'un centre tel un instrument d'hypnotisation. Alterné de textes tournants, disposés en spirale, la lecture devient mystérieuse.
Cette œuvre est remarquable parce qu'elle explore les potentialités graphiques du film qui était à l'époque une technique d'expression artistique encore inconnue. [Thibault Merlet]
Le « Grand » Cirque - Calder et Jean Painlevé. 1927
Calder fabrique un cirque miniature à Paris entre 1926 et 1931. Son ami Jean Painlevé filmera le sculpteur manipulant les différents élément de son cirque en 1927. Ce cirque compte alors vingt-huit attractions. Calder et Painlevé tentent dans ce film de montrer « la vision d’un spectateur moyennement placé », jouant avec des mouvements de caméras et de gros plans. Ce film de « copains » n’a pas été toujours compris à l’époque car le parti de tourner un document sur l'action d'un artiste n’était pas très commun. Calder apparait dans ce film comme maitre des cérémonies, omniprésent. [Antoine HAMONî
Un Chien andalou, Dalí/Bunuel 1929
Un Chien andalou est un court métrage de 16 mn, muet en noir et blanc réalisé par Luis Bunuel et écrit par Salvador Dali et Luis Bunuel. Ce film a marqué l'histoire du 7ème art, il est l'un des plus célèbres parmi les films avant-gardistes . C'est un essai surréaliste écrit en 6 jours sur le mode du cadavre exquis, en prenant pour point de départ les rêves récents des deux auteurs. Le film met en scène un homme et une femme dans une succession incohérente de petites scènes. Dans l'ensemble, il s'agit de relations violentes et difficiles entre l'homme et la femme. Durant le court métrage, des objets, des personnages inattendus disparaissent et apparaissent. Un Chien andalou est une bonne manière de découvrir le cinéma surréaliste, on est plongé dans ce délire onirique de Dali et Bunuel. Ce film est fascinant, gênant, étrange et visuellement très beau. [Liz Gautier]
Ein Lichtspiel Schwarz-Weiss-Grau de Laszlo Moholy-Nagy - 1930
Ein Lichtspiel Schwarz-Weiss-Grau (un jeu de lumière noir-blanc-gris) est un film expérimental de 8 minutes datant de 1930, réalisé par le peintre et photographe hongrois Laszlo Moholy-Nagy, qui enseigna également à l'école du Bauhaus. Il prônait l'intégration de l'industrie et de la technologie dans l'art, comme le montre ce film expérimental, dans lequel sont mêlés jeux de lumières et objets en mouvement, créant un trouble dans la perception, on ne sait plus différencier les ombres et lumières de l’objet matériel, les uns se fondants aux autres. C’est un ouvrage clé dans l'histoire de l'art (annonçant l'art cinétique), avec l'utilisation de nouveaux médias et, par conséquent, l'une des plus importantes œuvres d'art de son temps. Du point de vue de la composition de l’objet dans le film, il s’agit d’un ensemble d’éléments métalliques, de plastique et de verre, dont beaucoup sont actionnés par un moteur électrique. Le tout est ainsi mis en mouvement et enveloppé de lumières.
«Superpositions d'objets métalliques et d'ombres. Ombres réapparaissant ; soudain, l'ombre d'un ballon, auréolée de lumière crue, se jouant sur l'ombre antérieure. L'accessoire lumineux tourne sur lui-même ; on le voit d'en haut, d'en bas, de devant et de derrière; dans un mouvement lent, accéléré, ralenti, inversé. Une masse de détails. Une grosse boule rouge et brillante roule de gauche à droite. De droite à gauche sans s'arrêter. Image positive et négative, éblouissement, prismes qui se défont sans cesse. Mouvements, grilles étranges qui se déplacent. Filtres "ivres", barreaux. Regards jetés par de petites ouvertures ; diaphragmes automatiques. Éclair lumineux, mouvant, aveuglant. Spirales tournoyantes, qui toujours reviennent. Toutes les formes solides se dissolvent en lumière.» Laszlo Moholy-Nagy (scénario du film) [Maxime Bigonnet]
Dripping, éclaboussures, accumulations, abstraction... Jackson Pollock, le tout dans un film réalisé par Hans Namuth - 1950
Ce film, ou devrais-je dire documentaire, est réalisé en 1950 et présente pour la première fois les images d'un artiste au travail. Avant, seule l'œuvre finale était importante. Ce court-métrage transforme le geste de Pollock en Performance.
L'histoire du réalisateur n'est pas particulièrement extraordinaire, on se souviendra de lui pour ses films d'artistes. Au contraire, Jackson Pollock est mondialement connu pour ses œuvres abstraites. Il est né en 1912 et mort en 1956 aux Etats-Unis. Il a réalisé plus de 700 peintures achevées et est le précurseur de la technique du "dripping".
Maintenant parlons du film: c'est une sorte de documentaire montrant Pollock peindre. Il nous explique en même temps ses attentes mais aussi sa manière de voir sa peinture.
C'est amusant de voir comment sont créées ses œuvres, surtout que le film est tourné de manière objective qui nous permet de voir et de ressentir la peinture.
Avant, on aurait pu croire que l'artiste faisait ses œuvres au hasard mais chaque coups de pinceaux étaient réfléchis et attendu à certains endroits.
Le film est tourné de deux manières, une vue de l'extérieur, où on voit Pollock peindre et se préparer à peindre (l'image où il met ses chaussures maculées est une image assez forte). Et une vue d'en dessous où l'on voit la disposition des gouttes et traits de peintures comme si l'artiste peignait sur la caméra.
Peu importe le ressenti créé par ce film, le plus important c'est le témoignage qu'il apporte, mais aussi la reconnaissance qu'il a apportée à Jackson Pollock. [Apolline Hellez]
Ce film, ou devrais-je dire documentaire, est réalisé en 1950 et présente pour la première fois les images d'un artiste au travail. Avant, seule l'œuvre finale était importante. Ce court-métrage transforme le geste de Pollock en Performance.
L'histoire du réalisateur n'est pas particulièrement extraordinaire, on se souviendra de lui pour ses films d'artistes. Au contraire, Jackson Pollock est mondialement connu pour ses œuvres abstraites. Il est né en 1912 et mort en 1956 aux Etats-Unis. Il a réalisé plus de 700 peintures achevées et est le précurseur de la technique du "dripping".
Maintenant parlons du film: c'est une sorte de documentaire montrant Pollock peindre. Il nous explique en même temps ses attentes mais aussi sa manière de voir sa peinture.
C'est amusant de voir comment sont créées ses œuvres, surtout que le film est tourné de manière objective qui nous permet de voir et de ressentir la peinture.
Avant, on aurait pu croire que l'artiste faisait ses œuvres au hasard mais chaque coups de pinceaux étaient réfléchis et attendu à certains endroits.
Le film est tourné de deux manières, une vue de l'extérieur, où on voit Pollock peindre et se préparer à peindre (l'image où il met ses chaussures maculées est une image assez forte). Et une vue d'en dessous où l'on voit la disposition des gouttes et traits de peintures comme si l'artiste peignait sur la caméra.
Peu importe le ressenti créé par ce film, le plus important c'est le témoignage qu'il apporte, mais aussi la reconnaissance qu'il a apportée à Jackson Pollock. [Apolline Hellez]
Le mystère Picassso, Henri-Georges Clouzot (1955)
Sur l'écran qui fait office de toile dans ce reportage, le crayon de Picasso dessine avec fermeté et souplesse, c'est alors qu'un dessin s'élabore. L'œuvre prend ainsi vie sous les yeux du spectateur : elle s'anime, se dessine, apparait, réapparait, se fige et suit l'inspiration du peintre. Le silence total est présent durant la performance, seul s'entend le frottement du crayon. Picasso travaille et tout le monde le regarde, il en a presque oublié la caméra. Il est uniquement concentré sur son dessin. Clouzot l'observe mais ne dit rien.
Parallèlement, la bande sonore suit la même évolution : on n’entend d’abord que le crissement du crayon, puis ce sont au fur et à mesure des accords de guitares ou des solos de batterie. Pour finir, c’est la totalité de l’orchestre symphonique qui accompagne l'œuvre en action.
Sous la direction de Henri-Georges Clouzot et grâce à un procédé ingénieux de verre transparent et d'encre spéciale, Picasso compose plusieurs œuvres en direct, au gré de son inspiration. Clouzot a, pour la première fois, l'idée de filmer Picasso au travail et plonge le spectateur au cœur de la naissance de son œuvre.
Ce film a reçu le Prix spécial du jury au festival de Cannes en 1956. C'est un film unique qui reste pour cette époque une des rares tentatives de rendre compte cinématographiquement du processus de création en direct. [Bérangère Lévy]
"Anthropométrie de l'époque bleue" Yves Klein - 1962
Yves Klein est l'un des plus importants protagonistes de l'après guerre avant-gardiste. Sa marque de fabrique est le IKB appelé aussi "bleu Klein" utilisé pour de nombreuses œuvres. A partir de 1958, il se lance dans les Anthropométries de l'époque bleue, environ 180 œuvres où il développe sa technique de pinceaux vivants : il enduit de IKB le corps nu des femmes qui vont venir s'appliquer ou bouger sur la toile.
Les différentes anthropométries se distinguent par leur taille, la technique utilisée et leur forme. Ainsi, il existe des anthropométries grandes, petites, statiques, dynamiques, positives ou négatives (peinture vaporisée autour des modèles pour que sa forme physique reste vierge).
Pour Yves Klein, ces empreintes constituent la forme d'expression la plus concentrée de l'énergie vitale. Il disait qu'elles "signifiaient cette santé qui nous mène à l'être".
C'est en 1960 qu'a lieu la première présentation public d'anthropométries de l'époque bleue. Klein voulait que cela soit au delà d'une performance artistique : le public devait impérativement être en tenue de soirée et un orchestre jouait la symphonie Monoton (un son continu et ininterrompu de 20mn suivi d'un silence de 20mn). [Pauline Sparfel]
En voici un extrait avec "Blue Women Art" une vidéo datant de 1962 :
Cut Piece, Yoko Ono - 1965
Cette performance a été créée par Yoko Ono en 1965 en avant première au Canargie Hall de New York. Yoko Ono est née à Tokyo au Japon, elle est une véritable artiste. En effet, elle a évolué dans de multiples domaines comme la musique, le chant, la composition, l'écriture, la comédie et le cinéma. Elle fut connue du grand public notamment pour son union avec le fondateur des Beatles, John Lennon, qu'elle vu mourir sous ses yeux lors de son assassinat à New York par un fan en 1980.
Lors de Cut Piece, Yoko Ono, est assise sur le sol de la scène dans la posture traditionnelle de la femme japonaise, elle invite les spectateurs à prendre une paire de ciseaux placés devant elle pour découper un par un une petite portion de ses habits où ils le souhaitent jusqu'à ce qu'elle soit complètement nue. Elle a par la suite recréé cette performance au Japon, à Kyoto, à Tokyo ainsi qu'en Angleterre, à Londres. Au Japon, le public est très réservé, tandis qu'en Angleterre, les spectateurs se montrent désireux d'obtenir ne serait-ce qu'un petit morceau de son habit, il en deviendront même violents.
Cette performance est une allégorie à l'histoire de Buddha qui a laissé son château avec sa femme et ses enfants pendant qu'il marchait autour des montagnes afin de trouver la méditation. Quand il marchait, il rencontra un homme qui lui dit qu'il désirait que Buddha lui offre ses enfants. Donc buddha lui donna ses enfants. Puis, quelqu'un a dit qu'il voulait la femme de Bouddha, alors Bouddha lui donna sa femme. Ensuite, quelqu'un l'appelait et lui dit qu'il avait froid, donc Bouddha lui donna ses vêtements . Enfin un tigre arriva et il lui dit qu'il voulait le manger et il laissa le tigre le manger.
Cette histoire est une forme de don total, au lieu de donner raisonnablement comme logiquement "vous méritez ceci" ou "Je pense que c'est bon, donc je donne cela", la personne ne réfléchit pas et rentre alors dans la déraison.
Pour l'anecdote, lors de ses performances, Yoko Ono sacrifie à chaque fois ses plus belles tenues. Le fait de donner ses plus beaux vêtements est pour elle une offrande faite au public.
Yoko Ono : “Cut Piece is about freeing yourself from yourself…”
Traduction : "Cut piece est une manière de vous libérer vous-même par vous-même..."
site officiel: http://onoverse.com/2013/02/cut-piece-1964/
[Elaura Couton]
Kusama’s Self-Obliteration de Yayoi Kusama - 1968
Yayoi Kusama, née en 1929 dans la province de Nagano au Japon dit elle-même devoir son parcours artistique à une simple expérience vécue dans son enfance "tout commence alors par une vision hallucinatoire à l’âge de dix ans" le motif de pois d’une nappe est vu comme se répétant de manière infinie dans la pièce. Son univers sera dorénavant, et jusqu’à aujourd’hui, peuplé de ce motif de manière obsessionnelle.
L’artiste s’installe à New York en 1958, où elle fréquente des artistes tels que Donald Judd ou Franck Stella. Rapidement assimilée à l’avant-garde new-yorkaise, elle produit une œuvre précurseur du pop art et de l’art environnemental. Son travail permet au spectateur de vivre des expériences formelles le plongeant dans des délires visuels kaléidoscopiques. Il s’agit presque d’une expérience psychédélique.
Le féminisme est présent dans toute son œuvre, de façon critique ou symbolique. Ses happenings de la fin des années 1960 placent la femme au centre de l’attention, comme symbole de paix et d’amour. Les revendications étant sociales, libertaires, ou pacifistes et les lieux étant publics et stratégiques. Les participants étaient souvent nus, recouverts de pois. C'était aussi l’occasion de distribuer des tracts et de transmettre des idées avant l’arrivée de la police.
Son film, Kusama’s Self-Obliteration (réalisé par Jud Yalkut et récompensé de divers prix) retrace ces évènements. « La nudité est la seule chose qui ne coûte rien » selon Kusama. Ce sujet est récurrent, tant pour parler de liberté sexuelle que pour dénoncer une société de sur-consommation.
[Rivierre Margaux]
Spiral jetty [Jetée en spirale] de Robert Smithson - 1970
Robert Smithson (1938-1973) est un artiste sculpteur américain lié à l'art minimal et au Land art. Son œuvre in situ, Spiral Jetty, est située à Salt Lake City dans l'Utah, aux États-Unis. Attiré par la coloration rouge de l'eau, l'artiste y "terrasse" une spirale, qui symboliserait le culte solaire ainsi que l'infini. L’œuvre est constituée de boue, de cristaux de sel, de rochers de basalte et de bois. Elle mesure 457 m de long et 4,6 m de large et s'enroule dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
Le film Spiral Jetty est une œuvre poétique jouant sur les images et le son. L’œuvre est filmée à partir d'un hélicoptère permettant d'avoir une vue globale et en plongée de la réalisation. On perçoit alors un jeux de miroir entre les rayons du soleil et l'eau rougeâtre du lac, ce qui renforce l'idée d'infini. Toutefois, cette notion est en opposition avec l’œuvre elle-même puisqu'elle est éphémère. De fait, elle a été submergée pendant presque 30 ans et est réapparut suite à la sécheresse. [Monsimier Lisa]
Chris Burden un artiste aux performances détonnantes. "Shoot" - 1971
Chris Burden est né le 11 avril 1946 à Boston dans le Massachusetts. Il s’est rendu célèbre dans les années 1970 pour ses performances qui mettaient notamment en jeu la notion de danger. Lorsque l'on voit les photographies de ses "actions", on a le sentiment d’en comprendre les tenants et les aboutissants, et de ressentir beaucoup des tensions mises en œuvre.
Shoot datant de 1971 est un film où on le voit, jeune, se tenant droit devant le mur blanc d'une galerie. A cinq mètres devant lui, un homme, dont la description de la performance précise qu’il s’agit d’un ami, tire à l’aide d’une carabine 22 Long riffle dans le bras de Chris Burden, à balle réelle.
Cette "action" a été réalisée afin de dénoncer la guerre du Vietnam et les ravages provoqués par les armes à feu.
D’autres photographies de cette même performance montrent, entre autres choses, le bras gauche de Chris Burden blessé, du sang en coule de deux trous de part et d’autre du bras, la photographie en quelque sorte atteste que oui, le coup de carabine a bien été tiré et oui, Chris Burden, l’auteur de cette performance, a bien été touché par le tir de son ami qui lui avait précisément demandé de tirer dans la bras. Une chance pour Chris Burden : cet ami était bon tireur apparemment. [Jean-Baptiste Dodin]
Joseph Beuys - "I like America and America likes me" - 1974
Joseph Beuys (1921-1986) est un artiste allemand international considéré comme un artiste majeur de l'art contemporain. Très engagé politiquement, son travail est un questionnement permanent sur les thèmes de l'humanisme, de l'écologie et de théories. Au cours de sa carrière d'artiste, il a produit des œuvres très diversifiées telles que des dessins, des sculptures, des installations et notamment des performances pour lesquelles il est controversé et admiré.
L'une de ses performances les plus célèbres reste I like America and America likes me réalisée en 1974 dans la galerie René Block à New York. La performance commence en Allemagne, lorsque Beuys est pris en charge sur une civière par une ambulance qui se présente à son domicile. Il est alors emmitouflé dans une couverture de feutre et va être transporté jusqu'aux Etats-Unis part avion et déposé par une nouvelle ambulance à la galerie d'art sans toucher de pied le sol américain. Une fois arrivé au lieu d'exposition, il doit cohabiter avec un coyote sauvage, récemment capturé dans le désert du Texas. Beuys, durant ces jours de cohabitation, possède avec lui sa canne, son chapeau, son triangle, une lampe torche, de la paille et un de ses matériaux de prédilection des étoffes en feutre que le coyote s'amuse à déchirer. De plus, chaque jour, des exemplaires du Wall Street Journal, sur lequel le coyote urine, sont déposés dans la cage. L'artiste positionné au même niveau que l'animal doit alors survivre et partager avec celui-ci l'espace qu'il leur est attribué.
On retrouve différentes interprétations à cette performance. Pour certains, cette performance souligne le fossé existant entre la nature et les villes modernes où le coyote représente les Amérindiens décimés lors de la conquête du pays. Il est alors un messager qui témoigne du massacre qui a eu lieu. Pour d'autres, cette œuvre est une action chamanique. Le coyote jadis vénéré par les indiens d'Amérique et persécuté par les blancs représente l'indien tandis que l'artiste symbolise l'esprit de l'homme blanc. Ainsi la confrontation représente la réconciliation entre l'esprit des Indiens et l'esprit des blancs. Il parle même de réconciliation karmique du continent nord-américain.
[Manon LECOENT]
Pierrick Sorin - Auto-filmages - 1988 …
Pierrick Sorin est un artiste vidéaste né en 1960 à Nantes. Il retransmet son imagination à travers ses vidéos en restant assez simple dans sa façon de filmer. Il a réalisé de nombreux court-métrages et des dispositifs visuels afin de provoquer l'interrogation, le rire des spectateurs. Pour se faire, l’artiste se met la plupart du temps en scène dans des situations peu orthodoxes (on pense notamment à son auto-filmage C’est mignon tout ça) lui permettant de maitriser complètement les sentiments qu’il veut transmettre.
Ainsi, à travers ses vidéos que l’on peut qualifier d’étranges (si l’on ne les considèrent pas comme des œuvres d’art), Pierrick Sorin nous raconte, nous explique des ressentis, des sensations, des sentiments que lui-même a vécu. Sa façon de les évoquer est assez crue et on ne peut pas dire qu’il ménage le spectateur.
Je vous recommande toute fois ses vidéos pour mieux comprendre ce dont il retourne. [Fracchetti VIRGILE]
Ainsi, à travers ses vidéos que l’on peut qualifier d’étranges (si l’on ne les considèrent pas comme des œuvres d’art), Pierrick Sorin nous raconte, nous explique des ressentis, des sensations, des sentiments que lui-même a vécu. Sa façon de les évoquer est assez crue et on ne peut pas dire qu’il ménage le spectateur.
Je vous recommande toute fois ses vidéos pour mieux comprendre ce dont il retourne. [Fracchetti VIRGILE]
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