dimanche 2 février 2014

l'art au corps

L'art corporel ou body art, est un ensemble de pratiques artistiques effectuées sur et/ou avec le corps. Ce type d'art se développe au début du XXème siècle avec Franck Wedekind qui urine et se masturbe sur scène. Cependant le terme art corporel n'apparaît qu'au début des années 1960 avec les Happenings désignant un spectacle, une action, où l'improvisation, la spontanéité et la participation des spectateurs sont considérés comme nécessaires. Lors de ces représentations, le corps de l'artiste devient support pour son travail, ainsi une seule et unique représentation est parfois possible, seule la photographie ou la vidéo permettent de rendre compte de ces performances. Certaines actions de ces artistes repoussent les limites psychologiquement supportables, provoquant de fortes réactions (parfois négatives) de la part du public. En effet, l'art corporel n'est art que par la présence d'un public. Ainsi, la mutilation, sadomasochisme ou l’expérimentation de la résistance physique et psychologique deviennent art, alors qu'elles auraient été considérées comme simple folie sans la présence d'un public. Cette forme née dans les années 1960 est toujours expérimentée aujourd'hui par les jeunes artistes contemporains à travers le monde.


1- Les Actionnistes viennois

L'Actionnisme Viennois est un mouvement artistique très radical, très provocateur qui prend naissance à Vienne à la fin des années 1950. On peut le considérer comme une tentative de dépasser les règles et les tabous d'une société rigide et autoritaire (celle de l'Autriche d'après guerre) en développant un art de la performance, impliquant le corps comme support, souvent de manière outrageante, orgiaque, sexuelle ou violente…

-HERMANN NITSCH-
Hermann Nitsch est né le 29 Août 1938 à Vienne. C'est un artiste contemporain autrichien. Il est le cofondateur du mouvement Wiener Aktionismus (Actionnisme viennois). Günter Brus, Otto Mühl et Rudolf Schwarzkogler participent également à ce mouvement. Il étudie à la Graphische Lehr- und Versuchsanstalt (Institut des Arts Graphiques Appliqués) de Vienne où il apprend la peinture avant de créer le concept de Orgien-Mysterien Theater (Théâtre des Orgies et Mystères) dans les années 1960, un lieu où toutes les formes d'art se rencontrent : la peinture, l'architecture, la musique... Ces événements consistaient en des orgies sensorielles étranges où l’on pouvait voir des mises en scène d'immolations ou crucifixions d'animaux morts, des personnages nus jouant d'étrange scènes avec des entrailles, de l'hémoglobine… 
On pourrait penser que les œuvres de Hermann Nitsch sont d'une simplicité déconcertante, qu'elles reflètent une sorte de marginalisme provocateur. D’ailleurs, le travail de Nitsch indispose et dérange beaucoup de religieux et de conservateurs à cause de ses représentations qu'on pourrait presque qualifier de sataniques. Cependant chacune de ses "performances"  est méticuleusement travaillée notamment au niveau des couleurs utilisées, l'artiste a un véritable univers graphique certes sanglant mais très intéressant d'un point de vue chromatique. Avec ses Orgien-Mysterien-Spiele, Hermann Nitsch a réalisé plus de 100 représentations et performances artistiques. [Tristan Riaud]



-GUNTHER BRUS- 

Gunther Brusné le 27 Septembre 1938 à Ardning, est un peintre autrichien. Il est un des fondateurs de l'Actionnisme viennois, mouvement artistique célèbre pour ses "actions" radicales. Ses performances mettent en scène son propre corps, avec une force incroyable. Ces dernières sont marquées par la provocation et n'hésitent pas à bousculer les tabous. L'artiste, si engagé, alla jusqu'à boire son urine et se couvrir de ses excréments ce qui lui coûta plusieurs mois de prison. Günter Brus pousse très loin ses limites physiques et s'en sert pour faire réagir le spectateur.
Selbstverstümmelung (automutilation), montre Günter Brus se mutilant alors qu'il est enduit d'une sorte de seconde peau en plâtre. La vidéo est violente et peut choquer… [Theophile Collet]

-RUDOLPH SCHWARTZKOGLER-

Rudolph Schwartzkogler est né à Vienne le 13 novembre 1940. Il a travaillé principalement sur des séries de photographies, qu'il nomme ses Aktions, dans lesquelles sont suggérées des mutilations corporelles sur des individus. Mais le registre choisi pour ces opérations n'est ni grotesque, ni blasphématoire, et encore moins agressif, comparé aux propositions d'Otto Muehl, Hermann Nitsch et Gunter Brus. Schwarzkogler travaille sur l'idée d'un huis-clos. Les maltraitances n'apparaissent que sous forme de souvenirs immédiats : bandages, liens... ou d'interventions médicalisées tout aussi calculées et distantes. Certains associent son œuvre à un traumatisme issu du contexte politique dans lequel il est né (L'Autriche National socialiste de la seconde guerre mondiale). La postérité de Schwarzkogler, ou sa "gloire ironique", repose en partie sur un mythe selon lequel il se serait tranché le pénis. La rumeur est née autour de six photographies (présentées lors de la Documenta V de Kassel en 1972) représentant un homme aux parties génitales cachées par un poisson éventré, mais il s'agit en réalité de son modèle et ami Heinz Cibulka. Schwarzkogler s'est suicidé le 20 juin 1969. [Thomas Laroche]
 Aktion" (1965) 
Aktion", photographie argentique (série de 68 prises), noir et blanc, 1965.

2- Fluxus

Le début des année 1960 fut marqué pas les premiers "events" du mouvement Fluxus qui prennent souvent la forme de concerts, de festivals où ses mêlent aussi bien les arts visuels, la musique, la littérature, la performance, …

-YOKO ONO-

Chacun d'entre nous connait ce nom, couplé à celui de John Lennon. Il nous évoque la lutte pour la paix, les dissensions au sein des Beatles et la fin tragique de John Lennon. Mais
Yoko Ono est avant tout une artiste de talent, qui a fait partie notamment de Fluxus dans les années 60 et travaille encore aujourd'hui sous de très diverses formes. L'œuvre d'art est un jeu entre l'artiste et le spectateur. L'artiste donne un peu de lui-même au public lorsqu'il présente une œuvre. C'est partant de cette observation que Yoko Ono a imaginé la performance "Cut Piece". Au lieu de choisir ce qui est donné aux spectateurs, cette œuvre invite ce dernier à choisir ce qu'il souhaite en retirer. Littéralement. 
En effet, dans cette performance exécutée en 1964, l'artiste s’assoit sur une scène, une paire de ciseaux devant elle, et les spectateurs -masculins- sont invités à venir découper une partie du tissu qui la recouvre à l'endroit de leur choix. Cette œuvre d'art, très loin de parler de sexualité ou de chercher à choquer, répond à une volonté de l'artiste de s'offrir au public, de se sacrifier au service de l'art et surtout des spectateurs. Chaque performance était le sacrifice de son meilleur costume à une époque où elle était particulièrement pauvre, et sortant de scène elle ne possédait pour ainsi dire que son corps lui-même, offert à la vue de tous. Son corps offert est ainsi le support de son message de générosité envers chacun d'entre nous, un acte gratuit et désintéressé, des valeurs qui ont guidé son travail tout au long de sa carrière.  [Sullivan Jolly]


-GEORGES MACIUNAS-

Georges Maciunas (1931-1978) est un artiste et un galeriste d’origine lituanienne. Il est le principal fondateur du mouvement Fluxus. Maciunas arrive à New York en 1948 avec sa famille. En 1960 il intègre le milieu de l’avant-garde artistique. Il ouvre par la suite une galerie d’art, à New York où Il organise des performances. Ces dernières mêlent poésie, musique et art corporel. Le 26 juillet 1963, Georges Maciunas dirige son premier concert Fluxus à Nice. Le concert a d’ailleurs du changer de lieu au dernier moment car, selon la rumeur, Ben projetait de dynamiter un piano sur scène.
Georges Maciunas est très connu pour son rôle d’initiateur du mouvement Fluxus qui entraina la réalisation de nombreuses performances. [Camille Evrard]
George Maciunas, Dick Higgins, Wolf Vostell, Benjamin Patterson & Emmett Williams performing Philip Corner’s Piano Activities at Fluxus Internationale Festspiele Neuester Musik, Weisbaden 1962.


-NAM JANE PAIK ET CHARLOTTE MOORMAN- 

CHARLOTTE MOORMAN est une violoncelliste et artiste américaine, elle est née en 1933 et morte en 1991. Elle a commencé sa carrière dans des salles de concerts traditionnelles, puis dans les années 1960, elle est très vite devenue populaire grâce à la qualité de ses prestations. Cela lui permît de rencontrer l'artiste Nam Jane Paik, en 1964, et par la suite de s'associer avec lui.
NAM JANE PAIK est un artiste sud-coréen, né à Séoul en 1932 et mort en 2006 en Floride. Il a travaillé différents médias, principalement en lien avec l'art vidéo. Dans les années 50, il rejoint le groupe d'artistes Fluxus. Paik, avec la collaboration de Charlotte Moorman, cherche à combiner musique, vidéo et performance. Ils vont ensemble réaliser plusieurs œuvres, notamment TV Cello en 1963, Opéra Sextronique en 1967 et TV Bra en 1968. L'Opéra Sextronique a fait polémique. Dans cette œuvre Charlotte Moorman faisait du violoncelle, les seins nus, sur le dos dénudé de Paik devenu violoncelle. Ils seront arrêtés par la police en 1967. Dans leurs œuvres, ils s’intéressent à l'interprétation et l'écoute traditionnelle de la musique. De plus, Paik a déclaré "Je voulais agiter les eaux insipides de ces hommes et ces femmes qui interprètent de la musique en habits noirs". Il cherchait ainsi à faire accepter le sexe comme thématique. [Bettina Rambaud]
Opera sextronique



3- En France :

-ORLAN- 

Orlan est une artiste plasticienne française née en 1947 à Saint-Étienne. Elle vit et travaille entre Paris, New-York et Los Angeles. ORLAN est une des artistes françaises de l'Art corporel les plus connues sur le plan international. Ses œuvres se situent dans des contextes provocateurs. Cette artiste s'exprime à travers différents supports tels que peinture, sculpture, installations, performances, photographies, images numériques et biotechnologie. Dès les années 1960, ORLAN s'interroge sur la place du corps ainsi que ses significations symboliques politiques, religieuses et sociales. Elle inscrit son art dans la délation de la violence faite au corps, en particulier celui des femmes. Suite à des opérations de chirurgie esthétique, faisant partie d'une de ses performance artistique, l'artiste explique : «L’idée des "Opérations" était avant tout de mettre de la "figure" sur mon visage, donc de la "représentation", pour faire de nouvelles images. J’ai voulu transformer mon image, me sculpter moi-même, m’inventer moi-même pour produire de nouvelles images après les opérations.". Son visage est désormais marqué d'implants au niveau de l'arcade sourcilière, la détachant de la "normalité".
Ce travail de sculpture du visage est devenu sa source inspiratrice pour la série d'images numériques "Self-Hybridations" qu'elle a débutée en 1990. A travers cette série, ORLAN a utilisé trois différentes démarches artistiques, fusionnant photographie digitale et sculpture pour les cultures amérindienne, pré-colombienne et africaine. L'artiste s'est mise en scène, telle une icône, en se métamorphosant en hybride conforme aux beautés et déesses de ces civilisations. Modifiées numériquement par le biais du "morphing", les images de l'artiste, métamorphosée, interrogent la beauté en elle-même. Ces images restent étranges, abstraites et ironiques à l'image de la beauté en elle-même.
La beauté idéale devient absurde de par ses contradictions selon les cultures, époques et civilisations. Elle dénonce ainsi, dans la continuité de ses œuvres précédentes, les pressions sociales que la société inflige au corps et à l'apparence. [Florise Jacques]
ORLAN, Refiguration/ Self-Hybridation n°2, 1998, Coll. Centre Pompidou
Refiguration Self-hybridation, série indienne-américaine n°1. Portrait peint de No-No-Mun-Ya, Celui qui ne prête pas attention, avec un portrait photographique d'Orlan, 2005. 124.4 x 152.4 cm
Refiguration Self-hybridation, série indienne-américaine n°7. Portrait peint de Tis-Se-Woo-Na-Tis, celle qui lave ses genoux, Epouse du chef, avec un portrait photographique d'Orlan, 2005. 124.4 x 152.4 cm 

-GINA PANE- 

Gina Pane est une l'une des représentantes majeures de l'art corporel en France. Elle marche dans les flammes, elle fait l'acrobate au sommet d'un immeuble, elle se taillade la peau à coups de lames de rasoir. Gina Pane ne devait pas être facile à vivre. Son sang menstruel acquiert une valeur symbolique, les sécrétions sont ritualisées. Par la voie du souvenir, de ses actions et par les évidentes références à l'histoire de l'art d'Ucello à Memling, Gina Pane révèle une démarche profondément liée au sacré.« Vivre son propre corps veut dire également découvrir sa propre faiblesse, la tragique et impitoyable servitude de ses manques, de son usure et de sa précarité. En outre, cela signifie prendre conscience de ses fantasmes qui ne sont rien d’autre que le reflet des mythes créés par la société… le corps (sa gestualité) est une écriture à part entière, un système de signes qui représentent, qui traduisent la recherche infinie de l’Autre. » ----Gina Pane. [Shuhan Wang]



-MICHEL JOURNIAC-

Michel Journiac est un artiste français, né en 1935, qui a été l’une des figures emblématiques de l’art corporel en France. Après des études de théologie, il décide de devenir prêtre et entre au séminaire en 1956. Il abandonne cependant cette vocation en 1962. Ses premières œuvres sont des peintures sur toile abstraites : Dans Alphabet du corps (1965) ou encore Signe du sang (1966), Journiac représente de la chair écorchée à l’aide de formes rouges. En effet, la particularité de Michel Journiac est de mettre en scène le sang, le voyeurisme, le corps comme un espace de désir, de plaisir, de souffrance et de mort… Tout cela de façon assez brutale et avec un certain humour. En 1969, il délaisse la peinture et se lance dans différentes actions, installations et photographies. Michel Journiac utilise alors le corps comme un matériau à part entière, qu’il décrit comme étant "une viande consciente socialisée" faite de chair et de sang. Ses performances placent le spectateur au centre de l'échange. Dans Piège pour un voyeur (1969) par exemple, l'artiste propose au "regardant" de devenir "participant" en proposant aux spectateurs de se placer nus au milieu d'une cage, sous les regards voyeurs de leurs camarades. Dans Messe pour un corps, Michel Journiac se met en scène : il dit une messe en latin puis, à la fin de celle-ci, propose pour l'eucharistie des hosties très particulières. Il s’agit en fait de tranches de boudin cuisiné avec son propre sang. C’est pour Journiac, "l'archétype de la création" : l'Homme se nourrissant de lui-même et des hommes se nourrissant de l'artiste. Il meurt en 1995 mais laisse derrière lui une œuvre riche où il se joue des codes, des préjugés ainsi que du rapport entre spectateur et artiste. [Louison Guilbaud]


-CHRISTELLE FAMILIARI-

Christelle Familiari est une plasticienne contemporaine née à Niort en 1972 qui s'est fait connaitre en 1995 par des vidéos et des performances qui faisaient fi des carcans sociaux entourant la question du désir, du sexe et de l'ennui. Créatrice de nombreuses pièces en crochet servant à assouvir les désirs du corps, allant du contact physique jusqu'au rapport sexuel.
Elle s'est fait connaître aussi grâce à ses performances corporelles. Demande de suçons est d'abord une performance que Christelle Familiari a réalisé le soir du vernissage de l'exposition Ex-Change au centre d'art de La Criée en novembre 1999. Pendant trois heures, l'artiste est restée assise sur une chaise dans l'espace d'exposition. Elle portait un manteau et une cagoule rouge, réalisés au crochet par ses soins, qui recouvraient tout son corps, ne dévoilant que ses épaules. Le spectateur était alors invité à faire un suçon sur la partie dénudée du corps de Christelle Familiari. Elle aime surprendre le spectateur en allant dans ses œuvres souvent jusqu'à s'y intégrer comme dans Les limaces (2001), elle est allongée au fond d'une baignoire et recouverte de "limaces", petits objets zoomorphes en pâtes à modeler de différentes couleurs et vernis. L'idée était que les utilisateurs se servent et emportent  avec eux ces limaces, autant qu'ils le voulaient et que brusquement, ils se trouvent en présence du corps de l'artiste. Ainsi Christelle Familiari est une artiste qui aime se mettre en scène avec humour mais prône la discrétion au sujet de son identité puisqu'on a peu de photos d'elle, et qu'elle cache souvent son visage lors de ses performances. [Eugénie Lacombe]
Demande de sucons 

Les limaces


4- Aux USA

-CHRIS BURDEN- 

La réputation de Chris Burden comme artiste de performance a commencé à se développer au début des années 1970 après une série de performances controversées dans lesquelles l'idée du danger personnel en tant qu'expression artistique était centrale. Il a incarné la frange la plus extrême du body art et l'esprit californien, débridé et excessif. Sa toute première action, il la réalise à son école en s'enfermant dans son casier pendant cinq jours, simplement muni d'eau (Five Day Locker Piece, 26-30 avril 1971). Cette œuvre sur la privation, la contrainte, l'enfermement précède de quelques mois seulement, une de ses performances sans doute la plus connue.  Appelée "Shoot" on y voit l'artiste, se tenant droit devant un mur blanc. Cinq mètres devant lui, un homme, dont la description de la performance précise qu’il s’agit d’un ami tire à l’aide d’une carabine 22 Long riffle dans le bras de Chris Burden, à balle réelle. [Paulin Giret]

Chris Burden, "Shoot" - 1971

-PAUL MACCARTY-

Paul MacCarty est un artiste Américain, connu pour ses performances artistiques et son gout pour la provocation. Et il ne déroge pas de ses habitudes avec cette œuvre nommé « WS » (Snow White à l’envers), qui est plus qu’une simple performance mais réellement une immersion dans l’univers qu’a recréé l’artiste. Satire de la société américaine de nos jours, McCarthy prend un malin plaisir à pervertir les personnages de conte de fées qui ont bercé notre enfance. C'est ainsi qu'il détruit avec malice les messages de pureté et d’innocence que dégageait le conte de blanche neige.  [Manon Rio]
Paul McCarthy, WS, 2013 courtesy of the artist and Hauser and Wirth

Paul McCarthy, WS, 2013 courtesy of the artist and Hauser and Wirth

-MIKE KELLEY-

Mike Kelley est un artiste américain né en 1954 qui a marqué la côte Ouest des Etats-Unis à partir des années 80. À l’époque où il pratiquait l’art corporel, il rencontra McCarthy, qui eut une influence importante sur sa vision artistique et sa manière de la mettre en œuvre. Ainsi, à la manière de McCarthy, il choisit d’utiliser des masques et/ou des déguisements pour mettre en scène ses personnages dont il est l’acteur. Ces accessoires ajoutent de l’ironie à ses œuvres et permettent de dépasser ses propres limites. Mike Kelley s’inspire de l’existant : Histoire, philosophie, politique… C’est pourquoi son travail dégage des problématiques de classe, de sexe, de criminalité, de perversion… Tout en restant dans un monde qui lui est cher, il joue sur le dysfonctionnement du corps…[Hugo Chaffiotte]

-CAROLEE SCHNEEMANN- 

Personnalité très remarquée dans le monde de la revendication féministe d’hier et d’aujourd’hui, Carolee Schneemann est une artiste Américaine appartenant à la mouvance du Body Art. Elle n’hésite pas à donner de sa propre image pour mettre en avant la liberté d’expression physique et intellectuelle des femmes notamment au sein des artistes féministes. Elle cherche à briser les tabous par la provocation, en particulier, la question des corps individuels au sein du corps social, et de leurs capacités à s’imposer comme acteurs de changement. Dans son œuvre, «Interior scroll» dans laquelle l’artiste se met nue sur une table dans une attitude rituelle, peignant son corps avec de la boue puis extrayant lentement un papier de parchemin de son vagin. Carolee Schneemann voit le sexe féminin comme «une forme sculpturale, un référent architectural, la source de la connaissance sacrée, l’extase, le passage de la naissance et de la transformation». L’utilisation du parchemin montre bien cette source de perception Elle dira même que "La source de connaissance intérieure serait symbolisée par le principal indice de l'esprit unificateur et de la chair (...) la source de la conceptualisation, de l'interaction avec les matériaux". Découvrez ainsi, le monde de Coralee Schneemann où la chair est maitresse et la sexualité, pulsion vitale …[Tanguy PRIGENT]


-BARBARA T.SMITH-

A la fin des années 1960, Barbara T. Smith était l'une des premières artistes de performance de la côte Ouest des Etats-Unis. Dans le début des années 1970, Smith créa des performances basées sur des rituels, souvent connectées à la nourriture. Selon l'artiste, sa performance "Feed Me" ("Nourris-Moi" - 1973) qui, de nombreuses fois, a été critiquée et mal interprétée, n'était pas une performance visant à utiliser la femme comme pur objet pour l'homme. Au contraire, elle représentait des objets libres de leurs faits et gestes. Toujours en contrôlant son travail, l'artiste souhaitait bousculer l'idée selon laquelle une femme nue est à la simple disposition des hommes. 
Cette performance, organisée par le Musée d'Art Conceptuel de San Fransisco, figurait parmi d'autres performances d'hommes artistes aux propositions "machos" (buvant des bières ou encore urinant dans un tube de métal). Smith, quant à elle, était assise dans un espace intime, nue, invitant les spectateurs, un par un, à venir la "nourrir". L'artiste proposait qu'on lui offre du thé, du vin ou de la marijuana en échange "d'une conversation ou d'affection". L'artiste affirma que l'image qu'elle projetait d'elle-même reflétait à la fois le fantasme et la réalité de la féminité. En se présentant comme mère, courtisane et artiste, elle nous ouvre la possibilité de faire co-exister toutes ces identités les unes avec les autres. 
Smith positionne ses performances comme de réelles critiques sociale marquant ainsi l'histoire de l'Art. Toujours en lien avec les artistes contemporains de son époque, elle a su développer son travail en collaborant avec certains d'entre-eux tels que Nancy Buchanan et Suzanne Lacy. [Ophelie Brunet]


-MARINA ABRAMOVIC ET ULAY-

Marina Abramovic et Ulay étaient un couple d'artistes pionniers de l'art corporel. Ils ont travaillé ensemble de 1976 à 1989. Leurs performances simples et conceptuelles cherchaient les limites du corps par des actions brutales et répétitives.
Avec Rest Energy, imaginé en 1980, Ulay et Abramovic s'agrippent à un arc et à une flèche, chacun se tenant d'un côté. La flèche est dirigée vers le cœur de Marina et seul le poids de leurs corps maintenant la tension de l'arc. La performance est tout autant sensationnelle pour les auteurs que pour les spectateurs. Le moindre mouvement pourrait être fatal. Des microphones, sur leurs vêtements, prennent les rapides accélérations de leurs battements de cœur et leur respiration irrégulière. La performance durera quatre minutes. Pour Marina Abramović cette performance fût une des pièces la plus difficile à réaliser. Une seconde d’inattention, et la flèche aurait traversé Marina.
[Anais Bourcier]


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