mercredi 9 mars 2016

Dites le avec des fleurs

Colorées, silencieuses, élégantes, raffinées, dangereuses, fragiles, les fleurs fascinent les artistes. La fleur est un élément de représentation courant des peintres et artistes dès l’antiquité. Qu’elle soit en guirlandes, en bouquets, en simples corbeilles, ou libres dans le paysage, elles sont délicates à représenter de par leurs couleurs vives, pastel, nervurées. Symbole de jeunesse, d’amour ou de décrépitude (quand elles sont fanées), les fleurs ont un langage complexe, multiple, raffiné changeant suivant les contextes historiques, culturels, poétiques… 
Gaëtan Guillaumain et Nicolas Bluteau 

Peindre les fleurs

Une beauté éphémère 

Philippe de Champaigne est un artiste qui a vécu entre 1602 et 1674. Il est connu principalement pour ses scènes religieuses mais a aussi fait de nombreuses gravures. Son tableau « Vanité » (première moitié du XVIIème), une huile sur bois de 28x37cm est la seule nature morte connue de l'artiste. On y voit une tulipe à moitié fanée dans un vase, un crâne et un sablier posé sur une table en pierre et éclairés par la gauche. Cette composition sobre et sombre est en fait une allégorie de la vie humaine avec 3 symboles du temps qui passe.
Philippe de Champaigne Vanité (première moitié du XVIIe), huile sur bois  (28 cm x 37 cm)
Philippe de Champaigne n'est pas le seul artiste de l'époque à avoir fait des compositions de ce type. En effet, la vanité est un genre particulier de nature morte assez sombre qui évoque la fragilité et le coté éphémère de la vie humaine. Les objets qui y sont représentés symbolisent les activités humaines ou le temps qui passe et sont toujours situés dans un environnement sombre. La fleur est  un symbole du temps qui passe, de la jeunesse qui disparait, de la beauté qui se ternit, puisqu'elle est éphémère et fragile.

Pierre-Yves Lascols


Le chaos de la beauté.

Ophélie au milieu des fleurs d'Odilon REDON est l'un des nombreux pastels reprenant comme sujet la tragédie « Hamlet » de Shakespeare. Redon y donne un éclairage étrange de la mort d'Ophélie.
Ophélie au milieu des fleurs.

L'avalanche de fleurs face à Ophelie prend une dimension enivrante dans le décor.
Le tableau illustre un moment particulier dans la pièce de Shakespeare. Ophelie trouve son chemin vers le ruisseau où elle se noie parmi les fleurs qu'elle a cueillies. Ce moment, si souvent décrit comme une descente dans la folie, peut également être interprété comme une évasion de son enveloppe charnelle. Dans les derniers moments de vie d'Ophélie, tels qu'ils sont représentés dans la peinture, on peut penser qu'elle est enfin en harmonie avec non seulement la nature, mais également avec elle-même. Magnifiquement composée, l'œuvre  peut être considérée comme un portail vers la disparition de cette héroïne tragique et la façon dont elle surmonte finalement le conflit qui a entravé son existence en trouvant la solution dans la mort.

Anne-Sophie Flores


Les Iris, une œuvre éblouissante.

Au début de son séjour à l'asile de Saint Denis, Van Gogh a peint Les Iris, tableau qui fut exposé au Salon des Indépendants avec La nuit étoilée.
C'était en mai 1889, en pleine période de floraison. Les iris ont inspiré Van Gogh par leurs couleurs éclatantes. Ayant l'habitude de contempler la nature et ne pouvant sortir de l'établissement, il décida de peindre le jardin où se mêlaient iris et coquelicot. Les iris, très répandus en Provence et utilisés dans les peintures, désignaient la pureté et la vierge Marie. Si l' on peut reconnaître aisément les iris violets appelés Iris Germanica, l'iris blanc est plus difficile à identifier. Celui-ci peut-être une représentation fidèle ou le symbole d'une chose pure. C'est d'ailleurs à travers sa peinture que Van Gogh tentait d'apaiser son âme, d'y trouver paix et réconfort.

Les Iris, Vincent Van Gogh, 1889.
Les couleurs complémentaires bleues et oranges des fleurs apportent ainsi davantage de contrastes, de lumière au tableau. La terre orange  ajoute d'autant plus de luminosité qu'elle semble refléter le soleil qui rayonne. Van Gogh joue avec la texture épaisse et crémeuse, avec des coups de pinceau francs, longs, rythmiques qui amènent beaucoup d'émotions à sa peinture. On perçoit une relation intime avec les fleurs qu'il considère comme la métaphore des émotions et expériences de la vie. Elles s'entrelacent, poussent de manière irrégulière, se mélangent aux mauvaises herbes et bougent au gré du vent ... Il veut montrer, par ce tableau, le pouvoir de la nature mais aussi celui de la peinture à retranscrire une vision du monde de manière singulière.
Les Iris, Vincent Van Gogh, 1889.
Les Iris, Vincent Van Gogh, 1889.
 Adélie Payet. 

A fleur de peau

L'américaine Georgia O'Keeffe (1887-1986) a abordé de nombreux sujets durant sa carrière d'artiste, mais se sont sur ses fleurs que nous nous attarderons. Le travail de cette peintre féministe fut influencé par son entourage, notamment par le photographe Paul Strand qui photographiait des objets de façon si rapprochée que toute identification était difficile, tant les formes devenaient abstraites. Georgia s'inspira de son travail puisqu'elle fera un travail similaire avec ses fleurs, travail qu'elle expliqua ainsi : "Je sais que je ne peux pas peindre une fleur. Je ne peux pas peindre le soleil sur le désert, un matin clair d'été, mais je peux peut-être, grâce à la couleur, vous faire part de mon expérience de la fleur". C'est pourquoi, elle peint une suite de tableaux de fleurs où elle ne représente pas ce qu'elle voit mais ce qu'elle ressent.
Music, Pink and Blue No. 2, Oil on canvas, 90 × 76 cm, Georgia O'Keeffe, 1918
Le cadrage étroit des corolles permet à l'artiste d'extraire la fleur de tout contexte. Elle oublie le végétal afin de ne se concentrer que sur sa texture, ses lignes, ses couleurs, ses dégradés... Le résultat est chargé d'une grande douceur et d'une forte sensualité. Cette proximité avec l'érotisme amène souvent le spectateur à voir dans ces formes florales des représentations de sexe féminin et masculin. Par cette ambiguité, ces fleurs semblent pleines de mystères, cachant probablement sous leurs pétales quelques doux ou tumultueux secrets.
White & Blue Flower Shapes, Oil on canvas, Georgia O'Keffe, 1919
Jérome Boissière 

Peindre l’amour.

Louise Bourgeois est une artiste née en France en 1911 puis naturalisée américaine. Les thèmes principaux qui inspirent les œuvres de l’artiste sont les rapports humains et surtout familiaux, l’amour, la passion et la sexualité. Surtout célèbre pour ses sculptures, Louise Bourgeois est tout de même très attachée au trait, à la qualité du dessin et elle présente en 2009 une série intitulée ‘Les Fleurs’.
Les Fleurs, Louise Bourgeois, 2009.
Elle réalise ainsi une série de gouaches sur papier où elle représente toujours cinq fleurs en rouge, dessins qui sont ensuite disposés côte à côte et forment alors un ensemble impressionnant. Les fleurs ont un coté abstrait, elles n’adoptent pas de formes précises et sont toutes simples et différentes. La couleur rouge que l’artiste emploie, symbole de l’amour, de la joie en Inde ou de la passion révèle les intentions de l’artiste. Elle représente sans doute ici l’amour éphémère comme une fleur, sous toutes ses formes alors qu’il paraît différent dans chaque relation, plus ou moins compliqué, plus ou moins intense ou fusionnel.
Louise Roussiere

Serial printer

Andy Warhol, artiste phare du pop-art américain, réalise en 1964 la série Flowers. Ce motif répété provient d'une photographie que l’artiste a découvert dans un magazine.
Warhol commence à expérimenter la technique de la sérigraphie un an plus tôt. Cette technique devient sa marque de fabrique et un symbole du pop-art, il s'en sert aussi bien pour ses portraits de célébrités comme Marilyn Monroe mais également pour ses fameuses Fleurs.

Andy Warhol, Flowers, 1964.
 Marine Corré

La fleur / médium artistique

Les jardins suspendus de Rebecca Louise Law

Rebecca Louise Law transforme des intérieurs en univers poétiques et colorés, en utilisant des fleurs. Elle expose ses jardins fleuris dans de nombreux musées, galeries, salle de spectacle et boutiques de créateurs.
Hermès, Maecenas Dinner, Rebecca Louise Law
Ces installations éphémères de milliers de fleurs suspendues tel un champ de fleurs cosmique, évoquent la relation entre la nature et l'homme, une nature qui se réapproprie des lieux intérieurs. Tendues à des fils, ces fleurs sont organisées en suspension. Son installation, The Hated Flowers, est composée de plus de 10 000 Chrysanthèmes et Oeillets.
The hated flower, 2014, Rebecca Louise Law
The hated flower, 2014, Rebecca Louise Law
Le travail de la fleur se fait en plusieurs étapes : les fleurs fraiches, soigneusement choisies sont enfilées sur du fil de fer, une fois installées, en se fanant elle se dessèchent afin de révéler la sensibilité et la beauté de ce matériau sous un autre jour.
Céline Vépa

Optimisme. Mosaï-sculpture

Puppy prend forme sur une structure en acier inoxydable dessinée à l'aide d'un logiciel de modelage, il s'agit d'un gigantesque terrier West Highland sculpté et couvert de fleurs fraîches de différentes couleurs, vert, jaune, rose, violet, rouge irriguées par un système interne. Les fleurs étant éphémères, les couleurs du chien le sont aussi. Cette œuvre est devenu la mascotte de Bilbao. Avec ce chien, Jeff Koons qui faisait un clin d'œil aux jardins bien organisés et ordonnés du XVIIIème siècle, dompte la nature mais également le public. Car malgré les nombreuses critiques que suscitent ses œuvres, elles n'en exercent pas moins une certaine fascination.
Puppy, Jeff Koons, 1992, Musée Guggenheim Bilbao
Koons a irrévocablement cherché, avec cette sculpture publique, à attirer, à inspirer l'optimisme et à transmettre, selon ses propres mots, « confiance et sécurité ». Puppy, gardien majestueux et robuste des portes du Musée Guggenheim de Bilbao, remplit les spectateurs d'admiration et de joie. «Puppy, je le crois en rapport avec la fertilité, la vie. Et avec le pouvoir. Vous pouvez avoir un chien, lui témoigner beaucoup d'amour, en prendre soin, mais vous pouvez aussi avoir un chien pour lui faire porter le journal. Dans l'exercice du pouvoir, il existe des domaines où on s'abandonne. C'est le cas avec Puppy où la tension relative à l'exercice du pouvoir diminue."
Puppy, Jeff Koons, 1992, Musée Guggenheim Bilbao                                   
Marine Guy

À la frontière de la Nature

Andy Goldworthy
Andy Goldsworthy, né le 26 Juillet 1956 dans le Cheshire en Angleterre, est l'un des principaux artistes du Land Art. Il travaille généralement en plein air et utilise quasi-exclusivement des matériaux trouvés sur place, matériaux ou objets naturels (neige, glace, feuilles d'arbres, tiges, galets, fleurs, etc.) pour réaliser ses œuvres. Celles-ci dialoguent avec le paysage et la nature qu'il a choisi d'investir. Elles sont respectueuses de l'environnement, proposent un nouveau regard sur le paysage et sont en relation étroite avec lui. il n'utilise généralement pas d'autres outils que ses propres mains, sinon éventuellement un opinel pour produire les œuvres qu’il considère comme de l' art "éphémère", le temps de dégradation pouvant varier de quelques secondes à plusieurs années.
Son intention n'est pas « d'apposer sa marque » sur le paysage mais de travailler instinctivement avec lui, afin que ses créations manifestent, même brièvement, un contact en harmonie avec le monde naturel. L'artiste a choisi de jouer avec les couleurs, créant un effet de contraste entre les fleurs violettes et jaunes. Il met en avant des éléments naturels issus de ce même milieu.

Vincent La Gadoue

Fleurs artificielles

Terreurs enfantines
Yayoi Kusama est une artiste aux multiples facettes. Représentante vivante des sixties et de l’époque psychédélique, elle vit aujourd’hui à l’âge de 83 ans dans un hôpital psychiatrique. Elle est notamment connue par sa marque de fabrique : les pois qui recouvrent ses œuvres et ses installations époustouflantes.
Flowers that bloom at midnight de Yayoi Kusama, 2009,
fibre de verre, plastique, peinture polyuréthane
L’artiste réinterprète le thème des fleurs, qui ont une grande importance dans la culture japonaise, en un thème d’effroi et d’inquiétude.
Géantes et colorées, les fleurs de Yayoi Kusama "Flowers that bloom at midnight" interpellent les passants. Ses sculptures florales monstrueuses par leurs formes et gaies par leurs couleurs, spécimens surréalistes, naissent de ses hallucinations.          
Flowers that bloom at midnight et Yayoi Kusama

L’artiste a un style qui lui est propre. On peut le qualifier d’univers de terreurs enfantines obsessionnelles qui peut s’apparenter au monde d’Alice au pays des merveilles.
Delphine Maziol

Symbole asiatique et modernité

L'artiste coréen Choi Jeong Hwa est connu pour ses grandes fleurs de lotus comme le Breathing Flower. Des sculptures gonflables dynamiques, avec l'ouverture et la fermeture de feuilles de tissu motorisées qui simulent les mouvements des pétales d'une vraie fleur de lotus. Ses sculptures, souvent installées dans l'espace public, créent un lien entre le monde moderne et un symbole cosmologique des plus importants d’Asie. Dans la culture asiatique, le lotus représente la pureté et la grâce et l’artiste combine son image avec la couleur rouge, une nuance souvent associée à la chance et la vitalité. Ses pétales qui se balancent dans le vent sont ce qui attire vraiment l'attention et donne vie à l’œuvre.
Breathing Flower, Choi Jeong Hwa.
 Elise Bunouf

Murakami, des fleurs en folie ! 

Tadashi Murakami est un artiste japonais. Il s'est fait connaître en France grâce à sa remarquable exposition à Versailles, en 2010. On y découvrait une explosion de culture pop et nippone. En effet, à la manière d'Andy Warhol, qui recycle la culture populaire américaine, Murakami s'inspire de ses racines et de son pays : le Japon. Ses fleurs sont une manière amusante de détourner les mangas et jeux vidéo nippons. Murakami est littéralement obsédé par les fleurs, il nous transmet ainsi un univers complètement bariolé, et coloré. Ses œuvres contrastent dans un espace comme le château de Versailles. En effet, celui-ci est dédié au pouvoir et aux dorures par milliers, alors que les fleurs de Murakami respirent la culture populaire japonaise. Il va même jusqu’à les humaniser, en leur greffant un large sourire, sourire qui nous donne la bonne humeur et nous replonge dans un univers enfantin.
Œuvres de Murakami, exposées à Versailles en 2010 
Des fleurs pas si naïves que ça puisqu’à travers elles, Murakami nous pose la question : à quel point la société de consommation et ses produits pop influent-ils sur nos approches et nos goûts esthétiques ?
Solène Gloux

Fleurs dangereuses.

De la rose à l’épine

Offrir un bouquet de roses rouges est représentatif d’un amour passionnel, et permet de montrer la puissance et la profondeur de nos sentiments. Le bouquet de roses blanches, quant à lui, porte sur la sincérité des sentiments, et témoigne d’un amour chaste et pur.
Alors comment interpréter l’action sentimentale de Gina Pane, cette performance où l’artiste se plante des épines de rose le long du bras puis s’incise la paume de main à l’aide d’un rasoir pour y évoquer des pétales ?
Gina Pane reproduit deux fois cette séquence, réfléchie au préalable, mais utilise une fois un bouquet de roses rouges, puis un bouquet de roses blanches.
Ce contraste entre la douceur des roses, et l’agressivité de leurs épines et du geste de Gina Pane n’est pas sans évoquer la passion amoureuse, partagée entre bonheur intense et souffrance profonde.

Clichés de la performance Action sentimentale, 
Milan, 1973, Gina Pane

Ainsi, par cet acte, et par la symbolique de la rose, peut-être que Gina Pane désire souligner la boucle du schéma amoureux. Cette boucle qui va du plaisir à la souffrance, et dont on a conscience avant même de s’engager dans le bonheur. Peut-être le fait de reproduire deux fois la même séquence avec des types de roses différentes sous-entend que quelque soit l’amour, derrière sa douceur se cache la douleur.
Une rose pour un sentiment, de son éclosion à son fanage. Et puis une autre rose éclot…
On remarque aussi les seules présences de blanc (ses vêtements et les roses blanches) et de rouge (son sang et les roses rouges) qui viennent renforcer la danse entre pureté-douceur et passion-souffrance.
Marie Motte

Entre fleurs et sensualité les fleurs/sexes de Robert Mapplethorpe

Connu pour ses photographies en noir et blancs alliant poésie, style épuré et érotisme , le photographe New Yorkais Robert Mapplethorpe réalisa une série de photos de corps nu d'hommes et de femmes. Passionné par la sculpture classique, il utilise son objectif et travaille la lumière pour créer des photographies épurées, esthétiques et troublantes.
Il créait une confusion qui vient parfois pousser le spectateur à se demander ce qu'il est en train de regarder, est-ce une silhouette, une fleur, ou une roche ?

Les fleurs de Mapplethorpe
Son travail crée un dialogue poétique et sensuel entre les fleurs et les clichés érotiques.
« Quand j’ai exposé mes photographies, […] j’ai essayé de juxtaposer une fleur, puis une photo de bite, puis un portrait, de façon à ce qu’on puisse voir qu’il s’agit de la même chose. »
Chez Mapplethorpe tout devient corps, tout devient organique, que se soit les nus et les portraits provoquant et poétiques, les sexes et autres détails de l'anatomie, ou les clichés floraux.
L'association entre la beauté du sexe masculin et les courbes d'une fleur permet de jouer sur le contraste entre la virilité masculine et le côté fragile et éphémère d'une fleur .
Au travers de ses clichés , Robert Mapplethorpe impose sa vision sur l'ambiguïté des jeux entre corps et nature, grâce à son travail des formes épurées avec une technique apaisée tirant vers la perfection.

Maxime Rousset


Fleurs virtuelles

Les fleurs ne se fanent jamais

Miguel Chevalier (né le 22 avril 1959 au Mexique) est un artiste français de l'art numérique et virtuel. Depuis 1978, Miguel Chevalier utilise l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques. Il s’est imposé internationalement comme l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique.
Miguel Chevalier développe différentes thématiques, telles que la relation entre nature et artifice, l’observation des flux et des réseaux qui organisent nos sociétés contemporaines, l'imaginaire de l'architecture et des villes virtuelles. Les images qu'il nous livre interrogent perpétuellement notre relation au monde.
"Fractal Flowers" est une installation réalisée par l'artiste au Brésil en 2009. Elle présente une nouvelle génération de fleurs et de jardins virtuels. Elle a comme point de départ l’observation du monde végétal et sa transposition dans l’univers numérique.
Pendant la visite, les gens sont comme dans un univers végétal très intriguant, peuplé de fleurs cristalines à la structure filaire, rappelant les facettes d'un diamant, qui ont à la fois une réelle monumentalité par leurs formes géométriques et en même temps un aspect évanescent lorsque, en quelques secondes, elles s'évaporent dans l'air.

Fractal Flowers 2009
Installation de réalité virtuelle générative et interactive
Station de métro Galeria, Brasilia, Brésil
Le gigantisme de ces fleurs, leur capacité à suivre du regard le visiteur quand il se déplace, crée un étrange et mystérieux, voire troublant dialogue avec lui. Les fleurs se courbent comme pour faire une révérence et l’accueillir dans la virtualité de cet intriguant jardin. Elles déploient alors leurs plus belles couleurs, leurs plus incroyables formes, s'observent entre elles, se confondent sur les fonds colorés, se penchent vers lui comme pour regarder de plus près sa réalité, pour enfin disparaître sous son regard fasciné et ému de ce rapport si vivant avec un objet virtuel qu'il ne reverra jamais. Il s’agit de fleurs géantes fractales de différentes couleurs et formes, générées à l’infini grâce à un logiciel inédit. Cette œuvre s'appuie sur un principe génératif et interactif créant des graines virtuelles autonomes, qui naissent aléatoirement, grandissent, s’épanouissent et meurent, tout en réagissant au passage des visiteurs.
2 vidéo projecteurs, 1 PC, 1 caméra infrarouge. 14 m x 3,20 m

 Xiaoyu Tang

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