Coquillages...
Le coquillage est un animal aquatique protégé par une coquille, devenu dans le langage courant un terme désignant la coquille vide de l'animal. C’est donc un fossile, témoin d’un passé perdu. Transportant avec lui ses origines, il paraitrait que l’on entend la mer en le déposant au creux de son oreille...Il a fasciné et continue d’inspirer, que cela soit scientifiquement ou artistiquement. La spirale d’or le caractérise, et il personnalise la femme, la beauté et la délicatesse, en traversant les époques. Beaucoup voient un sexe féminin dans l’orifice verticale d’un coquillage, d’autres s’imprègnent de sa richesse nacrée en le portant, et d’autres encore s’amusent de la lumière caressant sa surface polie ou abimée par les fonds marins. On rappellera d’ailleurs que Vénus, déesse de la beauté, nait d’un coquillage dans « La Naissance de Vénus » de Boticelli, 1485. Mais le coquillage appartient avant tout à Mère Nature, et se retrouve aujourd’hui dans le design biomimétique, amenant douceur et volupté à travers ses courbes qui s’enlacent et se résistent.
Mathilde CERES et Clara JOUAULT
La création
La beauté sortant de l’eau
Sandro Botticelli, 1485, La Naissance de Venus |
Eloise BONNARD
La naissance
Bertrand Redon, dit Odilon est un artiste peintre symboliste de la fin du XIXème siècle. Préférant d’abord au début de sa carrière le noir et blanc, il incorporera ensuite la couleur dans ces compositions, comme par exemple dans La Coquille. Il s’agit d’un pastel de 52x57,8cm représentant comme son nom l’indique un coquillage. Ce dernier appartenait à sa femme Camille. Cette toile date de 1912, bien qu’elle ne fut accessible au grand public qu’après la mort de l’artiste Aujourd’hui elle peut être admirée au Musée d’Orsay à Paris.Dans ce coquillage, de nombreux spécialistes voient la représentation de la naissance de Vénus. Cependant, aucune figure féminine n’est représentée, il s’agit donc plus d’une annonciation de naissance que de la naissance elle même. Au niveau des couleurs, la coquille se détache du fond obscur par sa clarté. Les contrastes et ombres sont parfaitement maitrisés par l’artiste, et ce sont ces jeux de lumières qui donnent à la toile toute son importance en faisant ressortir les caractéristiques du coquillages: la nacre, le côté à la fois brillant et mat de sa surface.
Raphaëlle CAROFF
Odilon Redon (1840-1916) - La coquille - 1912 - Pastel - 52 x 57,8 cm Paris, musée d'Orsay Legs de Mme Arï Redon en exécution des volontés de son mari, fils de l'artiste, 1984 © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski |
Tour de magie ?
L'œuf et le coquillage, Man Ray, 1931 |
Flavie SIMON-BARBOUX
Maternité sculpturale
Laurent Le Deunff est un artiste contemporain né en 1977 à Talence, il vit et travail désormais à Bordeaux. L’artiste nous propose des sculptures et dessins ayant une approche naturelle, animale ou végétale. Il s’exprime à travers le dessin et la sculpture. Les éléments représentés sont tout de suite identifiables mais les matériaux utilisés, leur taille et leur disposition questionne le visiteur. Ici l’œuvre est une sculpture intitulée Coquillage et noix, réalisée en 2012 et mesurant 31 x 60 x 45 cm. Le coquillage est réalisée avec un mélange de papier mâché et de ciment tandis que la noix est sculptée dans du chêne. La noix contraste avec la coquillage par son allure plus réaliste et ses finitions plus délicate. La coquillage semble fait de manière plus brut. Evidement la taille des deux éléments n’est pas réelle mais ce n’est pas ce qui nous vient d’abord en tête, mais plutôt pourquoi une noix dans un coquillage ? L’animal accueille le végétale ou le végétale se loge dans l’animal ? Dans plusieurs de ses travaux Le Deunff s’intéresse à la reproduction en représentant par exemple des coïts d’animaux. On peut voir ici une noix dans le « ventre » d’un coquillage, on peut imaginer que la coque visible de la noix abrite elle-même son fruit. Le coquillage est blanc et de forme très douce et arrondi semble abriter et protéger la noix comme le ferait une mère. Cette réalisation pourrait être la métaphore poétique et sculpté d'une maternité impossible entre un coquillage et une noix.Laurent Le Deunff, Coquillage et noix, 2012, Private Coll, Jean-Christophe Garcia |
L'interrogation
Frédérique Lucien : Une évocation à l’encre
La série Encres de Frédérique Lucien marque par sa sobriété et sa simplicité. Lorsqu’ils sont regardés ensemble ces dessins à l’encre noire sur papier blanc évoquent subtilement divers coquillages. Tandis que vus seuls et indépendamment des autres, il est moins évident de les associer à ces coquilles de mollusques et elles apparaissent plus abstraites, évoquant diverses autres images. La transparence de certaines peut, par exemple être percue commes des voilages. Le dépouillement de la forme permet également d’apprécier d’autant plus les qualités graphiques de l’encre, sa trace sur le papier, tantôt sombre et opaque, tantôt légère toute en transparence, ses superpositions créant des contrastes plus ou moins forts, sa diffusion floue sur le grain du papier, ses contours nets et droits ou en dentelures. C’est cette évocation toute en finesse et la simplicité de leur réalisationqui confèrent aux Encres de Frédérique Lucien cette dimension incroyablement poétique.Fanny FAUVARQUE
Frédérique Lucien, Encres, 2001 © Frédérique Lucien |
Étrangement fascinant : L'expression à l'état brut
Pascal Désir Maisonneuve - © Collection de l’Art Brut, Lausanne |
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Représentatif du « mouvement » Art brut, Pascal Désir Maisonneuve eut du succès parmi les auteurs et artistes surréalistes. Il crée en ne se préoccupant ni de la critique du public ni du regard d’autrui. Sans besoin de reconnaissance ni d’approbation, il conçoit un univers pour son propre usage, ce qui explique l’absence d’influences issues de la tradition artistique dans son travail.
Ebony LERANDY
La séduction
Élégance marine
Edward Weston a commencé à photographier des coquillages dans le studio de la peintre canadienne Henrietta Shore qui a d’ailleurs fait plusieurs peintures quasi-abstraites de coquillages. Il a réalisé quatorze photographies de coquillages en 1927, dont sept ont été exposées en Octobre 1927 au musée de Los Angeles.
Edward Weston - Shell - 1927 |
Zoé OBERLE
Danse Serpentine, Loïe Fuller (1892) |
Sortir de sa coquille
Dora Maar - Untitled – ou « Main Coquillage », 1934 - 23,4 x 17,5 cm (Centre Pompidou, Paris) |
Emilie-Marie GIOANNI
L'affirmation
Sensuellement sexuel
Tamara de Lempicka (1898-1980) - LE COQUILLAGE, Huile sur toile, 40.6 x 51.1 cm, 1941. |
Cellie PIRAUD
La réflexion
L'étrange beauté de six coquillages
Adriaen Coorte (1665 - 1707) est un artiste hollandais du XVIIe siècle, peintre de natures mortes.
"On ne connaît de lui que des natures mortes. Sans doute a-t-il subi l'influence du Dordrechtois Isaac Van Duynen, actif à La Haye. C'est un petit maître très séduisant, presque naïf dans sa perfection limitée, qui peint avec prédilection et d'une manière toute de finesse une petite grappe de raisin ou de groseilles, deux ou trois Pêches (musée de Bernay), des Coquillages (Louvre), une simple botte d'asperges, comme dans son chef-d'œuvre du Rijksmuseum, posés sur l'extrémité d'un entablement de pierre et se détachant presque en trompe-l'œil sur un fond sombre et vide d'une prenante abstraction.
Atteignant ainsi une rare poésie de l'objet dans une atmosphère de parfaite modestie, Coorte représente le type par excellence des petits maîtres fructueusement remis en valeur par notre époque."Larousse "Dictionnaire de la peinture".
On estime que Coorte a passé sa vie entière à Middelburg, en Hollande. Ses peintures signées datent de 1683 à 1707 et, selon des rapports, il a appartenu à la Guilde de Saint Luc.
Coorte est un des plus grands peintres de coquillages. Il donne une présence presque émotionnelle aux coquilles en captant leur beauté étrange et exotique. Par exemple, dans la peinture ci-dessus, il y a quelque chose dans la relation spatiale entre le murex épineux, la coquille rouge minuscule, la spirale et le cauri qui transforme les coquilles inanimées en acteurs d'une pièce tragique.
La compositions est minimale, rigoureuse, avec un éclairage dramatique, théâtralisant la présence des objets.
Jean SENECAL
"On ne connaît de lui que des natures mortes. Sans doute a-t-il subi l'influence du Dordrechtois Isaac Van Duynen, actif à La Haye. C'est un petit maître très séduisant, presque naïf dans sa perfection limitée, qui peint avec prédilection et d'une manière toute de finesse une petite grappe de raisin ou de groseilles, deux ou trois Pêches (musée de Bernay), des Coquillages (Louvre), une simple botte d'asperges, comme dans son chef-d'œuvre du Rijksmuseum, posés sur l'extrémité d'un entablement de pierre et se détachant presque en trompe-l'œil sur un fond sombre et vide d'une prenante abstraction.
Atteignant ainsi une rare poésie de l'objet dans une atmosphère de parfaite modestie, Coorte représente le type par excellence des petits maîtres fructueusement remis en valeur par notre époque."Larousse "Dictionnaire de la peinture".
On estime que Coorte a passé sa vie entière à Middelburg, en Hollande. Ses peintures signées datent de 1683 à 1707 et, selon des rapports, il a appartenu à la Guilde de Saint Luc.
Coorte est un des plus grands peintres de coquillages. Il donne une présence presque émotionnelle aux coquilles en captant leur beauté étrange et exotique. Par exemple, dans la peinture ci-dessus, il y a quelque chose dans la relation spatiale entre le murex épineux, la coquille rouge minuscule, la spirale et le cauri qui transforme les coquilles inanimées en acteurs d'une pièce tragique.
La compositions est minimale, rigoureuse, avec un éclairage dramatique, théâtralisant la présence des objets.
Jean SENECAL
Les motifs Organiques de Vincent Leray
Le processus de création de Vincent Leray prévaut sur la forme plastique. L’enregistrement sur le médium photographique relève d’un protocole rigoureusement respecté. Les volumes et masses sont représentés en plongée totale sur fond blanc, en Noir et Blanc. Le dispositif est répété avec la même prise de vue pour chaque organisme, proportionné aux mêmes échelles.
Cette démarche photographique peut faire penser au travail d’Edward Weston dans les années 1930. La photographie pure adoptée par son groupe f/64 est une photo nette et piquée, très réaliste mais chargée d’esthétique. Ses natures mortes sobres et dépouillées révèlent la magie de l’organisation de la nature notamment les circonvolutions des coquillages.
La collection de Vincent Leray permet une nomenclature des structures organiques indépendamment du contexte scientifique ou biologique. La plasticité du vivant et ses reliefs, sont figés dans le temps par la monochromie photographique. Dans son Bestiaire littoral, Vincent Leray nous donne à voir la beauté formelle des Curiosités offertes par la mer.
Maxence DE COCK
La conservation
Le Coquillage : Emblème multinational
Logo Shell - Raymond Loewy - 1971 |
Victor SALINIER
Obsédé par la création d'œuvres grandiloquentes, largement inspirées d'influences aussi diverses que le baroque, la religion ou l'art africain, Paul Amar emprunte à divers courants artistiques pour créer des tableaux singuliers faits de coquillages les plus divers (huîtres, coraux, bigorneaux, moules...) qu'il meule, cisèle et ajoure dans l’une des chambres de sa demeure qui fait office d’atelier, pour ensuite les peindre à l'acrylique ou au vernis à ongle aux teintes irréelles pour en faire des fresques parfois si immenses qu'il ne peut plus les sortir de la pièce où il les a créées. Roselita, à première vue, pourrait faire référence à une influence asiatique voire bouddhiste. En Asie de nombreuses œuvres de ce genre sont généralement réalisées pour représenter des figures culturelles et religieuses ornés de fleurs ou de plantes avec pour chacune un symbole fort (Bonheur, Chance, longévité …). Paul Amar à la particularité d’être habité, je dirais même obnubilé par son œuvre, se levant la nuit pour noter les idées qu'il a vues en rêve et ce pendant parfois plusieurs mois avant de donner vie à son œuvre.
Franck GROSSEL
Marie BAL-FONTAINE
La résurrection
Quand les Coquillages ramènent à la vie
Paul Amar Roselita (90x65x50cm) 2009 |
Franck GROSSEL
La lumière au fond du coquillage
The Happy spiral
Etrange objet que la Spiral Lamp de Chris Kirby. Cette lampe est fabriquée uniquement à partir d’une feuille de plastique; probablement du tyvec, qui vient par des mouvements circu- laires se métamorphoser en une structure complexe autour d’un seul et même point de départ. Le concept a préalablement été expérimenté à l’aide de prototypes 3D issus d’un travail sans aucun croquis préparatoire. C’est le concept des "happy accidents" ou «accidents heureux» que l’artiste utilise dans ses créations. Il s’agit simplement de travailler sur diverses formes hasardeuses jusqu’à trouver la forme correspondant à son bonheur.Ici c’est le coquillage qui a su séduire Chris Kriby. Il renferme l’ampoule et laisse apparaître la lumière à quelques endroits créant un jeu optique puisque les lignes blanches et douces guident notre oeil tout en laissant notre regard être surpris par la fragilité qui se dégage de l’objet. Ainsi obtient-il une forme poétique, courbe et légère grâces aux fentes et bandes esquissant celle d'un coquillage. Ce travail explore la relation entre lumière et matière, tout comme dans «the negative series pendant lamp», autres luminaires réalisés par l’artiste .Marie BAL-FONTAINE
SPIRAL LAMP, Chris Kirby, 2009 |
« La lumière dans son écrin »
Lampe éclipse par Mauricio KLABIN, 2006 |
La lampe éclipse comme nous l’explique M. Klabin a été sujette à une longue période de conception ; l’intention première du designer a été de surpasser le cliché du design cher, volonté qui l’a amené à effectuer de nombreuses recherches autour de la conception de son produit lui permettant de le rendre beau, bon marché et de qualité. L’écrin de lumière réalisé à partir d’une seule et même bande de plastique enroulée constitue l’enveloppe qui enferme la lumière et la diffuse de différentes manières selon l’orientation qu'on lui donne. Cette structure plastique aux courbes biomimétiques rappelle la forme d’un coquillage et propage une lumière douce et filtrée à travers les pales qui composent son enveloppe évolutive. Son piètement lui permet d’adopter différentes positions et donc de faire évoluer une fois de plus la forme finale de la lampe.
Mêlant forme, ingéniosité de la conception et éthique, la lampe éclipse de Mauricio Klabin qui fait partie de la collection permanente du MoMA est un modèle d’excellence en termes de design.
François-Marie VAILLANT
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