samedi 14 novembre 2015

Le Minimal Art

Minimal Art

Le minimalisme en art visuel, généralement appelé Art Minimal, a émergé à New York dans les années 1960, alors que plusieurs artistes commencaient à favoriser l'abstraction géométrique. Frank Stella, Dan Flavin, Carl Andre et Donald Judd font, entre autres, partie de cette émergence.
Le minimalisme s'appuie sur les recherches du Bauhaus, des constructivistes ou de Kazimir Malevitch, qui affirment que la peinture doit se libérer de toute représentation symbolique ou figurative et devenir non-subjective. Ad Reinhardt, précurseur du minimalisme, réalise des années 1960 et jusqu'à sa mort, des peintures monochromes en série qui font primer le vide, néant, le noir. Les artistes minimalistes s'inscrivent dans une opposition forte à l'Expressionnisme Abstrait, prônant une mise à distance de la subjectivité, de l'émotion, de l'affectif, du pathos, pour s'intéresser à l'essence des formes, des matériaux, des couleurs.
Les artistes minimalistes désirent limiter toute trace de facture picturale ou d'intervention de la main. Aussi, les œuvres minimalistes se composent généralement de formes basiques, de couleurs simples. Elles sont parfois réalisées suivant des processus industriels.
Le Minimalisme reprend à son compte l’expression de Mies van der Rohe, “Less is more”.

-Colombe Gourgeon et Quentin Fourage-

La peinture minimaliste

Frank STELLA

Frank Stella est un artiste américain dont la première exposition individuelle eu lieu en 1963. Il y présenta des peintures noires appelées Black Paintings. Ces toiles sont toutes constituées de la même manière : des lignes de peintures noires tracées en bandes régulières séparées par le blanc de la toile et qui forment un motif géométrique. Cette série marque une rupture avec l'Expressionnisme Abstrait et affirme le début  de la "peinture objet" qui va ensuite permettre la création du mouvement minimaliste. L’artiste travaille toujours sur de grands formats et par séries. 
Il invente ensuite les Shaped canvases (« toiles découpées ») à partir du début des années 60. Ces œuvres se caractérisent par l’originalité de la forme de leurs toiles qui correspond parfaitement aux motifs peints sur leur surface. Avec les Shaped Canvas, Frank Stella affirme la réalité matérielle du tableau. La toile n’est plus un simple support qui tente de se faire oublier, elle participe désormais pleinement à la peinture qu’elle porte en déterminant l’espace et la forme que doivent prendre les motifs. « What you see is what you see » - ce que vous voyez est ce que vous voyez -, déclarait Stella, il n’y a rien d’autre à découvrir qu’une surface qui se découpe sur un mur et indique, en négatif, l’espace autour de lui. Ainsi, avec Stella, le tableau devient un objet dont la fonction est de révéler l’espace environnant
À partir de 1975, son travail change complètement, l’artiste réalise des séries de compositions en reliefs, baroques, dans lesquelles il joue avec une multitude de formes découpées. Et depuis les années 1980,  Frank Stella réalise des sculptures monumentales en acier poli ou brûlé.

Frank Stella, Nunca pasa nada, 1964
Frank Stella
-Tamara Prud'hom-

Paul MOGENSEN

L’artiste américain Paul Mogensen, né en 1941, appartient au mouvement minimalisme. La construction de sa peinture est l’aboutissement d’une réflexion poussée, répondant  un protocole précis. Ses œuvres sont basées sur une grille recouverte d’une unique couche de peinture soigneusement appliquée, de la plus sombre tonalité à la plus légère. L’espace est ensuite occupé par divers formes, espacées ou non peintes, dans les tons du fond ou alors laissées telles servant de réserve de la couleur de fond. Ses peintures jouent sur les oppositions "forme/fond" “présence/absence”. Par son œuvre, Mogensen veut tester les limites de la capacité d’intégration d’images dans une autre image plus globale.
Mogensen éprouve un grand intérêt dans les différentes façons, pour une œuvre, d’acquérir un titre indépendamment de la volonté du peintre.
Paul Mogensen, Portfolio Part II. 1, 1981, Walker Art Center


 Paul Mogensen, Portfolio Part II. 7, 1981, Walker Art Center
-Morgane AMORIN-

Robert MANGOLD

Robert Mangold, né en 1937, est considéré comme un représentant de la peinture minimaliste. Après des études dans l’école des beaux arts de Cleveland, Mangold a révélé un intérêt particulier pour l’Expressionnisme Abstrait. Sa première exposition, en 1965, propose de grandes peintures sur Masonite et contreplaqué avec un style minimaliste affirmé. Il marqua ensuite les esprits en 1967, durant sa deuxième exposition solo, où il proposa des expériences sur des sections de cercles. Ses œuvres provoquent un élargissement de l’espace concret de la toile dans l’espace environnant. Mangold souhaite donner à ses œuvres une réalité et une vision plus complexe : il place la perception à la première place, sans effets démonstratifs, avec une retenue de moyens. Il élargit les possibilités d'un art positivement réducteur.
Robert Mangold Ring 2011
Robert MANGOLD, Four-Color Frame Painting 8, 1985

-Paul Houbron-


David NOVROS 

Né en 1941 à Los Angeles, David Novros pourrait être aujourd'hui qualifié de peintre systématique. C'est lors d'un voyage en Europe en 1963 qu'il découvrira les fresques de Padoue et les mosaïques de Ravenne qui l'inspireront par la suite dans son travail.
Les œuvres de Novros dialoguent avec les murs qui deviennent alors un élément à part entière de la composition, il cherche à créer une approche architecturale de la peinture. 
On peut observer une évolution forte dans le travail de l'artiste, restant cependant toujours dans la même thématique. En effet, au début de sa carrière, Novros travaillait sur des toiles découpées en formes géométriques et aux couleurs variées (shaped canvas) qu'il présentera en 1966 au Guggenheim museum. Année après année, le format des œuvres de l'artiste se voit augmenté jusqu'à recouvrir entièrement les murs et ainsi devenir des fresques. 
L’œuvre de David Novros explore ainsi l'occupation de l'espace qui l'entoure tout en le rythmant grâce à des formes géométriques simples dont les couleurs dialoguent ensemble.


Sans  titre,  David NOVROS

Sans  titre,  David NOVROS
-Chloé Cassabé-


La sculpture minimaliste / Specific Object

Donald JUDD

Donald Judd est un artiste plasticien et théoricien américain né en 1928 et mort à New-York en 1914. Ses recherches le mènent à produire des œuvres tridimensionnelles fondées sur des formes simples et font de lui un des principaux représentent du nominalisme.Composé d’acier inoxydable et de plexiglas rouge, ces 10 étagères équidistantes ont beau être parfaitement identiques, le spectateur ne les perçoit pas pareil dû à son point de vue et à la hauteur de ces “piles” qui ont tendance à déformer les étagères dues à la proportion variable de celle-ci.

Stack, 1972, Donald Jud
Donald Judd


-Baptiste Riom-

Carl ANDRE

Ancrées au sol, elles révèlent d'une certaine hauteur...Les installations de Carl André mettent à bas la verticalité des sculptures et les transforment en lieu.
En plaçant des échantillons de matériaux bruts au sol, l'artiste dévoile une autre façon d'appréhender l'aspect sculptural.
Il joue sur des phénomènes de séries et de répétitions, aux travers desquels le spectateur éprouve visuellement les différentes et les ressemblances entre les éléments, équivalents, qui composent chaque œuvre : leur position dans l'espace, le rapport de l'élément à un tout et le rapport entre les œuvres elles même.
Malgré leur épaisseur réduite, les œuvres font vivre le lieu, elles l'habitent et c'est le lieu qui les élève.
Base virtuelles de piliers invisibles, les carrés qui les composent sont des fondations imaginaires.
On ne parle plus seulement d'objet exposé. On peut facilement imaginer la continuité du travail ; une évolution infinie, tributaire de nos déplacements et des espaces modulés par la présence des visiteurs. L'artiste accepte tout ce qui peut altérer l'œuvre : son histoire, le temps, les traces des spectateurs qui peuvent marcher dessus…
Carl Andre propose donc une expérience réelle, physique, l’expérience de la perception de l’œuvre, de ses éléments, de son matériau, de son espace, et l’expérience de son propre déplacement


Exhibition view. Carl André, 1988 

Minimal Myth” at Boijmans Van Beuningen
-Elise Craipeau-


Robert MORRIS

Robert Morris, artiste plasticien et écrivain américain est l'un des principaux représentant du courant minimaliste et de l'art performance.
En 1965, il expose pour la première fois 4 cubes, entièrement recouvert de miroir. Ces cubes sont disposés sur la pelouse du Garden at Tate. Ils forment des obstacles pour le spectateur qui expérimente l'espace différemment.



Cube de miroir sur la pelouse du Garden at Tate 1965 / Wall Hanging (250 x 372 x 30 cm) 1969-70 / portrait de Robert Morris 
Robert Morris, Solo show at the Green Gallery, New York, 1964

En 1966, Morris laisse une nouvelle fois l'occasion d'expérimenter ses œuvres dans la Dawn Gallery à Los Angeles. Il créé un ensemble de 6 pièces de bois, fibre et verre de formes géométriques qu'il dispose aléatoirement dans la pièce. Le spectateur est invité à déambuler entre les pièces.
On remarquera que les formes utilisées par Morris dans les années 60 sont géométriques.Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. En effet, dans les années 70 il se tourne vers la forme molle, comme par exemple dans l'oeuvre Wall Hanging (1969-70).

Photo de l'oeuvre Wall Hanging (250 x 372 x 30 cm)
-Philippine de Font Reault-

Sol LEWITT, White Five-Part Modular Piece

Sol Lewitt commence sa carrière en participant à de nombreuses expositions majeures de l'Art Minimal et Conceptuel. En parallèle, il écrit « Paragraphs on Conceptual Art », dans lequel il énonce le postulat de toute la suite de son travail. Selon lui, l’œuvre n'est que l'illustration d'une idée, les détails n'ont que peu d'importance. 

Le Minimal Art a pour but de réduire la forme des œuvres à la simplicité. Sol Lewitt se caractérise par l'utilisation de formes simples, dépouillées, épurées ; comme le cube ; en exploitant toutes les combinaisons possibles à partir de cette forme. Il réalise différentes variations qui suivent une certaine logique. Son travail est illustré comme simple, fondé sur quelques éléments plastiques non complexes et combinés entre eux selon un schéma d'organisation prédéfini.

Progressive Structure, 1997.(123.8 cm x 133.4 cm x 62.9 cm) 
SolLewitt, White Five Part Modular Piece 
-Coline Royer-

Minimal Art - John McCRACKEN

John McCracken est un artiste plasticien américain né en 1934 et mort en avril 2011. Originaire de Californie, McCracken a été l’une des figures majeures du courant minimaliste qui est apparu aux Etats-Unis dans les années 60.
Ayant d’abord commencé une carrière picturale dont le style se rapprochait de l’Expressionnisme Abstrait, McCracken a ensuite opté, au début des années 60, pour des formes géométrique simple, plus particulièrement des colonnes monochromes constituées de planches de bois aux couleurs vives. Ces sculptures deviendront sa signature à partir de 1966, année où il se fera connaitre grâce à l’exposition Primary Structures à New-York.
Comme Matisse qui découpait dans la couleur pour jouer avec des juxtapositions à l'intérieur du tableau, John McCracken sculpte dans la couleur pour la confronter en tant que volume avec d'autres surfaces ou volumes colorés. Reprenant dans ses sculptures le principe de Mies Van der Rohe selon lequel « less is more » (moins est plus), McCracken a su dépasser l’idéal de pure objectivité voulu par les règles minimalistes, en associant à ses œuvres des couleurs intenses, des noirs laqués profonds ou encore des gris métallisés dans lesquels le spectateur peut voir son reflet.
Quasiment tout au long de sa vie, John McCracken créa des cubes, planches, pyramides ou vaisseaux spatiaux, dont les surfaces brillantes de fibre de verre ou d'acier renvoi à l'esthétique automobile ainsi qu'aux récits de science-fiction.
McCracken considérait ses œuvres "comme des objets qui ne se réfèrent à rien d'autre qu'eux-mêmes, et en même temps à tout". Ses sculptures se trouvent aujourd’hui dans les plus prestigieuses collections américaines.





-Thomas Rudi-

Colonnes de couleur, Anne TRUITT 

Artiste Américaine, Anne Truitt est une fervente actrice du mouvement minimaliste qui débuta sa carrière minimale art au début des année 1960. C'est dans la création de ses grandes colonnes bigarrées qu'elle atteint  sa véritable "maturité artistique". Un production de scultuptures tout en longueur et peintes de manière à ce que différentes nuances de couleur s'observent. Le choix de cette forme rectangulaire, très élevée et fortement imposante, s'explique pour elle en une phrase concise; « L'idée m'est alors venue à l'esprit qu'une sculpture se tient juste debout, et que le temps passe son chemin autour d'elle.» Par ailleurs, elle se justifie sur l'utilisation de couleurs comme le seul produit avec lequel elle souhaitait travailler. Quant aux choix des nuances elle s'inspire directement de l'environnement qui l'entoure. Ainsi, les sculptures Summer Dryad (1971), Autumn Dryad (1975), Winter Dryad (1973) et Spring Dryad (1975), sont directement influencées par le climat de Washington. Par exemple, L'été est d'un vert criard, dû à une végétation luxuriante en été. L'automne est dépeint par un orange bûlant, reflétant le feuillage des arbres à cet époque de l'année. L'hiver est noir, peut-être dû à l'aversion que l'artiste a pour cette saison. Le printemps, d'un rose allant légèrement sur le blanc. Son œuvre est très rectiligne et en même temps très colorée, avec une certaine distance, proposant une abstration aux sentiments.
Anne Truitt in her Twining Court studio, Washington, DC, 1963.
The Hirshhorn Museum, exhibition of Anne Truitt's work since 1974.
-Meggie le Dain-

Judy CHICAGO

L’artiste américaine Judy Chicago, de son vrai nom Judy Cohen, est née le 20 Juillet 1939 à Chicago. Ses premières œuvres s'inscrivent dans la mouvance minimaliste.
Rainbow Pickett - Judy Chicago, 1964
Série de 6 trapèzes de différentes longueurs et de différentes couleurs posées contre le mur les uns parallèles aux autres. Les couleurs ( menthe, bleue, pourpre, rouge, orange et jaune) donnent l’impression d'un arc-en-ciel.
Le minimalisme, une tendance qu'elle abandonnera en faveur d'un art qu'elle voudra davantage en adéquation avec ses convictions : The Dinner Party et The Holocaust Project.


L'oeuvre est importante car c'est la première oeuvre conçue par une femme, pour glorifier des femmes. Ensuite, la représentation du sexe féminin constitue un sans précédent dans le monde de l’art. Enfin, elle rétablit les “travaux féminins” (broderie, peinture sur porcelaine, etc.) en les incluant dans l’œuvre.
Judy Chicago

-Lise Lescoublet-

Larry BELL

Depuis la fin des années 1950, l'artiste américain réfléchit sur les questions de perception et d'illusion d'optique. Membre actif du mouvement "Finish Fetish" aux côtés de John McCracken et Graig Kauffman, les 3 rebelles décident de prendre un autre chemin tout aussi minimaliste.
Au départ, les œuvres de Larry BELL sont plutôt discrètes, avec l'utilisation du cube et du carré. L'illusion d'optique se fait déjà ressentir dans "Conrad Hawk" en 1961. Quelques années plus tard en 1969, l'artiste ose affirmer ses préférences en utilisant son matériau fétiche, le verre. Il crée alors ses fameux "cubes" de verre posés sur des socles transparents, il va ensuite les décliner de plusieurs façons (opaque, semi-transparent, fumé, ... ). Son travail du verre est complexe, il s'est ainsi exprimé à ce sujet : "Je travaille le verre comme un ingénieur ...". En effet, dans son premier socle de verre l'artiste a utilisé des technologies de revêtements développées dans l'industrie aérospatiale. Il a ensuite exploité la "métalisation en couche mince", le métal qui est un matériau opaque est alors révélée sous un aspect semi-transparente.
Derrière ses œuvres minimalistes, Larry BELL cache en réalité une grande réflexion ainsi que des procédés technologiques recherchés.

Cube de verre utilisant la métalisation en couche mince 
Larry Bell
-Justine Cougnaud-

Richard SERRA

Richard Serra est un artiste Américain prééminent de la période post-expressionniste. Son travail de sculpteur attire l'attention sur une nouvelle manière de vivre et d'expérimenter les sculptures. Connu pour ses immenses œuvres d’acier, celles-ci obligent les spectateurs à s’engager au cœur d’elles-mêmes.
Tout comme un certain nombre de minimalistes, Richard Serra propose, à l’inverse d’un art métaphorique et symbolique, une idée de la sculpture en tant qu’expérience phénoménologique où la gravité, l'espace, le processus et le temps ont une place importante. Pourtant, ses sculptures évoquent le sublime par leur démesure et leur matérialité.

"7", 80 feet, Museum of Islamic Art Park Doha, Qatar
"tilted spheres", Pearson International Airport, Terminal 1, Mississauga, Canada, 2007.

-Céverine Girard-

Ronald Bladen

Ronald Bladen est un artiste peintre et sculpteur américain. Son œuvre The X se situe entre l’Expressionnisme Abstrait et le minimalisme. La sculpture est très imposante, il s’agit de la représentation d’un X à une échelle démesurée, d’autant plus accentuée du fait qu’elle soit placée dans un intérieur. Ronald Bladen a réalisé The X en aluminium puis il l’a peint en noir. A l’origine, The X était placé à l’intérieur, puis il a été déplacé en extérieur.
The X, Ronald Bladen, aluminum peint,  Corcoran Gallery, Washington, DC, 1967
Ronald Bladen; Black Tower (1986) 
-Agathe Desbrière-

Eva HESSE

Eva HESSE est une artiste des années 1960. Bien qu’ayant une carrière courte car décédée très jeune (34 ans), elle fait partie des artistes emblématiques du Minimal Art. 
Ses premières œuvres touchent au dessin, la peinture, l’aquarelle, la gouache et la sculpture. Mais très vite elle évolue et s’inscrit dans une approche plus énigmatique et abstraite.
Son travail, avec celui d’un autre petit groupe d’artiste (Acconci, Morris, Nauman, Tuttle, Friedman, Shapiro), est vite qualifié de post-minimaliste. En effet, Eva HESSE ne se contente pas simplement de créer des œuvres dépouillées, neutres et réduites au possible. Elle se détache avec un gout pour les aspérités biomorphiques et laisse place à l’excentricité.  Cela se concrétise avec des allusions érotiques. 
Dans son atelier, Eva HESSE créait selon le principe de « test piece ». Ses productions n’avaient aucune finalité. Pas de ratés ni de réussite. Ce fonctionnement lui permettait d’explorer la matière sous toutes ses coutures et jusqu’à son paroxysme.
Elle se concentrait principalement sur les matières molles, comme le feutre, le caoutchouc, le latex, mais surtout la ficelle, la corde et différents lambeaux. Ce sont des matériaux non durables et, initialement utilisés pour le moule de la sculpture et non la sculpture. Elle invite le spectateur à toucher ses sculptures. Il n’y a plus d’ordre. C’est pourquoi ses œuvres s'approchent de "l’Antiform".
Eva HESSE utilisait le minimalisme en tant que point de référence esthétique ou conceptuel. Mais elle garde une singularité dans ce mouvement. Elle bouleverse les codes de la sculpture et pose des bases devenues courantes dans l’art contemporain actuel.
Eva Hesse devant sa sculpture Untitled or Not Yet dans son Atelier à la Bowery, New York 1969 
Sculptures baton : Sans titre, (Untitled (Seven Poles)), 1970
Fibre de verre, résine, polyester, polyéthylène, fils d'aluminium
272 x 240 cm
-Martin Jules-

Juste la lumière

Dan FLAVIN

Dan Flavin, artiste minimaliste américain, né en 1933, utilise la lumière comme couleur et comme matériau. Pour cela il se sert de tubes de néon ordinaires dans ses installations telles que The Diagonal of May 25, de 1963 ou encore Three sets of tangented arcs in daylight and cool white, de 1969. Il a ainsi développé une nouvelle forme radicale d'art qui a libéré « l'image » de son cadre, et l'a transformé en objet coloré lumineux, consumant l'espace dans lequel il se trouve. La peinture de mur est alors remplacée par une installation légère qui est en lien avec la libération douce et apaisante de la lumière dans la pièce. Le spectateur se trouve immergé dans un splendide jeu de lumières et de couleurs qui permet une expérience physique de l'art. L'emplacement des néons de différentes couleurs dans l'espace crée des lignes de force, et une unité lumineuse qui fait varier la perception première de l'espace. Des déformations sont alors créées grâce aux reflets des néons, la pièce s'allonge ou s'étire. L'artiste joue avec les couleurs, les lumières, les ombres, les formes et l'espace de la pièce, pour créer une distortion, et offrir au spectateur un tout autre regard sur l'environnement d'origine désormais transformé et illuminé. Il remet aussi en question la place d'une œuvre d'art dans un musée en jouant sur l'emplacement de ses installations. L'œuvre n'est plus vue de l'exterieur, mais de l'interieur, car elle est vécue par le spectateur qui est lui-même plongé au cœur de l'environnement lumineux.
Dan Flavin, Three sets of tangented arcs in daylight and cool white, 1969, National Gallery of Canada
Dan Flavin (1933-1996)  
-Margot Albert Heuzey-

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