dimanche 11 octobre 2015

Boustifailles

En plus de repaître l'Homme, la nourriture alimente la créativité des artistes. De son état de fraîcheur originelle jusqu'à sa transformation fécale ou naturelle, le potentiel artistique de la mangeaille est sans mesure.


Aujourd'hui, les chefs vous proposent :
En apéritif, commençons en douceur avec une sélection classique, 
de Léonard de VINCI à Sophie CALLE. 

En entrée, l'aliment à l'état brut. 

Pour le plat, soyons joueurs avec Natacha LESUEUR, Agnès PROPCEK, 
Hans GISSINGER.

Entre la poire et le fromage, partageons l'art sur un plateau.

Au dessert, pas de pitié avec Martin PARR.

En digestif, lâchez tout vous serez surpris.

 Bonne dégustation.
Martin Jule et Paul  Houbron



Appétitif : représenter et voir.


Léonard de Vinci, La cène

La Cène est une œuvre de Léonard de Vinci. Réalisée de 1494 à 1498, elle mesure 460x880cm. Cette peinture murale donne à voir le spectacle du dernier repas du Christ. Elle a été réalisée pour le réfectoire de Santa Maria delle Grazie. A chaque repas, les moines pouvaient la contempler et "partager" visuellement et symboliquement le dernier repas du Christ.

Lors de ce repas, Jésus donne l'opportunité à ses douze disciples de passer un dernier moment en sa présence et leur offre ce repas en guise d'au revoir, avant l'épisode de la crucifixion. Ce repas, inscrit dans l'histoire de la religion chrétienne est un véritable symbole. Il a été mainte fois représenté. Il est l'image du respect, du partage mais aussi du début de la tromperie déloyale et malhonnête.

Au cours du repas, Jésus annonce qu'un des leurs va le trahir : "En vérité, je vous le dis, l'un d'entre vous me livrera". Léonard de Vinci représente ce moment de doute, de questionnement, de stupéfaction. Jésus occupe la place centrale, là où la lumière est la plus forte, car il est le personnage important de la scène. Les disciples, quant à eux, sont placés autour de lui (par groupe de trois) et s'interrogent. Judas, l'homme de la trahison est dans l'ombre et tourne presque le dos aux spectateurs. 

Le dernier repas permet de se réunir et de faire appel à nos sens et nos plaisirs. Le choix du dîner pour faire ses adieux est un moyen d'apaiser la tristesse et la solennité de l'instant de séparation. La Cène de Léonard de Vinci sera une véritable source d'inspiration pour de nombreux artistes.

Elise CRAIPEAU.



Nature morte retournée, "Le jardinier", Arcimboldo, 1590


Giuseppe Arcimboldo est un artiste peintre maniériste  italien du 16ème siècle. Connu pour ces portraits allégoriques, il surprend par l'inventivité, l'intelligence de ses procédés. Ses compositions, constituées de végétaux, d'animaux ou d'objets nous suggèrent bien souvent des visages pour le moins chimérique. Dans certaines de ses œuvres, deux sens de lecture peuvent s'observer. 
Dans un sens le tableau intitulé Le Jardinier représente un plat de légumes frais ramassés du jardin, chose pour le moins banale. Dans l'autre sens, en retournant le tableau, un visage à l'origine apparait. Un véritable jeu visuel qui demande à l'artiste une grande rigueur dans sa construction.

Le Jardinier fait partie de la série des œuvres réversibles. Il s'agit d'une huile sur bois datant de 1590 dans un petit format  petit (35 x 24 cm), mais adapté aux tailles de l'époque pour une nature morte. On y voit un panier de légumes en tout genre (Rutabaga, oignon, carotte, salade...). Le subtervuge est qu'en le retournant leur créateur se dévoile.

Cela en va de même avec Le Panier de fruit (1590)  ou Le Cuisinier (1570).
Meggie LE DAIN.


Manet, L'asperge



Manet, né le 23 Janvier 1832 et mort le 30 Avril 1883, est un peintre français réaliste et l’un des pères de l’iImpressionnisme. Ses toiles sont souvent rejetées des Salon dans lesquelles il les présente. Il peut en 1863, lors de la création du Salon des refusés, exposer ses toiles, dont Le déjeuner sur l'herbe (1862) qui avait provoqué de nombreuses critiques. En 1865, Il expose Olympia, qui suscite une réaction encore plus vive. Durant les dernières années de sa vie, il se consacre aux natures mortes. Manet suscite alors l’intérêt du collectionneur Charles Ephruss qui lui commande un tableau représentant une botte d’asperge en 1880. Les légumes sont mis en scène, posés sur de la verdure en référence aux natures mortes hollandaises du XVIIème siècle que l’artiste apprécie.
Asperges, Edouard Manet, 1880, Huile sur toile, 46 × 55 cm, Wallraf-Richartz-Museum
Pour cette œuvre, Manet ne demandait que 800 francs. Cependant, Charles Ephruss lui en offrira 1000 francs. Le peintre lui envoie alors une deuxième toile, mais cette fois, avec une seule asperge posée sur le rebord d’une table en marbre peinte d’une habilité remarquable. Le tableau est accompagné du commentaire : “ Il en manquait une à votre botte ! “
Lise LESCOUBLET

L'asperge, Edouard Manet, 1880, Huile sur toile, 16 x 21cms, Musée d'Orsay 


Sophie Calle, Régime Chromatique, 1997

Sophie Calle est une plasticienne née le 9 octobre 1953. Elle fait de sa vie la matière de ses œuvres. Et pour les réaliser, elle a le choix : photographie, vidéo, performance, livre, … Grâce à cette diversité, cette artiste aux multiples talents n'est jamais en panne d'inspiration. 

Le jour où Paul Auster passe un pacte avec l'artiste, il lui propose de lui créer un personnage dans son nouveau livre nommé Léviathan. Maria, c'est donc sous ce nom que Sophie Calle apparaît dans l'histoire. Après avoir lu le livre, Sophie Calle décide d'en réinterpréter certaines idées émises par Maria (dont elle est le modèle réel) pour  en faire œuvre. Ce jeu donne naissance au Régime Chromatique. Effectivement, un passage de l'histoire nous raconte que Maria s'impose un régime quelque peu étrange, s'alimenter d'une seule et unique couleur par jour. Le programme se compose ainsi : le lundi des aliments orange, le mardi rouge, le mercredi blanc et le jeudi vert. Mais l'extravagante Sophie ne va pas s'arrêter en si bon chemin, elle décide de compléter ce programme. Elle attribue donc la couleur jaune pour le vendredi, le rose pour le samedi et le dimanche elle invite des amis pour déguster tous les plats de la semaine. Les plats sont donc présentés sur un fond de la même couleur que le jours qui lui a été attribué, photographiés, accompagné de la description du menu et mis en place à la façon d'une frise chronologique. Dans son œuvre l'artiste mélange la réalité et la fiction ainsi que l'organisation et l'extravagance.


Justine COUGNAUD




Daniel Spoerri, Tableaux pièges Astro-gastronomiques.

Figer la table après un repas : c’est l’idée farfelue qu’a eu Daniel Spoerri, en 1975. C’est un artiste plasticien d’origine roumaine né dans les années 30. Son concept ? Toutes les personnes d’un même signe astrologique sont invitées à partager un repas, et à la fin de celui-ci, l’artiste colle chaque élément restant, comme une archive figée qui, à travers les différents documents laissés, transmettent l’ambiance qui pouvait se dégager de cette rencontre. Au bout de 12 jours, le résultat prend vie à la galerie MULTHIPLA, à Milan. En effet, l’artiste découpe les pieds de chaque table et les accroche aux murs, comme des tableaux qui, mis côte à côte prennent tout leur sens. La treizième et dernière table est piégée dans son état initial, prête à être utilisée. C’est la pièce manquante au puzzle.
Baptiste RIOM
Daniel Spoerri - 13 tableaux-pièges astro-gastronomiques, Milan, 1975


Entrée : l'aliment comme matériau

Wolfang LAIB :
   
Wolfgang Laib est un artiste allemand ; il a d'abord étudié dans le domaine de la médecine puis il s'est converti dans l'art, préférant la guérison des âmes à celle des corps. Suite à de nombreux voyages, il a pu modifier, amplifier son rapport, son intérêt,  à certains matériaux naturels, comme le riz, le pollen, la cire d'abeille ou encore le lait qui sont devenus les matériaux de ses œuvres. Pour lui, la récolte de ces éléments fait partie de son processus créatif ; récoltes qui varient selon la météo, les saisons. A l'aide de ces matériaux, il construit des formes simples afin de communiquer au delà du langage verbal. 


Milkstone est une de ses œuvres également appelée Pierre de lait. Elle est constituée d'une plaque de marbre à peine creusée sur laquelle l'artiste vient verser tous les jours, comme un rituel, du lait avec délicatesse. L’œuvre Carré de pollen est un monochrome jaune posé sur le sol. Cette couleur éblouissante vient du pollen de noisetier créant presque un effet d’hypnose pour le spectateur. 
Coline ROYER
Wolfgang Laib -  Carré de pollen.
Wolfgang Laib - Pierre de lait.

Motoi YAMAMOTO, Return to the Sea – Labyrinths, 2012

Labyrinths, les installations en sel de Motoi Yamamoto, chargées graphiquement, aux formes parfaitement exécutées, répétitives et envoûtantes, paraissent denses et obsessionnelles. Mais finalement, en prenant un peu de recul, on finit par pouvoir s'échapper de cette emplissement graphique, en sortant du labyrinthe dans lequel nous étions enfermé et en laissant parler la rêverie, l'imaginaire. Tout de suite, l'installation prend plus de légèreté, le vide occupe plus l'espace, comme de grandes bouffées d'oxygène qui nous aideraient à respirer, et à rentrer dans cet univers silencieux et commémoratif qu'est le deuil. Car c'est suite à cette expérience personnelle que Motoi Yamamoto a commencé cette démarche créative et, ce, dans une tentative de retrouver et faire revivre l’être perdu. Dans la culture japonaise, lorsque l'on assiste à enterrement, on jette parfois du sel comme acte de purification. L'éphémère est au cœur de sa pratique artistique, et prend tout son sens, nous faisant réfléchir au coté temporaire de la vie et des souvenirs de nos proches après leur mort. Ses œuvres laissent une impression profonde de spiritualité, en invitant le spectateur à la médiation et au souvenir. Ses créations nous plongent dans l'univers fastidieux du deuil, proposant des cheminements complexes et harassants. Le sel, étrangement utilisé dans ses réalisations comme matériau, fait référence à la culture japonaise, tout en donnant une sensation de légèreté, due à son coté éphémère, poudreux et cristallin, permettant un rendu aussi minutieux que de la dentelle. A la fin de l'exposition, le sel utilisé est emballé dans des sacs, puis rejeté dans la mer, à laquelle il appartenait. C'est pour cette raison que Motoi Yamamoto a appelée sa série de labyrinthes salés Return to the Sea.
Margot ALBERT-HEUZEY




  


Plat : jouer avec la nourriture


Michel Blazi


 Certains artistes travaillent avec des médiums qu'ils maîtrisent, des matériaux sécurisants et pérennes. Mais Michel Blazy ne s'inscrit pas dans ce courant. Lui, utilise des matériaux périssable (papier toilette, sac plastique, fruits, mousses, denrées… ). Ses installations sont précaires et évoluent en fonction du temps de l'exposition. Une poésie vivante qui se regarde mais pas que… Dans les installations où il travaille à partir d'aliments, des êtres vivants (bactéries, araignées...) interviennent et modifient le dispositif initial. Les œuvres vivent leur vie suivant un développement biologique difficile à contrôler : des formes disparaissent quand d'autres émergent.
Quentin FOURRAGE
MICHEL BLAZY, bar à orange,1996 



Natacha Lesueur

Natacha Lesueur est une photographe et plasticienne française qui a fait ses études à la Villa Arson à Nice. L’image est au centre de sa pratique et ses œuvres sont essentiellement photographiques. Natacha Lesueur construit ses images comme des tableaux.
Natacha Lesueur s’intéresse à la nourriture et plus précisément à l’idée de la sculpture éphémère et biologique. En effet, elle utilise différents aliments et des substances diverses pour créer des coiffes. Il semblerait qu’à travers ses œuvres, Natacha Lesueur nous propose une réflexion sur les modes de vie contemporains.
Pour finaliser et rendre compte de son travail, elle fait des photographies très travaillées. Ses images sont particulièrement précises, fabriquées dans son atelier, et dans des conditions techniques quasiment professionnelles (chambre, négatif à grand format, impression à haute qualité). Natacha Lesueur choisit de supprimer de ses images tout ce qui pourrait rappeler l'histoire de la photographie, au profit d'une image neutre proche de celle des médias et de la publicité contemporaine.
Agathe DESBRIERES
Sans titre, Natacha Lesueur, 1998


Agnès Propeck « Collier de la Reine »  

Un collier royal.
   
Un collier de pâte dans une vitrine ? Jamais on aurait pensé que cet art enfantin arriverait un jour dans la boutique de Christian Lacroix pour l’exposition Sweet’art ou l’art de la gourmandise. Pourtant l’artiste Agnès Propeck s’est essayée à la tache.

Agnès Propeck - Le Collier de la Reine - 2004
En 2004, elle expose près de 3 kilos de pâtes, étalés sur plus d’un mètre carré, sous le nom du « collier de la Reine ». Sa parure comestible est l’exacte reproduction de celle de Madame du Barry, la maitresse du roi Louis XV, qui en 1772 a fait faire à sa favorite un collier en diamant inégalable.
Photo du collier de Madame du Barry
Dans ce formidable travail de broderie, les Fettucine, Conchiglioni rigati et Orecchiette se succèdent tels des perles, pour reprendre les formes du collier royal.
Photo du collier de pâtes
L’artiste, qui prend un malin plaisir à donner aux objets du quotidien une apparence sublime, nous explique son choix pour ce matériau peu commun : « J’avais envie de travailler avec des pâtes, car elles sont des objets qui appartiennent à tout le monde et qui habitent notre imaginaire collectif  ».
Aurait-elle trouvée un moyen de vulgariser l’univers du luxe ?
Philippine de FONT-RÉAULX



Hans Gissinger, Tartas, 2005

Photographe Suisse né en 1946, Hans Gissinger explore l’esthétique à travers ses clichés qui ont le plus souvent un côté impertinent, parfois même dérangeant, dénonçant les travers trop sérieux et “coincés” de notre société.
Pour sa série photographique Tartas, créée en 2005 pour le 100ème anniversaire de la pâtisserie Escriba's Bakery, Hans Gissinger a placé des explosifs au centre des gâteaux pour les faire exploser pour ses prises de vue. Réalisées en studio sur fond noir, chaque explosion a été filmée au ralenti et photographiée afin de capter le mouvement, l'éclatement, la décomposition en petits fragments retombant doucement, comme en suspension dans les airs. Parfois, elles ont été « testées » avec des personnes ignorant que leur gâteau était piégé. On peut alors voir leurs réactions décomposées grâce au ralenti.
Au travers de cette œuvre, le photographe Hans Gissinger et le pâtissier Christian Escriba ont avant tout voulu montrer un exemple de liberté, de jeu, de décadence se moquant d'une société froide et enfermée dans un sérieux devenu mode de vie, tout en captant des images explosives, réjouissantes et incroyablement dynamiques.




Fromage : Manger et partager


 Rirkrit TIRAVANIJA, Soup no soup


L’artiste thaïlandais Rirkrit Tiravanija aime le partage, la générosité et les rencontres publiques. Il a ainsi crée en 2012 une œuvre, Soup/ No soup, installée lors de la pré-ouverture de la Triennale de Paris (produite par le Palais de Tokyo) dans la Nef du Grand Palais. Cette performance constituait simplement en une immense distribution de soupe gratuite. Les visiteurs étaient invités à venir s'asseoir et partager le repas avec de parfait inconnus. Ouvert à tous, ce projet, reprend sous le même titre, mais sur une plus large échelle, une œuvre présentée pour la première fois  à New York en janvier 2011.  
A Paris, Le 7 avril 2012, pendant 12 heures, de midi à minuit, des bénévoles auront servi 15 000 bols soit 5 000 litres de soupe Tom Ka pour 8 000 à 10 000 personnes. Les spectateurs sont ainsi acteurs de cette gigantesque proposition.

Tamara PRUD'HOM
Rirkrit TIRAVANIJA, soup no soup
Michel Journiac, Boudin de sang humain

Michel Journiac, artiste plasticien français et notamment connu dans l’art corporel, a réalisé en 1969 Messe pour un corps, œuvre/action qui à mon sens représente l’apogée de sa réflexion sur le corps et le rituel. Au cours de cette action, Michel Journiac, travesti en prêtre, dit une messe en latin à la fin de laquelle il fait communier son auditoire avec son sang préparé sous forme de boudin. Cette manifestation veut montrer les rapports du corps avec la société et sa réception de la souffrance, du désir, du plaisir ou de la mort.
Lors de cette célébration "religieuse", Journiac veut rendre le corps actif pour le libérer du poids de la société qui le rend passif, car pour lui le corps est « une viande consciente et socialisée » consciente que la société l’enferme.
Cette action particulièrement dérangeante oblige le public à ouvrir les yeux sur des tabous de la société mettant le corps et la chair au centre d’une réflexion philosophique et sociologique. Par cette performance, Journiac dit vouloir représenter « l’archétype de la création : l’Homme se nourrissant de lui-même et des hommes se nourrissant de l’artiste ».
Recette de boudin au sang humain ( résumé ) 
Prendre 90 cm3 de sang humain liquide, 90g de gras animal, 
90g d'oignons crus, un boyau salé ramolli à l'eau froide puis épongé, 
8g de sel, 
5g de quatre-épices, 
2g d'aromates et de sucre en poudre.
Hacher et couper les ingrédients, faire cuire le tout en mélangeant, puis finalement remplir le boyau et faire cuire jusqu’a ce que le boudin soit raffermi puis en faire griller des tranches.
Colombe GOURGEON




 
Felix Gonzalez-Torres, Candy Stacks

C'est lors des années 90, avec le développement du sida,  que Felix Gonzalez Torres crée “Candy Stacks”, des tas de bonbons posés à même le sol. L’artiste ne se contente pas de proposer une œuvre installée dans une salle de musée, il invite le spectateur à poursuivre sa réalisation et à donner un sens à celle-ci, en l'incitant à prendre un bonbon et à le manger. L’émotion est placée au cœur de son art conceptuel. En effet, le tas de bonbons représente symboliquement le compagnon de Felix, Ross Laycock, qui fut touché par le sida. Lors de son installation, le poids du tas de bonbons est de 87 kg, (poids qui correspond à celui de Ross lors de son diagnostic comme porteur du VIH). En invitant le spectateur à prendre un bonbon, l’artiste fait de son œuvre un acte de transmission. L’œuvre est amenée à se disperser dans le corps du visiteur et représente ainsi, symboliquement, la contamination et la transmission du SIDA.




Morgane AMORIN
Felix Gonzalez-Torres, ‘Sans titre’, 1992 
Andrea Rosen Gallery, New York
Taille original : 2x48x48

Felix Gonzalez-Torres, 'Sans titre'



Dessert : "bouffer"


Martin PARR, Les buffets

Martin Parr est un photographe anglais, né en 1952, aujourd’hui membre de la coopérative Magnum photo. Son œuvre se caractérise par la dérision et l’ironie et rejoint le domaine de la photographie documentaire, dont il propose une approche nouvelle. Ces sujets de prédilection sont le peuple anglais, toutes classes sociales confondues, et les modes de consommation contemporains.
Satirique, prolifique et malicieusement sociologique, Martin Parr photographie des détails de comportements, utilisant le flash et le "déclenchement inopportun" (les yeux mis clos, la bouche ouverte, les gestes suspendus un peu idiots) comme mode de décortication de la société anglaise des années 70-80. Ses photographies sont un miroir sans pitié des mœurs de l’anglais, et par généralisation, de l’occidental.
Obésité, mauvais goût, surconsommation et petites rapines sont de mise et accentués par un fort contraste et des couleurs vives afin d’extraire toute l’expressivité de ses photos. Un exemple frappant avec la photographie One day trip : on y aperçoit des Anglais prenant d'assaut le supermarché Auchan de Calais, bourrant leur caddie pour retourner dans l’Angleterre de Tatcher plein de bière.
Avec ses photos, Martin Parr ne cherche donc pas l’esthétisme, mais au contraire, à travers des séries, il cherche quelque chose d’humain, une certaine vérité, même si celle-ci a parfois mauvais goût.
Thomas RUDI
Martin Parr, 'New Brighton', 1986
Todmorden. Mayor of Todmorden’s inaugural banquet. 1977. ©Martin Parr / Magnum Photos
Martin Parr - One Day Trip - 1988-89

           

Digestif : manger et desservir
 
EXPOSITION DU VIDE, Yves Klein, Galerie Iris Clert,

Paris, 1958


Le 12 avril 1958, jour du vernissage de l’exposition d’Yves Klein sur le vide dont la réelle appellation est « La spécialisation de la sensibilité à l'état de matière première en sensibilité picturale stabilisée », nul ne s’attendait au choc qu’ils allaient subir.

En effet, étonnement et stupeur prirent place au sein des invités lorsqu’ils se rendirent compte que la galerie était et resterait totalement vide, avec ses murs d’un blanc immaculé. « Mais où est donc le bleu, ce bleu si particulier qu’il a fait la gloire du peintre ? » est la question que l’on peut lire sur toutes les lèvres.
Pour Klein, l’art n’est pas seulement matériel. L’espace vide a une importance notable et doit laisser place à la réflexion.

C’est au buffet, moment tant attendu des vernissages, que la surprise des spectateurs s’accroit lorsqu’arrivent des cocktails d’un bleu profond. Créés par La Coupole, il s’agit simplement d’un mélange de Gin, de Cointreau et de bleu de méthylène, utilisé parfois comme colorant alimentaire. C’est ainsi que,quelques heures plus tard, chacun se retrouva  à uriner en International Bleu Klein.
Céverine GIRARD


Cloaca, la machine qui fait "cacArt" de Wim Delvoye


Wim Delvoye - Cloaca - 2000, installation au Museum Kunst Palast, Düsseldorf
Conçue avec l'aide d'ingénieurs, de chimistes, Cloaca, la machine née de l'esprit provocateur et rieur de Wim Delvoye, reproduit le mécanisme complexe de la digestion humaine. Chaque jour, il faut la nourrir pour que, chaque jour, elle produise une déjection, un "cacArt", emballé sous vide et vendu aux collectionneurs qui peuvent se l'offrir. Aussi sophistiquée que moqueuse, la machine de Wim Delvoye, met en place des mécanismes aussi ingénieux qu'ironiques, désacralisant l'art, la création, tout en utilisant les rouages des institutions et du marché pour mieux s'en moquer.
CC

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