mercredi 1 octobre 2014

Scopitone

 EDITO 


       Le festival Scopitone regroupe plusieurs évènements dans plusieurs lieux de la ville de Nantes. Il a été créé en 2002 par l’association Songo. L'objectif de ce festival est de donner visibilité et présence à l’art numérique dans l’espace public et sur scène.

      Scopitone est un festival d’arts numériques touchant autant à la musique, l’image, le spectacle, l’installation ou encore la performance. 2014 marque sa treizième année d'existence. Le but est d’innover toujours plus, tout en rendant le tout encore plus accessible au grand public. Le festival vit aussi la nuit, electro-clubbing, electro-pop, electro rock font résonner les murs du Stéréolux et des Nefs.

      C'est la ville toute entière qui devient terrain de jeu, du Jardin des Plantes avec l'installation Cyclique du collectif Coin, au Château des Ducs, en passant par la friche Alstom et Stéréolux.

Voici un aperçu de cette effervescence numérique qui s'est déroulé du 15 au 21 septembre 2014.
[Pauline Bernard et Emilie Bethune]

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THE TENTH SENTIMENT, Ryota Kuwakubo (Japon)

Château des Ducs de Bretagne



Une pièce sombre et silencieuse. Sur les murs, des ombres projetées, grandissantes. On dirait des immeubles, des centrales, une ville. Au sol, une lumière avance, elle semble suivre un circuit, c’est un train électrique. Cette lumière projette un décor d’objets de toutes sortes : ampoules, passoires, crayons, figurines, pinces à linge… Le jeu d’ombre est fantastique. À force d’observation et de curiosité, nous sommes littéralement transportés à bord de ce petit train, voyageant à travers un univers urbain.




[Nicolas Boda]

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EOTONE, David Letellier et Herman Kolgen

à l'Esplanade des Traçeurs de Coques



Eotone: quatres instruments à vent.
C'est en se rendant au stéréolux, lieu de création et de diffusion de l'art, que nos oreilles sont interpellées par des sons graves et profonds, créant des résonances sur l'esplanade des traceurs de coques. En nous approchant, pour identifier l'origine de ces sons, nous découvrons quatre structures métalliques de cinq mètres de long, disposées en forme de carré. Cette installation porte le nom d'Eotone et a été conçue par le canadien Herman Kolgen et le Francais David Letellier.
Le dispositif fonctionne grâce à des anémomètres situés à Quebec, Montréal, Rennes et Nantes. Les données recueillies, suivant la force et la direction du vent de chacune des villes, sont comme emprisonnées par des capteurs pour ensuite être transformées et libérées par le biais de ces "cornes de brumes" mobiles. Ces données sont retransmises sous formes sonores, plus ou moins intensives et par des mouvements de rotation des structures, pour rappeler que le vent peut aussi bien être une douce brise qu'un cyclone dévastateur. Les structures sont indépendantes les unes des autres et donnent à voir une sorte de danse d'instruments à vent. Ce jeu sonore et visuel permet aux passants de voir et d'entendre le vent se mouvoir de lui même sans pour autant le sentir.
Cette installation n'est pas interactive au sens où nous avons besoin de toucher un bouton pour que cela fonctionne, mais au sens où nous jouons notre propre rôle d'homme impuissant face aux forces de la nature telles que le vent. L'œuvre est au départ troublante car elle vous attire de par son vocabulaire sonore, pour ensuite nous faire sentir tout petit une fois confronté à ces impressionnantes structures de métal. Le concert que vous vous apprêtez à voir est bien différent de ceux proposés en salle, mais vaut tout de même le détour ! 



 [Claire Brelivet]

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SEA TALES, Philipp Artus

Halle Alstom


Depuis plusieurs années, Phillip Artus travaille sur l’expérience numérique et la restitution des formes « vivantes ». Pour cela, il utilise principalement des techniques de re-création du son, du mouvement et de l’imaginaire.
Phillip Artus a composé cette œuvre avec une projection laser à 360° sur un écran phosphorescent cylindrique. Sea Tales est une sculpture lumineuse représentant la vie des fonds marins. Il s’est inspiré des contes sur le thème de la mer comme Moby Dick, Vingt mille lieues sous les mers ou encore la Légende du Hollandais volant. A travers cette sculpture panoramique, Phillip Artus plonge les spectateurs dans la contemplation d’un univers fantastique.







[Laurila Buratti]

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 SONOSPACE

Hall Alstom


Le Sonospace est une installation de la Halle Alstom enveloppée d'un tissu noir pour stopper la lumière. L'installation est constituée d'un projecteur situé au-dessus de l'installation, de neuf socles disposés en cercle avec des balles noires de différentes masses disposées dessus. Les balles représentent les neuf planètes du système solaire, leur masse est proportionnelle à la réalité.Par l'intermédiaire d'un casque, des planétologues et des musiciens expliquent les caractéristiques de celles-ci et leur relation avec la musique. Ensuite, ils nous font part de qu'ils pensent des planètes au niveau musical et physique. Les balles sont placées sur des socles en plastique qui s'illumine au moment d’interagir avec ces dernières. En effet, les spectateurs doivent se saisir de la balle et la faire bouger au-dessus du socle, ce qui déclenche un son qui se modifie en fonction de la hauteur de la balle.
Cette installation permet de diffuser une réelle ambiance spatiale et nous permet de nous rendre compte des différentes masses proportionnelles des planètes. De plus, les informations transmises par les planétologues et les musiciens sont très utiles et nous transportent dans une autre dimension. Par ailleurs, l'aspect interactif de l'installation la rend plus ludique et intéressante pour les spectateurs.





[Paul Burgos]

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THE HALL, Emmanuel Biard et David Leonard

à Trempolino



The Hall est l’œuvre d’un light designer : Emmanuel Biard et d’un ingénieur : David Léonard. Ils se sont associés pour cette installation cinétique.
Elle est constituée notamment de miroirs, de lasers de couleur bleue et ponctuellement de fumée, le reste de la salle est plongé dans le noir.
Les lasers sont ainsi projetés sur un miroir circulaire qui réfléchit les rayons sur un autre miroir similaire ayant une inclinaison différente. De la fumée est diffusée et grâce à la lumière, on peut distinguer les volutes de fumée.
Il y a aussi un fond sonore à tonalité assez numérique.
L’ensemble crée un univers complètement décalé qui nous immerge dans une œuvre hypnotique.




[Constance Chambaud]
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THE BLIND ROBOT, Louis-Philippe Demers

à Stéréolux



L’interaction homme-machine est aujourd'hui courante grâce aux technologies, mais c'est lors d'une expérience sensorielle unique que The Blind Robot prend tout son sens et nous montre une toute autre relation. C'est ce que Louis-Philippe Demers, artiste et chercheur canadien tente de démontrer par cette installation interactive. Concrètement, l'idée est simple, deux bras robotisés équipés de mains articulées découvrent le visage du visiteur assis face à un miroir. Cette interaction rappelle l'entrée en contact d'un être humain non-voyant, avec un autre humain par le toucher. Mais ici, le non-voyant est un robot. C'est donc une expérience tactile intime et psychologique qui ce met en place entre l'humain et le robot. Au premier abord,  l'expérience semble effrayante et stressante car nous n'avons jamais été en contact physique direct avec un robot, mais au final, l'expérience est intéressante de part les sentiments uniques qu'elle provoque chez le visiteur.





[Antoine Dehillerin]
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PERSYSTOGRAF, Jesse Lucas, Erwan Raguenes, Yro, Bernard Szajner

à Stéréolux



Le Persystograph est une œuvre présentée au festival scopitone 2014 créée par le collectif artistique Avocat. Cette œuvre numérique permet à la manière d’une boîte à musique, un mélange sons et images étonnant. C’est le spectateur qui, en tournant la manivelle, enclenche le système soit un écran tournant sur lui-même, constitué de points de lumière qui réagissent non seulement au mouvement de rotation mais aussi aux différents boutons provoquant des sons tous différents. Ce mélange donne à l’écran un dessin en mouvement, une danse de couleur qui plait à l’œil. Cette machine placée dans une pièce sombre nous plonge dans une atmosphère particulière créant ainsi une étrange harmonie entre sons et couleurs.



[Alice Delsenne]
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LEAD ANGELS 1.0, Frederik De Wilde

à Stéréolux



Lead Angels 1.0 est un dispositif visuel et sonore créé par Fréderick De Wilde, artiste belge qui s’interroge sur les relations entre la science et l'homme. Lead Angel 1.0  présente douze tubes en verre d'ouraline suspendus au plafond. Ce verre offre la particularité de contenir une dose d'uranium inoffensive qui lui donne une teinte jaune-vert. La présence d'uranium rend l'ouraline fluorescente quand elle est l'exposée aux ultraviolets. De plus, ces tubes sont combinés à un dispositif mobile (tubes tournants) et sonore.



Cette œuvre est mise en scène dans le noir. Un socle supporte un triangle en verre. A l’intérieur, s’y glisse une petite pierre, elle-même fixée sur une tige en plastique contenant une petite partie d’uranium. De plus, un compteur Geiger est logé dans le triangle en verre. Il mesure la radioactivité de la pierre et la retranscrit dans le mouvement des tubes. Lorsque l’on enlève la tige et la pierre, le dispositif en verre d’uranium tourne encore plus lentement. On en déduit donc la présence de particules radioactives dans l’air. Ainsi à travers ce dispositif fascinant, nous pouvons en conclure que nous vivons dans un monde où les radiations sont omniprésentes (massives ou diffuses).

[Pauline Disloquer]
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MOLECULAR CLOUD : IMMERSION DANS UN NUAGE MOLECULAIRE, UNE USINE A ETOILES

à Stéréolux


Rêverie scientifique et artistique Molecular Cloud est une œuvre qui s'inscrit dans l'exposition ExplorNova[immersion] proposée par le festival Scopitone de cette année. Dans le cadre de cette coproduction nantaise, artistes et scientifiques se sont associés pour recréer un instant magique observé au-delà du spectre visible. Dans cet endroit étrange qu’est l’univers, l'infrarouge nous révèle le cœur de zones nébuleuses et mystérieuses. C'est à partir d’un jeu de gravités additionnées que les étoiles surgissent de poches de gaz ou nuages moléculaires.
Ainsi, les mystères d'une autre dimension nous apparaissent. Nous assistons, dans le noir le plus total, à la représentation d'une danse interstellaire de la matière, tantôt douce, tantôt éblouissante, tantôt continue ou étincelante. Ce réseau filaire complexe semble léviter.
Constituée de quatre projecteurs et de filaments en nylon peints en noir à leurs extrémités,
la structure possède une mise en place unique à chaque installation. En effet, la programmation du défilé lumineux est adaptée au positionnement des filaments au millimètre près. Après environ deux jours d'installation, nous avons finalement pu admirer cette fascinante composition où art et sciences se confondent.



Molecular Cloud - vidéo réalisée par Anne Sophie Charroin
[Claire Dugast]
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TOUCHY, Eric Siu

à Stéréolux



L'œuvre Touchy est un dispositif - un casque avec une caméra intégrée - mis au point par l'artiste chinois Eric Siu.
Le principe est simple: "No touch, I'm blind. Touch me I can see". La personne portant le casque est comme emprisonnée, fermée au monde extérieur, jusqu'à ce que quelqu'un touche une partie de son corps.
Ainsi, l'artiste provoque en chacun de nous une remise en question certaine sur ce que sont devenues les relations humaines. En effet, nos contacts se résument trop souvent à de simples échanges sur les réseaux sociaux : habitués à converser à travers l'écran, nous perdons la notion du véritable contact. Le contact ici, permet à la personne de voir, et surtout de voir les moments heureux de la vie, que l'on ne passe jamais seul si l'on y réfléchit.
Le contact humain s'apparente alors à un élément essentiel au bonheur de chacun.



[Celia Ferrer]
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DYSKOGRAF, Jesse Lucas, Erwan Reguenes, Yro

au Stéréolux



Le Dyskograf, projet réalisé par le collectif AVOKA, est un dispositif inspiré du schéma de la platine vinyle. Le spectateur est invité à dessiner au marqueur noir des lignes, traits, courbes sur un disque en carton. Ce dessin sera ensuite traduit en séquence musicale lue par un ordinateur par l'intermédiaire d'une caméra implantée dans un axe métallique. Les sons et leur rythme sont déterminés selon l'emplacement des traits. Cette plateforme est une porte ouverte à la création musicale, accessible pour petits et grands, qui allie spontanéité du dessin et innovation technologique.




[Yan Huang]
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CYCLIQUE, Maxime Houot, Nohista (Collectif Coin)

au Jardin des Plantes



Crée par le collectif Coin, Cyclique est une de leurs nouvelles œuvres monumentales. Prenant place au jardin des plantes de Nantes, elle s’inscrit dans la lignée des œuvres In Situ et transdisciplinaires du collectif. En effet, cette œuvre allie avec un certain brio son et image ou plutôt musique et lumière. La nuit tombe et l’installation de 256 ballons gonflés à l’hélium et équipés de LEDs prend vie. Les ballons s’allument et s’éteignent au rythme de la musique, créant ainsi une sorte de ballet numérique. Certains penseront que la lumière se fait chef d’orchestre du son, d’autres l’inverse. Cependant dans cette œuvre ce n’est pas un rapport de dominant-dominé qui se met en place mais bien une relation d’osmose entre ces deux entités que sont le son et la lumière. Le spectacle place les spectateurs devant un paysage artificiel qui les immerge dans une ambiance presque surréaliste. Ainsi le spectateur est absorbé par cette composition musicale et lumineuse, son corps même devient en quelque sorte une composante de l’œuvre tant les vibrations ressenties sont  puissantes. Ainsi, en rendant le son tangible, la lumière audible et en faisant vibrer nos corps, le collectif Coin répond à une de ses habitudes les plus récurrentes qui est de manipuler à la fois la lumière, le son et le corps.





[Margot Lenorais]
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SUPERSYMMETRY, Ryoji Ikeda

au Lieu Unique

Ryoji Ikeda nous a offert une expérience sensorielle unique à l’occasion du festival Scopitone. Se portant vers une esthétique numérique minimaliste, les deux installations exposées nous plongeaient dans un tout autre univers et une toute autre dimension : la première composée de billes qui se déplaçaient et s’entrechoquaient sur des caissons lumineux, tandis que la deuxième composée de quarante projections et de quarante moniteurs nous faisaient perdre nos repères dans un univers de détonations électroniques en formant un long couloir dans l’obscurité. 
Dans ce projet nous pouvons faire le lien entre les deux installations dans les sens où les billes, les lettres ou encore les chiffres présents sur les écrans des moniteurs sont tous utilisés comme une représentation allégorique de la matière. En effet c’est la façon aléatoire dont ils sont placés les uns par rapport aux autres qui détermine si ils forment un tout cohérent ou non de la même façon que les molécules vont former la matière ou non selon la façon dont elles sont placées.
Ici Ryoji Ikeda a réussi à créer une œuvre qui à la fois nous transporte par sa beauté et nous fait réfléchir sur le monde qui nous entoure.




[Aurélia Maurin]
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Qu’est ce que l’art numérique?

Bercé entre poésie et créations virtuelles, l’art numérique est un genre émergeant des sixties.
Un art contemporain englobant de multiples sous-ensembles tel que « la réalité virtuelle », « augmentée », « interactive », etc.…
L’art numérique offre des perspectives nouvelles, un nouveau potentiel d’écriture. Il bouscule les codes, permettant de nouveaux processus de création.
La dimension comportementale rend cet art interactif, il agit directement avec son spectateur. Invitant se dernier à se joindre au processus de création, rendant toute expérience unique.


[Estelle Muller]
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Les Etudiants face aux œuvres:

Camille Renard fait la connaissance de "Touchy", ERIC SIU, Stéréolux


Camille Renard écoute les résonances de "Eotone", HERMAN KOLGEN & DAVID LETELLIER, Parc des chantiers

Nicolas Boda rentre dans l'installation "The Hall", EMMANUEL BIARD & DAVID LEONARD, Trempolino


Constance Chambaud s'essaye au "Persystograf", JESSE LUCAS, ERWAN RAGUENES, YRO, BERNARD SZAJNER, Stéréolux



Emilie Béthune patiente pour découvrir l'installation interactive "Lead Angels", FREDERIK DE WILDE, Stéréolux

[Clémence Pujo]

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L’art Numérique, un art interactif?

Le festival des arts et cultures numériques se devait de jouer sur l'interaction entre le spectateur et les œuvres proposées. "The blind robot", "Persystograf", "Touchy" ou encore "Dyskograf i yro", autant d'œuvres ne pouvant fonctionner sans acteurs. Dans le cas de "Dyskograf i Yro", le spectateur dessine sur un vinyle papier qui est scanné par l'installation afin d'associer chaque trait à un son. Cette œuvre fait participer le spectateur tout en lui demandant de créer quelque chose, le vinyle papier. Le spectateur repart avec une partie de l'œuvre sous le bras.




[Camille Renard]




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