vendredi 27 octobre 2017

Musée d'arts de Nantes : la réouverture



Musée d'arts de Nantes : 
la réouverture


Haut lieu de culture artistique à Nantes, le Musée d'Arts a réouvert en juin dernier pour notre plus grand bonheur après six ans de travaux.
On y découvre un nouvel aménagement du palais néoclassique d'origine et la construction d'une architecture moderne dédiée à l'art contemporain : le Cube.
Avec une collection enrichie, audacieuse de plus de 13.000 tableaux, photos, vidéos ou encore sculptures le visiteur traverse les siècles de l'art byzantin aux œuvres de Kapoor, du 13e siècle à aujourd'hui.
On peut voir avec surprise les œuvres dialoguer au fil de notre visite des salles d'exposition. Cette confrontation enrichit le parcours scénographique et attire notre attention sur le traitement de différentes thématiques au cours des siècles et des courants.
Le Musée d'arts de Nantes est une invitation au voyage et à l’évasion depuis son parvis jusqu’à ses œuvres les plus récentes. Nous vous guidons aujourd’hui à travers sa renaissance.

Par Anthony Ménégon, Clément Moinardeau, Sixtine Puthod.



« Il était une fois »




Avant de devenir Le Musée d’Arts que l’on a redécouvert depuis sa restauration, celui-ci a connu de nombreux changements, à commencer par son nom.
Le Musée des beaux-arts de Nantes voit le jour en 1801 par un décret de Napoléon Bonaparte. Sa création a eu lieu au même moment que 14 autres musées en France. À l’ouverture, les œuvres exposées venaient d’une donation d’une quarantaine de tableaux de l’Etat et des dépôts du musée central (actuellement le Louvre). Ces œuvres faisaient partie de l’ancienne collection royale, des églises, de couvent de Paris ou des conquêtes révolutionnaires et napoléoniennes. Cela a permis de récolter le premier fonds des collections du musée. En 1810, le musée s’est enrichi par l’acquisition de 1155 tableaux, 64 sculptures et 10 000 estampes venant de la collection des frères Pierre et François Cacault. L’achat de cet ensemble apporta à la collection du musée de Nantes toute sa richesse et son ampleur. C’est seulement 20 plus tard que les œuvres sont présentées au public à l’étage de l’ancienne Halle aux toiles.
Par la suite, la ville de Nantes ne cessa d’apporter de nouvelles œuvres à ses collections. Elle les achetait particulièrement à des artistes vivants comme Delacroix, Ingres ou encore Courbet au XIXème siècle. Elle reçut de nombreuses donations directes ou testamentaires. La collection devenait importante et l’espace pour l’exposer trop exigu et inadapté. 
C’est en 1891 que la ville décida alors de construire un édifice spécialement conçu pour conserver et présenter leurs œuvres dans de meilleures conditions. Clément-Marie Josso, un architecte nantais, dessina les plans du Palais des beaux-arts selon les principes des musées de Lille ou d’Amiens. Inauguré en 1900, le corps central du Palais est constitué par le « Patio » qui présente aujourd’hui des expositions temporaires. C’est une cour de sculpture centrale couverte par un large pyramidion de verre. L’architecte Josso s’était inspiré de la Grande galerie du Louvre pour créer les verrières des galeries de l’étage en utilisant les dernières technologies de structures métalliques de l’époque. 
Le musée sut s’adapter facilement à une présentation chronologique des collections sans cesse complétées. Le monument, à l’aide d’une politique d’expositions temporaires, commença à accueillir des créations contemporaines. Cela permit une meilleure diffusion et compréhension de l'histoire de l'art. 
C’est en 2011 que le musée ferma ses portes pour une durée initialement prévu de deux ans. Cependant, après avoir fait la découverte de veines d’eau à l’emplacement de la future extension, le projet de restauration dura presque 7 ans. 
La réouverture du Musée d’Arts de Nantes a eu lieu le 23 juin 2017. Il offre depuis un programme culturel ambitieux. 

Par Jeanne Perrine.



La Rénovation du Musée d’Arts de Nantes par Stanton Williams



Réouvert, le week-end du 23 juin 2017, le Musée d'Arts de Nantes a fait l'objet d'une grande rénovation, d'une extension et d’un réaménagement de 2009 à 2017. Un projet imaginé et réalisé par le cabinet d'architectes britannique Stanton Williams. Un cabinet spécialisé dans l’implantation d’espace contemporain en site historique. Ce cabinet a notamment réalisé les espaces du Théâtre de Belgrade à Coventry (2007) ou encore les 7 galeries de céramiques du Victoria & Albert Muséum (2009). 

Les travaux, plus longs que prévus, ont permis d'augmenter la surface d'exposition de 30%, de répondre aux normes actuelles de conservation, mais surtout, d'offrir un parcours muséographique plus large des très riches collections de la Ville allant de la peinture à la vidéo, en passant par la photographie ou l’installation, de l'art ancien à l'art contemporain. 

Les grands axes du projet : 

- Réaffirmer le principe d’un seul Musée d’arts « généraliste » connecté avec l’art de son temps, dont l’agrandissement doit permettre une présentation plus large des collections. 13 000 œuvres d’art ancien, moderne et contemporain, etc. Passant par la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo et les installations. 
- Augmenter la surface d’exposition dédiée à l’art contemporain qui représente plus de la moitié des œuvres conservées et développer la collection grâce à un nouveau lieu, le Cube et ses 2000 m2 d’exposition répartis sur 4 niveaux. 
- Créer un nouveau parcours muséographique afin de mieux apprécier les collections entre le Palais, la Chapelle de l’Oratoire et l’extension du Cube. 
- Proposer une offre culturelle ambitieuse avec la création de nouveaux équipements comme l’auditorium, la bibliothèque, le nouveau dispositif multimédia, les espaces pédagogiques et le cabinet d’art graphique. Afin de contribuer à la réussite éducative et à la cohésion sociale 
- Restaurer le bâtiment existant dans sa dimension patrimoniale (verrières, façades), et assurer une mise aux normes en termes d’accessibilité et environnementale (contrôle du climat et de la lumière, réserves…). 
- Transformer l'image vétuste du Palais en un Musée contemporain vivant, démocratique et accueillant. 
- « Bâtir un musée du 21e siècle, un musée qui réinvente la manière d'aller au musée ». Adapter le musée aux nouveaux usages, aux temps des habitants, notamment par des nocturnes. 
- Créer un musée ouvert sur la Ville et ses habitants, qui complète et respecte l'architecture existante. Cette ouverture du musée commence avec la suppression du portail existant le long de la façade principale du Palais et son étroit escalier d'accès remplacés par un nouveau parvis formant un espace public accessible depuis la rue elle-même réaménagée, jusqu’au hall principal du musée. Ce large accès offre aux visiteurs et aux passants un lieu de rencontre et de repos. De plus Situé à proximité du Château des ducs de Bretagne, de la cathédrale et du Jardin des Plantes, le musée constitue avec la Chapelle de l'Oratoire un pôle historique exceptionnel. 
- Créer pour les nouveaux espaces, une architecture qui a pour vocation de connecter les usagers avec leur environnement a travers qualités sensuelles de l’espace, la lumière et les matériaux. 

L’architecture s’inspire du lieu, par le traitement des matériaux et de la lumière. La lumière naturelle qui baignait les galeries du Palais est conservée et optimisée. La façade de marbre blond du Cube, clin d’œil au tuffeau nantais et au granit, est composée de feuilles très fines pour laisser traverser les lueurs du jour. 

Une pièce du musée est réservée à cette épopée 2009-2017, ayant pour but de montrer la relation entre la conception architecturale et l’art de la construction. Le projet, le processus créatif est retracés grâce à des maquettes d’études et des photos. 

Par Tara Baron.



Parvis, accueil




Le Musée d’ arts de Nantes est situé au cœur du centre-ville, à deux pas de la cathédrale, du jardin des plantes et de la gare SNCF. Au 10 rue Georges Clemenceau, le parvis du musée des arts de Nantes donne directement sur la rue. Celui-ci n’est pas clôturé. Au contraire, tout est fait pour que le bâtiment encastré dans la petite rue soit plus visible. Le revêtement du sol change aux abords du musée, un agencement de pavés blanc et gris foncé. De grandes bannières colorées signalent également le bâtiment. 

Trois escaliers permettent de monter devant l’entrée du musée. Entre, on trouve de grandes marches sur lesquelles il est possible s’asseoir, par exemple pour attendre devant le musée. Des bancs sont également présents autour des portes d’ entrée. L’accès au PMR est possible par un ascenseur de verre très moderne, sur la gauche du parvis. À l'opposé de celui-ci, sur la droite, on retrouve un cube en verre dans lequel sont exposés des œuvres éphémères : lorsque nous avons visité le musée, c’est l’œuvre de Dominique Blais qui était exposée : un spectre de la lumière. En effet pour la première intervention dans la vitrine extérieure du musée, l’artiste invente un dispositif cinétique, inspiré du gyroscope et associé au disque de Newton.

L’entrée dans le musée se fait après une fouille par la sécurité. L’accueil est imposant, frais et lumineux. On se trouve face aux fameux escaliers du musée. L’espace billetterie et information se trouve légèrement sur la droite. À gauche, on trouve le « café du musée » et à droite la « librairie-boutique », deux espaces de détente. Quelques œuvres sont exposées dans le hall et des espaces d’attente (banquettes) sont aménagés. 

Par Romane Caudullo.



La visite pour les personnes en situation de handicap




Erigé depuis 1900 dans la rue Clemenceau, le musée des beaux-arts n’avait connu aucune transformation et restauration importante depuis sa fondation. Mais c’est en 2011, qu’il va fermer ses portes aux publics et subir une véritable rénovation avec à la clé différents enjeux. Le projet comprend des travaux d’extension, permettant une augmentation de sa surface d’exposition de 30%, et de modernisation avec la restauration de 8000m2 de façades et le renouvellement des verrières. Cette réhabilitation patrimoniale permet de répondre aux normes actuelles de conservation des bâtiments et des œuvres, mais surtout d’offrir au public une grande collection appartenant à la ville de Nantes que ce soit dans la peinture, la sculpture, la photographie, ou encore la vidéo.

Cette restauration a permis également de répondre aux normes d’accessibilité qui sont à l’heure actuelle indispensables pour ce musée emblématique de la ville de Nantes.

Accueillant désormais tout type de public (Jeunes ; femmes enceintes, personnes âgées, personnes à défiances motrices, auditives, visuelles, ou mentales), le musée a mis en place des structures pour répondre à ses besoins. Divers aménagements permettent une circulation agréable et un confort dans les espaces.

On retrouve dès l’entrée du musée, la présence de déposes-minute, un ascenseur extérieur situé sur le parvis du musée, rue Clemenceau, et des rampes d’accès permettant d’atteindre facilement le hall d’accueil. 

Une fois la porte d’entrée franchie, la personne pourra s’appuyer de plans d’accès disposés tout au long du parcours ainsi que la présence d’une forte signalétique aidant à une bonne circulation. 

Des visites et ateliers sont adaptés en fonction du handicap des visiteurs sur réservation et chaque spectateur peut se munir de textes en grands caractères disponibles pour découvrir la collection permanente mais également les exposition temporaires. 

À l’intérieur des salles, des assises reparties de façon homogène permettent un repos aux personnes handicapées et la présence d’ascenseurs intérieurs facilitent l’accès aux salles principales du musée tel que les étages du palais, le Cube et la Chapelle. 

Enfin, le point fort du musée est principalement la mise à disposition d’une application numérique d’aide à la visite. Ce dispositif spécifique est mis à la disposition de tout le monde pour faciliter l’expérience à vivre lors de la visite du musée. Elle intègre différentes fonctionnalités telles que : l’agrandissement d’images, la mise à disposition d’images fortement contrastées pour les malvoyants, et d’un système de notification dès l’approche d’œuvres dont le contenu est en audio description. 

Ce projet d’une très grande ampleur est une véritable réussite, le musée a su s’adapter aux différents publics et particulièrement aux personnes en situation de handicap permettant une déambulation et une découverte du patrimoine nantais facilement. 

Par Lucile Artignan.



Ma visite, l'application et le Musée des Arts Nantes




Une visite personnelle
Cette application permet de guider le visiteur dans le musée et de découvrir les œuvres. 
Il est possible de suivre des parcours de visites thématiques en sélectionnant l’un d’eux. Il y a plusieurs parcours qui se dissocient par thème (Genre artistique, : « Découverte des collections », « Architecture », « du 13e au 19e siècle », « même pas mal » … Le visiteur a la possibilité de retrouver ses rubriques en allant dans le menu « tous les parcours ». 
En choisissant sa thématique, le visiteur est son propre guide et peut effectuer la visite qui correspond le mieux à ses attentes. Pour finir sur l’application, il a été créé une rubrique « ma visite » pour créer son propre parcours en ajoutant ses œuvres favorites. 

Une visite pour les grands et les petits
Il existe une rubrique « Découverte en famille » qui offre l’opportunité aux parents de se balader de façon ludique et amusante (quiz, chercher l’erreur, jeux…) avec leurs enfants. Grâce aux jeux, l’enfant apprend plus vite tout en s’amusant (l’enfant accumule des points pour chaque activité réussie). 


Un Musée connu et accessible à tous
Deux musées ont adopté l’accès à une plateforme intitulé « ma visite » : le Musée du Louvre à Paris et le musée des Arts de Nantes. Cet accès au musée permet une meilleure visibilité ainsi qu’un accès pour les personnes atteintes de handicap. Le « parcours accessible » se divise en deux parcours : le parcours LSF (accessible au mal entendent). 
Et le parcours audio description (accessible aux non-voyants) des panneaux en brailles sont situé en dessus de certaines œuvres (Georges de la Tour, Yves Tanguy, Jésus Rafaël…) et à l’entrée du Musée est placé à la gauche du guichet un plan écrit en baille accessible aussi en fauteuil roulant. 

Des œuvres expliquées et localisées
Grâce à l’application, il est possible de retrouver une œuvre en la localisant grâce à la carte indiquant chaque œuvre à chaque étage. De plus, chaque œuvre est accompagnée d’une courte explication qui peut être trouvée en tapant le numéro de l’œuvre situé sur son cartel. La courte explication de chaque œuvre propose une histoire de l’œuvre (contexte d’apparition, ce que l’œuvre a généré…) ainsi qu’une étude de l’œuvre (composition de l’œuvre, descriptions des personnages, partis pris de l’artiste, anecdote sur l’œuvre et l’artiste…) 

En plus de tout cela, il est possible de suivre toute l'activité du musée et les événements avenir grâce aux vignettes déroulantes en bas de l'écran dans la page d’accueil. 

Sources :

- https://itunes.apple.com/fr/app/ma-visite-mus%C3%A9e-darts-de-nantes/id1247918078?mt=8
- https://museedartsdenantes.nantesmetropole.fr/mavisite

Par Charlotte Kaplan.



La signalétique




Les cartels et plaques
Très classiques, ils retranscrivent simplement les informations de l’œuvre avec différentes graisses de polices pour guider l’œil. La moitié du cartel est dédiée à un descriptif plus approfondi de l’œuvre. Le musée met ainsi en avant des œuvres en donnant la possibilité au spectateur d’apprendre plus. Pour les œuvres « monumentales », les cartels sont de très grande dimension. Des cartes descriptives sont aussi mises à disposition du public. Disposées au niveau des bancs, elles apportent des informations sur des artistes ou des mouvements artistiques. La signalétique autour des œuvres se veut donc assez pointue et très informative. 

Les plans
Des plans sont mis à disposition dans plusieurs bacs à l’esthétique flashy et minimaliste. On trouve ces bacs à différents endroits dans le musée, à commencer par l’accueil. Des bornes numériques sont également disponibles pour consulter des plans. Leur design est simple et leur permet de bien s’intègrer dans les espaces qu’ils occupent. 

La déambulation du public
Afin d’optimiser les repères du spectateur dans l’espace, de grands chiffres concernant les étages sont creusés dans les murs. Minimalistes et évocateurs, on pourrait suggérer qu’ils jouent avec l’œuvre « Sister » de Anish Kapoor. Cette signalétique est aussi présente dans l’ascenseur, qui reprend la typographie en la mêlant à des pictogrammes informatifs. 

La réglementation 
Outre les traditionnelles barrières noires classiques pour guider le public, parfois surmontées d’un panneau imprimé, on remarque quelques panneaux métalliques imprimés en noir et disposés dans des espaces stratégiques, qui donnent au public les recommandations primordiales : ne pas manger, ne pas téléphoner et retirer le flash. Cette signalétique parle d’elle-même, et les logos choisis sont très minimalistes. 

Le parcours 
De grands panneaux métalliques verticaux indiquent par des flèches les différents espaces d’exposition. La police est très fine et les informations sont minimales : le public ne peut pas être brouillé, seul l’essentiel est indiqué. Les lieux correspondants aux espaces d’expositions sont indiqués par des carrés colorés qui attirent le regard (le Patio en rose, le Cube en jaune, …). Un point intéressant se dégage de ces panneaux : l’arrière, peint en jaune fluorescent, se réfléchit sur le mur et attire fortement l’œil. 

Les marquages pour les œuvres
Les différents espaces sont marqués de grands aplats de couleurs : ils représentent les différentes époques ou mouvements artistiques. On pénètre ainsi, en commençant par le XIIIe siècle, dans une salle bleu outremer. Le musée intervient parfois en périphérie des œuvres pour les protéger ou améliorer l’accès au public : par exemple, l’œuvre « 1000 names » de Anish Kappor est encerclée d’un léger bandeau blanc qui délimite la spatialité de l’œuvre, et des pastilles de démarcation guident le public dans « de l’air, de la lumière et du temps » de Susanna Fritscher.

Par Louis Richard Marschall.



Exposition temporaire : Suzanna Fritscher
De l'air, de la lumière et du temps (Nur mit Luft, mit Licht und mit Zeit)
Du 23 juin au 8 octobre




À l'occasion de sa réouverture, le musée d'arts de Nantes a fait appel à Suzanna Fritscher pour exposer dans le Patio du Musée, espace dédié aux expositions temporaires depuis les années 1990. L'artiste, née en 1960 à Vienne, s'est prêtée au jeu. Amatrice de terrains inconnus, elle conçoit la majorité de ses œuvres in situ. Dans la continuité de ses travaux, le blanc, la transparence, et la perturbation sensorielle sont toujours présents, de même que les matériaux comme le verre, auquel elle reste fidèle, et le cadre immersif dans lequel elle aime plonger le spectateur.

Lorsque l'on visite le musée, l'œuvre apparait comme une pièce majeure, tant par son emplacement central que par son aspect monumental, tant par l'expérience qu'elle propose aux spectateurs que par les moyens importants mis en œuvre pour la réaliser.

L'installation, visible depuis l'entrée du musée comme une pluie fine, est composée de très nombreux fils fins transparents en silicone tendus depuis le plafond jusqu'au sol. Les points de tension forment un quadrillage à alternances, ce qui laisse des chemins au spectateur pour y pénétrer. Les 350 kilomètres de fil nécessaires à la réalisation ont été fabriqués spécialement pour l'artiste par une entreprise espagnole. Elle s'est fait aider par une équipe de 8 personnes dont un ingénieur pour les installer. Ces fils sont presque invisibles à l'œil nu. Il faut se déplacer pour qu'en se superposant, les trames verticales en silicones, qui se confondent dans la pâleur de l'architecture du musée, ressortent. En effet, ces jeux de superpositions donnent l'impression de déformer la profondeur. Fritscher voulait dérouter la vision du spectateur en lui faisant vivre une expérience sensorielle puissante, et ce, dans un espace bien concret, contrairement à ce qui pourrait aujourd'hui se faire dans le domaine du numérique par exemple. Du haut de ses 15 mètres de haut, la création est aérée, donne la sensation de flux d'air, notamment par les vibrations des fils. Sont à remarquer également les variations de luminosité selon la météo, qui font chaque instant un peu plus unique grâce la qualité de la lumière passant par la verrière du Patio.

Dans les couloirs latéraux du Patio, un système sonore nommé Flügel Klingen schwingen Tönen Kreis apporte une bande son à l'espace. Aux quatre coins de la pièce, sont disposés des tubes en plexiglas (de 2 à 5 tubes suivant les coins) fixés à un moteur électrique qui se met en marche puis s'arrête pour quelques dizaines de secondes de façon aléatoire. Le bruit résulte de la pénétration de l'air dans le tube grâce à sa vitesse. Pour le spectateur, cela se traduit par un bourdonnement paisible et constant qui accentue la notion de vibration et de flux d'air.

À cela, s'ajoute Souffles, des poches de verre réalisées par des souffleurs de cristallerie sous la volonté de la plasticienne. Cette dernière voulait mettre en avant le processus employé qui diffère de ce que les souffleurs ont l'habitude de réaliser. C'est aussi par son affection au matériau qu'elle dira en interview ", c'est un peu comme le préambule de l'exposition".

L'accès au premier étage donne une vision étonnante de l'installation. Grâce à un télescope connecté à une un caméra, on peut cadrer un endroit spécifique de l’œuvre. Un programme fait disparaître et réapparaître progressivement l’image. La temporalité, déjà bien présente à travers les variations et déambulations dans l'œuvre, est ici amplifiée, car cet apport permet de capter des instants, et montre que les qualités plastiques de l'installation de Suzanna Fritscher s'expriment dans le temps.

Par Malo Sahores.



Murs blancs, cimaises de couleurs, mobiliers, lumières, quels choix ?



Le hall d’entrée du musée des Arts de Nantes

Fermé à partir de 2011 au public, le Musée a rouvert ses portes le 23 juin dernier. Une multitude de nouveautés a vu le jour, surtout concernant la réhabilitation de l’espace. L’entrée est grandiose et s’impose directement au visiteur par son immensité et son coté majestueux. En effet, les murs sont blancs, le mobilier extrêmement restreint puisque composé d’un seul banc, le sol est clair et la billetterie ne se distingue pas du reste. La seule note colorée se trouve dans les indications de direction qui sont jaune fluo. La lumière est omniprésente par les nombreuses baies vitrées. Le patio est lui aussi très clair,  innondé de lumière par une grande verrière.
La plupart des salles d’exposition est constituée de murs blancs afin de faire ressortir la collection de tableaux classiques. C’est d’ailleurs le parti pris de nombreux musées qui souhaitaient uniquement des murs blancs pour ne pas altérer les œuvres. Cela permet d’éclairer les tableaux et de n’avoir aucune influence. Néanmoins, le musée d'arts de Nantes a choisi de faire ressortir certaines œuvres en les accrochant sur des cimaises colorées. Effectivement, dans plusieurs pièces, afin de mettre l’accent sur  les œuvres "phares", le choix a été fait de les accrocher sur des pans de murs colorés. C’est le cas pour la collection de tableaux de Georges de la Tour, qui sont mis en avant par du rouge bordeaux. Dans d'autres salles du parcours, on découvre aussi des cimaises bleues marines,  vertes,  kaki etc. 


Les cimaises colorées du musée d'Arts actuel

Le mobilier reste très effacé, il se limite bien souvent à un îlot central dans la pièce où le visiteur est invité à s’asseoir tout en contemplant les œuvres qui se trouvent autour de lui. Un groupe de personnes peut s’y installer simultanément. 

Le musée des Beaux Arts avant rénovation


Par Eugénie Le Mauff.



Le Musée des Arts de Nantes et ses partis pris... Accrocheurs




Sa rénovation achevée, le Musée d'Arts nous invite à expérimenter différemment l’approche de la visite traditionnelle, en partie grâce à ses partis pris d’accrochage. Tout d’abord les cimaises colorées, tranchant avec les murs blancs classiques, invitent le regard du spectateur à contempler les œuvres phares des collections, comme Le Vielleur à la mouche de Georges De La Tour ou encore Diane Chasseresse d’Orazio Gentileschi. La déambulation débute chronologiquement du XIIIe jusqu’au XIXe siècle avec les collections anciennes des Primitifs italiens et l’art caravagesque. Mais au cœur de ce parcours, la chronologie est bousculée, laissant place à une salle d’ordre thématique. En effet, « Le musée du XXIe siècle » propose aux visiteurs de circuler entre « art d’hier et art d’aujourd’hui » en mélangeant des tableaux de périodes différentes, mais traitant d’un sujet identique : « Femmes, icônes et subversion des modèles ». Le public à la possibilité d’observer cette exposition éphémère pendant un an, lui laissant le temps de s’approprier cette rupture du parcours classique, et de s’interroger sur le statut social de la femme à différentes époques. Au sein d’un même espace, on retrouve alors une Sainte-Marie, des bourgeoises, des déesses mythologiques, des modèles iconiques ou canon de beauté, mais aussi une simple représentation du corps féminin, plus contemporaine : le Vertigo 3 de Camilla Adami. L’art ancien et l’art contemporain réuni, se détachent alors de la chronologie établie dans les salles adjacentes et offre un nouveau souffle visuel aux visiteurs. 

Sources:
- Laura Bourdon (06/07/2017) « Le musée d’Arts de Nantes se révèle », pris le 30/09/2017 sur http://www.exponaute.com
- (Février 2017) « l’éveil d’un grand musée », pris le 30/09/2017 sur http://de.media.france.fr
- Valentin Davodeau (09/05/2017) « Au Musée d’arts, les femmes sont subversives », pris le 01/10/2017 sur http://www.nantes.maville.com
 

Par Marie Breuillon-Grisez.



Murs bordeaux salle n°4




Parmi les nombreuses salles qu’offre le musée des arts, l’une d’elle met en lumière l’artiste Georges De La Tour, figure emblématique du XVIIème siècle. La tendance du White-Cube dans les musées plutôt passée, on retrouve dorénavant des murs colorés. Comme dans cette salle n°4, où certains pans de mur sont recouverts de peinture rouge-bordeaux. Ces murs colorés permettent d’installer une certaine ambiance, mais aussi et surtout de mettre en avant trois des tableaux phares de l’artiste. De plus, les spots de lumière placés au plafond en direction des tableaux donnent à la salle une ambiance « tamisée ». Hormis les 3 tableaux de De La Tour, on retrouve aussi les toiles de Filipo Vitale, Matthias Stom, Virginia Vezi, Giovanni Battista Spinelli, Giacomo Farelli et du Maitre de l’Annonce aux bergers. 

Concernant les trois œuvres de De La Tour, on y retrouve évidemment les grandes caractéristiques-type de sa peinture. Tels que ses personnages grandeur nature, personnages appartenant au « peuple », ses fonds très sombres ainsi que ses inspirations caravagesques. 

Arrêtons-nous par exemple sur l’un d’eux ; le Vielleur réalisé entre 1600 et 1625.

Le tableau met en scène un homme qui parait être mendiant. Il est aveugle. On retrouve alors ici bien le fait que De la Tour aimait peindre le peuple tel qu’il est. L’artiste a fait en sorte de nous raconter l’histoire de ce personnage. Les vêtements qu’il porte nous permette de réaliser que ce mendiant ne l’a pas toujours été. De la Tour met en scène la déchéance. La mouche, peinte en trompe l’œil, posée sur sa cuisse accentue cette idée : mauvaise odeur, mort. Cependant, certains détails sur la toile nous permettent de réaliser que c’est une mise en scène. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le mendiant n’est pas dans la rue, mais bien dans l’atelier de l’artiste. On voit notamment des pierres disposées au pied de l’homme. Il est assis sur un tabouret, joue d’un instrument, il pose. La lumière n’est, en aucun cas, naturelle. L’artiste a en effet joué sur un fond sombre très contrasté avec le personnage mis en lumière (caravagisme). Ce tableau ainsi que les six autres exposés dans cette salle n°4 sont très représentatifs d'un art du XVIIème d'inspiration caravagesque. De plus, l’agencement de la salle et les murs bordeaux nous permettent d’accéder immédiatement au prestigieux travail de Georges de La Tour. 

Sources :
- Photos de la salle n°4, prises au Musée des Arts de Nantes Photo prise aux musées des Arts du tableau: Le Vielleur (huile sur toile, 162 × 105 cm), 1600-1625, Georges de La Tour, Musée des Arts de Nantes

Par Julie Barbin.



Le cube




Le Cube est la partie la plus récente du musée entièrement construit pour la réouverture.  Le Cube regroupe différentes œuvres qui font un trait d'union entre le passé et le présent.  Le Cube multiplie par quatre la surface d'accrochage pour l'art contemporain. Il n'y a pas de chronologie, on peut suivre et créer son propre parcours. Ce nouvel édifice créé en 2017 est entièrement dédié à l'art contemporain, représentant une large part des collections du musée. La surface totale d'exposition du Cube est de 2000 m2 répartie sur quatre étages très neutres et modulables. Quatre thématiques avec des artistes confirmés et d'autres plus jeunes. Ces thématiques vont changer permettant de croiser les oeuvres pour comprendre l'art contemporain. Le bâtiment privilégie la lumière naturelle. Un travail avec des barres lumineuses vient renforcer la luminosité du bâtiment. Véritable prouesse architecturale, un magnifique mur-rideau translucide suspendu le long de l'escalier, est composé de marbre et de verre laminé. 

La salle au niveau 1 est consacré à la peinture et installations abstraite contemporaines. Ces œuvres privilégient les approches formelles, mettant en avant les monochromes et l'espace géométrique. Les différents monochromes présents sont travaillés et réinterprétés par chaque artiste. Si on s'intéresse à l'œuvre d'Anish Kappor, il fait le choix de traiter la profondeur dans une de ces œuvres présente à l'entrée de la salle (Sister, 2005). Sa seconde œuvre est composée de forme géométrique saupoudré de pigments de couleurs : rouge, jaune ou blanc. Avec l'utilisation de la ligne droite, des formes élémentaires, des couleurs franches posées en aplats, s'instaure une vision d'un monde géométrique. 

La salle au niveau 2 est consacré à la mémoire et a la transmission de souvenirs. Cette salle accueille des œuvres photographiques, sculptures et performances. On découvre des œuvres qui nous transporte dans des histoires personnelles pouvant troubler notre esprit. Les mémoires individuels des auteurs deviennent collectifs. L'artiste Claude Lévêque invite le visiteur à s'introduire dans une salle noire avec un sol en mousse dans laquelle on entend une vieille femme qui chante (Ende 2001). Cette œuvre déstabilise le spectateur, en lui faisant perdre la perception de l'espace. 

La salle au niveau 0 est consacré aux territoires. Les artistes questionnent les villes et la nature à travers des travaux photographiques, collages, sculptures. Les artistes relient leurs œuvres à leur contexte de vie personnelle. Giuseppe Penone questionne l'impact de l'homme dans la nature avec son œuvre (arbre de 7 mètres 1986). Il joue entre savoir-faire industriel et sculpture. 

Ce nouvel espace va permettre au musée de se diversifier et de proposer de nouvelles œuvres au public. Avec ces travaux, le musée prend une nouvelle dimension. 


Par Bastien Lafont.



Ende - Claude Lévêque, 2001.




En marge des gens en marge, comme son concepteur, cette œuvre, cette pièce, est comme ça : cachée dans un fond de l’étage du musée, c’est dire la particularité de son existence. 

Collectif
Claude Lévêque ménage pour les spectateurs des expériences intenses relevant souvent d’un contenu pudiquement autobiographique. Ende en fait parti. Cette installation immersive questionne nos sens en nous plongeant dans une dimension spatio-temporelle onirique et angoissante : pièce noire, aucune lumière, sol en mousse et une voix chantant a capella du Joe Dassin. L’Homme - car j’ai le sentiment qu’en franchissant les rideaux menant à la dite pièce nous nous émancipons du stade du simple spectateur - en quête du spatio est déboussolé. Adoptant une démarche titubante à la recherche de repères invisibles, l’Homme montre à quel point il peut être fragile. Et ce noir, propice à l’hallucination nous renvoie à une peur primitive, plus grande encore que toutes les autres, car elle puise sa source dans l’imagination. Cette peur, innée chez tous les hommes, fait appelle à la sphère de l’enfance. Ce socle commun et collectif permet à cette œuvre de parler à tout le monde. Ende filtre même le bruit de nos pas rendant insoluble la question : sommes-nous seuls dans cette pièce aux dimensions impalpables ? Le visiteur vit l’œuvre et l’oeuvre vit grâce aux visiteurs. « C’est moi qui l’ai fait » ou « c’est moi qui le fait ». Ici, c’est presque l’homme qui pénètre l’espace en question qui fait l’œuvre, personnalisant ainsi cette dernière car on en vient à penser que celle-ci peut être différente à chaque fois qu’une personne entre dans la pièce.


Intime
Claude Lévêque projette une partie de sa mémoire intime : la voix, cette voix, que l’on entend dès lors que l’on entre dans l’œuvre, c’est celle de sa mère. D’une voix faible, souvent fausse et hésitante, sa maman chante une ritournelle sentimentale sans s’arrêter jusqu’à ce que notre cerveau s’imbibe entièrement et nous chante encore ce refrain même une fois parti du musée. Sans pouvoir l’expliquer, on se doute qu’il s’agit d’un morceau d’un souvenir profond de l’artiste. Enfin. D’une manière poétique Claude Lévêque, évoque peut-être un retour à un stade fœtal, à un moment de gestation, en immersion, chez l’habitant, où tout est noir, où l’on ne connaît et ne reconnaît rien, où la mémoire n’existe plus ou presque, où tout n’est affaire que de sensation, où seul nous parvient la voix de notre mère, car après tout, si elle n’existait pas dites-moi pourquoi nous existerions 
Claude Lévêque pense la mort en parlant de la vie 
Ende. 

Par Marin Chomienne.



Duane Hanson



Duane Hanson (1925-1996) était un sculpteur américain ayant décidé de rompre avec la tendance des années 60, à savoir l’Expressionnisme Abstrait. Il se dirigea en effet vers l’Hyperréalisme, c’est-à-dire une représentation quasi-photographique de ses sujets. Il représenta alors des Américains, hommes comme femmes, appartenant à la classe moyenne ou des marginaux à l’écart de la société, par opposition au rêve américain. À travers la représentation de ces individus, il dénonce finalement ce qui dérange, à savoir le racisme, la maltraitance, la pauvreté ou encore la dépendance.

Flea Market Lady, (1990) Duane Hanson, Échelle humaine, Résine polychrome à l'huile, fibre de verre, technique mixte et accessoires, Musée d’arts de Nantes. 

Au cours de sa carrière, c’est un total de 144 sculptures ultra réaliste que l’artiste aura produit. Pour obtenir un rendu au plus proche de la réalité, Duane Hanson aura recours à la technique du life casting qui consiste à réaliser un moulage sur le corps de modèles vivants : il applique des bandes de plâtre sur le corps de ses modèles après avoir épilé et recouvert de vaseline les parties du corps choisies. Il remplit par la suite les moulages obtenus avec de la fibre de verre et de la résine synthétique. Les différentes parties du corps sont alors assemblées puis mis en couleur, d’abord avec de la peinture acrylique, puis plus tard, de la peinture à l’huile, qui rend mieux compte de la texture de la peau. Vient ensuite l’étape de l’accessoirisation, étape très importante qui va donner à ses sculptures une apparence véritablement humaine. L’artiste compose ses personnages avec des parties de corps issue de différents modèles, ce qui fait que ses sculptures ne représentent personne de réel, mais aussi tout le monde à la fois. Contrairement à Ron Mueck, autre sculpteur hyperréaliste qu’il aura d’ailleurs inspiré, ses œuvres sont à échelle humaine. Ceci aura un impact sur le spectateur, qui s’identifiera plus facilement à ces œuvres.

Nous pouvons tout de même relever une évolution dans les sujets de l’artiste au cours de sa carrière, et en détacher principalement deux périodes. 

La première période, qui durera de 1965 à 1970, durant laquelle il met en scène de manière explicite la violence sociale et urbaine. Ceci a évidemment un lien avec le contexte historique ; en effet, cette période est particulièrement marquée par la multiplication d’émeutes raciales et les protestations contre la Guerre du Vietnam.

Policeman and Rioter (1967), Duane Hanson, Échelle humaine, Résine polychrome à l'acrylique, fibre de verre, technique mixte et accessoires.

La seconde période de sa carrière pourrait être perçue comme étant plus calme. En effet, passé, l’année 1970, son œuvre s’oriente vers la dénonciation de la surconsommation dans la société américaine avec Supermarket Lady (1970).

Bien que le spectateur ne soit plus confronté à la violence, l’aspect critique, lui, demeure. Les objets mis en scène participent à la narration et ont un rôle majeur. En effet, la seule manière que l’on a de connaître les personnages est de se raccrocher à ce qu’ils possèdent. C’est finalement ce qui les définit, les réduisant eux-mêmes à l’état d’objet. 

Supermarket Lady (1970), Duane Hanson, Échelle humaine, Résine polychrome à l'acrylique, fibre de verre, technique mixte et accessoires. 

Dans les dernières productions de Duane Hanson, nous pouvons relever une attitude similaire chez ses personnages. En effet, ceux-ci paraissent figés, ils suspendent leurs activités et paraissent gagnés par la lassitude, voire la fatigue engendrée par la vie qu’ils mènent à tel point qu’ils éprouvent le besoin de s’asseoir ou de s’adosser à un mur. Le fait que ces sculptures soient à échelle humaine amène finalement le spectateur à se questionner sur sa propre condition.

Par Virginie Lelièvre.



Nan Goldin
The ballad of sexual dependancy : miroir d’une époque rock’n’roll




The Ballad of Sexual Dependancy est un récit photographique personnel formé des expériences de l’artiste à de Boston, New-York, Berlin à la fin des années 1970 et début 1980. Cette « ballade » de l’artiste est une sorte d’opéra de sa vie où se mêle musiques et images, capturées dans les moments intimes de sa vie, entre amour et perte. On la suit dans son expérience avec l’ecstasy, de la douleur à travers le sexe, de la consommation de drogue. Elles y révèlent ses amies en boîte, mais aussi avec leurs enfants et leurs responsabilités à la maison. Elles montrent les violences conjugales et les ravages du sida. Rien n’est laissé de côté tout doit être montré tel qu’elle l’a vécu. Elle montre sa réalité, tel un journal intime.

"The Ballad of Sexual Dependancy est ma manière de contrôler ma vie. Cela me permet d’enregistrer et de revoir chaque détail. Cela me permet de me souvenir » Nan Goldin

700 diapositives, 48min et Environ 30 musiques différentes auront été nécessaires pour réaliser le travail de sa vie. La musique et les chansons de la bande son participent à la narration du film. Nan Goldin photographie ses amis, souvent des personnes marginales qui se moquent de ce que les autres peuvent penser d’elles. Ils sont nombreux à vivre ce même style de vie, une vie transgressive, contre la société dite « normale ». Llors d’une interview, elle expliquait que sa vue n’était pas bonne, que, lorsqu’elle enlève ses lunettes, elle ne voit que les couleurs. C’est pourquoi ses photos étaient prises de près. Souvent, elle mettait le flash, car la plupart de ses photos sont faites en intérieur. Ça lui évitait d’avoir cette sensation d’oppression, de claustrophobie.

Nan Goldin n’a pas eu une enfance facile, ce qui peut d’une manière, expliquer les chemins sombres et les personnes qu’elle a côtoyées plus tard. Elle a grandi dans une famille où sa soeur s’est suicidée ce qui l'a affectée durant toute sa vie. Lors d’une interview, elle explique que sa famille est très révisionniste, ce qui l’a obligé à garder le suicide de sa soeur caché durant longtemps, ils ne voulaient pas reconnaître le suicide, ça l'a tué intérieurement de ne pouvoir rien dire. Ainsi, ces œuvres lui permettent de se libérer, de montrer ce qu’elle a vécu.

The Ballad of Sexual Dependancy parle des difficultés que l’on rencontre dans une relation, de l’intimité et de l’autonomie. De la dépendance que nous pouvons avoir pour une autre personne, quand la connexion est indescriptible et que nous serions prêt à tout pour elle, mais aussi de la violence dans un couple. Ici, elle ne parle pas d’un type de personne, c’est beaucoup plus que ça, elles parle de ses amies, des personnes « sensibles, créatives, avec une grande imagination »(N. Goldin). Elle explique que beaucoup d’entre eux sont malheureusement mort du sida. Elle nous les montre tels qu’ils sont dans le monde, dans des relations. Jamais elle n’a bougé quelque chose lorsqu’elle prenait ses photos. Tout devait apparaître pour montrer exactement ce qu’il en était.

Sources :
- Photo prise par Nan Goldin (Portrait de Nan goldin en haut à gauche)

Par Blanche Justeau.



« Nantes Triptych » - Bill Viola




Nantes Triptych est une œuvre vidéo réalisée par Bill Viola en 1992. Elle fait partie des installations temporaires présentées pour l’inauguration de la réouverture de musée des Beaux-Arts de Nantes. Elle se situe dans la chapelle de l’Oratoire qui est dorénavant intégrée au musée par voie interne . Cette œuvre sera exposée jusqu’au 18 Mars 2018.

Cette installation vidéo a été commandée par le musée des Beaux-Arts de Nantes avec l’aide du FNAC (Fonds National d’Art Contemporain) en 1992 pour la Chapelle de l’Oratoire, et n’avait été présentée que rarement jusqu’à la réouverture du musée.

Nantes Triptych a été conçu juste après Heaven and Earth, (1992, San Diego, Museum of Contemporary Art) une autre installation vidéo mettant en scène deux moniteurs se faisant face fixés sur deux colonnes en bois diffusant en même temps un nourrisson de neuf mois (le deuxième enfant de Bill Viola) et la mère de l'artiste dans un lit d'hôpital, sous assistance respiratoire, en train d'agoniser. L’œuvre Nantes Triptych est en quelque sorte une nouvelle version de Heaven and Earth, car elle reprend les deux vidéos diffusées. En effet, Nantes Triptych se compose de 3 écrans vidéo en diffusion simultanée : une jeune femme enceinte en train d'accoucher (la femme de Bill Viola qui accouche de leur deuxième enfant), une femme très âgée qui s'éteint progressivement (la mère de Bill Viola) et comprenant cette fois un homme au centre qui plonge sous l'eau et se maintient en apnée.

La juxtaposition des trois vidéos nous évoque immédiatement le cycle de la vie, de la naissance à la mort en passant par des « renaissances spirituelles ».

En outre, la disposition de l’œuvre dans le chœur d’une chapelle du XVIIe siècle nous rappelle les retables. L’artiste accentue le lien entre l’œuvre et son lieu d’exposition, peut-être qu’il souligne par-là que l’expérience de la mort est commune aux religions et aux sociétés.

Le fait de confronter la vie et la mort nous amène à nous poser des questions fondamentales : le sens de la vie, la raison de l’existence humaine... Etc. Les connotations religieuses peuvent également amener à se poser des questions liées à la spiritualité.

Cette œuvre dégage une atmosphère très étrange, en vacille entre fascination et dégoût, on perçoit la beauté de la vie, mais aussi la douleur, et la fatalité de la mort. Cette atmosphère est accentuée par la bande audio de l’œuvre qui mêle les cris de la femme qui accouche, la respiration assistée de la vieille femme à l’hôpital, et enfin un bruit sourd de l'eau dans laquelle l’homme flotte.

L’œuvre est d’autant plus touchante lorsqu’on apprend que les deux femmes filmées sont intimement liées à l'artiste puisqu'il s'agit de l’épouse et la mère de l’artiste. Quant à l’homme qui flotte dans l’eau, il s’agirait d’une représentation de la renaissance de l’artiste (Bill Viola aurait failli se noyer lorsqu’il était enfant, d’où son choix de représentation de la renaissance). La vidéo du milieu fait une sorte de lien entre les deux femmes, on peut y voir un lien avec le fœtus dans le ventre de sa mère, mais on peut aussi y voit la mort et le flottement dans le néant. Cette vidéo, contrairement aux autres n’est pas un extrait de la vie réelle, mais une mise en scène, qui permet plusieurs interprétations…

Par Lorenn Furic.

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