samedi 12 décembre 2015

LA SERIE DANS L'ART OU L'ART DE LA SERIE

Lorsqu'on parle de série en art, on désigne le plus souvent une multitude d'œuvres, toutes liées par un mème thème, en rapport avec un problème plastique à résoudre. Mais on peut aussi penser à un ensemble de figures plus ou moins semblables qui résulte de combinaisons ou d'un traitement répétitif systématique.
Les premiers artistes à employer ce procédé furent les peintres français du XIXème siècle, comme le concept de série chez Paul Cézanne. Mais plus qu'un concept, la série évolue de pair avec les nouvelles tendances picturales Roy Lichtenstein ou encore Andy Warhol viennent alors désacraliser l'œuvre et produise en masse. Tableaux en série, esquisses, gravures, sérigraphies, procédés de composition, d’écriture, réorchestrations, suites, doubles et variations, répétition de l’élève qui se fait la main « cent fois sur le métier », du lecteur qui relit, de l’amateur qui se repasse le disque, revient voir le film, la photo, la toile … l'oeuvre ! Qu’il s’agisse d’un mode d’exposition, d'une méthode de création, d’un mode de production, d’une expérience esthétique, la série couvre tous les champs de l’art.

Marine CORRE / Maxime ROUSSET



VARIATION SUR UN MÊME THÈME.  


Les 36 vues du Mont Fuji par Hokusai, une série d'hommages à la nature

Hokusai, L'orage sous le sommet, 3eme vue de la série, 1831
La série de  Katsushika Hokusai (1760-1849) "les 36 vues du Mont Fuji" représente sa plus importante collection d'estampes japonnaise réalisées entre 1831 et 1833. En réalité, celle-ci est composée de 46 oeuvres du fait de son succès  lors de son édition, l'artiste a produit 10 estampes supplémentaires. Hokusai y représente le point culminant du Japon, sacré pour son peuple et symbole du pays à travers différents points de vues et au fil des saisons. Hokusai fait ici l'éloge de la nature et des paysages en leur donnant une place de sujet à part entière et en invitant le spectateur à les contempler.
Il invite l'homme À penser sa place au sein de cette nature en perpétuelle changement alors que celui ci découvre petit à petit ces paysages japonnais tous différents et pourtant tous autour de ce même volcan sacré: le Mont Fuji. Les trois premières œuvres de cette série ont connues autant de succès que La Grande Vague de Kanagawa.



Louise ROUSSIERE

La série, pour remettre sans cesse le sujet sur le métier

Paul Cézanne, né en 1839, est un peintre, auteur d’une série de plus de 80 tableaux ayant pour sujet la montagne Sainte-Victoire surplombant sa ville natale : Aix-En-Provence.
Cette série d’œuvres découle d’une véritable obsession de l’artiste pour ce qui est considéré par les habitants d’Aix comme étant un monument minéral. En effet, dans ses dernières années, Cézanne s’est évertué à saisir les jeux de lumières chatoyant sur les flancs de Sainte-Victoire, à les capter pour mieux les transmettre à travers ses toiles. L’artiste alla jusqu’à étudier la géologie, pour comprendre la structure de la roche et son enracinement dans le paysage, et la géométrie, pour inscrire les reliefs dans des plans et appréhender au mieux les volumes de la falaise. C’est à travers cette série que l’on peut, également, voir l’évolution du style de Cézanne vers un art impressionniste, peut être précurseur du fauvisme et du cubisme.
De cet acharnement et ces passions résulte un travail délicat et sensible, se voulant la représentation des émotions suscitées par l’observation du paysage provençale. 

Paul Cézanne, Série "Montagne Sainte Victoire", 1885-1887
Nicolas BLUTEAU

Claude MONET : série, la cathédrale de Rouen

Claude Monet, Le Portail, 1893 

Claude Monet, peintre, est un des artistes fondateur de l’impressionnisme. Ce courant consiste cherche à traduire la lumière en couleur et à représenter l’ambiance, l'atmosphère d’un lieu à un moment donné plutôt que de raconter un histoire. C’est ce qu’a fait Claude Monet en 1892 dans la série, « Cathédrale de Rouen » sur laquelle il travaillera deux ans. Cette série est composée d’une trentaine de tableaux. En plus de représenter la même chose, toutes les toiles sont de la même taille. Ici, le principe de ces peintures était de peindre la cathédrale de Rouen à des moments différents de la journée et avec des conditions atmosphériques instables, le matin, le brouillard, la pluie. Grâce à ces changements, chaque peinture est unique, Monet réussie à capter cette ambiance et à la retranscrire. Ce qui l’intéressait n’était pas la cathédrale mais cette lumière différente à chaque moment qui venait sur la façade. L’artiste devait donc se dépêcher avant que la lumière ne change, de figer le temps l’espace d’un instant.
Ces peintures se sont faites sans esquisses ni dessins préparatoires puisque le temps était précieux.
Malgré certains points de vue légèrement différents il a peint la façade de la cathédrale vue de trois quarts sur chacune des toiles. Monet aura réalisé précédemment la série « Les Meules » en 1890 et poursuivra avec « Les Peupliers ». Un axe de travail qui lui aura permis d’étendre son travail et ses thématiques, qui fera de lui près un des artistes les plus reconnus de sa génération.


Claude Monet, Série "La cathédrale de Rouen", 1892-1894
   
Marine GUY

Picasso, variation cubistes en 3D : Les guitares.

Pablo Picasso Guitare, hiver 1912-1913
Picasso est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque. Il est l'un des plus importants artistes du XXeme siècle, tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques.
Dans sa période cubiste, Picasso veut adapter la représentation du réel à la planéité de la toile. Dans ses peintures, dessins et collages il décompose figures et objets pour les «mettre à plat», réalisant un montage qui combine plusieurs points de vue, plusieurs types de perceptions :volumes simplifiés ouverts sur leurs arêtes, décomposition des volumes en facettes, découpages de la surface par plans successifs, transparence des plans, mise en évidence et schématisation des structures internes.
En 1912, Picasso cherche à transposer ces recherches formelles dans le domaine de la sculpture. Il rompt avec la tradition sculpturale en utilisant la technique de l'assemblage et la construction, en choisissant des matériaux pauvres et en assemblant au sein d'une même sculpture des éléments hétérogènes. Le choix d'un accrochage au mur dans certaines de ses sculptures de guitares est également inhabituel : l'artiste a sans doute voulu reprendre le mode d'accrochage des guitares de collection, tout en cherchant à créer des œuvres à cheval entre le bidimensionnel et le tridimensionnel.
Les Guitares sont les premières applications du cubisme en sculpture. Elles constituent l’introduction de la troisième dimension qui vient perturber la perception du réel. Il ne s’agit plus désormais dans l’œuvre de «représentation» mais de «présentation».

La série des "Guitares", Picasso

Xaioyu TANG


La série photographique de W. Evans : recenser

Walker Evans, Maison Victorienne, 1931
Walter Evans (1903-1975) est aujourd'hui une figure majeure du « style documentaire » en photographie. Sa renommée est surtout due à son travail photographique pour la FSA (Fram security administration). La section photographique de cette organisation a pour but de faire un bilan objectif des conditions de vie et de travail des Américains ruraux. C'est ainsi que Walter Evans va sillonner les routes des Etats-Unis avec l'objectif de dresser un portrait des maisons américaines et de leur habitants. Sa première campagne officielle date de 1930, et a pour sujet des maisons victoriennes menacées de destruction.
C’est donc dans le cadre de la photographie comme reportage social qu’Evans commence ses séries de photographies. Des séries très naturalistes, en noir et blanc, afin d’établir une sorte de distance temporelle, de position surplombante, dès la prise de vue. Chaque architecture est immortalisée avec un réel désir de se détacher du sujet, de lui laisser une existence propre, de faire ressortir les moindres détails. Pour ce faire, le photographe fait le choix d’une lumière rasante, qui permettra de révéler chaque particularité d’un mur ou d’un panneau publicitaire.
On peut donc dire que grâce à ses séries, Walter Evans nous offre sa définition de la photographie documentaire, une photographie rigoureuse, sans prétention, qui trouve sa beauté dans la simplicité voire la pauvreté.
 
Solène GLOUX






Labor Anonymous, Fortune, November 1946
© Walker Evans, Courtesy The Metropolitan Museum of Art, New York

SÉRIE ÉVOLUTIVE 

De l'arbre à l'abstraction

Piet Mondrian, L'arbre rouge, 1909

  
Mondrian a peint une série évolutive d'arbres qui débuta en 1909 et s'acheva en 1917. En prenant en compte son pays natal, il s'inspire d'abord des paysages hollandais et du style graphique de Van Gogh pour créer ses œuvres. Il s'intéresse aux multiples variétés d'arbres qui lui permettent de réaliser un grand nombre d'œuvres.
Sa première œuvre, L'Arbre Rouge en 1909 est figurative. Néanmoins il utilise des couleurs déformant le réel.
Au fur et à mesure, il transformera l'arbre en le simplifiant jusqu’à ce que ce ne soit qu'une représentation transcendantale de celui-ci. On constate alors dans ces œuvres des gestes plus rapides donnant naissance à un jeu rythmique par des courbes, lignes horizontales et verticales. En effet, dans le tableau L'Arbre argenté peint en 1911, Mondrian ne s'intéresse plus à l'imitation de l'image mais à la structure, aux lignes de force de l'arbre en suivant les directions du tronc et des branches. Il le simplifie aussi par son absence de couleur mettant en avant les lignes. Il passera des couleurs représentatives de la vision de l'homme au noir et blanc ou d'autres couleurs que celle de l'arbre ou du ciel. Il voudra ainsi s'affranchir de la figuration comme Kandinsky et Malevich pour aller au-delà du perceptible.

Piet Mondrian, Pommier argenté, 1911

Dans son tableau Pommier en fleur de 1912, les lignes et les couleurs sont de plus en plus autonomes et ne reflètent qu'une image lointaine de l'arbre. Cette série, dont les tableaux sont de plus en plus épurés, reflète un cheminement artistique mais aussi spirituel. Il cherche à transmettre à travers ses œuvres sa vision du monde, sa pensée théosophique. Il est à la recherche d'une seule vérité, d'un fondement commun. Il finira par la représenter par de simples lignes horizontales et verticales inspirées du cubisme.
Piet Mondrian, Pommier en fleur, 1912

Adélie PAYET


Matisse ou la libération de la forme.

Par le biais de deux séries, d’abord sa série sculpturale de Bas-reliefs Nus de dos (1909-1930) puis par ses papiers découpés Nus Bleus (1952), Henri Matisse se présente comme un artiste novateur qui délivre les formes de leur support.
La série Nus de dos est une série de quatre bas-reliefs sculptés représentant une femme nue vue de dos. A plusieurs années d’intervalle, Matisse reprend la même base pour faire évoluer la représentation figurative du corps, proche de l’anatomie du modèle (Nu de Dos I ) à une schématisation abstraite du corps. Celui-ci est alors décomposé qu’en trois parties : l’axe principal (la colonne vertébrale et la tête), la partie gauche et la partie droite du corps. (Nu de dos IV).
Henri Matisse, Nus de dos, 1909-1930

Plus tard, Matisse aborde de la même manière la déstructuration et l’épuration des formes avec des aplats de couleur qu’il dispose sur des feuilles pour les découper par la suite. Il se crée ainsi un répertoire de formes qu’il peut disposer dans l’espace à sa guise. De cette façon il remodèle le corps de la femme tout en lui laissant une émancipation formelle.
Henri Matisse, Nus Bleus, 1952
Dans les deux cas l’artiste vient directement tailler (parfois de façon violente comme c’est le cas pour Nu de dos III ), soit dans le plâtre soit dans le papier, la forme. Il la délivre de son support, la rend plus autonome pour proposer des silhouettes « matissiennes » plus abstraites, dégageant une certaine sérénité. 


Marie MOTTE

LA SÉRIE COMME MÉTHODE CONCEPTUELLE


Sol Lewitt, Incomplete Open Cube

Incomplete open cube, 1973
L’artiste conceptuel américain Sol LeWitt (1928-2007) est connu pour ses dessins muraux mais également pour ses "Structures " en trois dimensions qu'il a développé et décliné. Pour lui l'essentiel d'une œuvre se joue dans sa conceptualisation, et son execution est une tâche mineure. Parmi les nombreuses "sculptures", comme il les appelle, il conçoit en 1973 la série Variations of incomplete open cubes qui est la déclinaison d'une forme de base, le cube, auquel il vient enlever des arrêtes. Formant alors de multiples combinaisons géométriques aussi bien simples que complexes.
A travers son processus créatif, il établit un réseau de volumes en série pour lesquels il met en scène ce potentiel de combinaisons. Par ce travail minimaliste autour de la structure, il redéfinit notre rapport à la sculpture, et propose une nouvelle forme de perception spatiale et mentale de l’œuvre.



Jérome BOISSIERE

Bernd et Hilla Becher, l'objectivité dans la photographie   


Bernd et Hilla Becher, Sculpture anonymes, 1969

Bernd (1931-2007) et Hilla Becher (1934-2015) sont deux photographes allemands connus pour leurs séries de photos de batiments industriels. Le couple a commencer en 1959 à photographier des batiments industriels en utilisant toujours le même procédé bien précis pour avoir des photos quasiment similaires :
⁃ un temps couvert pour éviter une lumière trop forte et permettre de bien voir les volumes
⁃ à bonne distance du batiment pour faire un plan d'ensemble
⁃ à mi-hauteur pour éviter d'avoir une plongée ou une contreplongée sur le sujet
⁃ au format 6x9 cm pour permettre un niveau de détail élevé
Le couple a appliqué rigoureusement cette méthode de photographie toute sa vie, créant ainsi un grand nombre de séries où toutes les photos se ressemblent.
Ces séries de photographies ont un intérêt aussi bien esthétique que documentaire puisqu'elles témoignent des évolutions de l'industrie dans la seconde moitié du XXème siècle. Leur démarche artistique très rigoureuse leur permet d'obtenir des séries très exhaustives, objectives, d'une grande exigence. Cela leur a permis d'obtenir des prix aussi bien dans le monde de la photo (par exemple le prix international de la fondation Hasselblad en 2004) que dans le monde de l'art contemporain (le prix de sculpture de la Biennale de Venise en 1990).
Pierre Yves LASCOLS


Pi un nombre aux multiples facettes


π est un nombre qui fascine de François Morellet (artiste proche de l’art minimal et de la l’abstraction géométrique). Morellet a voulu créer un art expérimental qui s’appuie sur des connaissances scientifiques. Il fera une grande déclinaison de ce nombre infini, durant plusieurs années. Il s’agira de son fil rouge. Chacune de ses œuvres part d’une réflexion mathématique ainsi que de matériaux au préalable choisis. Il met en place un programme (une équations ou encore un système numérique) en rapport avec le chiffre Pi ou plutôt ses décimales, puis construit chacune de ses œuvres. Le choix du nombre Pi n’est pas anodin, il représente des possibilités de combinaisons à la fois simples et multiples.
C’est en 1998 que l’artiste Francois Molleret commence son étude sur le nombre Pi avec Déclinaisons de π -
Ce système est sans fin : il consiste à articuler des segments de droites selon des angles obtenus à partir du nombre π.



« J’ai toujours cherché à réduire au minimum mes décisions subjectives et mon intervention artisanale pour laisser agir librement mes systèmes simples, évidents et de préférence absurdes. »

Delphine MAZIOL 

Série de signes et tracés dupliqués

Bernard Piffaretti, 2014, collection privée
« Duplication » est le mot définissant le travail de Bernard Piffaretti. Chaque tableau fonctionne en effet par binôme puisque le peintre produit sur chacun d’eux, deux moitiés similaires.
Cette méthode soulève de nombreuses questions quant à la réalisation de ces oeuvres. Le spectateur s’interroge sur la question du volontaire et de l’accidentel au niveau des différences entre ces deux parties. Cela nous amène à réfléchir au geste du peintre, sa précision et aux aléas de la peinture avec les coulures ou traces du pinceau par exemple.
Cela induit aussi la question de mémoire lors du tracé puisque Bernard Piffaretti sait qu’il devra le reproduire. La réalisation en elle-même de cette duplication est intéressante de part sa chronologie .

Bernard Piffaretti, 2007, CRAC de Sète

Elise BUNOUF

 

LA QUESTION DU MULTIPLE

Recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire

Les années 60 ; cette décennie prodigieuse, si proche et si lointaine.
Guerre, mode, cinéma, littérature, musique, art, une société de consommation.
Une société qui influence l’art, et de nombreux artistes (Yves Klein, Daniel Spoerri, Nikki de Saint phalle entre autre). Parmi eux, l’artiste Niçois Arman (1928-2005) a marqué l’Histoire de l’Art du XXeme siècle participant au mouvement des Nouveau Réaliste fondé en 1960 par le peintre Yves Klein et le critique d'art Pierre Restany.
Dans le travail d’Arman, on retrouve l’influence de la société des année 60, cette société qui découvre la technologie, la publicité, le plastique, la multiplication des objets, le gaspillage, entre autre, et devient une société plongée dans la consommation,
Ses œuvres jouent sur la notion d'accumulation d’objets (comme des masques, des chaussures, des voitures miniatures, des violons, …).
Arman, Violons et archets
 dans une boite en plexiglas -1961
Arman, durant toute sa vie, a accumulé des objets pour leur donner une nouvelle vie, un nouveau sens. L’artiste nous ouvre les yeux et nous révèle la dimension matérialiste de nos vies. Son oeuvres avance et évolue par série (accumulation, poubelle, portrait, colères, …)
Arman, Ordures et pailles,
poubelle des Halles - 1961

 Anne-Sophie FLORES


L'art en boite - Multiplier - Sérigraphier

Andy Warhol, peintre sérigraphe américain s'est fait mondialement connaître pour ses diverses séries dont celles de Marilyn Monroe et celles des boîtes de soupe Campbell. Cette dernière, une composition se 32 toiles datant de 1962 et représentant des boîtes de soupe de la marque Campbell se montre comme un reflet de la société de consommation américaine de cette époque. Il illustre ainsi la fabrication en série de cet objet alimentaire présent dans la majorité des foyers américains et sérigraphie avec le même châssis les différentes variétés de la gamme dont seul le texte de la saveur change. Lors d'expositions, cette série est disposée en ligne tel le rayonnage d'une étagère de supermarché, suscitant ainsi le questionnement du spectateur sur la nature du projet. Le choix de l'artiste de représenter des objets manufacturés a créé de nombreux débats de la part du public ne sachant quoi penser de cette exposition d objets "si simples".

Andy Warhol, Campbell's Soup Cans, 1962

Gaétan GUILLEMIN


Le multiple à profusion
Allan McCollum, Over Ten Thousand Individual Works,
1987-1988
Depuis 30 années Allan McCollum s'intéresse aux objets, et plus particulièrement à leur signification publique et personnelle dans un contexte de production de masse, en série. Les objets que nous trouvons dans notre quotidien (ou plutôt la quasi totalité de ceux-ci) sont crées par milliers, cette production en série oblige donc quelques contraintes quant à la possibilité de produire des formes variées d'un seul et même objet. L'artiste McCollum repense la question de répétition et de production en série d'une pièce en mettant en scène une très grande quantité d'oeuvres qui, par leurs tailles, leurs couleurs ou également leurs formes sont uniques.
Ses créations imitant le style minimaliste ne sont comparables à aucun autre produit existant, les aplats monochromes sont utilisés afin de leur retirer toute identité.
Il utilise un système combinatoire qu'il a fondé, permettant de générer plus de trente et un milliards de formes différentes, à partir des combinaisons de six groupes d’éléments types. Celui-ci lui permettra donc de relever le défi qu'il s'est fixé: produire 
une série de pièces au même nombre que de personnes sur Terre en 2050, soit 9 milliards d'après une estimation des Nations Unies.

Vincent LAGADOU


Envahissement sériel / Un point dans l'art.

Yayoi Kusuma, Louis Vuitton, 2012

Yayoi Kusama est une artiste japonaise née en 1929. Elle a vécu durant de longues années aux Etats-Unis et vit aujourd'hui dans un hôpital psychiatrique au japon. La majeure partie de ses œuvres est constituée d'une accumulation de pois. Ce motif répété à l'infini provient d'hallucinations d'enfance qu'elle cherche à contrôler à travers son art. Elle développe depuis 60 ans des œuvres en lien avec son état psychologique et ses obsessions. La journaliste Valérie Oddos explique que " les pois seraient apparus alors qu'elle regardait le motif à fleur d'une nappe. L'empreinte serait restée sur sa rétine alors qu'elle regardait le plafond". Elle travaille son motif sur différents supports : toile, sculpture, installation , livre ... Dans l'une de ses œuvres Infinity Mirror Room, elle pousse son motif à l’infini grâce à des miroirs. Kusama utilisera cette technique à plusieurs reprises. L’accumulation est donc pour elle un grand espace de jeu sans limite . Ses œuvres n'en forment qu'une seule, unique et reconnaissable.
Yayoi Kusuma, Fireflies on the Water, 2002


 Pétronille MAICHE




Questionnement sur la temporalité


Kader ATTIA, Ghost, 2009


Kader ATTIA réalise sa première série sur les bancs de l'école, en dessinant des paquets de cigarettes. Le travail de Kader Attia se fait autours du vide et des notions qui s'y rapprochent telle la temporalité, l'absence ou la fragilité du monde. « L’œuvre a toujours été l’idée pour moi de remplir de l’espace avec le vide, que le vide n’est pas uniquement une notion physique et métaphysique. Le vide est aussi existentiel, surtout lorsqu’il fait référence en permanence à la réalité sociale et politique. »(Kader Attia)
Son installation in situ Ghost (2007) est un travail sur une accumulation de personnages creux réalisés en papier aluminium. K.Attia les a moulés sur des corps féminins agenouillés en position de prière. Cette série de sculptures façonnées par le même matériau est une accumulation de corps privés d'identité.
La répétition sérielle d'un corps en creux dans d'un tel matériau montre peut-être la fragilité de la vie humaine.
« Ghost » est un jeu entre la présence d'un corps humain et l'absence de son identité.


Kader ATTIA, Ghost, 2007


Celine VEPA



1 commentaire: