mercredi 10 décembre 2014

Autoportraits


  - L'autoportrait -

   Qu'elle soit sculptée, peinte ou plus tardivement photographique, la représentation de soi a toujours été un exercice difficile. Évoluant en même temps que la place de l'artiste dans la société, le genre de l'autoportrait apparaît tôt dans l'histoire des arts. 


   Représentation physique ou intérieure, signature ou estime de soi-même, de nombreux artistes se sont essayés à cet art difficile. Représentations plus ou moins fidèles, le but de l'autoportrait est pour beaucoup un moyen de représenter sa personnalité, ses tumultes intérieurs ou tout simplement de laisser une trace pour la postérité. Quelle est votre perception de vous même ? Une question que l'humanité ne cessera de se poser et que nous nous sommes posés, intégrant à la fin de chacun de nos articles nos autoportraits.
(Clémence du CLEUZIOU - Charlotte de RAFÉLIS) 
Charlotte De Rafélis
clémence Du Cleuziou


                                                      Autoportrait Picasso

Ces quatre autoportraits de Picasso présentent des formes et des techniques picturales très variées. La peinture Picasso se définit très différemment tout au long de sa vie, ainsi, ces autoportraits nous ramènent à des périodes très différentes de sa démarche artistique et nous dévoile souvent des phases de transition. 
L‘autoportrait de 1901 nous ramène à la « période bleue ». Cette période tient son nom par le fait que le bleu est la teinte dominante dans les toiles de Picasso, celle-ci a débuté après la mort de son ami Carlos Casagemas. Les principaux thèmes abordés seront la mort, la vieillesse, mais aussi la pauvreté. 


Dans celui de 1906, l’autoportrait est plus serein, plus calme, mettant en avant une représentation solide et simplifiée . 

En 1937, apparaît un autoportrait de Picasso très différent. Il se présente comme un artiste au travail. Son visage tiré du cubisme ainsi que la simplification des traits, ne permettent pas de le reconnaître.     
En 1972, neuf mois avant sa mort, Picasso réalise son dernier autoportrait. C’est un autoportrait poignant, où Picasso est à l'extrémité de sa vie, il est malade et le montre par l’intermédiaire de couleurs froides et de traits foncés et épais. L’artiste va dévoiler ici sa vulnérabilité et son désarroi face à la maladie
PICASSO : Autoportrait, 1901, huile sur toile, 81x60cm collection Musée Picasso, Paris
PICASSO : Autoportrait à la palette, 1906, huile sur toile, 90x70cm collection Museum of art Philadelphie 
PICASSO : L’artiste devant sa toile, 1938, fusain sur toile, 130x94cm collection Musée Picasso, Paris 
PICASSO : Autoportrait face à la mort, 1972, crayon et pastel sur papier 65,5x50,5cm collection particulière, Tokyo 

 / Justine Suteau
 Zhang Huan


       Né en 1965, dans la province du Henan, l’artiste chinois Zhang Huan utilise le corps comme objet d’art pour retranscrire l’esprit. Il fonde Beijing East Village, une petite communauté artistique avant-gardiste connu pour leurs performances artistiques. Son art ainsi que celui de sa communauté étant persécuté par la pouvoir chinois, il n’utilise alors plus que son corps comme médium aux travers de performances marquantes. Il cherche le point à partir duquel l’esprit se manifeste par le corps. Pour cela, il réalise des mouvements de manière répétitive. 
Il a présenté ses œuvres en 2002 à Whitney Biennial ainsi qu'à l'Académie des arts de Berlin. Zhang Huan est représenté à la Pace Gallery de New York.

Après huit ans de performances, l’artiste estime avoir épuisé son inspiration. Il se met à explorer de nouveaux modes d’expressions tels que la sculpture et la photographie. Son travail est influencé par le livre Tui Bei Tu, ouvrage composé de dessins abstraits et poèmes obscures qui semblent prédire l’avenir de la Chine. Il est principalement composé par la mise en relation de deux éléments initialement éloignés et aborde des thèmes en lien avec l’astronomie et à la métaphysique (Fenghui).

Au travers de ces autoportraits, Zhang Huan essaie d’appréhender la durée, le temps, la prolongation d’un moment. Il cherche à comprendre comment notre corps et nos sens nous indiquent le future. 

Cette série d’autoportraits a été réalisé avec l'aide de 3 calligraphes qui ont minutieusement recouvert son visage de phrase. Elles racontent une histoire chinoise connue qui aborde les thèmes de la détermination et du challenge. Du levé au couché du soleil, d’une face visible à une face anonyme.

Son travail est très expérimental, il nous suggère une vision différente du corps et de sa signification. Aux travers de ces différentes œuvres, il questionne le temps et nous engage également à entreprendre un “déchiffrage” de notre anatomie. 

Zhang Huan, Family Tree, 2000, New York, USA

Zhang Huan, Family Tree, 2000, New York, USA

 /  Pauline Jouitteau


Cindy Sherman


       Cindy Sherman est une photographe américaine née le 15 janvier 1954 à New York. Elle a grandit aux Etats-Unis où elle a fait ses études artistiques au State University College de Buffalo à New York. Après son diplôme en 1976, elle s’installe à Manhattan où elle  réalise sa première série d’autoportraits.
Elle possède un lien particulier avec l’autoportrait car elle est elle-même le modèle dans la totalité de ses œuvres. Elle apparait donc sur chacune de ses photographies, maquillée, vêtue de façon particulière et parfois même mise en scène. Ses photographies sont présentées sous forme de séries. 
Dans la série, Untitled Film Stills, elle se met en scène comme différents personnages issus de films imaginaires, comme si elle voulait réaliser un portfolio fictif d’une actrice. Même si nous n’avons pas vu ces films, on reconnait des émotions et expression familières à cet univers : une femme qui court, qui attend son amant dans une chambre de motel, ou encore qui regrette une infidélité. Tous ces sentiments et émotions nous amènent dans un univers nous poussent à inventer une histoire. Mais un sentiment plus profond d’isolement et solitude règne aussi à travers ces clichés, pouvant être interprétés comme la représentation et l’incapacité d’évoluer pour les femmes à Hollywood. D’une vision plus féministe, cette série peut aussi être vue de façon plus ironique : avec une simple mise en scène, un costume et un peu de maquillage, Cindy Sherman nous montre comment nous pouvons facilement tomber dans les stéréotypes. L’autoportrait est pour Cindy Sherman un médium : alors qu’il sert souvent à se représenter soi-même, c’est ici un moyen de communiquer différentes idées. Il ne sert donc pas à la comprendre, mais nous amène à une réflexion moins personnelle sur des émotions et sensations du monde qui l’entoure.

Cindy Sherman, Untitled #84, Untitled Film Stills, 1977-1980

Dans la série History Portraits/Old Masters réalisée de 1988 à 1990, Cindy Sherman s’intéresse à la représentation du portrait dans la peinture ancienne. Elle reprend et accentue l’aspect artificiel de ces œuvres en utilisant un maquillage très prononcé et des prothèses qui ne sont pas cachées au spectateur. Par son travail, elle met en avant le fait que les sujets de ces tableaux historiques étaient représentés en suivant des conventions. Au-delà de cela, l’absurdité presque comique de l'intégration de l’artiste dans le tableau, comme la différence qu’il y a entre ces tableaux et la façon qu’elle a de se les approprier, créent une distorsion étrange presque gênante. 

Cindy Sherman, untitled #205 «History portraits old masters », 1989, Photographie cibachrome, 135.9 X 102.2 cm, collection of Carol and David Appel
/  Julie Bigot

L’autoportrait selon Lucian Freud

       Récemment décédé le 20 juillet 2011 à l’âge de 88 ans, Lucian Freud aura été l’une des figures les plus emblématiques de la peinture réaliste de ces cinquante dernières années, en affirmant un style pictural singulier, empreint de virulence et de sincérité. 

Le portrait comme l’autoportrait seront chez lui une source d’inspiration majeure, un puit de vérité dans lequel il puisera une énergie picturale constante, affirmant ainsi à travers son médium, ses propres imperfections physiques et celles de ses modèles, toujours peints d’après nature dans son atelier londonien. Poussant les traits humains jusqu’à la caricature sans jamais tomber dans le grotesque, les touches de peinture à l’huile qu’il applique sur ses toiles, tantôt à l’aide d’un pinceau tantôt au couteau, forment des couches visibles, parfois épaisses. Ces couches vont jusqu’à former des croûtes, brouillant la visibilité du spectateur tout en gardant une lisibilité certaine de par la grande précision de son exécution. 
Les autoportraits qu’il a pu réaliser, sont d’une vérité glaçante. Qu’il soit nu, habillé, en contre-plongée, de biais ou en pied... Ses autoportraits demeurent comme des témoignages, une manière de montrer ce qu’il est réellement et ce qu’il désire signifier. Freud leur donne le nom de “Reflection” (reflet en anglais), ils sont des reflets de miroir, sortes de réfleXions dont la transposition sur toile agit comme un prisme révélateur. Son regard fixe le spectateur, semble le défier même (“Reflection with two children”,“Reflection, “Painter working reflection”). 
Il faut dire que Lucian Freud a dépassé le stade de la pudeur artistique, allant jusqu’à se représenter nu en plein travail, palette et couteau à la main, exhibant humblement les signes de sa vieillesse (“Painter working reflection”). Petit-fils devenu célèbre du psychanalyste Sigmund Freud, Lucian semble vouloir peindre ce que la science et le langage ne peuvent tout à fait retranscrire : une recherche de la vérité formelle et du sentiment inconscient de l’existence

Reflection with Two Children (Self-Portrait), 1965
Huile sur toile, 91 x 91 cm
Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza
Photo © José Loren, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid
© Lucian Freud

Reflection (Self-portrait), 1985  Collection privée, Ireland © The Lucian Freud Archive. Photo: Courtesy Lucian Freud Archive


Painter Working Reflection (Self-portrait), 1993
Huile sur toile, 101,6 X 81,7 cm
Collection particulière
Courtesy Acquevella Galleries, New York
© Lucian Freud 
/ Clément LEMIERE

Maurizio Cattelan



    Maurizio Cattelan est né le 21 septembre 1960 en Italie. Il a commencé à travailler à Milan. Aujourd’hui, il expose au musée Guggenheim à New-York. Cet artiste contemporain veut que ses œuvres marquent les esprits. Considéré comme un provocateur, il utilise le paradoxe et le tragique associé à l’humour dans son travail. L’attitude de l’artiste permet de comprendre son travail. Il tend à transgresser les frontières établies dans la société et critique les différentes formes d’autorité et d’abus de pouvoir. Maurizo Cattelan se représente par une sculpture de cire. Dans cet autoportrait, on peut voir un homme arriver par effraction dans le musée. Cela met en parallèle le désir de l’artiste d’entrer dans l’univers artistique et la peur de l’échec. Il cherche une place dans le monde existant en observant ce qui l’entoure avec méfiance.Dans une autre installation,  Il se multiplie et semble proliférer sur le mur de la salle d'exposition.
Maurizio Cattelan

Maurizo Cattelan – La Tentation du silence – Sans titre


/   Mathilde Pointeau



Michel Journiac


      Michel Journiac est un artiste plasticien français, né le 7 octobre 1935 à Paris et mort le 15 octobre 1995. Ancien séminariste, il se reconvertit en artiste/ philosophe/sociologue. Son art, emblématique de l’art corporel en France, utilise le corps comme matériau. Tout d’abord dirigé vers la peinture, il s’en détache rapidement pour expérimenter les installations et les performances. Il s’intéresse au corps, à la sexualité, aux rituels. Le vêtement tient une place importante dans son travail, notamment à travers le travestissement. C’est le cas de son œuvre Hommage à Freud (1972), où il investit le complexe d’Oedipe explorant sa relation avec ses parents. Il se métamorphose en son père et se travestit en sa mère. Cette fascination pour le travestissement est également explorer dans : Piège pour un TravestiGreta Garbo (1972) et Piège pour un travesti – Rita Hayworth (1972), où l’artiste incarne les rôles des deux actrices-icônes.
Piège pour un  Travesti – Greta Garbo (1972) et Piège pour un travesti – Rita Hayworth  (1972)


 Hommage à Freud » (1972)  
/ Charlotte Quesnel
 

Sophie Calle (Né en 1953)


A travers ses œuvres, Sophie Calle met en place un protocole, décide d'une situation dans laquelle (très souvent) elle s'implique.  En 1979, elle invite des inconnus dans son lit afin qu’il « soit occupé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, comme ces usines où on ne met jamais la clé sous la porte ».
Dans Gotham Handbook l’artiste se conforme au personnage de Maria du roman Léviathan de Paul Auster. L’auteur s’était directement inspiré de Sophie Calle pour créer son personnage. La frontière entre réalité et fiction s’efface peu à peu puisqu’elle s’approprie des gestes et attitudes qui ne sont pas complètement les siens.
L’artiste expose les cadeaux d’anniversaire qu’elle a reçus entre 1980 et 1993 dans Le rituel d’anniversaire. Ainsi Sophie Calle fait de sa vie son œuvre.



Rituel d’anniversaire, 1981


Les Dormeurs, 1979 
Exposition Gotham Handbook, Berlin, 2002

/   Neha Hassanbay

Egon Schiele – Autoportraits



      Egon Schiele (1890-1918) est un peintre et dessinateur autrichien, figure importante de l’Expressionnisme du début du XXè siècle. Il est connu pour ses très nombreux portraits et autoportraits aux corps nus et torturés. Dans ces œuvres, il met en avant l’aspect osseux et humain de son corps. Il ne l’idéalise pas mais le présente comme il le voit, en exagérant même ses angles et en le tordant d’avantage. Egon Schiele a su développer, durant sa brève carrière, une œuvre qui peut déranger ou toucher mais dont la singularité ne laisse pas indifférent.
Egon Schiele, autoportrait nu, 1910
Egon Schiele, autoportrait nu, 1910

/   Elise HUNEAU


Orlan

    ORLAN est née en 1947 en France. Cette artiste plasticienne modifie son corps à l'aide de la chirurgie esthétique, elle utilise la science pour transformer son visage en œuvre d'art. ORLAN s'est inventé une nouvelle apparence en s'inspirant de l'histoire de l'art et d’artistes . Son travail, qui pourrait paraître choquant, dénonce les stéréotypes attachés à la beauté féminine.
« J’ai voulu mettre en avant l’idée de différence. Regardez ma tête avec mes bosses sur le front. Ça prouve bien que tout mon travail est contre les standards, contre les modèles » affirme-t-elle.





/   Morgane BOULET

Roman Opalka 

    Roman Opalka est un peintre franco-polonais né en 1931 et mort en 2011. L’œuvre de Roman Opalka est dans une relation forte, obsessionnelle au temps, le changement qu’ il inflige sur l’homme dans la durée et son irréversibilité.  Il nomme ces toiles Détail 1965/ 1- infini. Il commence ce projet en 1965 et l’effectue durant 43 ans. Son travail consiste à peindre un à un, sur des toiles noires mesurant 96X135 cm, les nombres partant de 1 jusqu’à l’infini. 

A partir de 1972, il se photographie à chaque fin de séance. En vieillissant il se fond de plus en plus dans ces toiles.  En 2008 il atteint « le blanc mérité » : la toile est devenue totalement blanche.
Opalka "1965- infini", détail
Opalka "1965- infini", détails
/   Coline Hercouet 

Matthew Barney


     Alors âgé de 24 ans et toujours étudiant, Matthew Barney se présente face aux gens presque nu, accroché au mur par des harnais : ceci est sa première exposition personnelle. Apparaissent déjà les obsessions de l’artiste (le corps, la sexualité, une esthétique trouble…). Il est fasciné par façonnage du corps notamment par la chirurgie esthétique, la mutation ou encore le narcissisme. La vaseline, le Téflon et les orifices du corps, eux, seront ses matériaux fétiches. Le cycle Cremaster se compose de 5 films, de sculptures et de photographies, ce qui fait de cette composition une œuvre d’art totale. Le cremaster est ce muscle qui maintient les testicules en suspension, afin de préserver la fertilité de la semence. Pour Barney, ce muscle est central chez l’homme. Il est à l'image de la position de l'individu, qui oscille sans cesse entre l'ascension et la chute. Cette utopie idéaliste nous présente un univers fantastique, inaccessible et séduisant.
Le cycle Cremaster est a ce jour sa plus grande œuvre.

Matthew Barney
The Entered Apprentice | Cremaster Cycle 3
2002

Matthew Barney as the Apprentice
The Cremaster 2 , 1999
/   Arthur Godet

Andy Warhol

      Cette série d’autoportrait se base sur celle faite vingt ans plus tôt, (The broad gave me my face but I can pick my own nose). En effet, on y retrouve la forme carré, et la production en série qui est sa marque de fabrique. Le polaroid est une approche impersonnelle qu’Andy Warhol dit aborder de façon mécanique. Sur cette photo, Warhol porte un col roulé sur fond noir de façon à faire disparaitre le corps et ne laisser paraitre que son visage. Son visage se trouve en bas de l’image et semble renforcer l’idée de la chute (en effet Andy Warhol est à ce moment la obsédé par sa mort prochaine). Son regard vide est ailleurs, sa tête semble séparée de son corps, sa peau est ridée, ses cheveux sont comme des plumes en bataille. Il cherche à créer un sentiment d'inquiétante étrangeté. 


Autoportrait Andy Wharol, serie « Self Portrait with a Fright Wig » (autoportrait avec une perruque d’Halloween).1986,  l’acrylique sur toile (sauf pour le polaroid) La toile mesure 203 x 203 cm et est exposée à la Galerie Nationale de Victoria (National Gallery of Victoria), à Melbourne, Australie
Autoportrait Andy Wharol, serie « Self Portrait with a Fright Wig » (autoportrait avec une perruque d’Halloween).1986,  l’acrylique sur toile (sauf pour le polaroid) La toile mesure 203 x 203 cm et est exposée à la Galerie Nationale de Victoria (National Gallery of Victoria), à Melbourne, Australie

Autoportrait Andy Wharol, serie « Self Portrait with a Fright Wig » (autoportrait avec une perruque d’Halloween).1986,  l’acrylique sur toile (sauf pour le polaroid) La toile mesure 203 x 203 cm et est exposée à la Galerie Nationale de Victoria (National Gallery of Victoria), à Melbourne, Australie

/   Louise Robert

Claude Cahun 



      Claude Cahun, de son vrai nom Lucy Schwob, naît à Nantes en 1894 et meurt en 1954. Persécutée dans sa jeunesse pour sa judéité, puis obligée de cacher sa relation amoureuse avec Suzanne Malherbe, elle s’exprime à travers la photographie, le théâtre et l’écriture. Elle écrit un essai autobiographique en 1930,  Aveux non avenus, et rencontre d’André Breton et le groupe des surréalistes. Elle réalise aussi plusieurs autoportraits en utilisant des techniques très extravagantes et novatrices pour l’époque, jouant avec les déguisements, les décors et le montage photo. Elle se met en scène de façon à créer une ambiguïté entre les genres ; un effet renforcé par le surnom qu’elle s’est donné. Ça n’est que dans les années 1990 que son art et son activisme sont étudiés et reconnus. 


Autoportrait au miroir, vers 1928    


Que me veux-tu , 1928 


/   Morgane Thomas 


Pierrick Sorin, Autoportrait en monstre, 2000 


    Personne ne saurait oublier le nom de cet énergumène plasticien et vidéaste Nantais venu dans nos rues pour une rétrospective de son travail présentée au LU et à la galerie Mélanie Rio au courant de l’été 2010.  Autoportrait en monstre, une vidéo étrange qui comme la plupart de ces vidéos le met en scène. Tout dans cette vidéo n’est que suggestion et cocasserie. Dans la plupart de ces œuvres, la parole est inexistante. Pierrick Sorin joue avec autodérision de son corps, de son envie de se décrire par des pratiques enfantines ; en utilisant ses yeux et sa bouche sans que l’on puisse apercevoir le reste de son visage, sur une vue d’eau vaseuse ne jouant qu’avec des bruitages de sa voix et des jeux de mouvements avec ses yeux. "Tout portrait de Pierrick Sorin qui n'est pas réalisé vidéastement par Pierrick Sorin est faux". 

/   Marion Fouret


Artiste : Robert Mapplethorpe


     Robert Mapplethorpe est né le 4 novembre 1946 et décède le 4 mars 1989 à l’âge de 42 ans. Après avoir expérimenté de nombreux domaines artistique, il a finalement trouver la voie de la photographie qui l’a rendu célèbre. Evoluant aux Etats-Unis, ce photographe américain à la personnalité décalée a soulevé de nombreuses polémiques (par exemple avec les « culture wars » dans les années 1990 aux Etats Unis). Robert Mapplethorpe s’est ainsi spécialisé dans les portraits en noir et blanc. Néanmoins, il a su se démarquer en réussissant à conjuguer art et pornographie dans ses réalisations. Il est bisexuel à l’époque, il travaille avec modèles masculins ou féminins. Il était cependant l’un des rares à photographier le corps de l’homme, s’intéressant aux muscles en particulier. 


Mapplethorpe réalise également des autoportraits. Il en fait un dernier en 1988, un an avant sa mort. Souffrant du sida, il l’affirme haut et fort avec ce sceptre à tête de mort qu'il tient fermement dans sa main. Il regarde le spectateur droit dans les yeux. Sa tête émerge du fond noir, dense et fragile, Ses yeux sont ceux d’un homme déterminé qui a du travail et une carrière derrière lui. 



/   Perrine Bader
Frida Kahlo

     Frida Kahlo de Rivera, née le 6 Juillet 1907 sous le nom de Magdalena Carmen Frieda Kahlo y Calderón, était un peintre mexicain connu pour ses autoportraits. Elle est considérée comme l'un des plus grands artistes mexicains. Elle est aussi célébrée par les féministes pour sa description sans concession de l'expérience féminine.
Kahlo a souffert presque toute sa vie de problèmes de santé après avoir été victime dans un accident de bus à l'âge de 18 ans, la laissant avec une colonne vertébrale fracturée. Elle a été capable de transcender la douleur et de l'exprimer dans ses tableaux. C´est lors de son rétablissement qu´elle a commencé à peindre. Son art a été considéré comme délibérément naïf. Ses toiles, aux couleurs vibrantes et intenses, empruntent certaines de leurs formes à l'art populaire mexicain. Kahlo a dit : "Je me peins parce que je suis si souvent seule et parce que je suis le sujet que je connais le mieux."
Elle est devenue politiquement active et à l'âge de 22 ans, elle a épousé le célèbre muraliste mexicain Diego Rivera, qui était de 20 ans son aîné. Leur relation, qui était à la fois passionnée et orageuse, aurait paralysé Frida émotionnellement. Kahlo est décédée en 1954 à l'âge de 47 ans après avoir exposé son art à Paris et Mexico. Son travail est souvent reconnu pour la douleur et la passion qu´il exprime.

“Les Deux Fridas” / “Las dos Fridas”
Date: 1939
Technique : Huile sur toile
Dimensions: 173.5 x 173
La Colonne brisée
Date: 1944
Technique : Huile sur masonite
Dimensions: 43 x 33

/   Iris Björk Björnsdóttir

Francis Bacon

    Francis Bacon est un peintre britannique né en 1909 et mort en 1992. Il fait une peinture que l'on pourrait qualifier d'expressionniste (qui cherche à représenter un sentiment subjectif plutôt qu’une réalité). Peintre de violence et de tragédie, il met en scène sa vie, ses amis et ses autoportraits torturés. Son thème de prédilection est la représentation du corps humain sous la forme de personnages écorchés, agités et déformés.


Dans l'autoportrait de 1969, il déforme ses traits du visage avec une sorte de mouvement circulaire qui fait penser à une spirale absorbante comme si sa tête tournait violemment sur elle-même. Seuls les cheveux et les yeux ne subissent pas de déformation. Cela peut s’expliquer par une volonté de l’artiste à être reconnu malgré son style particulier.

Il ajoute des couleurs rouges, violettes et bleues qui rappellent des hématomes ou des écorchures. Avec cet autoportrait il peut exprimer sa souffrance (lors de sa jeunesse) due au rejet, par son père, de son homosexualité. Ce style pictural très fugitif laisse exprimer la personnalité complexe et tourmentée de l’artiste.



/   Amélie Galcera 
                                                            

Arnulf Rainer

    Arnulf Rainer est un peintre, graveur et lithographe Autrichien, né en 1929. Au début des années 60, Arnulf Rainer commence une suite de photographies dont une série nommée Face-Farces. Ces dernières, d’une taille généralement de 60x50cm, sont des autoportraits retravaillés reposant sur l'accentuation par le trait ou par la couleur du contenu expressif du visage de l’artiste.  
Arnulf Rainer porte un intérêt particulier pour les expressions de la souffrance et de la folie, l'image de la mort ainsi que les grimaces et les tensions musculaires.  Ces autoportraits sont également des expériences de l'altérité. L’artiste a d'abord retouché ses portraits sous l'emprise d'hallucinogènes. Il a ensuite réutiliser ce mécanisme de projection psychique dans son travail en état normal.
Untitled, Face Farces, 1972 
Untitled, Face Farces, 1972
/   Jocelin Verga



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