UNE ARTISTE, UN MOUVEMENT
ÉDITO //
L'histoire de l'Art du XXème siècle a été scandée par une multitude de mouvements artistiques, apportant chacun une perspective nouvelle à ce que peut être l'art.
Le mouvement artistique est un terme pour désigner une ligne directive qui formule un regroupement, des idées, des attitudes, des singularités. Le nom donné à un courant artistique est souvent fait à posteriori, par des personnes extérieures au mouvement concerné. En effet, il est choisi par des journalistes ou bien des historiens pour pouvoir regrouper un certain nombre d’artistes similaires dans leur vision de l’art. Cependant, certains mouvements trouvent leur nom au sein même du groupe auquel ils s’identifient.
Dans cet article, nous rendons hommage aux femmes qui ont apporté un regard nouveau sur l’art au fur et à mesure du temps.
Nous vous proposons ici de découvrir différents mouvements artistiques par le biais du portrait d’une artiste l’ayant caractérisé.
Claire Brélivet
Célia Ferrer
Le Rayonnisme (1912-1915) //
Natalia Sergueïevna Gontcharova (1881-1962)
Le Rayonnisme est un mouvement artistique développé à partir 1910 par deux peintres de l'avant-garde russes : Mikhail Larionov et Natalia Gontcharova. Ce style de peinture met en image des vibrations et des successions de plans dans l’espace. Dans Le Manifeste du Rayonnisme (1912), un des passages nous explique plus précisément ce style :
« Le style rayonniste que nous proposons a pour base les formes spatiales qui surgissent de l'intersection des rayons réfléchis par différents objets, choisis volontairement par l'artiste. Par convention, le rayon sera représenté sur une surface par une ligne colorée. Les objets que nous voyons dans la vie courante ne jouent aucun rôle dans le tableau rayonniste. Par contre, l'attention est attirée par ce qui est l'essence même de la peinture : les combinaisons des couleurs, leur concentration, les rapports des masses colorées, la profondeur, la facture, tout cela intéressera au plus haut degré un connaisseur averti » (T. Loguine, Gontcharova et Larionov, Paris, 1971).
Natalia Sergueïevna Gontcharova est une peintre et décoratrice de théâtre d’origine russe (naturalisée française en 1939).
Adepte et précurseur du Rayonnisme, elle est surtout attirée par l’art populaire russe mais aussi par la création de décors des Ballets Russes.
Natalia Gontcharova - Forêt Bleu-vert (1913) |
Antoine Dehillerin
L’Orphisme (1914-1920) //
Sonia Delaunay (1885-1979)
L'Orphisme est une dérivation du cubisme, axée sur
l'utilisation judicieuse de la couleur. Cet art qualifié d'abstrait,
fait appel à la couleur pour la construction du tableau et pour apporter du
rythme et du mouvement. "Le mouvement vibratif des couleurs crée le
mouvement mécanique" -Robert Delaunay.
Les formes et les couleurs
juxtaposées se suffisent à elles-mêmes pour exprimer du sens. L'éclat des
pigments colorés éblouit et apporte une luminosité dynamique, poétique
et pure, d'où le nom "Orphisme" attribué à cette tendance picturale. Le
terme, créé en 1912, évoque le poème Orphée (1908) de Guillaume
Apollinaire.
Sonia Terk-Delaunay, peintre
d'origine ukrainienne, fait partie des principaux représentants de ce
mouvement. En 1912, elle peint ses premières compositions simultanées
autour du disque. Les motifs circulaires de différentes tailles et
couleurs se superposent, se coupent et communiquent entre eux.
L'artiste
applique également ces formes et ces couleurs à la réalisation
d'illustrations, aux textiles (costumes, robes) et aux objets
décoratifs. Sonia Delaunay a introduit l'emploi des couleurs pures et a influencé son mari Robert Delaunay, davantage connu sur la scène
artistique, à se diriger vers des formes géométriques.
Sonia Delaunay |
Sonia Delaunay, Rythme (1939) |
Yan Huang
Dada //
Sophie Taeuber (1889-1943)
Sophie Taeuber est une artiste, peintre et sculptrice suisse, ayant participé aux mouvements Dada puis Surréaliste avec son époux Jean Arp. Son œuvre, marquée par la géométrie et le rythme, est développée sur des formats en 2D comme tableaux, travaux sur tissus, et en 3D comme sculptures ou reliefs, mais elle a également travaillé le spectacle vivant à travers la danse et le théâtre. Le style novateur de Sophie Taeuber lui vaut d’être connue aujourd’hui dans le monde entier comme l’une des figures représentatives de l’art moderne.
Tête Dada (1920) |
"Freudanalyticus" Marionette from "King Stag" (1918) |
Exposition Dada au féminin à Aarau |
Laurila Burrati
Surréalisme //
Louise Bourgeois (1911-2010)
Définition du Surréalisme,
in André Breton, Manifeste du Surréalisme (1924)
SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
Louise
Bourgeois n’a jamais voulu classer son art dans un seul mouvement
artistique. Elle oscille entre surréalisme, expressionnisme, art
abstrait et conceptuel. Elle va choisir d’axer son travail sur son roman
familial, sur sa sensibilité de femme et sur le « paradis de
l’enfance ». Mais on peut malgré tout observer les proximités qu’il y
a entre son travail et celui des sculpteurs surréalistes.
Il
s’agit de produire une œuvre qui serait la « dictée de la pensée »
(André Breton) mais pas de la raison. Il s’agit de faire parler son
inconscient et de ne pas chercher à faire quelque chose qui plaira ou
qui ne choquera pas.
En
cela Louise Bourgeois n’est pas très loin. Elle va montrer ce qu’on
appelle l’intime. C’est-à-dire quelque chose de secret, de caché, un
souvenir. Et cet intime dévoilé va lui servir de thérapie. Mais ici, on
voit qu'elle ne cherche pas à savoir ce que le spectateur va en penser,
et encore moins ce que la société va en penser. Puisque c’est
cette dernière qui pose cette règle de garder certaines choses dans le
domaine de l’intime.
Prenons pour exemple le connu: Maman.
Réalisée en 1999, cette sculpture est aujourd’hui exposée au Musée de Guggenheim à Bilbao. Le
motif de l’araignée apparait dans les années 40 sur des dessins, et va
occuper une place centrale dans ses réalisations jusqu’en 1990.
L’araignée est un hommage à sa mère qui était tisseuse. Louise Bourgeois
veut mettre en évidence la duplicité de la mère qui construit un cocon,
ce qui peut être rassurant mais qui, ici, sert à capturer sa
proie. L’araignée peut former des arcs gothiques dans ses pattes mais
aussi une cage. Elle peut provoquer de la peur mais
aussi impressionner par sa grandeur et sa fragilité presque émouvante.
Louise Bourgeois |
Maman (1999), Louise Bourgeois |
Pauline Bernard
L'Expressionnisme abstrait //
Joan Mitchell (1925-1992 )
L'Expressionnisme abstrait est un mouvement artistique qui s'est développé peu après la Seconde Guerre Mondiale et qui consiste à retranscrire ses émotions, son inconscient et ses sentiments avec des formes abstraites, gestuelles et des couleurs puissantes. Il apparaît en 1948 et se développe dans les années 1950-1960 autour de peintres comme Jackson Pollock, William de Kooning, Mark Rothko…
Joan Mitchell est une artiste américaine de la seconde génération des Expressionnistes abstraits. Elle quitte New York pour Paris dans les années 1950 puis s’installe à la fin des années 1960 en Normandie où elle restera jusqu’à sa mort. Elle réalise ses œuvres majeures lorsqu’elle est à Paris, dans son atelier au bord de la Seine. Joan Mitchell travaille de nuit pour mieux s’évader dans l’irréel. Chez cette artiste, les thèmes les plus récurrents sont la nature et la mort, manifestant un refus du modernisme. Cependant, ses œuvres ne sont pas narratives ni descriptives. Prenons pour exemple Champs, peinture de très grand format, orientée à la verticale, son titre rappelle la nature mais pourtant il n’y aucun élément visuel évoquant celle-ci. Mitchell traite uniquement de son rapport à la nature et du sentiment qu’elle peut dégager. C’est systématique chez les artistes expressionnistes, ils choisissent de très grandes toiles pour y peindre de grands aplats colorés sans aucune hiérarchisation des parties. L’intention de ces artistes est de montrer la rapidité d’exécution du geste et la spontanéité d’expression. De plus, le format permet aux spectateurs de se plonger aisément dans ces vastes surfaces colorées. La question qui vient après aux spectateurs est de savoir si ils partagent le même sentiment face à la nature, si cela les émeut ou les trouble. Joan Mitchell disait de ses tableaux qu’ils devaient « transmettre le sentiment d’un tournesol fanant ».
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Piano Mécanique (1958) Washington, National Gallery of Art |
Minimal Art (1960' - ) // Anti-Form
Eva Hesse (1936-1970)
Née dans une famille juive à Hambourg, Eva Hesse fuit à l’âge de 2 ans son pays à cause de la
montée du nazisme. Après avoir vécu peu de temps aux Pays-Bas et en Angleterre, elle
immigrera en 1939 à New York où elle décrochera un diplôme à l’école d’art industriel (1952) et
une licence en Beaux-Arts à la Yale School of Art and Architecture (1959). Épouse du sculpture Tom
Doyle, elle repart vivre en Allemagne le temps d’une année, travaillant à partir de matériaux de
récupération trouvés dans une ancienne usine de textile de la région de Ruhr. Réalisant par la
suite ses premières sculptures. De retour à New York, l’artiste décide de ne créer qu’à partir de
matériaux « trouvés » à caractéristiques industrielles: latex, plastique, fibre de verre, fil de fer... Ce
choix la fera entrer dans le cercle des minimalistes aux côtés de Robert Morris, Sol Le Witt… Mais ce que l’on retiendra de Hesse sera sa période anti-form (1960) durant
laquelle l’artiste produira ses créations les plus connues. Metronomic Irregularity (1966) est l’une
d’entre elles. Constituée de deux panneaux de métal sur bois reliées par des fils de cotons
horizontaux inscrivant ici la supériorité du matériaux mou sur le dur, de la difformité sur le structuré
et donc pourquoi pas de la nature sur l’homme.
Eva Hesse |
Metronomic Irregularity I (1966) |
Nicolas Boda
L'Op Art //
Bridget Riley (née en1931)
Bridget Riley est une artiste peintre britannique née en 1931, à Londres.
Son œuvre s'inscrit dans le mouvement de l'Op art, l'art optique. Né dans les années 1950 et reconnu dans les années 1960, ce courant artistique ne doit pas être confondu avec l'art cinétique. En effet, contrairement à ce dernier, les œuvres ne présentent aucune partie mobile. L'Op art exploite la puissance de l'œil et du cerveau afin de créer des sensations de mouvements. Ces "mouvements" restent virtuels. L'impression de mouvement transmise se combine à celles d'éclats de lumières, de vibrations et de mouvements alternés. L'origine de ce mouvement est attribuée aux théories de Kandinsky et aux lois de la couleur et des formes, dans le but "d'explorer une esthétique fonctionnelle".
Bridget Riley explore en premier les techniques de l'impressionnisme et du néo-impressionnisme pour produire des paysages. Elle produit de nombreuses œuvres grâce à la technique du pointillisme qui l'amène à explorer les effets et les illusions d'optique. De ce nouvel intérêt, naît un nouveau style qui étudie les phénomènes visuels liés aux effets dynamiques. Elle le met en pratique en abandonnant la peinture figurative et la couleur pour les remplacer par une peinture abstraite et le noir et blanc.
Suite à de nombreux voyages, comme en Egypte où elle étudie les hiéroglyphes, son style se confirme. Son objectif est de transmettre, à travers ses œuvres, les forces et les dynamiques, qui sont observables dans la nature, par le biais de formes et de couleurs. Les couleurs sont réintégrées petit à petit dans son travail.
"Pour moi la Nature n'est pas un paysage, mais le dynamisme de forces visuelles - un évènement plus qu'une apparence - Ces forces ne peuvent être abordées que par le traitement de la couleur et des formes, libres de toute description ou fonction."
Elle cherche à parfaire les illusions d'optique d'une manière rigoureuse. Ainsi, les sensations et les perceptions des spectateurs face à ces expériences visuelles sont multiples : "L'œil peut voyager parallèlement à la surface de la peinture de la même manière qu'il le ferait dans la nature. Il peut alors ressentir les caresses, le calme, les frictions, les ruptures, glisser et dériver,… Un moment où il n'y a rien à observer se prolonge d'une seconde où la toile est de nouveau remplie d'éléments visuels".
Bridget Riley |
Aurulum (1978) |
Movement in Squares (1961) |
Orient (1970) |
Claire Dugast
Art féministe //
Judy Chicago
Judy Chicago est une touche-à-tout, artiste, auteur. Féministe
engagée, sa carrière survole cinq décennies. Ses œuvres ont été exposées dans le
monde entier, principalement aux Etats-Unis et au Canada. Ses écrits quant à eux se sont traduits dans de nombreuses
langues, donnant son point de vue sur l'art et sa philosophie.
Son œuvre majeure The Dinner Party, fut réalisée de 1974 à 1979 avec la participation de centaines de volontaires. C’est un symbole de
l’histoire féminine dans les civilisations occidentales. Elle a été vue par plus
d’un million de personnes.
Judy Chicago |
Judy Chicago & Donald Woodman, The Dinner Party (1980) |
Judy Chicago & Donald Woodman, The Dinner Party (1980) |
Judy Chicago, The crowning (2009) |
Estelle Muller
Land Art //
Nancy Holt (1938-2014)
Le land art est un mouvement apparu dans les années 1960 aux Etats-Unis. Il est le premier mouvement poussant les artistes à exposer leurs œuvres à l’extérieur ou bien de créer et interagir avec l’environnement. Les œuvres sont alors exposées aux lois de la nature, soumises à l’érosion provoquant souvent leur disparition au fil du temps. On peut alors parler d’œuvres éphémères. La seule façon d'en garder une trace est la photographie, elle seule perdure au fil du temps.
Nancy Holt est une artiste majeure du Land Art. Née le 5 avril 1938 à Worcester dans le Massachusetts et morte à New York le 8 février 2014, elle fût plasticienne, photographe et cinéaste. Comme tous les grands artistes du Land Art, elle s’intéressait aux installations en grands formats dans des lieux surprenants. Nancy Holt était l'épouse de Robert Smithson, un des pionners du mouvement Land Art. Son travail est dans la continuité de celui de son mari, de la même manière elle investit les grands espaces comme nous le montre une de ses œuvres phares Sun tunnels dans le "Great Basin Desert" en Utah.
Cette installation consiste en quatre grands tubes percés de 6m de long et de 2.5m de haut, allongées perpendiculairement par paires sur le sol. Ce qui fait l’ingéniosité de ce travail c’est son thème : l’espace, le soleil, la terre. Effectivement, les grands tubes sont orientés en rapport aux solstices d’été et d’hiver. Des trous rappelant les constellations ont été percés à la surface des tubes. Leur taille étant proportionnelle à celle des étoiles qu’elles doivent représenter, le jour, des tâches de lumières se déplacent selon le soleil reproduisant des constellations à l’intérieur des colonnes. Pour Nancy Holt, il s’agit là de donner la sensation d’un cosmos en travaillant sur le lien entre l’espace et la lumière.
C’est une œuvre qui doit être impressionnante à voir. Elle nous plonge dans une ambiance particulière qui nous fait nous sentir minuscules face au cosmos.
Nancy Holt |
Sun tunnels (1976) |
Sun tunnels (1976) |
Alice Delsenne
Performance (moitié du XXème siècle - ) //
Marina Abramovic (1946- )
L’Art
corporel ou Body art a une longue tradition dans de nombreuses cultures du
monde. À l’origine, il s’illustre à
travers les tatouages, les piercings ou encore les scarifications.
Vers la fin des années 60, des artistes interrogent le corps et en font le matériaux central de leurs "performances". La notion de performance ou happening voit le jour…
Vers la fin des années 60, des artistes interrogent le corps et en font le matériaux central de leurs "performances". La notion de performance ou happening voit le jour…
Une des artistes les plus impressionnnte dans le domaine de la performance est Marina
Abramovic. Née en Serbie en 1946, elle commence dès les années 1970 à mettre son
corps à l’épreuve par le biais de la consommation de médicaments ou encore au
contact d’objets dangereux. Tout au long de sa vie, Marina Abramovic tentera de
redéfinir l’art grâce à l’usage qu’elle fera de son corps. C’est avec son compagnon Ulay qu’elle produira
la majorité de ses performances, poussant souvent leurs corps jusqu’à l’extrême, comme en 1977 lorsqu’ils ont respiré l’air des poumons de l’autre jusqu’à la
limite de la suffocation ou encore en 1980 lorsque Ulay tenait un arc tendu,
pointé sur le cœur de Marina.
Marina Abramovic ne teste pas ses seules limites mais aussi celles des spectateurs, leur résistance face à ces "actions". Précurseur dans son
domaine, elle est notamment à la tête du MAI, le Marina Abramovic Institute dédié
à de nombreuses formes d’art mais tout particulièrement à l’art corporel.
L’Institut entretient également un lien très étroit avec les sciences et la
technologie. Pour elle, « l’art est une question d’énergie et l’énergie
est invisible » c’est pourquoi elle considère que seul le corps suffit
pour créer une œuvre, faire passer un sentiment, intriguer, effrayer et bien souvent émouvoir.
Breathing in and breathing out, Marina Abramovic et Ulay (1977) |
Rest Energy, Marina Abramovic et Ulay (1980) |
Margot Lenorais
Performance (2ème moitié du XXème siècle - ) //
Orlan (1947 - )
Orlan, est une artiste plasticienne française qui travaille à Paris, New York et Los Angeles. Elle utilise toutes sortes de médiums dans son travail (photographie, vidéos, dessin, sculpture…). Elle a utilisé son corps comme support, le transformaznt parplusieurs interventions chirurgicale dessus. Mais il ne s’agit que d’une infime partie de son œuvre.
L’œuvre d’Orlan est assez surprenante et pousse au questionnement, notamment sur la valeur que l’on donne au corps mais aussi à l’apparence. Cela nous pousse à réfléchir sur les raisons pour lesquelles les femmes ainsi que les hommes interviennent chirurgicalement sur leur corps dans le but d’atteindre un certain standard de beauté. Mais aussi : pourquoi juger sur l’apparence, physique, culturelle ?
Orlan, Manteau d’Arlequin (2007) |
Orlan, Self-Hybridations Indienne-américaines (2008) |
Constance Chambaud
Photographie contemporaine //
Sophie Calle
Les photographies de Sophie Calle racontent une histoire. Légendées, construites par série, elles mettent en place un sénario dans lequel l'artiste s'implique souvent.
Par exemple,en 1979, Sophie Calle a réalisé une série de clichés pendant huit nuits
consécutives : Les dormeurs. Comme l’indique le titre
de sa série, l’artiste a pris des inconnus qui dormaient dans son propre lit. «J'ai
proposé à chacun un séjour de huit heures ». Elle s’est intéressée à leurs postures
pendants leur sommeil, leurs attitudes. Ses descriptions lui ont permis d’annoter ses
photos pour créer ainsi une histoire…
Sophie CALLE, Les Dormeurs (1979)
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Pauline Dilosquer
Photographie contemporaine //
Nan Goldin
Nan Goldin nait en 1763 à Washington. Sa vie et son œuvre se
mêlent et sont indissociables. A ses débuts, elle photographie sa
famille et ses amis proches et conservera l'aspect « album de famille »,
tout au long de son œuvre.
Ce qui frappe dans
le travail de Nan Goldin c’est l’intimité dans laquelle elle nous fait
rentrer et ceci sans pour autant nous donner l’impression d’être
voyeuristes. Nous découvrons ces photos à travers son regard, et les
choses sont naturelles, brutes, sans filtre. Elle
témoigne, un peu comme on écrirait dans un journal intime, de
momentanés de sa vie. Marquée par le suicide de sa sœur, on suit son
quotidien dans le milieu LGBT New-yorkais des années 70-80, la fête, la
drogue, la violence, le sexe…
Vers
1978 elle commence The Ballad of Sexual Dependency , l’œuvre qui la
rendra célèbre, constituée de plus de 800 diapositives défilant en
boucle et de musique, elle l’achèvera 16 ans après.
Dans les
années 80, le VIH décime ses proches, en faisant un thème important du
travail de la photographe. Par dessus tout, c’est sur l’humain que Nan
Goldin travaille tout au long de sa vie.
J’admire
beaucoup son travail, pour sa capacité à nous inviter à vivre ses
tranches de vie avec la joie, la douleur, l’humilité, la tendresse de
l’instant qu’elle a figé sur le papier. Sans artifices.
Trixie on the cot, NYC (1979) |
Jimmy Paulette + Tabboo in the bathroom, NYC (1991) |
Joana And Auréle In My Bed Embraced, Sag Harbor, Ny (2001) |
Émilie Béthune
Annette Messager (1943 - ) //
Street Art //
Annette
Messager est une artiste française reconnue sur la scène artistique à
partir des années 70.
Dans ses œuvres, elle s'intéresse aux jeux du monde enfantin, aux univers dits féminin
qu'elle détourne, habille et transforme. On peut retrouver dans son
travail un certain esprit rieurs, drôle, grinçant qui incite à l'imagination.
Annette Messager semble s'inventer des personnages qui racontent des
histoires comme si elle cherchait à découvrir la vie. Elle utilise un
grand nombre de médium et de techniques allant du dessin au collage en
passant par l'assemblage d'objets de récupérations.
L'imagination prend une place très importante dans son travail : "je
suis la colporteuse de chimère, la colporteuse des rêves simiesques, des
délires arachnéens.".
Lorsque qu'on observe les œuvres de cette artiste, on est partagé entre
un sentiment d'amusement et d'agréable surprise et un autre sentiment de
terreur. Le message de l'artiste est fort, cependant le médium utilisé
est assez délicat ce qui contraste le fond et la forme et crée une
certaine ambiguïté qui fait réfléchir.
Ses œuvres présentent une certaine forme de naïveté et de poésie et une
dimension fantastique.
Annette Messager est également la première femme à avoir exposé pour la
France lors de la biennale de Venise de 2005, elle a créé une œuvre en
trois parties basées sur l'histoire de Pinocchio.
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Rubato ma glissando |
Camille Renard
Sara Conti (1971-)
Née à Baudour (Belgique) en 1971, Sara Conti a fait des études d’art à Mons où elle se passionne de BD et commence sa création graphique au début des années 1990. Elle réalise des collages urbains de dessins sur papier dans les villes de Belgique et d’Europe.
Le thème récurent de ses œuvres est la femme, représentée par une matriochka russe, petites poupées de tailles différentes. Elle crée les visuels à l’aide de son ordinateur puis les imprime et les redécoupe avec un scalpel, destinées à être collées dans la rue comme des affiches.
Elle défend la place des femmes dans la société à travers ses collages et le fait même qu’elle fasse du Street Art, alors que ce milieu fut longtemps approprié par les hommes, montre bien l’évolution des mœurs.
Ce que j’aime chez cette artiste, c’est qu’elle revendique un esprit féminin tout en donnant des couleurs et des formes aux murs de France et de Belgique, ce qui les rend moins monotones.
Sara Conti, Mother of stones |
Sara Conti, projet Ashes to Ashes |
Paul Burgos