Les différents articles rédigés par les étudiants portent un regard sur un panel d’œuvres proposant aux visiteurs une expérience en immersion...
Bastien Lafont et Malo Sahores
Salle des Géants, Jules Romain, Palais du Te
Le Palais du Te à Mantoue en Italie fut commandé par Frédéric Gonzague à Jules Romains en 1525-1526. Jules Romains (Giulio di Pietro di Filippo de Gianuzzi) né à Rome était un peintre et architecte de la période maniériste et un des meilleurs élèves de Raphaël.
La « Salle des Géants » désigne une petite pièce du palais, surmontée d’une voûte, qui est recouverte des murs au plafond d’une fresque exceptionnelle. Celle-ci fut réalisée entre 1532 et 1535 d’après la conception de Jules Romains qui était entouré par d’autres artistes tels que : Primatice, Caravane, Luca da Faenza, Rinaldo Montavano. Jules Romain ne participait pas à la mise en œuvre de ses fresques.
Sur les murs de la pièce, est représentée la scène de la « chute des géants » tandis que l’on retrouve au-dessus dans la voûte les Dieux de l’Olympe placés de manière circulaire. Les Géants sont les fils de Gaïa, la Terre. Engendrés pour venger les Titans que Zeus avait enfermés dans le Tartare. Les Géants sont mortels malgré leur origine divine – à condition d’être tués à la fois par un mortel et par un dieu – ils sont des êtres énormes, d’une force invincible et d’un aspect effroyable. Ici, c’est la défaite des géants faces aux dieux qui est représentée. La punition que Jupiter infligea aux géants qui avaient osé s’opposer à son pouvoir et tenter une ascension vers le ciel.
Jules Romain ©
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« Personne ne peut songer voir jamais une peinture plus horrible et plus effrayante et celui qui entre dans cette salle, en voyant les fenêtres, les portes, et d’autres choses semblables se tordre, et être prêtes à tomber, et les montagnes et les édifices tomber, ne peut pas ne pas craindre que chaque chose lui tombe dessus » Vasari
Grâce au réalisme des trompes l’oeil et aux effets de perspectives maitrisés, le visiteur de la salle des géants se trouve immergé au cœur d’une scène chaotique. La lumière est tamisée ce qui rend l’atmosphère plus réaliste, le spectateur se sent lui-même dominé par la situation et peut s’imaginer entre les décombres des colonnes effondrées. Le but était d’entrer dans une salle comme l’on entre dans un univers. Tout est fait pour que le visiteur se sente intégré à la scène qui se déroule autour de lui et traversé par des émotions. La place qu’il occupe dans celle-ci n’est pas anodine : le spectateur est avec les géants sous la domination des dieux ce qui montre en réalité une dimension politique en lien avec le contexte de l’époque.
Romane Caudullo
Kurt Schwitters, The Hannover Merzbau
Kurt Schwitters ©
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Né à Hanovre en 1887, Kurt Schwitters a suivi des cours de dessin à l’Académie de Dresde et à celle de Berlin. Ses œuvres, d’abord figuratives, subirent l’influence de tous les mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle. C’est en 1918 que l’artiste tourne le dos brusquement et définitivement à la peinture traditionnelle, même sous ses formes les plus avancées. Peu à peu, il se compose, entre 1918 et 1920, une esthétique personnelle, fondée sur la substitution de déchets et de détritus de toutes sortes aux matériaux nobles (huile, couleurs, pigments).
Ayant été refusé par le club Dada de Berlin, Kurt Schwitters réagit en fondant un nouveau mouvement qu’il dénomme « Merz ».Le terme Merz provient d'un fragment de papier où se trouvait inscrit le mot allemand Kommerz, de Kommerz Bank.
Par ce mouvement, Schwitters cherchait à fonder un ordre esthétique remplaçant l’environnement détruit par la guerre. « Tout était en ruines de toute façon, et créer du nouveau à partir de débris avait une signification » avait-il confié. « Merz », fondé sur le fantastique et le constructivisme, cherchait en effet à s'approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l’art. Il intégrait à ses œuvres tout ce qu’il trouvait au hasard de ses recherches : billets de tramway, cigares, fil de fer, tout ce qui avait été rejeté par la société. Le contenu était choquant pour l’époque mais l’artiste refusé la reproduction illusoire de la réalité.
Pour lui, le monde entier pouvait en effet constituer une œuvre d’art. Derrière cela il n’y avait aucune idée de message politique ou d'esthétique d’opposition, au contraire des dadaïstes; mais seulement la volonté, à partir de 1920, de fonder un « art total Merz », regroupant l'architecture, le théâtre et la poésie.
Ce courant artistique n’est illustré que par un seul artiste : Schwitters lui-même.
De 1922 à 1937, dans sa maison de Hanovre, Kurt Schwitters entreprend de construire une structure appelée Merzbau (construction merz) dans laquelle s'encastrent, dans des cavités, ses œuvres et celles de ses amis. La construction, en perpétuel changement, envahit peu à peu toutes les pièces et même tous les étages de la maison.
Le premier Merzbau qui a été réalisé fait 3,5 x 2 x 1m. Il est constitué d’une colonne qui traverse les deux étages de l’immeuble, ayant pour point de départ l’atelier de l’artiste. Cette partie de l’édifice est nommée « cathédrale de la misère érotique » oeuvre à l'architecture abstraite et unique dans l'histoire de l'art, qui invite à entrer dans la conception singulières de l'artiste (collages, peintures, assemblages, poèmes, typographies).
À l’instar de ses assemblages, le Merzbau est composé d’une structure en plâtre blanc aux arêtes nettes, d’éléments géométriques, et d’objets trouvés comme des morceaux de poupées, de miroir brisé, de souris vivantes… Ces éléments recouvrent les murs et les plafonds et constituent par endroit des grottes à thèmes comme la grotte de l’amour.
L’artiste avait remarqué que tout ce qui était d’une quelconque importance pour lui (des choses de valeurs sentimentales, des souvenirs d’amis), était contenu dans le Merzbau.
De plus, dans cette œuvre immersible ont lieu des soirées dadaïstes que Schwitters organise régulièrement et où il récite ses poésies. Il demande parfois à ses amis dadaïstes Hausmann et Hoech d’y contribuer. Le Merzbau devient ainsi une oeuvre collective.
En définitive, le Merzbau est une sorte de bâtiment autobiographique construit et en construction car en perpétuelle évolution. Cette autobiographie était alimentée par les objets que l’artiste y rajoutai mais surtout par le fait qu’il vivait dans son Merzbau, ce qui témoigne de son immersion totale dans son art.
Cette construction à la fois installation, habitation, et transposition spatiale de la personnalité et de l’expérience de l’artiste, fut malheureusement détruite lors des bombardements, en 1943.
L’artiste entama la construction d'un nouveau Merzbau dans les environs d’Oslo en Norvège où il avait été contraint de fuir , mais le laissa inachevé à la suite de l'invasion du pays ; les restes de ce site brûlèrent en 1951.
Il fuit à nouveau, cette fois vers la Grande-Bretagne où en 1945, malgré une santé fragile, il reprit la construction d'une nouvelle œuvre connue sous le nom de Merzbarn, soutenu par le Museum of Modern Art de New York. À son décès, trois ans plus tard, il n'avait terminé qu'un seul mur. On peut le voir aujourd'hui à l'université de Newcastle upon Tyne.
Le Sprengel Museum de Hanovre a reconstitué à l’échelle 1 en 1981-83 une partie de l’oeuvre de l’artiste qui comporte au moins quatre des pièces qui se trouvaient dans sa maison grâce aux rares photographies, à quelques plans d’étages de la maison et aux souvenirs du fils de l’artiste, Peter Bissegger. Cette reconstitution à été appelée «tentative de reconstruction».
Kurt Schwitters, oscillant entre constructivisme, Dada est le grand artiste de l'avant-garde allemande. Il a inspiré de nombreux artistes grâce à son œuvre immersive, Merzbau qui est l’une des oeuvres majeures de l’art du XXème siècle.
Tara Baron
Peter Jones, Colourscape
Peter Andrew Jones est né en 1951 en Angleterre. Il est formé à l'art de l'illustration dans la prestigieuse école du Central Saint Martins College of Art and Design à Londres. Il collaborera durant les années 60 avec le sculpteur Maurice Agis pour la création d'un espace de sculpture dénommé Spaceplace qui fut installé au Museum of Modern Art d'Oxford en 1966 : il s’agit d’une installation aménageant l’intérieur de buildings. Les murs de ces bâtiments sont divisés en multiples surfaces peintes dans les couleurs primaires et en noir et blanc. En 1970, cette structure a été revue pour être installé en extérieur.
Virginie Lelièvre
Peter Jones, Colourscape
Peter Andrew Jones est né en 1951 en Angleterre. Il est formé à l'art de l'illustration dans la prestigieuse école du Central Saint Martins College of Art and Design à Londres. Il collaborera durant les années 60 avec le sculpteur Maurice Agis pour la création d'un espace de sculpture dénommé Spaceplace qui fut installé au Museum of Modern Art d'Oxford en 1966 : il s’agit d’une installation aménageant l’intérieur de buildings. Les murs de ces bâtiments sont divisés en multiples surfaces peintes dans les couleurs primaires et en noir et blanc. En 1970, cette structure a été revue pour être installé en extérieur.
C’est de cette œuvre, dont il existera plusieurs versions, que découle Colourscape créé en 1974. L’artiste expérimente alors un nouveau procédé : créer des infrastructures gonflables immersives. Le spectateur peut entrer à l’intérieur aussi bien pour y déambuler, y courir, y jouer etc. La structure est composée de plusieurs pièces interconnectées de forme cubique. La forme que prend la structure finale change constamment, et c’est au total 35 Colourscapes différents et uniques qui ont vu le jour depuis la création de la toute première infrastructure.
L’intérieur de chacune des structures est comparable à un labyrinthe de lumière et de couleurs dans lequel le spectateur peut se perdre, amplifiant la sensation d’immersion à l’intérieur d’un espace inconnu. Seulement quelques couleurs sont projetées dans l’infrastructure : le rouge translucide, le bleu, le vert, le jaune et le gris opaque. Mais toutes ces couleurs, en s’entrecroisant, en créent de nouvelles. Avant d’entrer dans la structure, le spectateur est invité à se vêtir d’une cape colorée pour faire lui-même corps avec l’œuvre. Celui-ci n’est alors plus un simple spectateur étant donné qu’il modifie la perception de l’œuvre, selon le chemin qu’il décide d’emprunter et la couleur de sa cape, variant selon les endroits qu’il traverse. En 1994, Eye Music Trust a commandé le plus grand Colourscape jamais fait. Les Colourscapes se voient alors devenir le théâtre de représentations artistiques multiples comme des représentations musicales ou théâtrales, ainsi que des ateliers ou autres activités où le public est invité à participer.Virginie Lelièvre
La Monte Young,
Dream House
La Monte Young © |
Une autre de ses influences est la musique classique qu’il découvrira plus tard. Cette musique occidentale rigoureuse le raccroche à l’univers sacré différent de celui du jazz plus populaire et qui traite le tempo avec plus d’expressivité.
Une autre de ses influences extra-musicales et pas des moindres, est son rapport avec les produits hallucinogènes qui lui servait d’extension afin de développer son univers créatif. Il consommait du LSD, de la Marijuana, du cannabis et d’autres encore afin d’étendre sa palette créative. Selon ses propos, ces expérimentations n’avaient qu’un but "professionnel".
La Monte Young © |
Très vite, il s’interroge sur la durée des notes de musique et leurs bienfaits sur l’être.
« Les ondes sinusoïdales que j'employais, renvoyaient soudainement à des états psychologiques bloqués ensemble, sorte de temps de repos dans la tension du temps présent. » La Monte Young
C’est en 1962 qu’il compose "The Four Dreams of China" et prend conscience de son désir de "construire des œuvres musicales qui pourraient être jouées très longtemps, voire indéfiniment".
Avec l’aide de sa femme Marianne Zazeela, il met en place en 1963, la première Dream House, une installation visuelle et sonore dans laquelle le spectateur peut interagir, peut se déplacer, méditer, se détendre, prendre le temps d’apprécier.
Son travail nait de ses recherches sur les ondes sinusoïdales créées par les notes de musiques. Il se rend compte que certaine pièce de musique peuvent influer sur le système nerveux en créant une vibration harmonieuse visant à « détendre l’esprit ».
La Dream House est une grande pièce où interagissent jeux de lumières, sculptures en suspension et sons. Le son joué par La Monte Young crée des vibrations qui vont faire bouger les sculptures marquant ainsi de manière concrète l’empreinte de la musique dans l’espace. On a vraiment un jeu entre le son lent et la lumière mouvante qui nous transporte entre réel et imaginaire dans cet espace où le temps semble s’être arrêté. De plus les notes de musique jouées, sont tenues très longtemps et semblent pouvoir être prolongées indéfiniment. Pour le spectateur, il s’agit de s’immerger dans l’œuvre entre méditation et écoute des sons. Depuis la première Dream House d’autres ont été créées à travers le monde, notamment à New York, à Berlin, à Paris ou encore à Lyon.
Lors d’une interview, il expliquait que la musique « devenait un véritable organisme vivant pourvu d'une vie et d'une tradition qui lui était propre ».
Aujourd’hui âgé de 82 ans, il continue à produire ses musiques minimalistes toujours avec cette même sérénité qu’on ne saurait lui dérober.
Blanche Justeau
James Turrell, Wide out
La lumière comme médium
La lumière est très certainement l’élément ou l’entité la plus élémentaire de notre expérience, on ne peut en douter, sa vitesse est infranchissable, et sa destination infinie. Sans elle, il ne fait pas simplement noir, mais il n’y aurait pas de vie.
James Turrell travaille directement avec la lumière et l’espace qui engagent les spectateurs avec les limites et l’émerveillement de la perception humaine. Il libère la lumière de sa source et la laisse se répandre dans l’espace. Son travail, basé sur une architecture sur-mesure, propose des espaces de lumière : c’est à dire des pièces dans lesquelles le visiteur fait l’expérience de la lumière, du temps, et de sa relation au monde. En somme, une expérience contemplative où l’on touche la lumière des yeux.
« His work is not about light, on record of light ; it is light. The physical presence made of light in sensory form » Calvin Tompkins (critique New-yorker)
Wide Out
Turrell, vétéran de l’aviation du haut de ses douze-mille heures de vol, considère le ciel à la fois comme son studio, son matériau, son tableau. Ainsi, l’artiste joue avec matériau dans le hall central de l’exposition rétrospective « The Other Horizon » de Vienne en 1998, créant Wide Out.
Wide Out, c’est une grande pièce, large pourrait t-on dire pour reprendre la traduction littérale de l’anglais wide, dans laquelle une lumière bleue homogène recouvre l’entièreté de l’espace. Dans cet espace où les visiteurs laissent planer l’image rémanente de leur ombre sur leurs rétines, on ne sait pas où se trouve la source de lumière, « un trait d’une autre couleur souligne parfois le cadre, mais sommes-nous proches de la source ? » écrit Jean-Jacques Birgé témoin de l’oeuvre et blogger avant d’ajouter « tout fait énigme ». Turrell joue sur la compréhension de l’espace : les limites de ce dernier sont flous créant une sensation d’infinie étendu, et quand bien-même l’infini peut-être angoissant, Turrell s’attache à créer de la sérénité, un apaisement.
« Invite au calme, au silence, à prendre son temps […] la perception s’accroit au fil du temps. C’est un univers où l’on ne peut courir » Almine Rech (galeriste)
La lumière est pure. Son travail déforme l’échelle de perception à l’instar des autres artistes Landart américain et de leur démesure aussi singulière que la barbe blanche de James Turrell. Il n’est pas en reste puisque cela fait trente ans qu’il a acquis un volcan. Oui, un volcan dans lequel il a installé plusieurs de Skyspace : Roben Crater. On sent dans les nombreux volumes architecturaux qu’il confectionne certaines inspirations ésotériques et spirituelles. L’humain qui pénètre Wide Out se sentira comme dans une apothéose ou bien sur le chemin vers un paradis embrassant pour une dernière fois sa chair humaine pour un épanouissement purement spirituel.
« What is important to me is to create an experience of wordless thought » Turrell
Marin Chomienne
Leandro Erlich, Swimming Pool
Swimming Pool - Leandro Erlich © |
Cette création, pas comme les autres, vous permet de pénétrer à l'intérieur d'une piscine sans entrer en contact avec l’eau. Cela semble irréel et pourtant tout cela est rendu possible grâce à une illusion parfaite qui consiste à disposer deux couches de verre acrylique totalement hermétiques disposées à la surface de la piscine et de les séparer de 30 cm. Ces 30 cm sont remplis d’eau. Pour renforcer l'illusion, l’artiste a ajouté 15 cm d'eau à la surface des couches de verre. C'est suffisant pour réfracter la lumière et changer notre perception de la réalité.
Pour dire quelques mots de cet incroyable artiste, Leandro Erlich est un plasticien illusionniste dans la pure tradition baroque. Né à Buenos Aires en 1973, il crée des espaces à mi chemin entre l’architecture, la sculpture et l’installation où les frontières deviennent instables et floues. Son travail défie les lois fondamentales de la physique et joue avec notre idée de la réalité…
Dans Swimming Pool, l’illusion est double. En effet, l’œuvre offre deux points de vue distincts : le premier concerne les spectateurs se trouvant autour de la piscine et le second concerne les spectateurs se trouvant dans la pièce censée être l’intérieur de la piscine. Le point d’observation est donc sujet à l’inversion (intérieur/extérieur, dessus/dessous, haut/bas). Cela donne lieu à des images qui déclenchent chez le spectateur des sensations illusoires. Ce seul changement de point d’observation suffit à bouleverser une situation apparemment normale, d’exposer et d’effondrer notre réalité contrefaite. Le but principal est d’embrouiller le spectateur, qui est plongé dans un milieu discordant qui menace ses sens. La désorientation, l’ambiguïté, les troubles de la perception sont autant de sensations qu’éveille cette œuvre.
Partant du principe que la réalité et l’apparence sont liées et se mélangent entre elles, l’artiste insiste sur le caractère absolu des règles et des institutions qui les mettent en place, et propose comme alternative le pouvoir d’imagination de la création artistique. Le spectateur doit pénétrer dans ce monde nouveau et complètement immersif qui s’offre à lui. Cela va donc engager tous ses sens et l’inviter à interagir avec les espaces. Ainsi, le spectateur devient, malgré lui, acteur d’une scène de théâtre élaborée, lâché dans un environnement qui est en partie réel et fictionnel.
De plus, lorsque les spectateurs se trouvent « dans la piscine », ils sont comme pris au piège dans l’installation. Intervient alors une sensation océanique que nous évoque également les peintures « Blue » de Mark Rothko ou encore l’expérience immersion Wide Out de James Turrell.
Eugénie Le Mauff
Jesùs Rafael Soto, Pénétrable bleu,
intitulée pénétrable BBL
Les étapes marquantes de sa vie
Jesús-Rafael Soto naît le 5 juin 1923 à Ciudad Bolivar, ville située au Venezuela.
C’est un artiste plasticien, sculpteur et peintre.
À ses débuts, il est peintre d’affiches pour les cinémas. En 1955 Jesús-Rafael Soto participe à l'exposition "Le Mouvement" organisée à la galerie Denise René, véritable acte de naissance de l'art cinétique. Ce n’est quand 1957, qu’il réalise son premier Pénétrable. En 1961 Jesús-Rafael Soto participe à l'exposition internationale d'art cinétique. Il décède le 14 janvier 2005.
Des inspirations majeures
Jesùs Rafael Soto © |
Des inspirations majeures
En assistant aux conférences d’arts abstraits à Paris Soto s'intéresse aux œuvres de différents artistes tels que Kazimir Malevitch, Piet Mondrian. La rencontre avec l'œuvre de László Moholy-Nagy comptera dans son travail.
Représentant majeur de l’Op Art
Le but de ce mouvement est de jouer avec les perceptions visuelles des spectateurs grâce à des dispositifs visuelles.
Pour Soto, tout commence en 1967, quand il a l’idée d’inclure le spectateur au centre de ses œuvres et conçoit les Pénétrables.
Un espace réapproprié par l’usager
C’est en s’interrogeant sur la déambulation que Soto crée de multiples œuvres où l’ESPACE, le MOUVEMENT et la LUMIÈRE sont au cœur de l’installation. Dans cet espace, le visiteur déambule, expérimentant un nouveau rapport à l'oeuvre, la couleur le corps, la perception.
« (…) cette participation devient tactile, voire même souvent auditive. L'homme joue avec son monde environnant. La matière, le temps, l'espace constituent une trinité indissociable et le mouvement est la force qui démontre cette trinité. »(Soto, Caracas, 1973).
Les moyens utilisés par Soto sont simples et radicaux. Tout d’abord, la sculpture est tenue par une structure métallique qui supporte des fils de nylon qui sont ensuite adaptés à l’environnement dans lequel ils se trouveront ; « comme de l’eau qui s’adapte à l’environnement qui la contient… ».
Cette œuvre impressionne par sa taille mais aussi par sa fluidité poétique et mystérieuse qui nous transporte dans un univers sensoriel et onirique. L’œuvre n’est pas seulement visuelle mais implique l’ensemble du corps tant physique que psychologique. Elle s’enrichit par les mouvements provoqués par les visiteurs qui s’immiscent dans la structure et la modifie aléatoirement.
« (…) cette participation devient tactile, voire même souvent auditive. L'homme joue avec son monde environnant. La matière, le temps, l'espace constituent une trinité indissociable et le mouvement est la force qui démontre cette trinité. »(Soto, Caracas, 1973).
Les moyens utilisés par Soto sont simples et radicaux. Tout d’abord, la sculpture est tenue par une structure métallique qui supporte des fils de nylon qui sont ensuite adaptés à l’environnement dans lequel ils se trouveront ; « comme de l’eau qui s’adapte à l’environnement qui la contient… ».
Cette œuvre impressionne par sa taille mais aussi par sa fluidité poétique et mystérieuse qui nous transporte dans un univers sensoriel et onirique. L’œuvre n’est pas seulement visuelle mais implique l’ensemble du corps tant physique que psychologique. Elle s’enrichit par les mouvements provoqués par les visiteurs qui s’immiscent dans la structure et la modifie aléatoirement.
Charlotte Kaplan
Ann Veronica Janssens
Blue, Red and Yellow
Blue, Red and Yellow
Ann Veronica Janssens - Blue, Red and Yellow |
Ann Veronica Janssens est une artiste connue depuis la fin des 80s pour ses œuvres "expérimentales". Elle produit majoritairement des installations qui sont le plus souvent In Situ. Elle conçoit des installations dans lesquels le spectateur est totalement immergé. Elle utilise des matériaux très simples qu’elle associe à la lumière, le son, ou le brouillard artificie Elle confronte le spectateur à une expérience physique et sensorielle.
L’œuvre Blue Red and Yellow (2001), en est un parfait exemple. L’artiste a créé une pièce rectangulaire, dans laquelle de la fumée épaisse est diffusée et dont les murs sont des panneaux de polycarbonate recouverts de films colorés, Rouge, bleu et jaune. Toujours exposée à l’extérieur, l’atmosphère intérieure de l’installation change en fonction du temps, et donc de la quantité de lumière passant à travers ses panneaux. Le brouillard artificiel associé à ce peu de lumière, immerge le spectateur dans un univers totalement inconnu et surprenant. En effet, la pièce étant embrumée, mais à la fois colorée, le spectateur y perd tout ses repères. Il est plongé dans un espace qu’il ne peut maitriser. Il ne voit quasiment rien de ce qui se passe autour de lui mais entend et ressent la présence des autres spectateurs eux aussi en immersion. Tandis que certains ne supportent pas cette expérience se sentent très vite étouffé, voire claustrophobe, d’autres le voient comme ce que l’on pourrait expérimenter lors de prises de drogues hallucinogènes.
Ann Veronica Janssens, elle, en a une approche plus réfléchie : « En poussant les limites de la perception, en rendant visible l’invisible, ces expériences sont similaires à des passages d’une réalité à une autre. »
© Ann Veronica Janssen |
Pour s’immerger virtuellement dans l’oeuvre :
https://www.youtube.com/watch?v=GOGy_8PCOQk&t=65s
Julie Barbin
Olafur Eliasson, Weather Project
Le soleil fixe, miroir de nous-même
Le soleil fixe, miroir de nous-même
Olafur Eliasson ©
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Cette installation dans le Hall Turbine du Musée d’art Moderne de Londres est composée d’un demi disque lumineux accroché au plafond de la galerie lui-même recouvert de miroirs sur toute sa surface. A cette diffusion de lumière s’ajoute celle d’une brume qui perturbe la course des rayons lumineux. Elle vient adoucir davantage l’éclairage jusqu’à obtenir une atmosphère tamisée et intime. L’installation paraît ici hors du temps et de l’espace tant l’environnement créé semble directement issu d’un rêve surnaturel ou d’une vision mystique - de quoi fasciner le visiteur et l’immerger dans un espace qui déroute ses sens et ses perceptions.
La réflexion du demi-disque au plafond nous laisse imaginer un soleil flottant dans les airs telle une apparition. De plus, la lumière orange qui découle de cet immense soleil artificiel éclaire les visages des visiteurs mais laisse les zones ombrées en noir et blanc. Ceci contribue à la dérive des perceptions du spectateur qui finit par admirer le soleil dans une semiconscience de l’environnement qui l’entoure.
L’artiste contemporain danois est particulièrement intéressé par l’expérience que chacun fait de l’espace. Que représente notre choix entre un pas en avant et un pas de côté ? Comment pouvons-nous nous situer par rapport aux autres individus ? Peut-on rendre un espace tangible ?
Olafur Eliasson s'intéresse également aux phénomènes naturels tels que les éclipses, les cycles lunaires ou encore les levers et couchers de soleil. A la Tate Modern Gallery, un soleil en lévitation est figé hors de son cycle réel, comme si le temps était arrêté. Le visiteur peut regarder le ciel et méditer sur son impalpable présence à travers le miroir, sur sa place dans cet espace ainsi qu’au sien de ce phénomène solaire d’autant plus imposant qu’il est fixe. Certaines personnes s’arrêtent et contemplent l’effet comme ils le feraient dans la nature, d’autres se couchent par terre en groupes et jouent avec les miroirs en essayant de créer des formes ou des lettres que l’on peut lire au plafond.
L'installation est propice à la méditation, au questionnement à l'émerveillement : le visiteur prend conscience de son corps à travers le miroir et se concentre sur sa pure existence, sa simple présence dans ce lieu perturbant…
Sixtine Puthod
Pipilotti Rist
Homo sapiens sapiens
Homo sapiens sapiens
Pipilotti Rist ©
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La plasticienne questionne des problématiques actuelles, en lien avec le corps, la sexualité, le féminisme…
Par son montage l'artiste ne recherche de structure narrative, on n’y trouve ni début ni fin. L’installation des projections est essentielle pour Pipilotti Rist. Pour l’artiste, il ne s’agit pas simplement d’une organisation de l’espace.
Ses œuvres ont été présentés dans de nombreuses expositions. Homo Sapiens Sapiens qui était présenté dans la chapelle San Stae à l’occasion de sa participation à la 51ème Biennale de Venise en 2005, prenait une place extraordinaire dans l'espace religieux.
Homo Sapiens Sapiens - Venise - San Stae - 2005 - Pipilotti Rist ©
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Dans sa vidéo , les points de vue sur les corps sont très proches. On peut alors y distinguer la structure de la peau de près. L’ensemble de cette composition devient presque abstraite. Une ride peut devenir une vallée et un fond de bassin. Pipilotti Rist cherche finalement à nous faire accepter notre corps tel qu’il est , soit avec des imperfections. Nous avons tendance à vouloir ressembler à quelque chose de lise. Alors que « nous sommes plutôt semblables à un ver humide. »
De plus, Pipilotti Rist met en question la manière habituelle d '«absorber» l'art, en impliquant à la fois le corps du spectateur (allongé sur un canapé) et le corps que l’on peut voir à l’image.
The Vertical works, Anthony McCall
Ancienne base des sous-marins réaménagée par l’architecte Fini Geipel, Le LIFE (lieu International des Formes Emergentes) a ouvert en 2007 pour accueillir de nombreux projets transdisciplinaires. À l’occasion d’Estuaire 2009, ce centre d’art contemporain a décidé de consacrer son espace aux Vertical works une série d’œuvres conçue par Anthony McCall.
Anthony McCall ©
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L'œuvre d'Anthony McCall se prête particulièrement au lieu. Ses films sont destinés a être projetés dans un espace d’exposition dénudé. Possédant une hauteur de plafond particulièrement exceptionnelle, le LIFE laisse à l’artiste la possibilité de jouer et de s’exprimer avec l’espace architectural.
C’est à partir des années 2000, qu’Anthony McCall a délaissé le support argentique au profit du numérique lui permettant d’explorer plus largement ses formes conçues afin de lier le dessin, le cinéma et la sculpture. Ses œuvres néo-géométriques jouent désormais avec la mobilité permettant des échanges entre l’intérieur et l’extérieur des sculptures de lumières.
Vertical Works - Le Life - Anthony McCall ©
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Dans la salle emplie de brume, Anthony McCall a réussi à recréer une illusion tridimensionnelle grâce à des formes abstraites auparavant dessinées. Ces membranes de lumières solides créent des espaces ne pouvant être vus que grâce aux rayons de lumière prenant forme dans la brume.
Cette exposition a réuni pour la première fois en France, l’ensemble de ses Verticals Works réalisés entre 2005 et 2009. Le spectateur est plongé dans une expérience sensorielle silencieuse particulière où son corps est accaparé par les faisceaux de lumière formant une habitation immatériel et féérique à la limite de la fascination.
Lucile Artignan
Anti VJ, 3Destruct
AntiVJ est un label visuel français créé à l'origine par Yannick Jacquet, Joanie Lemercier, Olivier Ratsi et Romain Tardy vers 2006. Leur travail est centré sur l’utilisation de la lumière projetée et de son influence sur notre perception. Dans chaque projet, AntiVJ joue avec la lumière et sa projection sans la présence d’un écran, In Situ, dans l'espace qu'ils investissent. Pour cela, ils utilisent plusieurs technologies comme le mapping, la projection sur bâtiment ou encore des installations audio-visuels immersives, accompagnés de musique composé par Thomas Vauquié. Toutes leurs performances/installations sont présentées en direct au public, lui permettant de vivre une expérience immersive inédite.
Anti VJ - St Gervais - 2010 - 3Destruct ©
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St Gervais est une œuvre réalisée par Yannick Jacquet et Thomas Vauquié en 2010 pour le Mapping Festival.
Cette installation a été réalisée dans le temple St Gervais à Genève en Suisse créant un formidable contraste entre cet endroit sacré du 15e siècle et la technologie de mapping. En effet le mapping apporte un fort contraste avec les pierres blanches et froides de l’édifice ainsi qu’avec le bois et le métal de l’orgue situé en plein milieu de l’installation. Cet orgue joue un rôle important dans l’installation avec sa forme et sa musique si particulières.
Je dirais que la performance lumineuse, qui dure environ 7 minutes, est découpé en 2 parties. Dans un premier temps, accompagné d’une musique électronique faite au synthétiseur, on assiste à des jeux de lumière qui donne du mouvement à l’orgue. Il est comme animé par le mapping qui la décolle de son emplacement d’origine et l’entraîne vers le public. Yannick Jacquet joue avec des formes très « digitales », très droites qui contraste avec celles du lieu et de l’orgue plus souples. Étant dans un temple protestant, les décors sont très minimalistes, sans couleurs ni représentation humaine. Pour être en accord avec cela, Yannick Jacquet a décidé de n’utiliser que des formes abstraites en noir et blanc. La musique électronique utilisée est à l'opposer de la musique lyrique que l’on a l’habitude d’entendre dans ce genre de lieu. Toutefois, le tempo a été ralenti pour laissé le temps à chaque note de s’étirer grâce à la réverbération du lieu et ainsi laissé vivre le son.
Pour autant dans la suite de l’installation Thomas Vauquié, mélange ses sons de synthé avec ceux joués par l’orgue. C'est une chose assez rare qu’il fait ici, mais cela permet, à mon sens, de très bien lié les 2 univers. De plus ce mélange crée une ambiance différente de celle du début d’installation. Il nous emmène dans quelque chose de plus contemplatif et lyrique. Grâce aussi aux jeux de lumière, le lieu est sublimé, les formes architecturales sont soulignées par la lumière, parfois même agrandies.
Grâce à tout cela le temple retrouve une nouvelle jeunesse. Il est, le temps d’un instant, modernisé par la musique et par le mapping. On en ressort éblouit, mais aussi avec un œil nouveau sur le lieu et ses formes.
Fixé dans les pierres depuis des siècles, les artistes ont su redonner de l’importance au lieu et y importer un nouvelle forme d’art sans nier ou supprimer son histoire passé.
A voir : https://vimeo.com/18011167
Clément Moinardeau
Yayoi Kusama, Infinity mirror room filled
Faire le point sur Yayoi :
Artiste avant-gardiste et contemporaine, Yayoi Kusama nait au japon en 1929. Peintre, sculptrice et écrivain, elle s’intéresse jeune à l’art et explore de multiples supports d’expression : dessin, peinture, performance, design et cinéma sont utilisés pour créer une grande diversité d’œuvres qui font d’elle une des artistes les plus prolifiques de notre époque. « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois… », c’est ainsi que Kusama décrit son existence parsemée de points colorés récurrents dans son oeuvre. A mi-chemin entre pop art, psychédélisme et art brut, ses œuvres sont exposées dans le monde entier. Lorsqu’elle ne réside pas dans son asile psychiatrique, Yayoi Kusama travaille dans son atelier à quelques rues de celui-ci, et nourrie par ses hallucinations, l’artiste constelle son univers de points de toutes saveurs.
Louis Richard Marschal
Les exemples de tentatives de modifications météorologiques au cours de l’histoire sont très nombreux. On pense souvent dans un premier temps aux Amérindiens qui réalisaient des danses et des cérémonies pour avoir de bonnes conditions météorologiques. Les aztèques allaient même jusqu’à sacrifier des enfants pendant les périodes de sécheresses dans le but de faire plaisir aux dieux et d’avoir de la pluie en échange de leurs sangs. Mais les peuples occidentaux ont eux aussi eu d’étranges pratiques, dans les pays scandinaves par exemple beaucoup de sorciers et sorcières ont été exécutés car tenus responsables des tempêtes et autres catastrophes naturelles...
Puis au tournant du XXème siècle l’Homme commence à utiliser des phénomènes physiques pour contrôler le temps, avec tout d’abord les paratonnerres et puis toutes sortes d’expériences chimiques qui modifient la formation des nuages...
Cette continuelle préoccupation pour le temps est un sujet d’étude très intéressant et très vaste qui a questionné l’artiste et le designer Stuart Wood pour son œuvre Rain Room.
Tout d’abord, il faut savoir que Stuart Wood fonde en 2002 (à 22ans seulement !) le Random International. Il dirige la mise en œuvre artistique de technologies et collabore avec ses cofondateurs Florian Ortkrass et Hannes Koch sur la direction créative du studio.
Rain room est une œuvre immersive, c’est une installation temporaire datante de 2012 qui a notamment été installée au Lacma (Los Angeles County Museum of Art) ainsi qu’au MoMa de New York..
Avec Rain Room Stuart Wood a réussi à créer une averse entre 4 murs. Grâce à ses compétences dans l’ingénierie, l’électronique et les logiciels, Stuart Wood nous immerge dans une pièce où une forte averse tombe. Ce qui est le plus surréaliste c’est que l’on peut traverser cette averse sans même recevoir une goutte de pluie. Les sens sont complètement perturbés parce qu’on anticipe le fait d’être mouillé mais l’eau s’arrête juste au-dessus de la tête du spectateur. Cela est possible grâce à plusieurs caméras en 3d qui détectent les individus et leurs moindres mouvements, et par une synchronisation parfaite les buses situées au-dessus du visiteur s’éteignent. Le système peut fonctionner jusqu’au nombre de six visiteurs et projette plus de 220 litres d’eau par minute !
Le spectateur vit pendant quelques minutes une véritable immersion sensorielle et redécouvre la pluie d’une manière complètement insolite, que personne n’a expérimenté avant. Cela change la perception de l’espace qui nous entoure, chacun de nos mouvements agit de manière immédiate sur l’environnement.
Au-delà de la forte impression que peut laisser cette œuvre immersive, elle invite le spectateur à se questionner sur la place et l’importance de l’eau. Elle montre de manière indirecte que tout individu a une action sur l’eau et est capable de modifier son rapport à l’eau. L’installation a été achetée par le Lacma et reste donc en Californie, une région particulièrement touchée par les problèmes de sècheresse. L’installation va donc pouvoir continuer à faire pleuvoir son eau recyclée et interroger le public tandis qu’à l’extérieur du bâtiment c’est la sécheresse qui règne.
Lorenn Furic
À Rodez, le musée Soulages a accueilli du 25 avril au 27 septembre 2015 l’œuvre du plasticien Claude Lévêque. "Le Bleu de l’œil", est une installation proposant une déambulation magique faite d'ondulations à la fois liquides et aériennes…
Clément Moinardeau
Yayoi Kusama, Infinity mirror room filled
with the brillance of life
Faire le point sur Yayoi :
Artiste avant-gardiste et contemporaine, Yayoi Kusama nait au japon en 1929. Peintre, sculptrice et écrivain, elle s’intéresse jeune à l’art et explore de multiples supports d’expression : dessin, peinture, performance, design et cinéma sont utilisés pour créer une grande diversité d’œuvres qui font d’elle une des artistes les plus prolifiques de notre époque. « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois… », c’est ainsi que Kusama décrit son existence parsemée de points colorés récurrents dans son oeuvre. A mi-chemin entre pop art, psychédélisme et art brut, ses œuvres sont exposées dans le monde entier. Lorsqu’elle ne réside pas dans son asile psychiatrique, Yayoi Kusama travaille dans son atelier à quelques rues de celui-ci, et nourrie par ses hallucinations, l’artiste constelle son univers de points de toutes saveurs.
Yayoi Kusama ©
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Mise au point sur Infinity Mirror Room :
D’extérieur, c’est un cube blanc d’environ 3m de hauteur et de 6m de coté. Cette oeuvre exposée pour la première fois en 1960, est une installation immersive qui propose un voyage dans une spatialité infinie. Le spectateur déambule sur une passerelle de miroirs bordés d’une piscine peu profonde, dont les fonds ténébreux reflètent la lumière. Les murs et le plafond sont également composés de miroirs. Du plafond pendent 250 LEDs clignotantes qui miroitent en disparaissant dans l’immensité interminable de cette salle. Cette œuvre reprend les principes de répétition propres à Kusama, en abordant les notions d’immersion et de spatialité. L'observateur se retrouve alors perdu dans un univers ou se confrontent la pénombre et la lumière. Cette perte de repères donne un sentiment, à la fois d’infiniment petit et d’infiniment grand.
D’extérieur, c’est un cube blanc d’environ 3m de hauteur et de 6m de coté. Cette oeuvre exposée pour la première fois en 1960, est une installation immersive qui propose un voyage dans une spatialité infinie. Le spectateur déambule sur une passerelle de miroirs bordés d’une piscine peu profonde, dont les fonds ténébreux reflètent la lumière. Les murs et le plafond sont également composés de miroirs. Du plafond pendent 250 LEDs clignotantes qui miroitent en disparaissant dans l’immensité interminable de cette salle. Cette œuvre reprend les principes de répétition propres à Kusama, en abordant les notions d’immersion et de spatialité. L'observateur se retrouve alors perdu dans un univers ou se confrontent la pénombre et la lumière. Cette perte de repères donne un sentiment, à la fois d’infiniment petit et d’infiniment grand.
Un point de vue personnel :
J’ai eu la chance, lors d’un voyage au Japon en février 2017, de visiter l’exposition de Yayoi Kusama au National Art Center de Tokyo. Parmi la grande diversité d’œuvres de l’artiste, Infinity Mirror Room était présentée lors de cette retrospective. Un parcours était aménagé pour le visiteur : à l’entrée, une immense salle présentait une centaine de tableaux colorés et abstraits qui correspondaient aux créations contemporaines de l’artiste. Le cheminement de l’exposition nous amenait ensuite vers plusieurs petites salles qui retraçaient chronologiquement les différents styles de l’artiste. La muséographie, bien mise en place, permettait de percevoir la construction progressive de l’univers de Yayoi Kusama, à travers une apparition de plus en plus récurrente de points. On accédait à Infinity Mirror Room après la découverte d’immenses poivrons à pois et de mannequins blanc également constellés. C’est probablement cette oeuvre qui m’a le plus touché durant cette exposition, particulièrement par sa poésie et son aspect immersif. Le toucher et l’équilibre disparaissent, les repères spatiaux-temporels se dissolvent dans cette salle aux dimensions infinies, aux lumières perpétuelles. On se retrouve perdu dans cet univers lumineux provoquant immédiatement une fascination hypnotique. Il est difficile de s’extirper de cette œuvre, qui nous transporte dans un monde surréaliste, et il suffit de regarder l’immense sourire des visiteurs qui en sortent pour comprendre la puissance de cette installation. L’aspect immersif de Infinity Mirror Room se retrouve également dans une autre oeuvre de Kusama, qui propose au visiteur d’être lui-même acteur de l’oeuvre : l’Oblitération Room, point d’orgue de l’exposition, à laquelle j’ai eu la chance de participer, et qui propose au spectateur de coller des gommettes colorées dans une grande pièce entièrement blanche.
Infinity mirror room, a été exposée à de nombreux endroits dans le monde. Elle semble séduire le public qui y est confronté, quelque soit l’âge et le milieu social. C’est une œuvre qui joue avec la perception de l’espace, proposant une expérience sensorielle hors du commun. Cela en fait une oeuvre particulièrement puissante et poétique, en tout point intemporelle.
Louis Richard Marschal
Random, Rain Room
Random © |
Depuis toujours, les humains cherchent à influer sur le temps. Que ce soit par des rites religieux, des chants, des danses, des offrandes, des prières (etc..) ou bien par la manipulation de paramètres physiques, ils ont cherché et cherchent encore à contrôler les phénomènes météorologiques. En effet, de nombreuses civilisations étaient tributaires de la météo pour survivre et aujourd’hui encore la météo à un fort impact sur les activités humaines.
Puis au tournant du XXème siècle l’Homme commence à utiliser des phénomènes physiques pour contrôler le temps, avec tout d’abord les paratonnerres et puis toutes sortes d’expériences chimiques qui modifient la formation des nuages...
Cette continuelle préoccupation pour le temps est un sujet d’étude très intéressant et très vaste qui a questionné l’artiste et le designer Stuart Wood pour son œuvre Rain Room.
Tout d’abord, il faut savoir que Stuart Wood fonde en 2002 (à 22ans seulement !) le Random International. Il dirige la mise en œuvre artistique de technologies et collabore avec ses cofondateurs Florian Ortkrass et Hannes Koch sur la direction créative du studio.
Rain room est une œuvre immersive, c’est une installation temporaire datante de 2012 qui a notamment été installée au Lacma (Los Angeles County Museum of Art) ainsi qu’au MoMa de New York..
Avec Rain Room Stuart Wood a réussi à créer une averse entre 4 murs. Grâce à ses compétences dans l’ingénierie, l’électronique et les logiciels, Stuart Wood nous immerge dans une pièce où une forte averse tombe. Ce qui est le plus surréaliste c’est que l’on peut traverser cette averse sans même recevoir une goutte de pluie. Les sens sont complètement perturbés parce qu’on anticipe le fait d’être mouillé mais l’eau s’arrête juste au-dessus de la tête du spectateur. Cela est possible grâce à plusieurs caméras en 3d qui détectent les individus et leurs moindres mouvements, et par une synchronisation parfaite les buses situées au-dessus du visiteur s’éteignent. Le système peut fonctionner jusqu’au nombre de six visiteurs et projette plus de 220 litres d’eau par minute !
Le spectateur vit pendant quelques minutes une véritable immersion sensorielle et redécouvre la pluie d’une manière complètement insolite, que personne n’a expérimenté avant. Cela change la perception de l’espace qui nous entoure, chacun de nos mouvements agit de manière immédiate sur l’environnement.
Au-delà de la forte impression que peut laisser cette œuvre immersive, elle invite le spectateur à se questionner sur la place et l’importance de l’eau. Elle montre de manière indirecte que tout individu a une action sur l’eau et est capable de modifier son rapport à l’eau. L’installation a été achetée par le Lacma et reste donc en Californie, une région particulièrement touchée par les problèmes de sècheresse. L’installation va donc pouvoir continuer à faire pleuvoir son eau recyclée et interroger le public tandis qu’à l’extérieur du bâtiment c’est la sécheresse qui règne.
Lorenn Furic
La Cellule à pénétrer, Julio Le Parc
Le Palais de Tokyo à Paris a accueilli, en 2013, l’importante exposition de l’artiste Julio Le Parc. Né en 1928 en Argentine, il entreprend des études aux Beaux-arts de Buenos Aires avant de venir vivre à Paris en 1958. Mais sa carrière prend un tournant majeur lorsqu’il co-fonde le G.R.A.V ; Groupe de Recherche d’Art Visuel ; un art d’immersion qui rompt les codes de l’art contemplatif en amenant le spectateur à interagir avec l’œuvre. Les mots d’ordres : "Défense de ne pas participer, défense de ne pas toucher, défense de ne pas casser". Le Parc est également le précurseur de l’art cinétique et de l’Op Art, aussi connu sous le nom d’art optique. Il s’exprime d’ailleurs à ce sujet : « D’une manière générale, par mes expériences, j’ai cherché à provoquer un comportement différent du spectateur (...) pour trouver avec le public les moyens de combattre la passivité, la dépendance ou le conditionnement idéologique, en développant les capacités de réflexion, de comparaison, d’analyse, de création, d’action. »
L’Entrée de l’exposition qui s’étend sur environ 2000 mètres carrés, débute avec « la cellule à pénétrer », réalisée en 2005 et composée de lamelles de miroir suspendues semblant flotter, qui avec un jeu de lumière, se reflètent les unes sur les autres et perturbent le champ visuel du public. En effet le spectateur en mouvement est troublé dans sa perception de l’espace. Complètement immergé dans cette installation à la fois ludique, poétique et contemporaine, le corps et les déplacements du spectateur participent du mouvement de l’œuvre. Le visiteur se retrouve alors désorienté…
Marie Breuillon-Grisez
Claude Lévêque, Le Bleu de l’œil
Claude Lévêque ©
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Lévêque joue avec l'espace, la lumière, le rythme, la profondeur, le déplacement du visiteur pour l'entrainer dans un univers étrange.
Toute cette ambiance, cette mise en abîme plonge le spectateur dans un décor surnaturel, hypothétiquement utopique…
Un voyage sensoriel et onirique où les néons parlent comme des poésies silencieuses. "Il y a une sorte de vision et de métamorphose immergeante dans ce lieu" explique Claude Levêque.
Un voyage sensoriel et onirique où les néons parlent comme des poésies silencieuses. "Il y a une sorte de vision et de métamorphose immergeante dans ce lieu" explique Claude Levêque.
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