samedi 10 janvier 2015

L’art et le chaos

La notion de chaos intéresse la science, l'histoire de l'univers, les mathématiques, mais également la littérature, les arts plastiques, le cinéma, la poésie, … Le chaos correspond à une idée de désordre, de confusion, de destruction, d’instabilité ou d’obscurité.
Fascinés par l'idée du chaos, les artistes ont tenté d'en donner une image, d'en saisir une présence, d'en appliquer les règles… Ils ont mobilisé leurs techniques et leur énergie pour en saisir la beauté, la cruauté, l'horreur, l'étrangeté, la dynamique, la vitalité…
Puisant dans la mythologie, dans la guerre, dans les catastrophes, dans l'inconscient, dans leur douleur, dans la puissance de la nature et de son entropie, ils en explorent l'énergie, les formes, les couleurs, les ombres, les mécanismes…
(Íris Björk Björnsdóttir & Jocelin Verga)


Mythologie & Chaos


Giulio Romano « La salle des Géants »


Giulio Romano (1499-1546), de son vrai nom Giulio Pippi était un peintre et architecte décorateur de la Renaissance italienne. Elève favori de Raphaël, on lui doit notamment de nombreuses fresques des loggias du Vatican.
La Salle des Géants est la salle la plus remarquable et la plus spectaculaire du Palais Té situé à Mantoue dont il est lui-même l’architecte. La Salle raconte la punition infligée par Jupiter aux géants qui avaient osé s’opposer à son pouvoir. Jupiter lance ses foudres sur la Terre et en frappe les Géants lors de leur tentative d’ascension.
Les Géants ont des corps démesurés et musculeux et leurs visages sont grotesques et désespérés. Face à l’écroulement magistral des rochers et des éléments d’architecture créés par Romano, les Géants tentent de survivre et d’échapper à cette mort inévitable. Par un puissant travail de trompe l'œil, on a l'impression que la salle elle-même s'écroule, se pulvérise. Pour l’architecte Vasari, la Salle des Géants représente un massacre total des orgueilleux. Autour des Géants, les divinités païennes sont littéralement figées par l’effroi.
La fresque des Géants est peinte sur les quatre murs de la salle ainsi que sur la voûte.
(Arthur Godet)  
Giulio Romano « La Salle des Géants »
Giulio Romano « La Salle des Géants »

Francisco de Goya  « La quinta del Sordo »

Francisco de Goya (1746-1828), est un peintre et graveur espagnol. Son œuvre inclut différents types de peinture et plusieurs ruptures stylistiques qui annoncèrent le début de la peinture contemporaine. C’est du nom de Peintures Noires que l’on connaît la série de quatorze œuvres murales que peint Goya entre 1819 et 1823. Il emploie la technique d’huile al secco (peinture murale exécutée sur un enduit à base de chaux complètement sec) directement sur le mur de la Quinta del Sordo ou « maison de campagne du sourd ». Ce lieu où le peintre a vécu ses dernières années est situé sur une colline, dans la périphérie de Madrid. Ces peintures murales ont ensuite été transportées sur toile (à partir de 1874) et sont exposées au Museo del Prado.
On est saisi face à cet ensemble d'œuvres. Les noirs, la transe, la cruauté qui en émanent deviennent hypnotiques, obsédants, inquiétants… La palette de couleurs se réduit à l'ocre, au doré, à la terre, aux gris et aux noirs, seulement quelques blancs sur les vêtements pour créer du contraste, du bleu dans le ciel et quelques coups de pinceau vert sur le paysage. Les traits des personnages présentent des attitudes pensives et extatiques. À cet état second répondent les figures aux yeux très ouverts avec la bouche ouverte pour donner des visages caricaturés, animaux, grotesques. Ici, la beauté n’est plus l’objet de l’art, mais plutôt cette inquiétante étrangeté, cette magie obscure, ces mythologies souterraines…
(Elise Huneau)
Francisco de Goya « Le Sabbat des Sorcières » 140x438cm, 1820-1823
Francisco de Goya « Saturne dévorant l’un de ses enfants » 146x23cm, 1819-1823

Guerre &Chaos


Jake & Dinos Chapman « Fucking Hell »


La Shoah fut l’enfer pour les 6 millions de juifs exterminés par les nazis. Dans des conditions aux convictions indigestes, l’inimaginable, l’invraisemblable est devenu morbide quant aux horreurs du génocide juif, le ramassis de chairs putrescentes n’alimentera jamais que notre répugnance du genre humain.
Neuf vitrines en verre, posées sur tréteaux et disposées en croix gammée, composent Fucking Hell des frères Jake et Dinos Chapman.
Des figurines miniatures placées par centaines intègrent des scènes imaginaires, interprétations du génocide juif. La représentation est gore, exagérée mais le rendu est saisissant.
Chimérique, absurde et grotesque, il y a du Dante et du Bosch, bien que l’enfer ici est aussi proche de l’histoire contemporaine que de l’ancien testament, où bourreaux nazis et victimes juives brûlent ensemble dans un continuum apocalyptique. 
Les photographies du site officiel vous donneront une idée de la richesse quantitative et qualitative de l’œuvre.
(Clément Lemiere)
Jake et Dinos Chapman, Fucking Hell (vue d’ensemble), 2008
Jake et Dinos Chapman, Fucking Hell (intérieur vitrine), 2008

Jake et Dinos Chapman, Fucking Hell (détail : Hitler peignant le massacre), 2008

Jake et Dinos Chapman, Fucking Hell (détail d’une crucifixion)-2008


Picasso / Guernica

Guernica est une œuvre réalisée par Picasso en 1937. La toile utilisée a pour dimension 349 cm X 776 cm. La taille de l’œuvre renforce le choc visuel. Cette peinture décrit le bombardement effectué par les nazis sur la ville basque de Guernica, en Espagne, le 26 avril 1937.
Picasso, Guernica, 1937
Cette œuvre dégage une sensation d’horreur. Le tableau est principalement en noir et blanc avec des nuances de gris, qui accentuent le drame de cette scène et la représentation de la douleur et de la mort. Tout cela est amplifié par l’accumulation des personnages et leurs expressions avec les traits des visages très marqués. On peut lire les blessures et le désespoir engendré par la guerre au travers des personnages, de leurs gestuelles, de leurs déformations.
Les animaux présents dans la scène incarnent d’une part la brutalité (le taureau), d’autre part les victimes de cette guerre (le cheval) et enfin on aperçoit une colombe, symbole de paix, qui s’efface dans l’obscurité.
Le désordre créé par cette œuvre permet à Picasso de représenter le massacre de personnes innocentes et de symboliser l’horreur des conflits humains.
(Matthilde Pointeau)

Francisco de Goya « Les Désastres de la guerre »


Les Désastres de la guerre (« Los Désastres de la Guerra ») est une série de 82 gravures réalisées par le peintre et graveur espagnol Francisco de Goya. Elle fût réalisée pendant la période de l’occupation française en Espagne entre 1810 et 1815. Traumatisé par les images de guerre et du désastre humain, Goya commence à graver dans des plaques de cuivre. Sa série montre les drames, les massacres, les pillages qui dévastent son pays. Avant l’existence de la photographie, la gravure a permis une large diffusion des œuvres. L’artiste fait preuve d’une grande diversité dans la composition de ses planches, que ce soit dans le choix du point de vue du spectateur, des décors ou du cadrage. La gravure permet d’obtenir des contrastes forts entre le blanc et le noir, les hachures, quant à elles traduisent la violence des scènes.
( Charlotte Quesnel)
Pourquoi ? Guerre n°32, 1810
Désastres de la guerre n°39, 1810, Un bel exploit ! Avec des morts !

Otto Dix

Otto Dix naît en Allemagne en 1891. Au début de la première guerre mondiale, il s’engage avec enthousiasme dans l’armée allemande. A son retour, il est traumatisé par ce qu’il a vu et vécu et en fait des cauchemars. Il commence alors à peindre les horreurs de la guerre.
Assaut sous les gaz peint en 1924 ou encore La Guerre qu’il peint entre 1929 et 193,2 sont des illustrations de la brutalité de la guerre et de son chaos. La Guerre est un triptyque, composé de quatre panneaux, qui raconte une histoire. On peut ainsi voir les soldats partir en guerre un matin et voir le déroulement de scènes de guerre. Le panneau central est celui qui parait le plus chaotique. La luminosité permet d’apercevoir plus de détails et les lignes sont plus courbes, renforçant ainsi cet aspect de désordre.
(Morgane Thomas)

Otto Dix « Assaut sous les gaz », 1924

Otto Dix « La guerre », 1929-1932


Naufrage &Chaos


Caspar-David Friedrich « La Mer de Glace »


En 1824, Caspar-David Friedrich achève La Mer de Glace, qui a pour sujet le naufrage d’un navire lors de l’expédition arctique de 1820. Le peintre compose un paysage hostile où aucune forme de vie n’est présente. L’œuvre présente un amas de glace dans lequel s’entremêle la poupe du navire naufragé.
Friedrich montre le chaos de la nature comme beauté brutale. La glace est violente et agressive, incontrôlable par l’homme qui est pris au piège. Cette œuvre questionne sur l’existence humaine : la mort est inévitable. La couleur blanche dominante évoque ce thème. L’artiste s'interroge également sur la puissance de la nature qui broie ce qu'elle a créé. Ce paysage hostile et naturel, paraît intemporel et infini, tout en rappelant la fragilité et la finitude de l’homme.
La recherche de spiritualité et du sacré dans un paysage tragique fait de ce tableau une œuvre romantique, où l’élévation vers le ciel après la mort est rêvée par l’artiste.
(Neha Hassanbay)
Caspar-David Friedrich « La Mer de Glace », 1824

Théodore Géricault / Le Radeau de la Méduse
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Ce tableau de Géricault, connu dans le monde entier, représente un naufrage qui s’est passé au large des côtes du Sénégal en 1816. L’artiste touché par cette tragédie décidera d’en faire un tableau. La scène décrit le moment où les naufragés aperçoivent un bateau à l’horizon. La dureté du tableau s’affirme par la présence de couleurs sombres, qui dominent, en raison de l'usage de pigments bruns, mais aussi la présence de violents contrastes entre clarté et obscurité. L’artiste pensait que ce choix permettrait de mieux suggérer le caractère tragique de la scène. « Le Radeau de la Méduse » s’imposera comme une œuvre majeure, fondatrice de l’école romantique française.
(Justine Suteau)


Théodore Géricault, « Le Radeau de la Méduse »,  Salon de 1819 / H. : 4,91m. ; L. : 7,16m.

Violence & Chaos


George Grozs
George Grozs est un peintre Allemand et Américain, né en 1893 et mort en 1959 à Berlin. Il fut un membre important du mouvement Dada et participa au mouvement de la nouvelle Objectivité. Il participa à la première guerre mondiale et fut témoins de la montée du nazisme. Ces peintures seront destinées à exprimer ça haine pour le militarisme, le clergé et la bourgeoisie, l'art échappant au contrôle du régime totalitaire. Ses peintures sont une attaque contre l’ordre publique.
Dans ses toiles, il pratique l’exagération, la caricature pour montrer l’état du monde après la guerre. Il emprunte au futurisme et au dadaïsme la représentation chaotique des grandes villes. Ces œuvres portent traduise une conception du monde menaçante, une époque maudite.
L'une de ses œuvres emblématique est Metropolis (1916-17). Ce tableau semble apocalyptique, il montre les caractéristiques décadentes du mouvement impulsé par le capitalisme dans les villes. Il est dadaïste, dénonçant l'irrationalité de la guerre et donnant une vision négative, dévorante, agressive de la ville qui absorbe et détruit le monde.
Dans ce tableau, il y a le reflet de l'expérience personnelle de l'artiste et une recherche stylistique violente, expressive, dynamique…
Il emprunte au cubisme (pour l'exécution des personnages), au futurisme (dans les lignes de forces dynamiques de la composition) et à l’expressionnisme (dans sa vision négative et agressive de la société).
(Coline Hercouet)
George Grosz « Metropolis »

Jean Tinguely,  "Hommage à New York"


En 1960, on demanda à l'artiste Jean Tinguely de créer une œuvre pour le vernissage du jardin de sculpture du Musée d’art moderne de New York. Il créa alors une sculpture machine, Hommage à New-York de 16 mètres de long qui, au cours du vernissage, s'autodétruit devant le public.
Passant de la récupération de matériaux dans les dépotoirs de New Jersey à la conception de circuits électriques destinés à surchauffer et à flancher, l'artiste en collaboration avec l'ingénieur Billy Klüver, repousse les frontières habituelles de l'art et de la technologie en jouant avec la vie et la mort d'une machine. La performance de 27 minutes enchaine une série d'actions autodestructrices aléatoire. La machine, incapable de fonctionner selon un plan prédéterminé est source d'humour et de poésie.
Il s'agit en faite d'un hommage à l'énergie de cette ville, ainsi qu'à son aspect imprévisible et provocant. C'est ainsi que Tinguely fit son entrée dans le monde de l'art Américain. Il n'en reste aujourd'hui que quelques rares débris conservés dans des musées, mais également un film, des photos, de nombreux témoignages et articles de presse.
(Clémence du Cleuziou)
Jean Tinguely, Hommage à New York, 1960


Eduardo Basualdo / Le silence des Sirènes 
(Exposé à la biennale d’Art Contemporain de Lyon)

Cette œuvre est une conception technique hydraulique. L'espace qui lui a été dédié pour la Biennale de Lyon, accueillait un immense bassin en forme de cratère/étang séché parsemé de trois rochers. D'une ouverture, une eau sombre, noire, surgissait doucement, inondant le dit cratère. Après quelques minutes, le débit de l’eau s’arrêtait et stagnait pour se vider à nouveau quelques minutes plus tard, aspirée de plus en plus fortement par le vide en-dessous. Ce cycle en trois temps se reproduisait avec régularité.
L’artiste interroge le spectateur face à ce bassin vide, il invite à l’exploration avant de piéger le spectateur isolé sur le rocher par l’inondation des eaux montantes et menaçantes. Sans connaitre le dénouement, le spectateur est face à un choix : se mouiller les pieds (littéralement) ou attendre un temps inconnu pour sortir du bassin sans toucher l’eau sombre.
« Si la lune s’écrasait contre la Terre, une véritable révolution gagnerait par les mers et les océans du monde. Expression maximale de la subversion des eaux. L’eau avancerait en un mouvement lent et imperceptible, jusqu’à tout submerger. Docile sous l’influence des astres, elle cesserait d’être un élément domestiqué pour fixer de nouvelles règles au monde. » Eduardo Basualdo.
(Louise Robert)
Le Silence des Sirenes

Baptiste Debombourg « Volte Face »

L’installation Volte Face, réalisée par Baptiste Debombourg en 2010, s’impose devant nous comme un amas de pare-brises cassés, assemblés, formant une structure haute de plus de 2 mètres. Des poteaux de bois noir viennent transpercer les vitres, l’idée de destruction est évidente. Cet édifice dégage également une certaine violence, c’est piquant et peu réconfortant avec le verre en éclat et les pieux qui ressortent de la structure. Les pare-brises peuvent symboliser des accidents de la route, les pieux de bois quant à eux renvoient plutôt à une destruction volontaire, à du vandalisme.
Avec son installation, Baptiste Debombourg semble exprimer un certain désordre chaotique, faisant référence à une certaine violence présente dans notre société contemporaine.
(Perrine Bader)
Baptiste Debombourg « Volte Face », 2010


Cyprien Gaillard - Azteca

« Il faut ruiner un palais pour en faire un objet d’intérêt. » Denis DIDEROT, 1767
L’exposition Azteca du 21 Avril au 6 Mai 2007 se présentait sous la forme d’une installation s’articulant entre une vidéo de la destruction d’une tour de 23 étages à Glasgow et une sculpture pyramidale de bières qui se désintégre en grande partie le soir du vernissage, au bon vouloir de la soif des visiteurs.
Sculpture pyramidale de bières de l’exposition « Azteca »
Entre vandalisme et esthétique minimal, Chaos et Land Art ("La grande allée du château de Oiron", 2008), le travail de Cyprien Gaillard interroge la trace de l’homme dans la nature ; la ruine dans le paysage, la présence chaotique de l’homme dans l’environnement.
Fasciné par le comportement humain et ce qui l’environne, il donne à voir la violence qui en émane en les mettant face à leurs actions et réactions.
Archéologue du comportement, l’artiste catalyse et sacralise ces comportements. Il donne à voir la violence qui en émane. En effet, il s’agit d’actions, où prédomine l’action de l’homme sur le cours des choses, aussi bien au passé qu’au présent.
(Marion Fouré)
« La grande allée du château de Oiron », 2008

Terreur & Chaos

Jean Michel Basquiat (1960-1988)


Jean Michel Basquiat est un artiste peintre américain d’origine haïtienne et portoricaine. Il est connu pour être un peintre d’avant-garde et pour avoir participé aux mouvements « underground ».
Jean Michel Basquiat a eu une enfance mouvementée. En 1968, l’artiste est percuté par une voiture, cet accident va provoquer en lui un traumatisme l’influençant dans sa peinture tout au long de sa vie. Puis quelques temps après ses parents divorcent et sa mère dépressive part en asile psychiatrique.
Sur ses peintures, Jean Michel Basquiat, nous fait une représentation du chaos par des formes enfantines. Dans la majorité de ses tableaux apparaissent des personnages accidentés, écorchés et dont la peau semble avoir été arrachée.
Le basculement entre la vie et la mort, l’animation et la décomposition des corps, le désordre et l’harmonie, le silence et le fond sonore simulé par les mots, entre les couleurs vives et l’acrylique noir forment tout un ensemble de motifs extrêmes à l’image de la vie de leur créateur : un chaos intérieur.
(Charlotte de Rafelis)
Jean Michel Basquiat, Notary, 1983

Jean Michel Basquiat, The Daros Suit of Thirty-Two Drawings, 1983
Jean Michel Basquiat, Skull, 1981

Chiharu Shiota


Chiharu Shiota est une artiste japonaise née en 1972 à Osaka. Elle vit et travaille à Berlin depuis 1996. Elle a étudié à l’université Seika de Kyoto et dans plusieurs écoles en Allemagne. Le travail de Chiharu Shiota se caractérise par un mélange de performances artistiques et d’installations spectaculaires pour lesquelles elle utilise, en les accumulant, de vieux objets comme des lits, des châssis de fenêtre, des chaussures ou encore des valises.
La simplicité des matériaux rend d’autant plus fort l’impact des œuvres qu’elle propose. Elle explore ainsi les relations entre passé et présent. À cela s’ajoute parfois une dimension onirique par le tissage de véritables toiles d’araignées complexes et impénétrables, généralement en cordelette noire, parfois rouge, qui ne sont pas sans exprimer le chaos et la confusion.
Chiharu Shiota a créé de remarquables installations notamment Memory of Skin en faisant pendre des tuniques de toile grossière, surdimensionnées, à des pommeaux de douche d’où suintait de l’eau, parfois colorée. Le spectateur est irrémédiablement entraîné dans des réflexions sur les marques du temps qui passe. Ce dispositif est aussi un poignant rappel des victimes gazées dans les camps d’extermination nazis.
(Amélie Galcera)
Chiharu Shiot, During Sleep,2002
Chiharu Shiota, Memory of Skin, 2000


Cameron Jamie


Cameron Jamie, né à Los Angeles en 1969, vit désormais à Paris. C’est un artiste californien s’inspirant de l’histoire et de la culture américaine dans ses multiples œuvres.
Jamie travaille avec divers supports de création : dessin, sculpture, vidéo, performance, en utilisant souvent des matériaux trouvés.
Ses oeuvres explorent un univers troublant et morbide où surgissent des masques inquiétants, des portraits sanglants ou déformés…
(Morgan Boulet)

Cameron Jamie, « Sleep », 2003

Cameron Jamie «Smiling Disease », 2008


Annette Messager

Nombreuses sont les allusions au chaos, sous toutes ses formes, dans les œuvres d’Annette Messager, dont certaines scénographies se composent d’éléments disposées dans un esprit de désordre qui nous apparait alors chaotique.
L’œuvre Articulés-Désarticulés, installation réalisée pour la Documenta 11 de Kassel en 2002, est la première dans laquelle Annette Messager met physiquement et mécaniquement des objets en mouvement. Elle représente ici un sol, jonché de dépouilles animales, dans ce qui semble être un ring et dans lequel on trouve aussi des spectateurs, figés, et muets. Autour de cela s’anime un univers, fait d’automates désarticulés qui semble s’inspiré autant des danses macabres du Moyen-Age que des désastres écologiques de nos jours. Elle nous présente ici le Chaos de l’humanité dans lequel les individus ne sont que spectateurs.
(Julie Bigot)
Articulés-désarticulés 2001 - 2002

Articulés-désarticulés (detail)
Annette Messager, Chaos, 2008

Thierry Ehrmann / La demeure du chaos 

C’est au détour d’une route sombre, au fin fond d’une petite ville nommée Saint-Romain-au-Mont-d’Or, que l’on découvre une demeure, celle de la nuit et de la mort, la Maison du Chaos. Depuis 1999, ces 9000 mètres carrés ont permis à l’artiste Thierry Ehrmann, plasticien et industriel lyonnais, de recréer une sphère chaotique mêlant sculptures, fresques, graffitis ainsi que toutes formes, matières, objets et techniques permettant de s’exprimer sur le thème principal de la demeure. Cette profusion d’œuvres fait de ce lieu un musée à ciel ouvert qui vous fait voyager dans une dimension de noirceur, illuminée seulement par de multiples couleurs vives mettant en valeur toute son inquiétante beauté.
(Pauline Jouitteau)

Thierry Ehrmann « La demeure du chaos »

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