L'animal dans l'art contemporain
L'animal a toujours été présent dans l'art, des grottes préhistoriques jusqu'à nos jours. Cependant sa place dans l'art contemporain ne s'apparente plus à l'art animalier. En effet, les artistes jouent aujourd'hui avec d'autres codes, posant d'autres questionnements, n(hésitant pas parfois à concevoir des oeuvres avec des animaux vivants.
La condition animale touche les artistes au point de l'inscrire au cœur de leur travail.
Comme le faisait Jean de la Fontaine en son temps, l'utilisation de ce dernier permet, de manière détournée, de parler de l'homme et plus généralement de la société actuelle. Si certains artistes illustrent le désintéressement de l'homme face à la souffrance de l'animal, d'autres ne les utilisent que comme matériaux. Il arrive que le public ne soit pas forcement réceptif à toutes les œuvres et que certaines soient retirées des expositions.
La sélection d'artistes de cette semaine pose la question de notre relation au monde animal, des liens étranges que noue l'art contemporain avec le vivant…
- Hubert DUPRAT -
Hubert Duprat est né en 1957. C'est un artiste contemporain français. Autodidacte, il se fait connaitre au début des années 80 avec son travail sur les larves de phryganes. Ces petits trichoptères ont la particularité de construire un fourreau mobile pour se protéger. Ces larves fabriques leurs fourreaux grâce à des composites qu'elles trouvent dans leur environnement (brindilles, feuilles, graviers, grains de sable, sédiments, coquilles de planorbes et autres escargots aquatiques).
Hubert Duprat ayant observé cette particularité, imagine un dispositif expérimental. Il fournit à ces larves, des pierres précieuses et semi-précieuses ainsi que des paillettes, des pépites d’or et des perles taillées en facette. Contraintes de travailler avec ses matériaux, les larves s'adaptent et créent alors des fourreaux précieux devenant de vraies pièces d'orfèvrerie.
Hubert Duprat cherche dans son travail à associer connaissances scientifiques, citations mythologiques, et savoir-faire très divers afin de créer des rapprochements inédits.
Cet artiste propose alors une véritable fusion entre les arts majeurs et mineurs. En travaillant avec une espèce naturelle qui se protège avec ce qu'elle a sous la main, Hubert Duprat touche aux questions actuelles de la survivance et du réemploi. [Magali Braud]
Hubert Duprat ayant observé cette particularité, imagine un dispositif expérimental. Il fournit à ces larves, des pierres précieuses et semi-précieuses ainsi que des paillettes, des pépites d’or et des perles taillées en facette. Contraintes de travailler avec ses matériaux, les larves s'adaptent et créent alors des fourreaux précieux devenant de vraies pièces d'orfèvrerie.
Hubert Duprat cherche dans son travail à associer connaissances scientifiques, citations mythologiques, et savoir-faire très divers afin de créer des rapprochements inédits.
Cet artiste propose alors une véritable fusion entre les arts majeurs et mineurs. En travaillant avec une espèce naturelle qui se protège avec ce qu'elle a sous la main, Hubert Duprat touche aux questions actuelles de la survivance et du réemploi. [Magali Braud]
- Stéphane Thidet -
Stéphane Thidet est un artiste qui s’aventure dans des univers que nous connaissons tous : l’enfance, le divertissement ou encore l’inconscient collectif. Ce créateur joue avec les reliefs et les paysages, s’amuse à faire varier les tailles d’objets pour donner à son travail une dimension étrange, rêveuse…
En 2009, l’artiste a participé à la manifestation Estuaire à Nantes. Son envie ? : « Implanter du Sauvage » au centre de la ville. Alors, Thidet a réussi à faire revivre une partie du Château comme au Moyen-âge. Il a aussi fait en sorte de marquer les esprits. Pour ce projet, Stéphane Thidet a donc choisi de travailler au Château des Ducs de Bretagne et d’intégrer « La Meute » dans les douves du Château. Les spectateurs ont pu observer six loups tout l’été, l’œuvre les replongeant dans cet espace de l'enfance, où se mêlent contes, fables, peurs, fascination… Il a accompagné cette installation d’un recueil de nouvelles écrit par six artistes (autant que de loups) différents. [Hugo Chaffiotte]
Site de l'artisteEn 2009, l’artiste a participé à la manifestation Estuaire à Nantes. Son envie ? : « Implanter du Sauvage » au centre de la ville. Alors, Thidet a réussi à faire revivre une partie du Château comme au Moyen-âge. Il a aussi fait en sorte de marquer les esprits. Pour ce projet, Stéphane Thidet a donc choisi de travailler au Château des Ducs de Bretagne et d’intégrer « La Meute » dans les douves du Château. Les spectateurs ont pu observer six loups tout l’été, l’œuvre les replongeant dans cet espace de l'enfance, où se mêlent contes, fables, peurs, fascination… Il a accompagné cette installation d’un recueil de nouvelles écrit par six artistes (autant que de loups) différents. [Hugo Chaffiotte]
- Céleste Boursier-Mougenot -
Céleste Boursier-Mougenot vient du monde de la musique et du théâtre. Il débute en tant que compositeur puis se tourne vers les arts plastiques. Nous retrouvons aujourd'hui ces deux influences dans son travail qui mêle les sons, l'espace et les mouvements.From here to ear est une installation composée de quarante oiseaux (des mandarins) qui créent une composition sonore aléatoire.
L'œuvre est un ensemble organique, vivant, qui réagit instantanément aux battements d'ailes des oiseaux et aux mouvements des visiteurs.
Ce dernier peut déambuler dans la volière sur un chemin de bois, se frayer un chemin entre les vols des mandarins qui viennent se poser sur les cinq guitares électriques posées sur des trépieds. Les mandarins picorent, grattent, sautillent sur les cordes où ont été déposées des graines créant des mélodies douces et enchantés. Une œuvre poétique et symphonique sur le caractère aléatoire et hasardeux de la création musicale. [Anais Bourcier]
- Cai Guo-Qiang -
Cai Guo-Qiang est un artiste contemporain chinois. Pratiquant le dessin au travers d'une large variété de symboles, de narrations, traditions mais aussi de matériaux, etc... La plupart de son travail retrace les concepts Maoist/Socialiste, et plus particulièrement ses travaux effectués avec de la poudre à canon. L'un des plus impressionnants projets (qui lui donnera sa notoriété) est sans doute The Allegory of 99 wolves, dévoilé lors de son exposition Head on Names.
Cette installation consiste en une meute de 99 loups grandeurs nature fonçant, tel un ruisseau continu, droit sur un mur de verre. Construis à l'aide de fils de fer recouverts par de la peau de mouton peinte bourré de foin, les loups sont volontairement positionnés de manière très rapproché pour créer cet effet de masse et ne former plus qu'un. Les visages des loups sont réalisés à l'aide de plastique, chacun possédant des billes en guise d'yeux, sombres et réalistes.
Cai Guo-Qiang fait un parallèle avec toutes ces personnes qui se ont tenté de passer de l'autre côté du mur (Mur de Berlin ?).
L'expression de leurs visages, ainsi que la tension de leurs corps, contribuent d'autant plus à l'illusion que ces loups courent vers quelque chose avec détermination, avec leurs oreilles penchées en arrières, leurs gueules laissant apparaître leurs crocs et leurs langues pendantes.
C'est donc aux travers d'animaux réalistes que l'artiste Chinois Cai Guo-Qian parvient à traiter d'un thème historique marquant, nous offrant, par son art, une œuvre des plus spectaculaires et saisissantes. [Ophélie Brunet]
Cette installation consiste en une meute de 99 loups grandeurs nature fonçant, tel un ruisseau continu, droit sur un mur de verre. Construis à l'aide de fils de fer recouverts par de la peau de mouton peinte bourré de foin, les loups sont volontairement positionnés de manière très rapproché pour créer cet effet de masse et ne former plus qu'un. Les visages des loups sont réalisés à l'aide de plastique, chacun possédant des billes en guise d'yeux, sombres et réalistes.
Cai Guo-Qiang fait un parallèle avec toutes ces personnes qui se ont tenté de passer de l'autre côté du mur (Mur de Berlin ?).
L'expression de leurs visages, ainsi que la tension de leurs corps, contribuent d'autant plus à l'illusion que ces loups courent vers quelque chose avec détermination, avec leurs oreilles penchées en arrières, leurs gueules laissant apparaître leurs crocs et leurs langues pendantes.
C'est donc aux travers d'animaux réalistes que l'artiste Chinois Cai Guo-Qian parvient à traiter d'un thème historique marquant, nous offrant, par son art, une œuvre des plus spectaculaires et saisissantes. [Ophélie Brunet]
L'allégorie de 99 loups. |
- Annette Messager -
Annette Messager est une artiste plasticienne française internationalement reconnue. Elle est née en 1943 à Berk-plage dans le Pas-de-Calais et a étudié aux Arts décoratifs de Paris. Elle s'est fait remarquer par son oeuvre baptisée "Les Pensionnaires" en 1971-1972. Cette installation est constituée d'alignement de petits moineaux morts emmaillotés dans des gilets tricotés main par elle-même. Cette création est une installation de 14 vitrines, de 3 éléments muraux et d'une ampoule suspendue à un fil. Il y a trois grandes vitrines centrales dont celle du "Repos des pensionnaires" une grande vitrine (101x150x90cm) constituée de 72 oiseaux naturalisés, reconstitués, emmaillotés de tricots posés sur un tissu blanc. Cette vitrine est faiblement éclairée par une ampoule suspendue à un fil. Les deux autres (101x115x30cm) sont installées de chaque coté de la vitrine centrale renferment d'une part "La Promenade" composée de 9 oiseaux naturalisés emmaillotés de tricot, attelés à des mécanismes fragiles montés sur roulettes fonctionnant à piles ou téléguidés et d'autre part "La Punition" composée de 9 pensionnaires (oiseaux naturalisés reconstitués) harnachés sur des socles de métal.
A travers cette œuvre, Annette Messager dépasse les limites de la provocation de taxidermiste. Cette inspiration saugrenue et mortifère lui est venu d'un méfait. Un été, marchant en tongs, le corps mort d'un de ces moineaux lui est tombé dessus. Elle a alors traité le sujet de manière à se jouer de la mort. Elle préserve ainsi les cadavres de leur froideur, en leur confectionnant des gilets de laine, des gilets de tendresse maladive et étouffante telle une collection d'une mère-maîtresse. [Florise Jacques]
A travers cette œuvre, Annette Messager dépasse les limites de la provocation de taxidermiste. Cette inspiration saugrenue et mortifère lui est venu d'un méfait. Un été, marchant en tongs, le corps mort d'un de ces moineaux lui est tombé dessus. Elle a alors traité le sujet de manière à se jouer de la mort. Elle préserve ainsi les cadavres de leur froideur, en leur confectionnant des gilets de laine, des gilets de tendresse maladive et étouffante telle une collection d'une mère-maîtresse. [Florise Jacques]
Annette Messager - "Les Pensionnaires" créés en 1971 - 1972
Verre, métal, oiseaux empaillés (moineaux domestiques) , plumes, papier, laine, photographie, drap de coton, ampoule électrique
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- Julien Salaud -
Julien Salaud est un artiste français qui a commencé par étudier la biochimie et l'ethnologie avant d'abandonner la faculté pour partir travailler avec une association de protection de l'environnement en Guyane. Après plusieurs années passées dans la forêt tropicale aux côtés de nombreux animaux, il rentre en France et commence à sculpter et illustre des livres pour enfants. Il décide ensuite de se lancer dans une carrière artistique et s'y consacre pleinement depuis. Son travail insolite gravite autour de l'animal et particulièrement de la place qu’occupe celui-ci dans la société. Il ne cesse alors de représenter des bêtes en utilisant diverses techniques telles que la peinture, le dessin, la photographie, la sculpture et l'installation. Pour l'une de ses séries de sculptures, les animaux stellaires, Julien Salaud travaille à partir d'animaux empaillés qu'il transperce de clous avant de les relier les uns aux autres par des fils blancs tendus. Son art prend alors place entre barbarie et délicatesse. Les œuvres obtenues sont étonnantes, poétiques et presque célestes. Présentées dans la pénombre, l'effet devient saisissant, presque effrayant. Les animaux semblent s'animer, se transformer, jusqu'à devenir complètement hybrides. [Louison GUILBAUD]
- Louise Bourgeois -
Louise Bourgeois est une sculptrice et plasticienne française née à Paris en 1911 et morte à New York en mai 2010. Elle réalise, en 1999, une série de sculptures appelée “Maman”. La sculpture représente une araignée monumentale, d'environ 10m de hauteur pour environ 9m de diamètre, fabriquée en acier inoxydable ou en bronze. La première a été commandée à Louise Bourgeois pour inaugurer les Unilever Series en 1999 et a ainsi été exposée dans le Turbine Hall à Londres. Mais on a pu également retrouver cette "Maman" à Paris, Saint-Petersbourg, Tokyo, Copenhague, Denver, Kansas City, San Francisco, New-York, Hambourg, Bilbao et Londres. Elle est actuellement à Ottawa au Canada.
Avec cette œuvre, Louise Bourgeois rend hommage à sa mère qui réparait des tapisseries dans un atelier de restauration textile à Paris, d'où le parallèle avec l’araignée qui tisse sa toile. Le thème de la maternité est également présent lorsque nous regardons sous l’abdomen de la créature. En effet, on peut y voir une poche en grillage contenant 26 œufs de marbre. Cette araignée suscite deux types de réactions. Comme une maman elle a un côté protecteur, les passants peuvent se réfugier en dessous afin de se protéger et ainsi faire partie de l'œuvre. D'un autre coté, certains préférerons la contourner car elle suscite la crainte voir même la peur. Sentiment dû à sa couleur très sombre et à sa forme quasi cauchemardesque. [Tristan RIAUD]
Avec cette œuvre, Louise Bourgeois rend hommage à sa mère qui réparait des tapisseries dans un atelier de restauration textile à Paris, d'où le parallèle avec l’araignée qui tisse sa toile. Le thème de la maternité est également présent lorsque nous regardons sous l’abdomen de la créature. En effet, on peut y voir une poche en grillage contenant 26 œufs de marbre. Cette araignée suscite deux types de réactions. Comme une maman elle a un côté protecteur, les passants peuvent se réfugier en dessous afin de se protéger et ainsi faire partie de l'œuvre. D'un autre coté, certains préférerons la contourner car elle suscite la crainte voir même la peur. Sentiment dû à sa couleur très sombre et à sa forme quasi cauchemardesque. [Tristan RIAUD]
Musée Kunsthalle, Hambourg, Allemagne.
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Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, Canada
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Vue du dessous de la sculpture.
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- Xiao Yu RUAN -
L'œuvre de l'artiste chinois Xiao Yu RUAN suscite une vive polémique en 2001 lorsqu'elle est présentée au Kunstmuseum de Berne. Elle est connue aujourd'hui sous le titre de Bébé-Mouette. Il s'agit d'une tête de fœtus humain, agé de six mois, avec des yeux de lapins cousus à un corps de mouette, conservée dans du formol. L'artiste, par ce geste iconoclaste, a non seulement voulu donner forme à une sorte de monstre hybride, mais aussi dénoncer l’instrumentalisation totale du corps humain, ainsi que les manipulations génétiques. Depuis quelques années, Xiao Yu travaille sur la démarcation entre l'humain et l'animal. Il se questionne également sur les limites de l’éthique. Ses embryons hybrides (mi-humains, mi-animaux) sont destinés à accuser la cruauté humaine. Ils suscitent de fortes polémiques chez le public. [Shuhan WANG]Ruan - 1999 Installation, bébé mouette |
- Maurizio Cattelan -
Maurizio Cattelan est un artiste italien du 20ème siècle et une figure majeur de l’art contemporain. Il a toujours eu un goût prononcé pour la provocation. C’est d’ailleurs ce qu’il fait avec cette œuvre de 1997, quand il expose une autruche empaillée enfonçant son bec dans le sol. Grâce à cette création, présente dans la collection du musée des Beaux-Arts de Nantes, Maurizio matérialise avec humour l’expression « faire l’autruche » tout en évoquant la position du visiteur face à l’art contemporain et en poussant le spectateur à réfléchir sur lui-même. [Manon RIO]
L’Autruche - Maurizio Cattelan - 1997 |
- Damien Steven Hirst -
Damien Steven Hirst (né le 7 Juin 1965) est un artiste anglais, le membre le plus important du groupe "Young British Artists", qui a dominé la scène artistique des années 1990 en Grande-Bretagne. Il axe son travail sur le thème de la mort, c'est ainsi qu'il réalise en 1991 une série d'installations présentant des animaux morts plongés dans du formol et présentés dans des aquariums pour « que l'art soit plus réel que ne l'est une peinture ».
Son œuvre "Requin", pièce majeure de son travail, lui offre une renommée internationale.
Pour cette œuvre, l'artiste a plongé un requin de 4.25 mètres de long, tué à sa demande en 1991 par un pêcheur australien, dans un aquarium géant rempli de formol. Il fut montré au public pour la première fois en 1992 à la galerie Saatchi de Londres. Cette œuvre fait débat, en effet, en raison d’un travail de conservation insuffisant, le requin s'est lentement décomposé jusqu’à la déformation. La peau de l’animal s’est couverte de profonds sillons et la solution de l’aquarium s’est troublée. Cette œuvre a été achetée par le financier américain Steven Cohen pour une valeur de 12 millions de dollars. Son travail amène à une réflexion sur le temps et la mort, c'est ainsi qu'il a crée en 2007, un crâne en platine et diamant à vendre pour 100 millions de dollars, faisant de lui l'artiste le plus cher du monde. [Constance Barbeau]
Son œuvre "Requin", pièce majeure de son travail, lui offre une renommée internationale.
Pour cette œuvre, l'artiste a plongé un requin de 4.25 mètres de long, tué à sa demande en 1991 par un pêcheur australien, dans un aquarium géant rempli de formol. Il fut montré au public pour la première fois en 1992 à la galerie Saatchi de Londres. Cette œuvre fait débat, en effet, en raison d’un travail de conservation insuffisant, le requin s'est lentement décomposé jusqu’à la déformation. La peau de l’animal s’est couverte de profonds sillons et la solution de l’aquarium s’est troublée. Cette œuvre a été achetée par le financier américain Steven Cohen pour une valeur de 12 millions de dollars. Son travail amène à une réflexion sur le temps et la mort, c'est ainsi qu'il a crée en 2007, un crâne en platine et diamant à vendre pour 100 millions de dollars, faisant de lui l'artiste le plus cher du monde. [Constance Barbeau]
- Wim Delvoye -
Wim Delvoye est un artiste plasticien belge, né à Wervik (Flandre-Occidentale) le 14 janvier 1965. Il s'est fait connaître pour son installation Cloaca, présentée pour la première fois en 2000 au musée Mukha d'Anvers, véritable "machine à caca". Depuis, Wim Delvoye a proposé au public des œuvres sans lien formel avec Cloaca, mais ouvrant la porte à toutes sortes de réflexions par la juxtaposition d'univers et le contre-emploi. Il fait partie d'une génération d'artistes flamands – Jan Fabre, Alain Platel, Jan Lauwers, Luc Tuymans, Panamarenko ou Anne Teresa De Keersmaeker – qui ont révolutionné l'art contemporain. Les mélanges constants osés par Delvoye l'inscrivent dans la tradition d'un Brueghel qui lui aussi confrontait le trivial (excréments, alimentation, sexualité) avec le religieux ou le politique. En février 2010, au MAMAC de Nice, dans le cadre de l'exposition « Dessins et maquettes », Wim Delvoye expose sept cochons tatoués qu'il a élevés près de Pékin avant de les naturaliser. Son intervention a alors suscité un débat de fond sur les traitements infligés aux animaux et les limites éthiques dans l'art contemporain. Des militants de la cause animale, dont la fondation Brigitte-Bardot ont protesté pour manifester leur mécontentement. [Thomas Laroche)
Wim Delvoye -Marina 1996, Sculpture peau de cochon tatouée, 180 x 135 cm |
- Jannis Kounellis -
Jannis Kounellis, né en 1936 à Pirée en Grèce, est un des grands représentants de L'Arte Povera, mouvement italien des années 60 et 70. À vingt ans, il quitte la Grèce pour Rome, où il fera carrière. Une de ses œuvres les plus représentatives, faisant partie de sa première exposition et qui choqua à l'époque, s'intitule Chevaux. Le 11 Avril 1969, Jannis Kounellis regroupa 11 chevaux dans la galerie de Fabioi Sargentini, qu'il accrocha simplement aux murs sans rien d'autre que leur harnais. L'Arte Povera s'opposant à l'impérialisme culturel et le minimal art, prône l'idée que l'art doit être réalisé par l'artiste lui-même. Dans cette œuvre, l'implication de l'artiste est moindre puisqu'il n'a fait que réunir un lieu et d'incongrus habitants. Mais il y a une autre idée chère à Kounellis derrière tout ça qui est d'opposer les matériaux pauvres, naturels (chevaux) qui renferment une énergie et les matériaux qui ont coûté beaucoup d'argent à la fabrication mais qui ne renferment aucune énergie (néons, plastique ...). Kounellis est au summum de cette idée dans cette œuvre puisqu'il enferme les chevaux, animaux libres, fougueux, impétueux dans un univers froid qui ressemble à un sous sol éclairé aux néons, et qui fait clairement penser à un abattoir. Ainsi il oppose une énergie naturelle et une énergie artificielle, qui toutes deux poussées à leur maximum, créent un univers trouble, bancal et qui gêne. [Eugénie Lacombe]
- Oleg Kulik -
Oleg Kulik a été choqué par la chute du bloc soviétique. Cet artiste russe a en effet perdu tout repère lors de ce bouleversement du monde et tout particulièrement de son monde. Tout à coup il se trouvait être citoyen d'un sous-pays, un rebut du monde. Combiné à son statut d'artiste, il faisait alors partie de la lie de l'humanité et va exprimer son émotion par une performance qui l'a fait connaitre à l'exposition Interpol de Stockolm. Il va au cours de cette exposition se mettre en scène comme un chien, nu, se roulant dans ses excréments, défendant son territoire afin d'exprimer son ressenti et son désarroi face à sa propre condition de semi-homme. Il ira jusqu'à mordre un spectateur qui avait pénétré son territoire. Il sera arrêté suite à cet incident par la police suédoise. Par cette performance et plusieurs autres où il continuera à utiliser cette image du chien. Il émeut tout autant qu'il choque, offrant au jour une vérité que nous ne voulons pas voir. [Sullivan Jolly]
Performance à l'exposition Interpol de Stockolm
- Kader Attia -
Témoins de son époque, Kader Attia, a su voir dans l’art contemporain un moyen d’expression et de réflexion sur les questionnements qui lui sont chers tels que la difficulté à vivre entre la culture Occidentale et Orientale. Ce français d’origine Algérienne voit la religion comme un repli communautaire et cherche à faire interroger le spectateur sur la société actuelle et ses dérivés identitaires : "Je cherche à déclencher un sentiment politique chez le spectateur. Mon travail est comme nous tous confronté à la réalité. Ce qui m’intéresse c’est lorsqu'une œuvre pose une question politique pas seulement d’un point de vue linguistique, formel, mais plus d’un point de vue éthique." Son œuvre « Flying Rats » apparaît comme une exploration symbolique des traumatismes et des peurs de sa propre enfance en France. En effet, le spectateur se trouve face à une volière contenant 150 pigeons et 45 enfants constitués de mousse et d'un mélange de graine pour oiseau très compact. Dans ce qui est une cour de récréation, filles et garçons jouent aux billes ou se chamaillent tandis que les pigeons les dévorent peu à peu. Ainsi les pigeons vont s’approprier l’espace et montrer que même dans un monde de plus en plus aseptisé et sécurisé avec des règles d’hygiène strictes, les pigeons vont progressivement faire leur nid et dévorer les enfants. Cependant derrière cette scène de cruauté Kader Attia souhaite rappeler que l'enfance est probablement la période de la vie qu'on voit s'éloigner avec le plus de nostalgie. [Tanguy PRIGENT]
- Daniel Firman -
"Sculpteur du mouvement en mode pause", Daniel Firman est un artiste contemporain français qui s'intéresse tout particulièrement à la question des corps et de leur équilibre. Il est représentatif d'une nouvelle génération qui veut faire tomber du mur l'œuvre d'art et désacraliser la sculpture. Les corps apparaissent dans ses œuvres en équilibre précaire, proches de la chute mais n’y succombant jamais. Le nom complet Würsa (à 18 000 km de la terre) résume la réflexion de l’artiste. Se basant sur de savants calculs scientifiques. Firman est arrivé à ce constat : à 18 000 km de la terre, un éléphant pourrait tenir sur sa trompe. Avec Nasutamanus, plus de base scientifique : l’animal ne répond à aucune loi gravitationnelle de notre monde et c’est justement ça qui nous intrigue. L’autre particularité de ces éléphants est leur hyperréalisme dû à l’emploi de techniques de taxidermie. Ainsi Würsa est une sculpture en polyester de 350 kilos mais son enveloppe est la peau d’une ancienne éléphante de cirque de 3 tonnes, préparée par le taxidermiste belge Jean-Pierre Gérard. Ces sculptures ont été réalisées à partir d’un moulage et d'un assemblage d’une peau en polymère pour un rendu ultra réaliste et surtout très léger. Ces éléphants grandeur nature défiant la gravité sont les 2 premiers membres d’une trilogie dont le 3ème exemplaires reste à venir ! Un véritable tour de magie artistique qui défie de manière fascinante les lois de la nature. [Paulin Giret]
Würsa et Nasutamanus, 2008 et 2012, Fibre de verre, polymère, 220 x 528 x 112 cm
- Jan Fabre -
Jan Fabre est à la fois un dessinateur, un sculpteur, un chorégraphe et un metteur en scène de théâtre. Il communique ses idées par des sculptures et des dispositifs saisissants. La relation entre l'homme et l'animal est plus que jamais présente dans ses œuvres. Il trouve des moyens astucieux de critiquer notre société et de mettre en évidence certains traits atypiques de l'être humain. Obsédé par la notion de métamorphose et les effets du passage du temps sur l’être vivant, Jan Fabre choque, pose question, mais ne laisse pas indifférent. [Théophile Collet]